Pour sauver les mammifères marins, protéger 4 % des océans suffit
Une équipe de biologistes marins vient d’identifier 20 zones d’importance capitale pour la biodiversité. La protection de 9 d’entre elles, soit à peine 4 % de la superficie des océans, pourrait permettre de sauver la majorité des mammifères marins.
De la loutre à la baleine bleue en passant par l’ours polaire, un quart des 129 espèces de mammifères marins sont menacées d’extinction. Or ces animaux sont pour la plupart de grands prédateurs, en bout de chaîne alimentaire, qui ont un rôle régulateur sur tout l’écosystème. Une protection efficace au niveau mondial passe forcément par un repérage des lieux de vie les plus importants pour chaque espèce.
C’est le travail qu’ont réalisé des biologistes marins de l’université de Standford et de l'Universidad Nacional Autónoma de México (Unam). En compilant les données accumulées sur ces animaux, ils ont réalisé une carte indiquant la richesse spécifique en mammifères marins, c'est-à-dire le nombre d’espèces différentes que comptent les eaux de la planète.
Étonnamment, l'étude publiée dans les Pnas (Proceedings of the National Academy of Science) fait apparaître 20 zones essentielles :
* neuf à très haute richesse spécifique, situées principalement dans les eaux tempérées, rassemblent à elles seules 84 % de la diversité. L’étude recense ainsi les côtes de Baja California au Mexique, de l’est du Canada, du Pérou, de l’Argentine, mais également le nord-ouest de l’Afrique, l’Afrique du Sud, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ;
* onze autres sont qualifiées d’irremplaçables, car elles possèdent les habitats permettant à certaines espèces endémiques de prospérer. Les animaux qu’on y trouve ne sont présents nulle part ailleurs. Cinq d’entre elles, dont les Galápagos, sont en milieu marin et six autres sont en eau douce.
Les chercheurs notent que 70 % de ces zones sont gravement menacées par les activités humaines. Une telle carte est donc un outil précieux pour diriger les politiques d’aménagement du territoire dans le sens de la protection de l’environnement.
La théorie des points chauds de biodiversité a le vent en poupe
Encore une fois, l’idée qu’il faut concentrer les actions de conservation sur les quelques zones les plus importantes semble faire son chemin. Les études appelant à une organisation globale de la protection de l’environnement afin de rationaliser les dépenses et d’adapter les efforts à la réalité du terrain se multiplient. Un gros effort de compilation de données fait par les chercheurs produit de nouvelles cartes globales des zones à protéger en priorité.
C’est peut-être par là en effet, en suivant la théorie de Norman Myers sur les points chauds de biodiversité, que les efforts de protection de l’environnement arriveront à enrayer la sixième extinction de masse, celle provoquée par l’Homme.
Attention toutefois à ne pas émettre un faux message : pas question de s'autoriser à faire n’importe quoi hors des zones protégées puisque ces oasis existent. La Terre n’est pas un ordinateur ; il n’est pas possible de faire une sauvegarde et de relancer le système si les choses tournent mal...