Séismes, inondations, tempêtes : en 2010, la Terre est devenue folle

Publié le par Gerome

Tremblements de terre, vagues de chaleur, inondations, éruptions volcaniques, tempêtes, glissements de terrain et sécheresses ont tué au moins 250 000 personnes en 2010, l'année la plus meurtrière depuis plus d'une génération. Cette année, plus de personnes ont été tuées dans le monde du fait de catastrophes naturelles que par toutes les attaques terroristes des quarante dernières années.

« C'est comme si elles étaient venues les unes après les autres, et par vagues », a dit Craig Fugate, qui dirige l'Agence Fédérale de Gestion d'Urgence américaine. Elle a traité un nombre record de catastrophes en 2010.

« Le terme ‘évènement centenaire' a vraiment perdu toute signification cette année ».

Et d'après les scientifiques et les spécialistes des désastres, la plupart du temps, dans ces catastrophes, l'homme ne peut s'en prendre qu'à lui-même.

Car s'il est vrai que beaucoup de catastrophes portent la marque du hasard, c'est surtout la main de l'homme qui a rendu cette année particulièrement meurtrière, coûteuse, extrême et bizarre, que ce soit du fait du temps déchaîné ou des tremblements de terre.

Des constructions et des pratiques de développement mauvaises contribuent à rendre les tremblements de terre plus meurtriers qu'ils ne devraient l'être. Davantage de gens vivent en état de pauvreté dans des bâtiments vulnérables situés dans des villes surpeuplées. Cela veut dire que quand la terre tremble, quand le fleuve déborde ou quand la tempête tropicale frappe, plus de gens meurent.

Les catastrophes venant du fond de la Terre, comme les tremblements de terre ou les éruptions volcaniques, « sont bien plus fréquentes », a dit Andreas Schraft, Vice-président de Périls de Catastrophe pour le géant suisse de l'assurance Re, basé à Genève. « Tous ces changements sont dus à la main de l'homme ».

Ainsi le séisme de janvier dernier qui a tué plus de 220 000 à Haïti en est un parfait exemple. Port-au-Prince compte près de trois fois plus de personnes, et la plupart d'entre elles en état de pauvreté et vivant dans des bidonvilles, qu'il y a 25 ans. Par conséquent, si le même séisme avait frappé en 1985 plutôt qu'en 2010, le nombre total des morts aurait été situé aux alentours de 80 000, a dit Richard Olson, Directeur de la réduction des risques de catastrophes à l'Université Internationale de Floride.

En février, un séisme d'une magnitude plus de 500 fois supérieure à celui qui a frappé Haiti a touché une zone du Chili moins peuplée, mieux construite et pas si pauvre. Le plus grand séisme qu'a jamais connu le Chili a causé la mort de moins de 1 000 personnes.

D'après les scientifiques spécialistes du climat, le climat de la terre change aussi du fait du réchauffement global causé par l'homme, qui provoque des conditions météorologiques extrêmes comme des vagues de chaleur et des inondations.

Cet été, c'est le même phénomène météorologique qui a causé une chaleur torride en Russie, tandis que plus au Sud il a provoqué des inondations au Pakistan sur 160 580 km carrés, soit à peu près la taille du Bangladesh. Ce phénomène couplé de chaleur et de tempêtes a coûté la vie à près de 17 000 personnes, soit plus que toutes les catastrophes aériennes du monde entier depuis quinze ans.

« C'est une forme de suicide, vous ne trouvez pas ? Nous construisons des maisons qui nous tuent nous-mêmes (dans les tremblements de terre). Nous construisons des maisons dans des zones inondables, qui nous noient nous-mêmes », a dit Roger Bilham, professeur de sciences géologiques à l'Université du Colorado. « Nous sommes coupables de n'avoir pas su anticiper ces choses. Vous savez, c'est la Terre qui commande ».

Pas besoin de dire à Vera Savinova si les choses risquent de mal tourner ; son visage en dit long. Elle a 52 ans et est administratrice dans une clinique dentaire. En août dernier, elle a dû fuir Moscou et sa chaleur record, son brouillard et ses feux sauvages.

« Je crois que c'est la fin du monde », a-t-elle dit. « Notre planète nous avertit de ce qui risque de nous arriver si nous ne faisons pas plus attention à la nature ».

La quantité excessive de temps extrême qui a dominé 2010 est un signe classique d'un réchauffement global dont les scientifiques du climat nous avaient averti depuis longtemps. Ils ont ainsi calculé que la vague de chaleur meurtrière qui a frappé la Russie et établi un record national à 44 degrés Celsius, ne serait arrivée que tous les 100 000 ans sans le réchauffement global.

Des données préliminaires ont montré que 18 pays ont battu leur record de la journée la plus chaude jamais enregistrée.

« Ces évènements (météorologiques) ne seraient pas arrivés sans le réchauffement global », a dit Kevin Trenberth, directeur des analyses climatologiques pour le Centre National pour les Recherches Atmosphériques de Boulder, au Colorado.

C'est pour cela que les personnes dont le métier est d'étudier les catastrophes disent que nous aurions tort de considérer 2010 comme une autre mauvaise année de plus.

« La Terre frappe en réponse aux mauvaises décisions de l'homme », a dit d'une voix lasse Debarati Guha Sapir, directeur du Centre de Recherche sur l'Epidémiologie des Désastres de l'Organisation Mondiale de la Santé. « C'est tout comme si les politiques adoptées, les politiques gouvernementales et les politiques de développement contribuaient à faire réagir la Terre au lieu de la protéger. Nous avons créé les conditions dans lesquelles la moindre petite chose que fait la Terre peut vraiment avoir des conséquences disproportionnées ».

 

 


Publié dans Nature

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