Réchauffement climatique : quand le doute devient (quasi-)certitude
Des experts américains et britanniques viennent d’attribuer des exemples récents de phénomènes climatiques extrêmes à la hausse du thermomètre mondial.
Ainsi le réchauffement climatique, en grande partie d’origine anthropique aux yeux de la quasi-totalité de la communauté scientifique – telle est aussi la thèse du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), dont le prochain rapport général d’évaluation, particulièrement attendu, devrait être publié courant 2014 – favoriserait-il, sinon l’augmentation de leur fréquence, en tout cas leur intensité inhabituelle. De là à lui imputer le tsunami qui a dévasté une partie des côtes japonaises en mars 2011, il y a un pas que les spécialistes du Met Office (Grande-Bretagne) et de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) (Etats-Unis) n’ont pas franchi. Et pour cause : ils n’ont pas travaillé sur cette tragédie.
L’étude qu’ils viennent de rédiger n’en devrait pas moins faire date dans l’histoire compliquée de la climatologie. Et accessoirement amener les « climatosceptiques », si prompts à s’enhardir contre le GIEC et d’une façon générale contre tous ceux aux yeux desquels le changement climatique est d’abord la résultante des activités humaines, à faire profil bas.
Analysant entre autres les températures outre-Manche en novembre dernier, les deuxièmes plus chaudes à cette époque de l’année en Grande-Bretagne depuis l’apparition des relevés, en 1659, les scientifiques ont en effet conclu à une probabilité de bis repetita soixante fois plus élevée à cause du réchauffement qu’en raison des variations naturelles dans les systèmes météorologiques de la planète. De même, la sécheresse extrême qui a frappé le Texas (Etats-Unis) l’an passé et a provoqué des dommages colossaux sur les récoltes aurait eu vingt fois plus de chances de se produire du fait des mutations climatiques d’origine anthropique.
Des différentiels élevés qui donnent évidemment à penser que les vagues de chaleur et autres inondations deviendront monnaie courante au fil des années. A terme, l’étude précitée pourrait aussi, on l’espère, amener la communauté internationale à enfin prendre le problème du changement climatique à bras-le-corps, comprenez à adopter des mesures fortes et contraignantes pour contenir l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique. Durcir le ton serait en tout cas dans son intérêt étant donné le coût financier des phénomènes climatiques extrêmes, encore moins acceptable en période de crise économique…
« Nous sommes beaucoup plus confiants quant à l’attribution des effets météorologiques (…) au changement climatique », a commenté Peter Stott, membre du Met Office, cité par nos confrères du Guardian. Les phénomènes météorologiques extrêmes ne seraient cependant pas tous le fait de la hausse du thermomètre mondial, affirment les chercheurs, qui se sont également penchés sur le cas de l’hiver 2010-2011 en Grande-Bretagne, marqué par des températures extrêmement basses qui s’expliqueraient par des variations dans les systèmes océaniques et dans la circulation de l’air.
Des températures très inférieures aux moyennes saisonnières peuvent donc aussi résulter d’une conjonction d’éléments naturels, ce même si les hivers rigoureux tendent à devenir de plus en plus fréquents. Quant aux inondations qui ont touché la Thaïlande l’an passé et qui ont elles aussi fait l’objet d’un « focus », elles s’expliqueraient en priorité par des changements dans la gestion des systèmes fluviaux locaux.
Qu’à cela ne tienne : les experts du Met Office et de la NOAA pourraient en avoir ébranlé plus d’un. Ils ont surtout donné aux décideurs une excellente raison d’agir vite et bien.