Sortie du nucléaire : les groupes allemands réagissent
Après l’annonce de la chancelière allemande Angela Merkel de l’arrêt du nucléaire en 2022, les grands groupes de l’énergie en Allemagne sont prêts à engager une procédure judiciaire. Ils s’inquiètent en effet de voir leurs bénéfices partir en fumée.
En début de semaine, la chancelière allemande Angela Merkel décidait que le dernier des 17 réacteurs encore en fonctionnement en Allemagne cesserait de fonctionner en 2022. Pour l’heure, huit d’entre eux doivent être immédiatement stoppés. Le lendemain de l’annonce, le plus grand groupe de nucléaire allemand, EON, annonçait une plainte contre le gouvernement. Mercredi, le numéro deux du secteur, RWE, laissait entendre qu’il ferait de même, rapporte Sciences et Avenir.
Les deux grands groupes s’inquiètent énormément de ce revirement du gouvernement allemand. Les centrales leur rapportent énormément d’argent et ils étaient déjà mécontents des très onéreux certificats d’émission de CO2 dont ils devront s’acquitter dès 2013. Les deux autres groupes allemands que sont Vattenfall et EnBW, eux, ne poseront pas de problèmes. En effet, le premier, qui dispose de deux réacteurs, est déjà sur la touche puisque ses centrales sont arrêtées à cause de pannes et le second possède des réacteurs dans une région qui vient de passer sous l’autorité des écologistes.
Le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) rapporte les propos du patron d’EON, Johannes Teyssen, qui prévoit "des charges de plus de 10 milliards d'euros liées à la réduction de la durée de vie des centrales et à la fermeture des réacteurs". Sciences et Avenir indique que le patron d’EON souhaite engager une bataille judiciaire contre l’abandon du nucléaire, de même que RWE qui conteste la mise en place, en début d’année, d’une taxe sur le combustible nucléaire. En effet, cette taxe était censée être compensée par le prolongement de 12 ans des contrats de fonctionnement des réacteurs allemands. En changeant brusquement d’avis suite à la catastrophe de Fukushima, la taxe n’a dès lors plus de raison d’être estiment les deux sociétés.
Le gouvernement allemand, par l’intermédiaire de son ministre de l’Economie, Philipp Rösler, a fait savoir au FAZ que si ces groupes pouvaient légitimement entamer une procédure, ce serait "une autre question de savoir si elle sera couronnée de succès". Cette déclaration a été appuyée par le ministre des Finances qui a tenu à préciser qu’aucune clause, dans le texte de loi, ne liait la taxe à la durée de vie des réacteurs.
Toutefois, comme l’explique Sven Diermer, l’analyste de la société Independent Research, EON et RWE n’ont plus rien à perdre. Selon la presse allemande, RWE aurait déjà essayé de s’associer à l’espagnol Oberdrola (sans succès) et EON envisage depuis quelques mois déjà de se développer dans les pays émergents plutôt qu’en Europe.