Phtalates et fertilité humaine : nouvelle étude française !
C'est la première fois que l'effet des phtalates est directement mesuré sur le corps humain. L'unité études de la reproduction chez l'homme et le mammifère de l'Institut de recherche sur la santé, l'environnement et le travail (Irset) de Rennes vient d'achever une expérience de deux ans sur des cultures de testicules humains. « En y plaçant des témoins contenant du MEHP et du DEHP – les deux principaux phtalates existant sur le marché –, nous avons analysé les effets de ces composants chimiques sur les fonctions testiculaires », explique Christelle Desdoits, post-doctorante.
« Il faudrait compléter
avec une étude épidémiologique »
« Il en résulte une baisse du niveau de testostérone, qui peut aller jusqu'à 30 %, ce qui est assez significatif », poursuit la scientifique. « En revanche, il n'a pas été observé de modification de la mort cellulaire, ce qui veut dire que les phtalates modifient la fonction des testicules, mais que cette molécule n'est pas toxique. » Cette expérience vient donc confirmer que les phtalates ont certainement des conséquences sur la baisse de la fertilité chez l'homme. « Il faudrait maintenant une étude épidémiologique sur la population pour poursuivre ce travail », estime Christelle Desdoits.
Produits à 3 millions de tonnes par an dans le monde, les phtalates sont employés depuis une cinquantaine d'années dans de nombreux produits de consommation (plastiques, emballages, cosmétiques, jouets, etc.), surtout le PVC. « Ils jouent un rôle de plastifiant et de lubrifiant, notamment dans le but d'assouplir les matières plastiques », explique Bernard Jégou, directeur de l'Irset. Ils peuvent se transmettre à l'homme par voie cutanée, par ingestion ou inhalation.
L'Irset avait déjà mené une expérience sur le rat. Elle avait aussi démontré « que ces produits inhibent la capacité de production de testostérone de l'animal », rappelle Bernard Jégou.