Une alternative 'verte' pour disperser les marées noires
La prochaine marée noire sera peut-être dissoute à l'aide d'un ingrédient contenu dans... le chocolat. Une équipe de chercheurs a mis au point un dispersant écologique capable de remplacer les produits chimiques déversés dans la mer pour désagréger les nappes de pétrole.
Présenté lors d'une convention de l'American Chemical Society, à Philadelphie, cette semaine, le procédé mis au point par des scientifiques de l'université du Sud-Mississippi utilise un polymère à base de cellulose. "Tous les ingrédients de notre dispersant sont utilisés dans des produits alimentaires, comme le beurre de cacahuètes, le chocolat ou la crème fouettée", assure l'un de ses inventeurs, la chimiste Lisa Kemp.
Depuis la marée noire qui a suivi l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon au large de la Louisiane, en avril 2010, l'équipe de Mme Kemp cherchait à mettre au point une alternative aux dispersants chimiques, accusés d'être parfois plus toxiques pour l'écosystème et les animaux marins que le pétrole lui-même. Des millions de litres de ces dispersants avaient été déversés dans le golfe du Mexique en 2010 pour éviter que le pétrole n'atteigne les côtes.
Le dispersant présenté par la chercheuse s'inspire des techniques utilisées dans la lessive. "Non seulement notre produit dissout le brut, mais il empêche le dépôt de pétrole sur les oiseaux et les autres objets", de la même manière que les détergents empêchent la graisse de se redéposer sur les vêtements dans les machines à laver, explique Mme Kemp dans le magazine scientifique Science.
Le produit serait capable d'envelopper les gouttes de pétrole dissous, évitant qu'elles ne se collent aux plumes des pélicans ou des cormorans. "Les oiseaux peuvent se poser dans les nappes de pétrole, plonger à travers, s'envoler et battre des ailes, le pétrole s'en détachera", assure la scientifique.
Dernier avantage selon Mme Kemp, le dispersant, dérivé de la production alimentaire, pourrait être facilement produit en grandes quantités et à moindre coût. Pas sûr toutefois que son étude tienne compte de la récente flambée des denrées agricoles.