Retirer la taxe carbone, c'est laisser gagner les sceptiques

Publié le par Gerome

Du thon rouge au retrait de la contribution Climat Energie, le parti de la planète essuie une série de camouflets dont les conséquences ne laissent augurer rien de bon pour les générations futures. La chronique de Serge Orru, du WWF.


Nous vivons un étrange paradoxe. Les opinions publiques mondiales n'ont jamais été aussi conscientes de la crise écologique que nous vivons et dans le même temps, les élites, qu'elles soient politiques ou bureaucratiques, semblent revenir à une posture au mieux de frilosité, au pire de déni à l'encontre de cette réalité. En moins d'une semaine, le parti de la planète a dû essuyer une série de camouflets dont les conséquences ne laissent augurer rien de bon pour les générations futures.

Thon rouge, corail, requins marteaux, autant d'espèces en danger pour lesquels les Etats se sont montrés incapables de sortir de leur vision à court terme. Après Copenhague, la conférence de Doha sur le commerce des espèces est une déception de plus à mettre au crédit de l'inconscience générale.

Et comme ce n'est pas suffisant, nous apprenons que l'un des acquis du Grenelle et non le moindre est remis en cause. La contribution Climat Energie que l'on a abusivement appelée taxe carbone semble s'éloigner. Si l'abandon devait être confirmé au mois de juillet, c'est la compétitivité à long terme des entreprises françaises qui en sera la première victime.

En effet, la contribution Climat Energie avait pour vocation de permettre l'adaptation des entreprises françaises à la nouvelle donne énergétique et en particulier la remontée inexorable du prix des hydrocarbures. Celles et ceux qui claironnent aujourd'hui leur contentement sont en train de préparer des lendemains qui déchantent, tant pour le pouvoir d'achat des ménages qui sont dès maintenant en situation de précarité énergétique que pour la compétitivité des entreprises françaises trop dépendantes d'énergies fossiles dont le prix ne peut qu'augmenter erratiquement.

Alors, oui, le climat parlons-en! Parlons de ce climat écolo-sceptique qui est en train de prendre forme un peu partout et qui désespère jusqu'à notre secrétaire d'Etat à l'Ecologie. Plus que jamais nous devons débattre pour convaincre. Mais soyez sûrs que nous, les ONG, face à l'autisme productiviste, nous continuerons à défendre le futur.

Nous avons en main l'énergie et les solutions pour prendre en main notre avenir; ne l'hypothéquons pas sur l'autel des intérêts du court terme, ne remettons pas toujours à demain la construction d'un modèle économique écologique. Stop à la procrastination! Nous ne pouvons remettre éternellement à demain le combat contre des problèmes écologiques de plus en plus urgents.

Demain, se lèveront inévitablement des radicaux et des éco-warriors. À force de tirer sur la corde, on tire sur l'espoir. La fatalité du désespoir ne peut pas être une ligne d'horizon. Dans cette période d'obscurité, rallumons la conscience du monde. Soyons solidaires et nombreux pour transmettre une planète vivante et joyeuse à nos enfants.


Publié dans Nature

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