Catastrophes climatiques : plus de 600 000 morts en vingt ans, selon l’ONU

Publié le par Notre Terre

Catastrophes climatiques : plus de 600 000 morts en vingt ans, selon l’ONU

 

 

En préambule de cet article, permettez-moi de soulever un point important d'actualité. Les attentats de Paris, bien que dramatiques et inhumains ont déclenchés une mobilisation internationale qu'on avait plus vu depuis septembre 2001 aux Etats-Unis. J'aimerais que ce type de mobilisation s'étende à la protection de la Terre, car ici on ne parle pas de 129 morts ou même de 2977 pour le world tarde center mais bien de 600.000!

La lutte contre le terrorisme ne doit pas éclipser la lutte contre le réchauffement climatique, les enjeux ici sont bien plus importants et je crains que les budgets alloués à la défense et à l'intérieur ne viennent diminuer ceux dédiés à l'environnement.

 

Car je le rappelle ici, et bien que cela semble évident, nous n'avons qu'une planète et celle ci change de manière brutale; il ne faut pas que la peur du terrorisme nous détourne de l'essentiel car la protection de notre planète est essentielle, cruciale, inévitable. Le terrorisme prend toute la place car on le voit, il porte un visage, des visages, on le sent, on le ressent, on en cauchemarde; à contrario le réchauffement climatique est insidueux, lent, impalpapble, presque invisible et fatalement on aura tendance à se protéger de ce qui nous fait le plus peur.... Mais détrompez-vous, les bouleversements climatiques à l'oeuvre en ce moment valent des milliers d'état islamique; ces hommes qui tentent de vous faire peur ne sont que des poussières insignifiantes face aux changements de la planète.

 

Ces 600000 morts étaient français eux aussi, indiens, chinois, américains, brésiliens, indonésiens, australiens, anglais.... Le changement climatique attaquera chaque nation aveuglément, sans distinction de couleur et de religion. La cop21 est un début timide, cette manifestation internationale arrive avec trente ans de retard mais elle est là et c'est déjà ça.

 

Le constat est là et donne des sueurs froides. L’ONU a indiqué, ce lundi 23 novembre 2015, que les catastrophes naturelles, toujours plus fréquentes, ont tué quelque 600 000 personnes en vingt ans. Les inondations ont représenté à elles seules 47% des catastrophes climatiques (entre 1995 et 2015) et ont affecté 2,3 milliards de personnes, dont l’immense majorité (95%) en Asie.

Dans un rapport, le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR) indique que depuis 1995, « les catastrophes météorologiques ont pris 606 0000 vies, en moyenne 30 000 par an, avec en plus 4,1 milliards de personnes blessées, devenues sans abri ou ayant eu besoin d’une aide d’urgence ».

 

La quasi-totalité de ces morts, environ 89%, ont été enregistrés dans des pays à faibles revenus et ont entraîné des pertes financières évaluées à 1,8 milliard d’euros. Les inondations ont représenté à elles seules 47% des catastrophes climatiques, entre 1995 et 2015, et ont affecté 2,3 milliards de personnes, dont l’immense majorité, soit 95%, en Asie. Les tempêtes, bien que moins fréquentes que les inondations, ont été les catastrophes climatiques les plus meurtrières, avec 242 000 morts.

 

Depuis 1995, les Etats-Unis et la Chine ont enregistré le plus grand nombre de catastrophes climatiques du fait notamment de l’étendue de leurs territoires. Il ressort que la Chine et l’Inde dominent le classement des pays les plus touchés en termes de population affectée. Viennent ensuite le Bangladesh, les Philippines, la Thaïlande. En Amérique, le Brésil est le pays avec la population la plus affectée ; en Afrique, ce sont le Kenya et l’Ethiopie.

 

 

 
Partager cet article

La ferme de demain, écolo et prospère, existe déjà!

Publié le par Notre Terre

La ferme de demain, écolo et prospère, existe déjà!

 

 

Elle aurait pu rester une ferme bretonne comme les autres, et subir la crise, comme les autres. Pourtant, quand il a repris la ferme paternelle des Petits-Chapelais, Gilles Simonneaux s’est tourné vers le bio et s’est diversifié, quand ses voisins intensifiaient et se spécialisaient. Visite guidée avec un paysan qui a redonné du sens à son métier.

 

Une allée d’arbres fruitiers conduit le visiteur jusqu’à la cour bordée de bâtiments en vieilles pierres. Les poules picorent le carré d’herbe voisin. Au premier coup d’œil, le décor de la ferme des Petits-Chapelais, à Chavagne, en Ille-et-Vilaine, a un air désuet, mais les tracteurs au fond de la cour remettent une touche de modernité.

 

Arrive, d’un pas décidé, Gilles Simonneaux, qui lâche un large sourire. Cet agriculteur breton n’a pas l’air en crise. Pourtant, quand il a repris la ferme familiale en 1998, c’était un élevage laitier comme les autres et même « plutôt important », précise-t-il. « On était cinq enfants, la ferme était viable, aucun de mes frères et sœurs ne revenait, j’étais le dernier, alors j’ai repris des études agricoles. » Il convertit l’exploitation en bio dès le début. « Il fallait que ça ait du sens, justifie-t-il. Mais au bout de quelques mois j’ai trouvé que c’était assez déprimant de travailler tout seul sur l’exploitation. Alors j’ai décidé de la diversifier. »

Il plante des céréales, met un hectare à disposition de Sylvie, la maraîchère, ouvre un magasin, amène quelques cochons... « Au départ on était deux à travailler sur 75 hectares, aujourd’hui on est dix sur une centaine d’hectares. »

 

Des prairies et des champs de blé

 

« Tout est parti de l’élevage laitier », poursuit-il. L’étable est vide, la ferme est calme, les vaches sont sorties. En face, sous la grange, le foin s’amoncelle en prévision de l’hiver. La production de la ferme suffit à nourrir les animaux, pas question d’importer. Le lait bio a un double avantage : il ne coûte pas cher à produire - les vaches se nourrissent sur les prairies, qui demandent peu d’entretien – et son prix se maintient, contrairement à celui du lait conventionnel. Le lait est vendu à une coopérative. Les revenus ainsi dégagés ont permis d’investir dans la diversification de la ferme.

 

Désormais, d’un côté de la route s’étendent de vertes prairies et de l’autre, les champs de céréales où grimpent les liserons. Le fumier des vaches fertilise les terres, qui permettent de produire du blé, de l’épeautre, du seigle et du petit épeautre. L’agriculteur y expérimente notamment des variétés anciennes, issues de « semences paysannes », dont la propriété intellectuelle n’appartient pas à un industriel.

« Le blé sera récolté d’ici quelques jours, prévoit Olivier, responsable de la boulangerie. C’est à partir de là qu’on le prendra en charge. » Un petit moulin à meule de pierre permet de fabriquer la farine ensuite utilisée sur place.

L’imposant four, un cylindre de métal d’au moins deux mètres de diamètre, réchauffe le fournil où lèvent les pâtons, les morceaux de pâte pesés et mis en forme avant la cuisson. Gilles-Richard, apprenti boulanger, s’applique à les façonner. « L’intérêt, ici, c’est qu’on est dans une structure paysanne-boulangère, il y a un lien de la graine au client, explique-t-il. Il y a des boulangers qui n’ont jamais vu un épi de blé... Alors qu’ici, on reste en lien avec les saisons et on sait d’où vient le produit que l’on travaille. »

 

Autonomie énergétique

 

Autre activité qui profite de l’élevage : le maraîchage. Sylvie désherbe un rang de panais. Les fleurs des champs se mélangent aux rangées de jeunes pousses. « Ce n’est pas très bien organisé, s’excuse-t-elle, mais j’aime bien. » Elle livre ses paniers de légumes à une Amap de la périphérie de Rennes, et vend le reste de légumes au magasin de la ferme.

« Un jour, Gilles m’a montré cette parcelle et m’a dit vas-y, fais ce que tu veux ! » se rappelle-t-elle. Elle a l’air un peu seule sur son grand terrain, mais elle corrige aussitôt. « Ici, je peux profiter du fumier des vaches pour fertiliser, on mutualise le matériel, on s’entraide, et je mets les pommes-de-terre en rotation avec les autres cultures, ce qui est un point très important en agriculture biologique », énumère-t-elle.

 

Au fond de son champ, on ne peut pas rater un immense toit sombre, recouvert de panneaux solaires : la ferme produit autant d’énergie électrique qu’elle en consomme avec ses tracteurs et ses machines. « Si on veut une exploitation résiliente, l’idéal est d’avoir une toute petit ferme qui consomme très peu d’énergie, explique Gilles un peu plus tard. Mais en produisant notre propre énergie, on teste la possibilité d’avoir une ferme plus grande, avec plus de machines, mais autonome grâce à l’énergie qu’elle produit. »

 

Pour démontrer sa recherche de résilience, il tient absolument à nous montrer les cochons, derniers pensionnaires à être arrivés sur la ferme. « Le but était d’ajouter de la diversité sur la ferme, et de valoriser nos déchets », avance-t-il. La fabrication de la farine produit aussi du son, c’est à dire les restes d’enveloppe des céréales. La laiterie, elle, rejette du lait caillé ou du petit lait. « Voilà ce que mangent les cochons, s’enthousiasme Gilles. Ils ne mangent pas les céréales car c’est pour nourrir les hommes, et nous on mange les cochons ! »

 

« On crée une boucle vertueuse »

 

Le magasin illustre la diversité des productions de la ferme : farines et lait en libre-service, légumes, œufs, porc et veau, pain de campagne, semi-complet, pain aux graines ou aux noix et raisins secs. D’autres producteurs du coin viennent même élargir la gamme avec des jus de fruits, de la bière, du cidre, du fromage, des volailles, des pâtés, des pâtisseries, des fruits et d’autres légumes. Au cours de l’après-midi, la boutique ne désemplit pas. « Quand je suis arrivée il y a un an, nous regroupions sept producteurs. Aujourd’hui il y en a douze », se réjouit la responsable, Marine-Jeanne.

Mais, à force de diversité, le système n’est-il pas devenu trop complexe ? « C’est pour cela qu’il faut aussi que les ateliers fonctionnent de façon autonome », répond Gilles. Dans le collectif de la ferme, chacun est responsable se son activité. « On aimerait bien que le magasin devienne une entité juridique à part, gérée par les producteurs qui adhèrent », espère-t-il.

 

Idem pour le nouvel atelier de fabrication de produits laitiers. « On a construit un local aux normes que l’on met à disposition d’un jeune, détaille le paysan. Mais il se met à son compte et nous achètera du lait. Ça lui permet de se lancer, on est un peu une pépinière d’entreprises ! » Beurre, crème fraîche, yaourts et fromage frais devraient bientôt s’ajouter sur les rayons du magasin.

« Le but, c’est de proposer un système où les ateliers coopèrent les uns avec les autres, résume-t-il. On crée une boucle vertueuse, qui amène de la productivité et de l’emploi. Je ne veux pas passer pour un nostalgique, mais finalement on reproduit ce que faisaient nos grands-parents. Ils avaient une grande diversité sur une même exploitation et produisaient le plus de choses possibles avec le peu qu’ils avaient... »

 

« Un système durable, respectueux de la nature et qui crée de l’emploi »

 

Un modèle d’hier qui inspire une ferme de demain, assure l’agriculteur. « Mes collègues en conventionnel sont en crise, constate-t-il. Il y a des gens qui produisent 5.000 cochons par an et qui ne gagnent pas d’argent, à un moment il va falloir qu’on arrête ! Je pense qu’on est plus dans la réalité avec notre système diversifié que dans la course à l’agrandissement, la productivité, la compétitivité internationale qui nous conduit droit dans le mur. »

 

Il raconte que, la veille, des politiques sont venus visiter sa ferme. Il espère les avoir un peu bousculés. « On leur montre que l’on a un système durable, respectueux de la nature et qui crée de l’emploi, se félicite-t-il. On est une expérience parmi d’autres, il y a plein de gens qui créent des expériences. On est des petites bulles dans l’océan et actuellement, on n’est pas tous en respiration, mais je pense que le jour où toutes ces expérimentations diverses vont se mettre à respirer ensemble, on aura de vraies propositions alternatives pour une société du futur. »

Source : Reporterre

 

 

Partager cet article

Hautes-Alpes : une louve assassinée après un nouvel arrêté préfectoral

Publié le par Notre Terre

Hautes-Alpes : une louve assassinée après un nouvel arrêté préfectoral

 

 

J'ai écrit bon nombres de plaidoyers et d'articles en faveur du Loup durant ces dernières années, j'ai longtemps laissé échapper ma colère. Aujourd'hui c'est une grande tristesse qui s'abat sur moi, doublée d'un sentiment de honte de faire ainsi partie de l'espèce la plus nuisible que la planète n'aie jamais portée.

Mais finalement qui est le nuisible dans cette histoire? L'homme qui est en train de ravager la planète ou quelques Loups qui essayent de survivre sur un territoire morcelé par les habitations, les pâturages et les cultures?


Malgré notre prétendue intelligence et nos moyens technologiques quasi illimités nous sommes incapables de cohabiter avec le Loup, nous sommes incapables de lui laisser son espace vital. Non, il faut le tuer afin de montrer une fois de plus la suprématie de l'homme armé de son fusil sur l'animal apeuré. Quand je dis "on" je parle des français car dans d'autres pays europpéens tels que la Suède, la cohabitation se passe bien mieux.


Je suis haut-alpin et la honte m'accable. Ce que font ces hommes n'est pas représentatif de ce que souhaite la majorité des gens.
Je sais pertinemment que ce sont des choix politiques qui ont motivé cette traque suivi de ce meurtre abject, mais c'est pour moi malgré tout l'incompréhension la plus totale.

 

Messieurs les éleveurs, pour protéger ses troupeaux, il ne suffit pas d'y mettre deux patous, une clotûre et de partir roupiller chez vous, assistés par l'état et sous perfusion de la PAC. Lorsqu'on a un troupeau on le gère du début à la fin, soit on rentre ses bêtes la nuit dans l'étable et si ce n'est pas possible on dort dans la cabane de berger prévue à cet effet à proximité de ses animaux comme c'est censé être le cas depuis la nuit des temps. On ne laisse jamais ses bêtes seules.

 

On ne fait pas ce que vous faites, on ne fait pas de vendetta, on ne fait pas des traques préventives comme cela a été le cas dans le massif du Dévoluy, on ne va pas bloquer une préfecture en pleurant. Lorsqu'on est un éleveur, on se conduit comme un homme, droit, fier et protecteur. Mais quel genre d'hommes êtes vous devenus pour ainsi demander à un préfet de faire tuer un Loup? Mais quel est donc votre pouvoir politique pour faire abattre une victime innocente?

 

J'espère que le matin en vous rasant vous arrivez encore à vous regarder dans le miroir.

Repose en paix belle créature. Ceux qui t'ont ôté la vie sont des fous aveugles et sourds qui ne savent plus écouter la Nature, qui la voit comme une ennemie car ils s'en sont coupés.

 

 

Partager cet article

Les pommes françaises sont bien empoisonnées aux pesticides, la justice donne raison à Greenpeace

Publié le par Notre Terre

Les pommes françaises sont bien empoisonnées aux pesticides, la justice donne raison à Greenpeace

 

 

L'association Nationale Pomme Poire (ANPP), qui défend de nombreux arboriculteurs normands voulait interdire à Greenpeace d'utiliser le titre "pommes empoisonnées" aux pesticides dans son rapport sur la contamination des vergers français aux produits phyto-sanitaires. 

 

Publié en juin dernier, le rapport "Pommes empoisonnées - Mettre fin à la contamination des vergers par les pesticides grâce à l'agriculture biologique", expliquait que les producteurs de pommes continuent à utiliser des cocktails de pesticides dans de nombreux pays européens.

Dans son ordonnance, la juge Catherine David, statuant en référé, a estimé que  "ce n'est pas la réputation de la pomme qui est mise en cause", "mais celle des pesticides utilisés pour cultiver les pommes, ce qui n'est pas objectivement contestable".

L'ordonnance fait valoir que "le consommateur est doué de raison et sait pertinemment que si les sols et l'eau sont contaminés, les produits agricoles qui poussent sur ces sols à l'aide de cette eau le sont également".
Si bien que "dire que les pommes sont empoisonnées lorsqu'elles poussent sur des sols remplis de pesticides ne constitue pas un propos dénigrant, dès lors qu'il s'appuie sur une base factuelle réelle, même si le rapport n'est pas construit avec une rigueur toute scientifique".
L'association de défense des arboriculteurs envisage de faire appel de la décision de justice.

La France, première puissance agricole européenne, est également championne du taux de pesticide dans le sang de ses habitants. Selon une étude de l'institut de veille sanitaire, ils sont présents dans notre sang à des niveaux au moins trois fois plus élevés que dans ceux des Américains ou des Allemands.

France 3 régions

 

Partager cet article

Obama met fin au projet du très controversé oléoduc "Keystone" : une victoire pour la Nature

Publié le par Notre Terre

Obama met fin au projet du très controversé oléoduc "Keystone" : une victoire pour la Nature

 

 

Barack Obama a fini par trancher. En annonçant, vendredi 6 novembre, que les Etats-Unis rejetaient la demande de permis de la société TransCanada pour la construction d’un nouvel oléoduc reliant la province canadienne de l’Alberta au golfe du Mexique, le poumon pétrolier du pays, le président des Etats-Unis a mis un terme à des années de polémiques. Le projet Keystone XL nécessitait une autorisation présidentielle du fait de son caractère transfrontalier. D’une capacité d’environ 800 000 barils par jour, courant sur près de 1 900 kilomètres à travers le Montana, le Dakota du Sud et le Nebraska, il devait être raccordé à des tronçons déjà réalisés.

 

Parmi toutes les explications fournies pour justifier sa décision, la plus convaincante a sans doute été la dernière avancée. « Approuver un tel projet aurait affaibli notre position de leader sur le climat », a assuré M. Obama. Le président a également annoncé à cette occasion qu’il sera bien présent à la conférence de Paris sur le climat (COP21) avec ses homologues, en décembre, « autour d’un plan ambitieux pour protéger la planète pendant que nous le pouvons encore ». De nombreux candidats à l’investiture républicaine, dont Marco Rubio et Ted Cruz, l’ont vivement critiqué, assurant qu’ils reviendront sur sa décision s’ils sont élus à la Maison Blanche en 2016.

 

L’affaire Keystone XL commence dans une quasi-indifférence en septembre 2008. Une demande de permis est adressée par TransCanada à la Maison Blanche, quelque mois avant que M. Obama ne s’y installe. Le projet fait l’objet tout d’abord de divergences de vue feutrées entre le département d’Etat et l’Agence de protection de l’environnement avant de devenir un sujet de préoccupation pour les défenseurs de l’environnement. En juin 2011, un climatologue de la NASA engagé contre le réchauffement climatique, James Hansen, publie un article retentissant dans lequel il assure que l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta, plus polluante que la production conventionnelle, va rendre « impossible » une stabilisation du climat.

 

Deux mois plus tard, des milliers d’opposants se massent pendant deux semaines devant la Maison Blanche (plus de 1 200 sont arrêtés). Des Prix Nobel prennent position contre le projet et chaque déplacement de M. Obama dans le pays est ponctué de manifestations. En novembre, pour tenter de calmer les esprits, les autorités américaines annoncent le lancement d’une étude d’impact approfondie. La mobilisation des opposants provoque celle des défenseurs du projet, longtemps silencieux. Le candidat républicain à la présidentielle de 2012, Mitt Romney, prend fait et cause pour Keystone XL. Après la réélection de M. Obama, le projet devient un sujet de contentieux récurrent entre le Parti républicain et le président, qui se retranche derrière l’étude en cours au département d’Etat pour éviter de se prononcer.

 

Rejoints par les démocrates élus d’Etats concernés par l’exploitation pétrolière, les républicains devenus majoritaires au Sénat, en plus de la Chambre des représentants, finissent par adopter en février un projet de loi en faveur de la construction de l’oléoduc, promesse, selon eux, de la création de milliers d’emplois (pendant les deux années de construction). M. Obama le bloque par son veto. Les mois passent. Redoutant un rejet imminent, TransCanada demande à la surprise générale, le 2 novembre, une pause dans l’étude du département d’Etat. Le consortium a vu juste : le rejet de cette requête précède de quarante-huit heures seulement l’annonce du refus.

 

Vendredi, M. Obama s’est étonné de la dimension symbolique prise par un projet qui n’était, selon lui, ni « l’occasion unique » pour l’économie américaine décrite par ses défenseurs, compte tenu des prix actuellement très bas du pétrole, ni « la voie rapide » pour un « désastre climatique ». Les Etats-Unis, qui consomment toujours plus de pétrole qu’ils n’en produisent, malgré la révolution des huiles de schiste, vont d’ailleurs continuer à importer massivement du pétrole du Canada, devenu en quelques années leur premier fournisseur, loin devant l’Arabie saoudite, le Mexique et le Venezuela. Le refus opposé à Keystone XL ne va pas en effet dissuader les pétroliers présents dans l’Alberta à produire.

« Même avec un baril à environ 50 dollars, les installations en place restent rentables. Le prix est actuellement trop faible pour lancer de nouveaux projets, mais il faut plutôt avoir en tête un baril à 70 dollars à moyen et à long terme », estime un expert du secteur s’exprimant sous couvert d’anonymat compte tenu de la consigne de silence en vigueur dans son institution.

 

L’alternance politique survenue en octobre au Canada a privé Keystone XL de son plus fervent défenseur, le premier ministre battu aux législatives, le conservateur Stephen Harper, qui l’avait placé au cœur de la relation bilatérale. Son successeur, le libéral Justin Trudeau, soutient cependant lui aussi l’exploitation des sables bitumineux. Selon l’expert du pétrole, l’alternative au refus du permis annoncée vendredi devrait passer par la modernisation du réseau américain existant, moins direct, et le recours au chemin de fer, plus lent, plus coûteux, et également risqué pour l’environnement. « Cela pourrait jouer pour environ 70 % de ce qui aurait transité par Keystone », assure-t-il.

 

Le Monde

 

Partager cet article