Tout juste annoncée, la taxe carbone divise déjà
Aussitôt annoncé, la création de la taxe carbone a suscité de nombreuses réactions. Au sein du Parti socialiste, on s'y oppose déja, ainsi qu'au Medef. Les associations écologistes sont dans l'expectative.
A peine annoncée, la taxe carbone fait déjà polémique. Le ministre de l'Ecologie Philippe Martin a annoncé jeudi 22 août que la création d'une contribution climat énergie avait été "actée" par le Premier ministre. Il n'a pas donné davantage de détails sinon qu'il y aurait "débat sur le montant et le rythme" de cette contribution.
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a précisé vendredi que ce dispositif serait présenté "au mois de septembre avec l'ensemble du projet de loi de finances" pour 2014. Une telle contribution, en taxant les émissions de CO2 "contenues" dans certains biens ou services, vise à orienter les particuliers et les entreprises vers des comportements moins néfastes pour le climat.
Pierre Moscovici est monté au front. Le ministre de l'Economie a assuré qu'il ne s'agissait pas de "frapper les Français", parlant plutôt de "verdir les taxes existantes pour modifier les comportements", mais sans donner de détails concrets. Philippe Martin a renchérit: "il ne s'agira pas d'une taxe nouvelle, supplémentaire", a expliqué le ministre de l'Ecologie en marge de l'université d'été du PS à La Rochelle, ce vendredi. "Ce n'est pas une fiscalité additionnelle mais une fiscalité de substitution", a-t-il assuré. "S'il s'agissait d'une taxe nouvelle, je serais contre, comme j'étais contre la taxe carbone" que Nicolas Sarkozy avait tenté de mettre en place durant le dernier quinquennat, a-t-il martelé.
Ségolène Royal a estimé que ce n'était "pas le moment de mettre un impôt supplémentaire". Elle considère que l'écologie ne devait "pas être une punition".
Selon la présidente socialiste de Poitou-Charentes, "il faudrait d'abord développer la voiture électrique, avant de taxer l'essence, sinon les gens vont se sentir pris en otage par un impôt supplémentaire auquel je ne suis pas favorable tant qu'il n'y a pas de liberté de choix".
Notion de "punition" également partagée par François Rebsamen. "Je ne suis pas favorable à la création d'une nouvelle taxe parce que la fiscalité écologique, qu'il est nécessaire de mettre en place dans le cadre de la transition, ne peut pas être punitive", a déclaré le sénateur PS au micro de France Info. Il ne faut "pas de taxe fiscale supplémentaire qui ne prépare pas vraiment à une transition écologique. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas aujourd'hui dans l'annonce qui est faite", a ajouté le président du groupe socialiste au Sénat.
Le Medef a qualifié de "mauvais coup" l'annonce de l'instauration prochaine d'une contribution climat-énergie. Il dénonce le "coup porté aux entreprises, à la croissance et à l'emploi". La principale organisation patronale considère qu'"il est irresponsable de présenter au Parlement un projet de taxation nouvelle avant d'avoir réalisé des études d'impact sérieuses et complètes".
La fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) a rejeté la taxe carbone. Selon l'organisation, si cette taxe entre en application, ce serait une "double peine" si elle était imposée au secteur. "A partir du moment où on est déjà contributeurs à la fiscalité écologique via l'écotaxe poids lourds qui entrera en vigueur le 1er octobre prochain, nous nous opposons à la taxe carbone", a déclaré Nicolas Paulissen, délégué général de la FNTR.
Matthieu Orphelin, le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot a indiqué que "l'annonce d'une contribution énergie climat va dans le bon sens". "Mais, avant de nous réjouir, il nous faudra connaître les détails du projet du gouvernement. Quel taux? Quelle progressivité dans le temps? Quelles aides et quelles mesures de compensation pour les ménages?", a-t-il ajouté.
"Si c'est une taxe carbone uniquement pour financer le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) des entreprises, ce n'est pas acceptable. Le gouvernement doit mettre sur la table l'ensemble du dispositif et plus globalement, avoir une stratégie globale et cohérente sur la fiscalité écologique", a ajouté la Fondation Hulot.
"L'expansion"