Agriculteurs et jardiniers seront-ils bientôt obligés de cultiver dans la clandestinité ?

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Les paysans qui ressèment leur récolte seront-ils considérés comme des trafiquants ? Oui, ont répondu les sénateurs en adoptant le 20 novembre à l’unanimité un projet de loi élargissant aux plantes le délit de contrefaçon. S’émanciper des droits de propriété détenus par les grandes firmes semencières sera désormais un délit. La loi prévoit aussi de nouveaux moyens de répression contre paysans et jardiniers clandestins. Pour les promoteurs de la loi, il s’agit simplement de « protéger les entreprises ».


Semer sa propre récolte. Un acte des plus banal perpétué depuis les prémisses de l’agriculture. Un acte désormais considéré comme criminel, au même titre que l’impression de fausses monnaies, la vente de médicaments illicites à partir de molécules copiées, ou la reproduction de sacs ou de montres de grandes marques. En 2014, la chasse aux contrefaçons pourrait s’étendre jusque dans les potagers, les champs et les fermes. Le 20 novembre, les sénateurs ont voté à l’unanimité – y compris les écologistes – une proposition de loi destinée à renforcer la lutte contre la contrefaçon.

Celle-ci représente « près de 10 % du commerce international » et grève les recettes fiscales de la France de plus de six milliards d’euros chaque année. Or, la répression de la contrefaçon prévoit d’être étendu à l’ensemble des branches de la propriété intellectuelle. Parmi elles, les « obtentions végétales ». Un terme qui recouvre les semences de ferme, ces graines issues de variétés sélectionnées par l’industrie semencière, que l’agriculteur sème, récolte et, de fait, multiplie.

La contrefaçon est « souvent le produit de l’exploitation d’être humains et du travail illicite » pointe le projet le loi, et « participe au financement de nombreuses organisations mafieuses et terroristes »« Les agriculteurs qui utiliseraient des semences de ferme sur leur propre exploitation [sont assimilés] de manière tout à fait abusive, à des criminels en réseau »s’insurge la Coordination rurale. « L’acte millénaire de sélectionner et de ressemer une partie de sa récolte sera considéré comme une contrefaçon, c’est à dire sera mis sur le même plan que la reproduction frauduleuse d’un objet ou d’une monnaie », renchérit le collectif Semons la biodiversi té qui avait interpellé les sénateurs dans une lettre ouverte. Graines de soja, de maïs, de tomates, de céréales ou de patates pourront ainsi être considérées comme des copies illégales !

Plusieurs groupes parlementaire s vaient pourtant demandé que soit insérée la précision suivante : « La production à la ferme par un agriculteur de ses semences pour les besoins de son exploitation agricole ne constitue pas une contrefaçon et ce, quelle que soit l’origine de ses semences. » Au final, seuls vingt sénateurs ont voté pour l’amendement porté par le groupe communiste, suite à la promesse du député socialiste Michel Delebarre, rapporteur du projet de loi, d’un nouveau débat.« Ce débat aura lieu dans le cadre de la loi d’avenir agricole en janvier prochain, a-t-il assuré. Il n’y a pas de risques avec ce projet. » Une lecture attentive du texte révèle pourtant le contraire.

L’État au service des entreprises privées

Cette loi vient renforcer un arsenal juridique qui protège les entreprises commercialisant des semences. Depuis 2011, une loi (analysée ici) autorise la reproduction à la ferme de seulement 21 variétés de semences, en échange du paiement d’une redevance appelée « Contribution volontaire obligatoire » (sic)... Pour toutes autres variétés, la reproduction est donc interdite, au prétexte de ne pas violer le droit de propriété intellectuelle détenue par l’entreprise ! « La loi de 2011 demande à tous les agriculteurs qui font des semences de ferme de s’enregistrer auprès de l’administration, explique Guy Kastler du Réseau semences paysannes, contacté par Basta !Aujourd’hui, les entreprises ne poursuivent pas les agriculteurs qui n’ont pas payé cette redevance car elles n’en ont pas les moyens. Cela leur coûterait trop cher d’apporter la preuve de la contrefaçon. » Jusqu’à maintenant, les agriculteurs continuaient donc de reproduire leurs semences à la ferme, sans risquer d’être poursuivi.

« La nouveauté, c’est que ce projet de loi demande à l’administration d’aider l’entreprise à lutter contre les contrefaçons et de transmettre toutes les informations dont elle dispose », poursuit Guy Kastler. Les services de l’État mettront donc à disposition des entreprises une liste d’agriculteurs qui sont présumés contrefacteurs. Sur simple demande de l’entreprise détenant un droit de propriété intellectuelle sur une variété, les services des douanes pourront saisir les semences « contrefaites », ou la récolte qui en est issue. Un agriculteur ayant cultivé une variété pour laquelle les semences de ferme sont interdites pourra voir sa récolte détruite... « Ou confisquée jusqu’à ce qu’il paye des royalties (redevances, ndlr) s’il s’agit d’une espèce dérogatoire », précise Guy Kastler. Et d’ajouter que « si l’Etat n’applique pas la loi en faisant payer l’agriculteur, il pourra être poursuivi par l’entreprise », comme Basta ! l’avait déjà souligné dans cette enquête.

Des douaniers infiltrés en zone rurale ?

Pire, l’agriculteur ne devra pas seulement disposer de factures pour ses semences, mais aussi pour ses animaux reproducteurs et ses préparations naturelles. Quid du paysan-boulanger qui élabore son propre levain pour faire son pain, ou du fromager qui utilise son propre ferment ? Avec ce projet de loi, les douaniers pourront se présenter comme des acheteurs de semences de ferme en vue de prouver la contrefaçon. Ils pourront utiliser deux techniques, « l’infiltration » (article 9) et « les coups d’achat » (article 10), décrites dans la proposition de loi :

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« Jusqu’à maintenant, l’entraide et la confiance sont des fondements du tissu social du monde rural », rappelle Guy Kastler. Mais avec ces dispositions, toute personnes demandant d’échanger des semences sera susceptible d’être un agent de la lutte contre les contrefaçons. De quoi générer un climat de méfiance généralisé... Pourtant, selon la Coordination nationale pour la défense des semences fermières (CNDSF), il existe déjà « un arsenal juridique (...) permettant aux détenteurs des certificats d’obtentions végétales de faire respecter leur droit. Il en est pour preuve l’ensemble des contrôles réalisés sur le terrain très régulièrement chez les agriculteurs et chez les prestataires de service par les organismes habilités dans le but de contrôler le respect de la législation sur les semences. » En mai dernier,Basta ! relatait la visite d’un agent de la répression des fraudes sur un marché en Ariège, où les petits maraîchers se sont vus notifier une amende potentielle de 450 euros pour diffusion de « légumes clandestins »...

Généralisation des OGM ?

« C’est cette menace constante de poursuite en contrefaçon qui a conduit les agriculteurs américains à cultiver en moins de dix ans plus de 90 % de leurs champs de soja et de maïs avec des OGM brevetés et qui a condamné à la faillite ceux qui ont voulu résister », alertent plusieurs personnalités dans le journal Le Monde. Aujourd’hui, 75 % du marché mondial de semences est contrôlé par seulement… dix multinationales ! Mais pour le sénateur socialiste Richard Yung, à l’origine de la proposition de loi sur la contrefaçon, il s’agit de « protéger nos entreprises ». Richard Yung a fait toute sa carrière dans le monde de la propriété intellectuelle et des brevets, de l’Institut national de la propriété industrielle à l’Office européen des brevets, à Munich. « Le risque, c’est que vous développiez une nouvelle plante, et qu’elle soit reproduite sans que l’on vous paye », explique-t-il, cité par Reporterre.

Que les semenciers ne soient pas payés n’est pourtant pas d’actualité. Le montant des exportations de semences et plants, hors Hexagone, représente près de 1,5 milliard d’euros en 2012-2013, soit une hausse de 15 % par rapport à l’exercice précédent. « Cette performance représente l’équivalent de 20 Airbus A320 »se félicite ainsi le Groupement national interprofessionel des semences. Celui-ci reproche aux agriculteurs qui reproduisent leurs semences à la ferme de ne pas participer au financement de la recherche.

Le caractère de telle variété plus résistante aux climats secs, ou de telle autre moins vulnérable aux insectes est-elle pour autant la propriété des grandes firmes semencières ? « Il est le résultat de 10 000 ans de sélection paysanne, anonyme et publique », estime Jacques Caplat de l’association Agir pour l’environnement. Le sélectionneur professionnel serait donc tout aussi redevable en s’appropriant un travail engagé par les paysans depuis des millénaires. Mais lui ne commet pas de délit de contrefaçon.

Paroles, paroles, paroles...

Le sort du premier maillon de la chaine alimentaire se joue désormais dans les arènes politiques. En 2007 déjà, une nouvelle loi sur la contrefaçon avait fait de la semence produite à la ferme une contrefaçon. A l’époque, le groupe socialiste avait initialement soutenu, avec des élus communistes, écologistes et centristes, un amendement qui excluait de la loi les semences de ferme. Ils avaient retiré leur amendement à la suite de la promess  du ministre de l’époque, Hervé Novelli, de reconnaître le droit des agriculteurs de produire leurs semences et de ne pas le considérer comme une contrefaçon dans une future loi. Or, la loi de 2011 a maintenu le caractère délictueux des semences de ferme... Et ce sont aujourd’hui les socialistes qui le promettent à leur tour...

Une bataille législative s’amorce, alors même que le gouvernement a estimé que le texte devait être voté en « procédure accélérée ». Le projet de loi sur les contrefaçons devrait être discuté à l’Assemblée nationale en février 2014. Face à l’arsenal législatif déployé pour interdire aux paysans d’exercer leur métier, une campagne pour une loi de reconnaissance positive des droits des agriculteurs et des jardiniers a été lancée. Après les sénateurs, les députés se contenteront-ils aussi de se comporter en simple chambre d’enregistrement des desiderata des lobbys industriels ? Et de considérer nombre d’agriculteurs comme des voleurs ?

 

 


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Les Philippines seront alimentées à 100% par les énergies renouvelables

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Tandis que le monde entier se pose des objectifs avec un horizon de temps d’ici à 2050, pour augmenter la diffusion des énergies propres, aux Philippines en revanche il a été décidé de rejoindre des objectifs extraordinaires et de les atteindre en peu de temps. Il a été établi, en effet, une feuille de route avec des objectifs immédiats prévoyants des actions concrètes de diffusion des énergies renouvelables, ainsi que des changements financiers, politiques et socio-économiques, avec l’objectif d’abandonner progressivement les combustibles fossiles.

 

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Les réseaux intelligents et l’approvisionnement renouvelable.

Le Pays a en programme la satisfaction à 100% du besoin électrique à travers des sources énergétiques non polluantes et des réseaux de distribution intelligents, le tout dans un délai de 10 ans. Les Philippines ont déjà consolidé un savoir-faire par rapport à l’exploitation du potentiel géothermique du lieu, sur lequel se basera substantiellement cette reconversion énergétique, mais ce ne seront pas certainement pas négligés les opportunités associées à la production énergétique à partir des sources biomasse, solaire et éolienne.

Il a déjà été mis en action une phase préliminaire d’analyse des potentialités énergétiques effectivement utilisables sur le territoire et ont débuté successivement les travaux pour réaliser un réseau alimenté entièrement à partir d’énergie propre, intégrée également avec les infrastructures pour le stockage de l’énergie produite. La Feuille de Route (Roadmap) des énergies renouvelables à des coûts avantageux est un défi que le Pays a accueilli pour répondre aux besoins sociaux de la  population, pour promouvoir un développement économique durable, en mesure de protéger l’environnement et de contraster les changements climatiques en action.

 

 


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Solar PV Atlas : Un rapport édifiant sur l’énergie solaire

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Le WWF (World Wild Fund for Nature) s’est associé à First Solar, 3TIER et Fresh Generation pour élaborer un rapport intitulé « Solar PV Atlas: l’énergie solaire en harmonie avec la nature”, qui montre au travers de plusieurs cas que moins de 1% de toute la surface au sol serait requise pour répondre à 100% de la demande projetée à l’horizon 2050, si seule la production d’électricité photovoltaïque (PV) devait être sollicitée.


Une rencontre a été organisée à Rabat le mardi 22 octobre dernier, lors de laquelle les représentants de WWF et de First Solar ont présenté le rapport «Atlas Solaire PV », établit par le WWF, qui met en lumière l’impact environnemental fort limité de la ressource PV, tout en soulignant le rôle de la société civile dans le développement de l’énergie photovoltaïque au Maroc.  L’objectif de la rencontre est également de  s’associer aux efforts du WWF au Maroc pour une meilleure compréhension d’un des grands enjeux nationaux actuels, qu’est la production d’électricité solaire PV à grande échelle, ses avantages économiques, environnementaux et sociaux, et de viser par la suite une adhésion et une appropriation de cette source d’énergie déjà fort populaire dans le monde.

Actuellement au Maroc, le WWF travaille notamment sur les aspects liés à la gestion intégrée des ressources en eau et dans le renforcement des capacités des organisations de la société civile.

En 2008, le WWF a promu et anime depuis lors une plateforme d’une vingtaine d’ONG marocaines le « Groupe de Travail sur la Politique Européenne de Voisinage » (GdT PEV Maroc WWF). Sa présence sur l’ensemble du territoire marocain assure la représentation d’un très large éventail de la société civile. Une de ses activités est le plaidoyer en faveur du rôle de la société civile dans les politiques liées à l’eau, l’environnement et au développement durable, dans lequel l’énergie constitue un enjeu essentiel. Et cela au niveau national, régional et international.

La rencontre s’est également basée sur l’activité de First Solar – qui a déployé 8.000MW de centrales PV dans le monde, sur la base d’une technologie PV avancée, dite à « couches minces ».

Bien connue depuis des décennies pour des usages à petite échelle dans des zones isolées, l’électricité solaire photovoltaïque (PV) représente désormais une alternative compétitive et abondante, en particulier au Maroc où l’électricité est issue en grande partie d’origine fossile. Le solaire photovoltaïque est une nouvelle solution qui présente des atouts clefs, dont une indépendance par rapport aux prix des combustibles, une diversification du mix énergétique, une très faible empreinte CO2, un temps de retour énergétique court, et un faible usage de la surface nationale.

Une rencontre a été organisée à Rabat le mardi 22 octobre dernier, lors de laquelle les représentants de WWF et de First Solar ont présenté le rapport «Atlas Solaire PV », établit par le WWF, qui met en lumière l’impact environnemental fort limité de la ressource PV, tout en soulignant le rôle de la société civile dans le développement de l’énergie photovoltaïque au Maroc.  L’objectif de la rencontre est également de  s’associer aux efforts du WWF au Maroc pour une meilleure compréhension d’un des grands enjeux nationaux actuels, qu’est la production d’électricité solaire PV à grande échelle, ses avantages économiques, environnementaux et sociaux, et de viser par la suite une adhésion et une appropriation de cette source d’énergie déjà fort populaire dans le monde.

Actuellement au Maroc, le WWF travaille notamment sur les aspects liés à la gestion intégrée des ressources en eau et dans le renforcement des capacités des organisations de la société civile.

En 2008, le WWF a promu et anime depuis lors une plateforme d’une vingtaine d’ONG marocaines le « Groupe de Travail sur la Politique Européenne de Voisinage » (GdT PEV Maroc WWF). Sa présence sur l’ensemble du territoire marocain assure la représentation d’un très large éventail de la société civile. Une de ses activités est le plaidoyer en faveur du rôle de la société civile dans les politiques liées à l’eau, l’environnement et au développement durable, dans lequel l’énergie constitue un enjeu essentiel. Et cela au niveau national, régional et international.

La rencontre s’est également basée sur l’activité de First Solar – qui a déployé 8.000MW de centrales PV dans le monde, sur la base d’une technologie PV avancée, dite à « couches minces ».

Bien connue depuis des décennies pour des usages à petite échelle dans des zones isolées, l’électricité solaire photovoltaïque (PV) représente désormais une alternative compétitive et abondante, en particulier au Maroc où l’électricité est issue en grande partie d’origine fossile. Le solaire photovoltaïque est une nouvelle solution qui présente des atouts clefs, dont une indépendance par rapport aux prix des combustibles, une diversification du mix énergétique, une très faible empreinte CO2, un temps de retour énergétique court, et un faible usage de la surface nationale.

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Ce que le changement climatique va coûter à l’Afrique

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Le coût de l’adaptation au changement climatique en Afrique pourrait s’élever à 200 milliards de dollars par an d’ici 2070 si le réchauffement ne dépasse pas les 2°C.
L’Afrique subira de plein fouet le changement climatique, détaille cette étude publiée en marge de la conférence climat à Varsovie et qui cite notamment « la disparition totale des récifs de corail avant même un réchauffement de 4°C », , indique mardi 19 novembre un rapport de l’ONU.

« Rater la cible des 2°C ne coûtera pas seulement aux gouvernements des milliards de dollars mais menace également la vie et les conditions de vie de centaines de millions de personnes sur le continent africain et ailleurs », a déclaré le vice-secrétaire général du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) Achim Steiner dans un communiqué.

Le coût de l’adaptation au changement climatique en Afrique pourrait s’élever à 200 milliards de dollars par an d’ici 2070 si le réchauffement ne dépasse pas les 2°C, et à 350 milliards si la température monte encore, indique le rapport de l’ONU.

« Même avec un réchauffement de 2°C d’ici 2050, la malnutrition en Afrique va augmenter de 25 à 90% », en raison de l’impact des températures et de la sécheresse sur les cultures, a-t-il ajouté.
Un coût de 7 à 15 milliards d’euros par an

Le coût de l’adaptation pour l’Afrique aujourd’hui est de 7 à 15 milliards par an. Si le réchauffement est contenu à 2°C, il « s’élèvera à 35 milliards de dollars par an d’ici 2040 et 200 milliards d’ici 2070″, avance le rapport.

Mais « si aucune mesure d’adaptation n’est prise, les dommages pourraient coûter jusqu’à 7% du PNB de l’Afrique d’ici 2100 dans un monde à 3,5-4°C ».

La communauté internationale s’est donné comme objectif de limiter le réchauffement à 2°C par rapport à la période pré-industrielle, mais les émissions de gaz de serre ne cessent d’augmenter et la température moyenne mondiale est actuellement sur une inquiétante trajectoire de près de 3,5°C à 4°C, selon le PNUE.

Les pays industrialisés ont promis de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays du Sud à notamment s’adapter au changement climatique, mais ces derniers, ne voyant rien venir, s’inquiètent de voir les pays riches revenir sur leurs engagements.

Le rapport détaille les impacts potentiels pour l’Afrique du changement climatique qui s’accompagnera, selon les scientifiques, d’une multiplication des évènements extrêmes.

En Guinée-Bissau, Mozambique et Gambie, jusqu’à 10% de la population est menacée par des inondations annuelles d’ici 2100.

Les zones arides en Afrique, qui représentent déjà environ la moitié du continent, vont croitre de 4%, et les nappes phréatiques pourraient baisser de 50 à 70% en Afrique du nord, ouest et australe avec un réchauffement de 4°C.

Concernant la perte de biodiversité, jusqu’à 40% des 5.000 espèces de plantes étudiées pourraient disparaître d’ici 2085 avec un réchauffement de 2°C.

Et avec un réchauffement de 3.5-4°C, les ressources en poisson pourraient décliner dans les lacs Chilwa, Kariba, Malawi, Tanganyika et Victoria, et priver les communautés avoisinantes de plus de 60% de leurs sources de protéines.

 

 

 


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Paul Watson : « Les défenseurs de l’environnement sont considérés comme des terroristes potentiels »

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C’est la première fois qu’il revient sur ses quinze mois de cavale en mer depuis qu’il a retrouvé la terre ferme aux Etats-Unis, le 28 octobre. A bientôt 63 ans, Paul Watson, qui possède la double nationalité canadienne et américaine, reste un eco-warrior, un défenseur farouche des océans.
Adolescent, ce héros des défenseurs de l’environnement militait contre la chasse aux phoques. Il n’a jamais cessé depuis d’aller défier les baleiniers japonais pour les empêcher de capturer les mammifères marins. Plusieurs fois, les navires de Sea Shepherd, son organisation, forte d’un équipage international de 120 membres, ont été éperonnés.

Son militantisme lui vaut d’être poursuivi par Interpol. Arrêté en Allemagne en mai 2012, il réussit à s’enfuir alors que ses deux passeports lui avaient été confisqués. Il affronte aujourd’hui la justice américaine et souhaite être accueilli par la France, avec laquelle il est en train de négocier.

Pourquoi vous êtes-vous enfui d’Allemagne ?

Paul Watson : J’ai quitté Francfort le jeudi 26 juillet 2012 car quelqu’un du ministère allemand de la justice m’a prévenu qu’on allait m’extrader vers le Japon le lundi suivant sans passer devant un juge. Je n’avais guère le choix. Le dimanche, je suis parti pour les Pays-Bas et j’ai pris un bateau. J’ai traversé l’Atlantique, puis le Pacifique et, le 29 novembre, j’ai rejoint mon bateau, le Steve-Irwin, aux îles Samoa. De là, nous avons piqué vers le sud pour notre campagne contre les baleiniers japonais dans l’Antarctique. Je suis finalement retourné à Los Angeles par la mer, le 28 octobre 2013.

Comment êtes-vous entré sur le territoire américain ?

Sans aucun problème. Mon avocat avait négocié avec le gouvernement américain. La famille Kennedy m’a beaucoup soutenu. J’ai hésité entre les Etats-Unis et la France. Ce sont, je crois, les deux seuls pays où je pouvais bénéficier d’une procédure équitable.

Je ne dis pas : « Ne m’extradez pas au Japon », je veux juste avoir le droit d’expliquer ma position avant qu’une décision soit prise à mon égard. Mon avocat, William Bourdon, est très optimiste sur la possibilité que la France m’accueille. Nous y avons beaucoup de soutiens, plus de 100 000 personnes ont signé une pétition pour que je puisse venir. Mais je vais devoir obtenir l’autorisation des Etats-Unis auparavant.

Que va-t-il se passer avec la justice américaine ?

Je ne sais pas exactement. J’ai vu un juge le 6 novembre, à Seattle. Je dois rester à la disposition des autorités. Mais l’affaire n’est pas finie. Je figure sur la liste rouge d’Interpol, initialement à la demande du Japon, du Costa Rica et de l’Allemagne. Mais ces deux derniers pays ont laissé tomber depuis. Je ne comprends pas pourquoi je me retrouve sur la même liste que des assassins, des terroristes, juste parce que je veux sauver quelques baleines. C’est une affaire politique, certainement pas criminelle.

Les défenseurs de l’environnement sont les nouveaux ennemis. Au Canada, ils sont considérés comme des terroristes potentiels. Aux Etats-Unis, la liste du FBI les place, avec Al-Qaida et les militants des droits des animaux, parmi les menaces terroristes intérieures les plus importantes.

Pourquoi être resté si longtemps en mer ?

Cela a été long avant de savoir si je pouvais rentrer. Entre-temps, nous avons obtenu une déclaration sous serment du membre d’équipage de Sea Shepherd qui prétendait que je lui avais ordonné de monter sur un navire japonais. Il est désormais clair qu’un accord avait été passé entre lui et Tokyo. Les autorités japonaises le menaçaient de la prison s’il ne m’accusait pas. Il a fini par déclarer sous serment avoir menti.

Sea Shepherd n’a jamais fait le moindre mal à personne. Nos adversaires détruisent nos bateaux, blessent nos membres, nous poursuivent devant des tribunaux et nous ne pouvons rien faire…

Que savez-vous sur les liens entre le Japon et le Costa Rica vous concernant ?

Je sais que le Costa Rica a réclamé mon arrestation dix jours seulement après une rencontre entre son président et le premier ministre japonais. Ils ont alors remis sur la table des faits vieux de dix ans, à savoir une action de Sea Shepherd contre des braconniers costaricains pour laquelle un non-lieu avait été prononcé.

Le Costa Rica pratique le shark finning : ils envoient environ 30 tonnes d’ailerons de requins chaque année en Chine tout en rejetant le reste des carcasses par-dessus bord. Cela ne les réjouit pas que nous le fassions savoir.

Qui plus est, le Costa Rica est un pays très dangereux. En mai, Jairo Mora Sandoval y a été assassiné pour ses actions de protection des tortues de mer et ce n’est pas le seul meurtre de ce type ces dernières années.

Pourquoi les Japonais continuent-ils la chasse à la baleine ?

Leur industrie de la pêche veut continuer à tuer des baleines, même si la viande lui reste sur les bras et part dans la nourriture pour chiens. Car, si le Japon cède sur ce point, il devra également fléchir sur le thon rouge.

Tokyo veut aussi – comme tout le monde – mettre le pied dans la porte de l’exploitation économique de l’Antarctique. Le Japon est l’une des nations qui exploite le plus nos océans, sans penser au futur.

Considérez-vous toujours le sort des baleines comme le thème le plus mobilisateur pour sauver les océans ?

Elles captent toute l’attention mais il y a beaucoup d’autres problèmes. Nous nous battons contre la chasse massive des requins, des phoques ou des tortues… On essaie de travailler avec les gouvernements, avec l’Equateur par exemple, pour protéger les îles Galapagos, avec ceux d’Afrique de l’Ouest dans la lutte contre la pêche illégale. Sea Shepherd France est leader dans cette campagne au Sénégal, et au Liberia.

Si nous ne sauvons pas les océans, nous ne nous sauverons pas nous-mêmes. Si l’océan meurt, nous mourrons. Voilà mon seul message.

Je viens de passer du temps en Australie sur la Grande Barrière de corail. Plus de la moitié est déjà morte. C’est vraiment déprimant. Ces quatre derniers mois, j’ai contribué à collecter des ordures dans des régions isolées du Pacifique Sud. Nous en avons ramassé des tonnes. Sur n’importe quelle île déserte, vous retrouvez du plastique.

Comment réagissez-vous au sort des « 30 » de Greenpeace incarcérés en Russie ?

Pendant des années, j’ai mis en cause Greenpeace comme une organisation inutile. Je dois reconnaître que je les soutiens à fond maintenant. Là, ils ont vraiment pris position. Et c’est admirable.

De manière tout à fait surprenante, la justice russe s’est basée sur l’opinion d’un juge américain qui me qualifiait de pirate pour attaquer à son tour Greenpeace pour des faits de piraterie… Et tout cela, juste pour avoir brandi une banderole de protestation.

Malheureusement, l’accusation a changé. A mon avis, il aurait été plus facile pour les militants de Greenpeace de se défendre de ce chef d’inculpation-là plutôt que de celui de vandalisme.

Cette affaire peut réveiller l’opinion publique. Pour les compagnies pétrolières, c’est une façon de lancer un message fort, de prévenir qu’elles ne toléreront pas la protestation. Or ce sont elles qui dirigent le monde, des Etats-Unis à la Russie, en passant par la Chine.

 

 


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