La Norvège a beau être un des principaux producteurs de pétrole de la planète, les voitures électriques y prolifèrent au point qu'il est désormais question de supprimer les privilèges qui ont fait leur succès.
Conduire une voiture électrique a du bon, on peur rouler dans les couloirs de bus, se garer gratuitement sur les parkings publics, s'y recharger sans frais et franchir les péages urbains à l’œil. Surtout, ces voitures sont exemptées des taxes, extrêmement lourdes en Norvège, qui pèsent sur leurs «cousines» à carburants fossiles.
Visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre du trafic routier, qui représentent 10% de celles du pays, ces mesures très généreuses ont produit leur effet: 32.000 voitures électriques circulent aujourd'hui sur les routes norvégiennes, soit un véhicule pour 160 habitants, chiffre le plus élevé dans le monde.
Les voitures électriques se multiplient comme des petits pains. De la populaire Leaf de Nissan à la berline américaine très cossue, elles représentent environ 13% des ventes de véhicules neufs depuis le début de l'année, une part de marché sans équivalent ailleurs.
En mars, la Tesla est même devenue la voiture la plus vendue de l'histoire norvégienne sur un mois, et cela malgré son prix relativement élevé. Car, même à 60.000 euros pour une entrée de gamme, c'est une aubaine quand on considère qu'il faudrait débourser environ le double si elle était sujette aux taxes.
La popularité des voitures électriques a pris de vitesse les autorités qui prévoyaient de maintenir les mesures incitatives jusqu'en 2017 ou jusqu'à ce qu'il y ait 50.000 exemplaires en circulation.
Or, au rythme actuel, ce volume pourrait être atteint dès le début 2015, obligeant le gouvernement à reconsidérer sa politique. Une politique coûteuse puisque les seules exemptions fiscales représentent jusqu'à 4 milliards de couronnes (500 millions d'euros) de manque à gagner, selon les propres estimations de l'État.
«Il se pourrait que l'on fasse des ajustements à la baisse à l'avenir», a récemment indiqué le Premier ministre, Erna Solberg, au journal VG. «Mais je peux promettre aux automobilistes qu'il y aura encore des avantages fiscaux pendant des années à conduire une voiture électrique.»
L'engagement est important car 48% des propriétaires de voiture électrique disent avoir acheté leur véhicule principalement pour économiser de l'argent.
Selon l'enquête de l'Association pour la voiture électrique, seuls 27% affirment l'avoir fait par souci pour l'environnement et 12% pour gagner du temps dans leurs trajets.
«Il est trop tôt pour supprimer les avantages fiscaux. Le marché n'est pas encore suffisamment concurrentiel» par rapport à celui des voitures à moteur à combustion, estime la secrétaire générale de l'organisation, Christina Bu.
«Si l'exemption de taxe et de TVA devait prendre fin, le marché pourrait s'effondrer et il serait alors difficile d'atteindre les objectifs climatiques que la Norvège s'est fixés. On doit augmenter le nombre de voitures électriques, pas le baisser», souligne-t-elle.