Coup de chaud sur le continent le plus froid de la planète. En Antarctique, plusieurs stations météorologiques ont battu, vendredi 18 mars, des records de chaleur, sidérant les scientifiques spécialistes de la région.
Alors que l'automne commence sur ces terres australes, il a ainsi fait -17,7 °C sur la base russe de Vostok (contre -32,7 °C pour le précédent record mensuel), -12,2 °C à Concordia (record tous mois confondus) ou encore 4,9 °C à Dumont d'Urville, la base française de l'est du continent (contre 3,4 °C pour le précédent record mensuel).
Pour le chercheur Jonathan Wille, de l'université de Grenoble-Alpes, "c'est un événement comparable au dôme de chaleur de 2021 en Amérique du Nord. Ce n'est pas censé arriver."
Un événement favorisé par le changement climatique
Cette vague de chaleur intervient alors que la température planétaire grimpe sous l'effet du réchauffement climatique. Interrogé par le Washington Post (en anglais), Jonathan Wille rappelle qu'il est toujours difficile d'attribuer un événement ponctuel à ce phénomène global, mais précise que ce dernier favorise l'apparition de telles vagues de chaleur. "Nous pensons qu'elles deviendront plus intenses, parce que c'est juste de la physique. Mais nous sommes encore en train d'essayer de comprendre les détails. Il me paraît très difficile de dire qu'il n'y a pas la trace du changement climatique dans un événement comme celui-ci", poursuit le chercheur.
Pour le moment, Jonathan Wille ne s'inquiète pas d'une éventuelle fonte des glaciers. "On est plutôt en train de se dire : 'tiens, c'est bizarre, cela pourrait arriver plus souvent à l'avenir. Et là, cela pourrait être grave", poursuit-il dans les colonnes du journal américain. D'éventuelles fontes en Antarctique alimenteraient encore un peu plus la montée des océans.
Alors que le dernier rapport publié par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) se concentre sur les impacts du réchauffement climatique sur la Planète et sur les populations, des chercheurs nous apprennent aujourd'hui qu'un réchauffement supérieur à 2 °C ferait peser sur nous un risque accru de mourir de chaud.
Depuis l'ère préindustrielle, la Terre s'est réchauffée d'environ 1,1 °C. En cause, faut-il encore le rappeler, nos émissions de gaz à effet de serre. Pour l'heure, à la faveur notamment d'hivers plus cléments, la mortalité globale liée à la température semble en légère diminution. Mais des chercheurs del’University College London (UCL, Royaume-Uni) rapportent aujourd'hui que cette mortalité augmenterait considérablement si le réchauffement climatique devait dépasser les 2 °C.
Les travaux des chercheurs examinent l'impact du changement climatique sur le nombre de décès directement liés à la température. Le tout pour l'Angleterre et le Pays de Galles. Considérant tout autant les risques liés au chaud en été et au froid en hiver. Leur conclusion : pendant les jours les plus chauds de l'année, la mortalité augmentera de pas moins de 42 % par rapport aux niveaux préindustriels.
Les chercheurs notent qu'à mesure que la température moyenne mondiale augmente, la mortalité liée aux températures en été augmentera à un rythme rapide et non linéaire. Avec une accélération et un risque bien plus élevé dès lors que le réchauffement atteint les 2,5 °C. À +3 °C, la hausse de mortalité pourrait atteindre les 75 %.
Un réel avantage à limiter le réchauffement
En hiver, le taux de mortalité semble vouloir continuer à diminuer. Mais le résultat est à prendre avec précaution. Car il ne tient pas compte des décès liés aux événements météorologiques extrêmes qui pourront, dans le contexte de réchauffement, survenir de manière plus fréquente et plus marquée, notamment au cours de cette saison.
Jusqu'à aujourd'hui, la plupart des décès liés à la température en Angleterre et au Pays de Galles -- 9 % des décès en 2021 -- reste d'ailleurs dû aux températures froides. Un chiffre que les chercheurs attendent à voir encore diminuer. De manière tout à fait linéaire avec la poursuite du changement climatique.
Mais à l'avenir, si le réchauffement dépasse les 2 °C, ce ne seront pas seulement les jours de canicules qui seront à craindre, mais aussi les jours durant lesquels les températures d'été seront de niveau moyen. Ainsi les conséquences de 2 °C de réchauffement seront bien plus importantes que ce que les chercheurs avaient imaginé par le passé. Une nouvelle manière, après la récente publication du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) consacré justement aux impacts du changement climatique sur nos vies, de montrer à quel point il est important de limiter le réchauffement. Car cela pourrait avoir des avantages substantiels sur notre santé.
Plus d'un tiers des décès, dans lesquels de fortes chaleurs sont impliquées entre 1991 et 2018, est attribuable au réchauffement climatique causé par les activités anthropiques, selon une étude parue dans Nature Climate Change.
Natura 2000 fête ses 30 ans. Mais beaucoup « d’objectifs en matière de lutte contre l’érosion de la biodiversité » n’ont pas été atteints a concédé Bérangère Abba vendredi à Strasbourg.
Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, a estimé vendredi à Strasbourg que les objectifs européens en matière de protection de la biodiversité n’étaient pas atteints, à l’occasion d’une conférence célébrant les 30 ans du dispositif Natura 2000.
« Malgré les efforts et les moyens conséquents déployés au niveau communautaire, nous n’atteignons pas les objectifs que nous nous sommes fixés en matière de lutte contre l’érosion de la biodiversité », a déclaré Bérangère Abba, en clôture de la conférence organisée, dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, sur les zones Natura 2000.
Le réseau Natura 2000 a été instauré par la directive européenne de 1992 sur la faune et la flore et complété en 2009 par la directive sur les oiseaux. Il regroupe un ensemble de sites naturels, terrestres et marins, reliés entre eux par des couloirs écologiques, ayant pour objectif de préserver les espèces et milieux menacés ou caractéristiques au niveau européen, tout en tenant compte des activités humaines.
Le réseau couvre près de 27 000 sites dans l’Union européenne, dont 1 756 en France métropolitaine (le réseau ne couvre pas les DOM-TOM), représentant 13 % de la surface de l’Hexagone, et 36 % de la surface maritime, selon le ministère de la Transition écologique.
Les aires protégées le sont-elles assez ?
À l’issue de deux jours d’échanges ayant rassemblé experts et ministres au Parlement européen, Bérangère Abba a dressé « le constat qu’il nous fallait accélérer, être plus ambitieux sur ces dispositifs de préservation de la biodiversité au niveau européen, au regard de nos expériences nationales et des défis à l’œuvre ».
En conclusion de la conférence, les 27 pays membres ont adopté une déclaration d’intention, baptisée « Déclaration de Strasbourg », qui distingue trois « principes clés » : le renforcement de la législation européenne existante, la réduction des « pressions humaines sur la nature », et l’accompagnement vers des « pratiques compatibles avec la préservation de la biodiversité ».
À l’occasion des 30 ans du réseau Natura 2000, plusieurs ONG ont déploré une « véritable course à la désignation de nouvelles aires protégées, au détriment de la mise en place de mesures de gestion appropriées ». « Seules 4 % des aires marines protégées disposent aujourd’hui d’une protection forte, contre un objectif de 10 % qui devait être atteint en 2022 », a déclaré Élodie Martinie-Cousty, membre de France Nature Environnement.
Les autres aires classées « sont très peu protégées et pâtissent des conséquences de la surpêche et des techniques de pêche destructrices », a-t-elle déploré.
Il est navrant de penser que le changement climatique qui éradiquera l’humanité, ou du moins une grande partie d’entre elle, est vécue par la plupart d’entre nous comme une histoire vague qui arrivera dans un futur lointain, un fantasme de climatologue. A cette menace terrifiante, on lui préfère l’immigration, le coronavirus ou le pouvoir d’achat, qui manifestement ne feront pas disparaitre la race humaine et qui occupent néanmoins tout l’espace public.
Lorsque je pense à ce paradoxe, je me dis que soit l’humanité est devenue complètement folle, ravagée par les écrans et le numérique tous azimuts, soit elle a bien conscience du péril en cours mais préfère vivre dans un confortable déni entretenu par les pouvoirs politiques et les mass médias.
Dans un cas comme dans l’autre, nous courrons à notre perte. J’aurais pensé naïvement que les terribles sécheresses, inondations et autres pics de chaleur des dix dernières années auraient permis une prise de conscience et une action globale des industriels, politiques et citoyens. C’est ce qu’on appelle la catastrophe pédagogique.
Manifestement la course à la compétitivité, les distractions d’un weekend à l’autre bout de l’Europe, venir de Marseille pour skier 48H dans les Hautes-Alpes (440 KM A/R) avec un SUV qui consomme plus de 10L/100 KM, la consommation excitative de biens et services non nécessaires ont réussi à s’emparer de l’esprit de beaucoup d’entre nous, vivant telles des cigales, chantant et dansant alors que le monde est déjà en train de sombrer dans des cataclysmes que même notre imagination la plus fertile ne pourrait envisager.
Alors comme pour défier le destin, on se fait tatouer un « carpe diem » sur l’avant-bras en se disant qu’il faut profiter, que la vie est courte et que de toute façon la science trouvera bien des solutions pour nous sortir de là.
On nous a longtemps parlé de développement durable pour se donner bonne conscience, c’est-à-dire qu’on nous propose de nous développer ainsi durablement, ce qui est mathématiquement impossible dans un monde aux ressources finies. On nous parle maintenant de croissance verte ou même de capitalisme vert ! Mais pourquoi vouloir croître à tout prix lorsqu’on en connait les désastreuses conséquences sur la nature, et par extension sur la race humaine ?
Lorsque quelqu’un parle de décroissance ou d’austérité on l’isole en le traitant de néandertalien et d’empêcheur de tourner en rond, les décroissants sont perçus comme des punisseurs ou des trouble-fêtes. On les conspue et cela fait du bien, oui cela fait du bien d’avoir un ennemi commun sur qui taper devant les caméras ou sur les réseaux sociaux.
C’est pourtant bien le progrès, amorcé depuis des millénaires mais propulsé durant le siècle des lumières qui nous a conduit à la lisière des ténèbres. Pourtant on nous promettait une vie meilleure grâce aux progrès de la médecine, de la technologie et de la science en général. Le résultat est sans équivoque :
Fallait-il vraiment progresser pour en arriver là aujourd’hui ? A quoi a servi l’évolution sinon à nous autodétruire ? Nous sommes clairement en présence d’un suicide collectif. Il ne fait nul doute que progrès ne rime pas avec conscience. Le progrès et le culte du PIB sont martelés tel un dogme, et dénoncer cette hérésie manifeste fait de nous des hérétiques nostalgiques du moyen-âge. On nous propose une vision binaire, manichéenne de l’écologie, les pour et les contre… Mais entre les deux, nous trouvons pourtant des nuances.
Naitre dans les années 2020, c’est connaitre l’enfer de 2050. J’aurais 20 ans aujourd’hui je m’abstiendrai de me reproduire car je porterai toute ma vie le poids de la culpabilité d’avoir jeté un enfant dans la fosse aux lions.
Nos enfants nous accuseront, pour reprendre le titre du documentaire français de Jean-Paul Jaud. Ils nous accuseront de leur avoir légué un monde en perdition, en proie aux guerres, aux famines, aux sécheresses, aux inondations, un monde pollué et ravagé par les toxines de la chimie agricole, un monde où bientôt il faudra se battre pour manger et boire.
J’espère que les gros pollueurs, les patrons des multinationales, nos gouvernants, les maires qui bétonnent les champs et les prairies, les gros consommateurs de viande, les conducteurs de pick-up qui se croient dans une série tv américaine, les aficionados des rallyes motorisés et des voyages en avion, les consommateurs compulsifs de merdes chinoises achetées sur internet seront hantés par l’image de leurs enfants ou de leurs petits enfants en train de boire dans des flaques d’eau dans des villes étouffantes et gangrénées par la violence.
Cet égoïsme vire à la pathologie car nous sabotons le futur de nos enfants. Croyez-moi, cela va arriver.
Il vaut mieux une nécessaire austérité dès maintenant, une austérité qui soit décidée plutôt que de la subir et de la faire subir à nos descendants dans quelques années.
Le changement climatique affecte fortement les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord. Résultat : une baisse de la production de céréales qui menace la sécurité alimentaire dans cette zone, va bousculer les marchés mondiaux et appelle des réponses techniques et politiques.
Offre, demande, flux commerciaux… Lors d’un séminaire organisé le 14 décembre, le Conseil international des céréales s’est demandé quel était l’avenir des bilans céréaliers mondiaux face au changement climatique, en particulier pour les pays de la région " MENA" (Moyen-Orient et Afrique du Nord).
Même si certains obtiennent des hausses graduelles de production, les pays de cette zone sont tous en déficit de production par rapport à la consommation en raison de conditions climatiques peu propices. « Les pires conditions au monde pour produire du grain », selon Jack Wade, météorologiste pour l’observatoire Aura Commodities.
Ils sont donc tous en situation de dépendance par rapport aux importations.
Et le changement climatique va rendre la production de céréales de plus en plus difficile dans cette zone. Le renforcement de l'effet de serre provoque de fait des conditions de plus en plus sèches et chaudes. « On produit du blé dans les endroits les plus chauds du monde, c’est logique qu’à un moment, on heurte un plafond ! », lance Jack Wade.
Épisodes de stress thermique, anomalies de températures et de précipitations sont déjà observées dans la région Mena. « La Méditerranée se réchauffe déjà 20 % plus vite que le reste du monde », souligne Elen Lemaître-Curri, économiste et directrice adjointe du CIHEAM (Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes) de Montpellier.
D'ajouter : « Dans un scénario haut d’émissions de gaz à effet de serre, on peut imaginer d'ici à l'année 2100 une hausse de température comprise entre 3,8 et 6,5 °C en région méditerranée »
Tempêtes, sécheresses, baisses de rendements
Autre conséquence du changement climatique : la hausse de la température de la surface de la mer pourrait déboucher l’été sur des cycles de tempêtes particulièrement fortes et destructrices. Les effets de la Niña pourraient aussi se trouver décuplés, or « un excès de sécheresse entre septembre et novembre affecte négativement les semis de céréales d’hiver, selon Jack Wade. C’est déjà le cas au Maroc et cela pourrait toucher le Pakistan et l’Afghanistan ».
Les rendements dans certains pays de la zone Mena pâtissent déjà de la situation, par exemple « en blé en Iran et en Afghanistan sur la campagne 2021/22 », note Jack Wade. Le président du Centre de recherche agricole de l'Égypte, Mohamed Soliman, décrit sur les céréales de son pays « un taux de photosynthèse perturbé, des dates de floraison plus précoces et une multiplication des pathogènes et des ravageurs, ce qui fait baisser les rendements ».
La hausse du niveau des eaux inquiète particulièrement au pays des pharaons : « On le voit dans les deltas, dans les zones côtières... Il faut s’attendre à des risques d’inondations dans le nord de l’Égypte. Cela aura un impact sur la production », poursuit Mohamed Soliman.
En Tunisie, on s'attend à ce que les années sèches soient de plus en plus fréquentes et mènent à une diminution des superficies en céréales : « À l’horizon 2100, les zones favorables aux blés et à l’orge diminueraient en moyenne de 8 à 16 % selon les scénarios climatiques », explique Rabaa Bensalah, de la Direction générale de la production agricole en Tunisie. Les rendements sont aussi prévus à la baisse quelles que soient les céréales.
Dépendance et volatilité accrues sur les marchés
Des baisses de production s'annoncent dans les pays de la région Mena, donc une hausse de leur vulnérabilité et de leur dépendance aux importations. Jack Wade prévoit aussi : « une production plus erratique de céréales, un manque de fiabilité dans la production », et donc une volatilité accrue sur les marchés.
La volatilité sera d'autant plus accrue que le changement climatique affecte aussi le reste du monde, notamment les zones productrices. « Il y a aussi un risque de grande variabilité de production et de prix dans l’hémisphère nord : il y a des potentialités positives, par exemple en Russie et au Canada, mais ce ne sera pas viable tous les ans car la protection neigeuse peut fondre, exposant les céréales », détaille l'expert météorologiste.
L'augmentation de la demande va amplifier la dépendance aux importations dans les dix ans, dopée par la hausse démographique « particulièrement vive dans le sud et l’est de la région Mena », note Elen Lemaître-Curri.
Ajoutons que le changement climatique et son impact sur la production de grains en Méditerranée jouent sur le budget des pays concernés. Abani El-Bachir, du ministère de l’agriculture du Maroc, explique ainsi les conséquences de la chute de production céréalière : « Face à la pénurie, les prix ont fortement augmenté. L’État intervient par des subventions directes sur les importations de blé tendre pour maintenir un prix stable sur le marché national ».
S'adapter pour limiter la dépendance
Comment lutter contre les impacts négatifs du changement climatique sur la production céréalière en région Mena et sur les marchés agricoles ? Jack Wade liste des solutions : « augmenter la capacité de stockage de l'eau pour tirer parti des épisodes de pluies intenses, améliorer la technologie »... Il cite une technique d'ensemencement des nuages, testée à petite échelle au Moyen-Orient avec des cristaux de sel mais très controversée car elle pourrait être dévoyée à des fins politiques.
Les pays de la zone travaillent d'ores et déjà à réduire leur dépendance en céréales importées et garantir la sécurité alimentaire de leur population. Un plan d'adaptation a ainsi été mis en place en Tunisie, basé sur des programmes de recherche et d'obtention variétale, des systèmes de production adaptés au changement climatique, la vulgarisation et l'accompagnement des agriculteurs.
Alors que secteur agricole consomme 85 % de la part annuelle hydrique apportée par le Nil, l'Égypte mène de son côté un travail de grande ampleur sur l’utilisation en l’eau. Le pays va construire 47 usines de dessalement d’ici à 2035 et prévoit dans les trois ans qui viennent de remplacer ses systèmes d’irrigation par des dispositifs modernes et économes en eau, sur 1,554 million d’hectares.
Face au défi de taille qui se pose à la région Mena et à ses partenaires commerciaux, tous les intervenants ont souligné l'importance de mettre en place des partenariats internationaux, partager les données de marché, se coordonner sur le plan politique. « Il faut changer de système, de pratiques. Et nous devons travailler ensemble pour mettre en œuvre des actions ! », exhorte ainsi Mohamed Soliman.