Du pétrole, mais plus d’eau dans un village du Texas à cause de la fracturation
Le «Wall Street Journal» était récemment en reportage dans l’Ouest désertique du Texas pour décrire, photos à l’appui, comment le boom pétrolier créé par le recours à la fracturation hydraulique «ramenait la vie» dans des municipalités sur le déclin comme le village de Barnhart, 200 habitants. La voie de chemin de fer abandonnée a été ressuscitée et «l’impôt levé par l’Etat sur toutes les ventes a augmenté de 61 % en un an», a rapporté le quotidien qui ne cite, aux rangs des désagréments causés par l’activité pétrolière, que la hausse du trafic routier, les difficultés de recrutement des ranchs de la région (qui ne peuvent offrir les mêmes salaires que les compagnies pétrolières) et la poussière soulevée par l’exploitation du bassin permien, résultant parfois en «de petites tempêtes de sable».
Mais «les activités de forage ont aussi accru la demande en eau», écrit le «Texas Tribune», une publication en ligne lancée il y a quatre ans pour «promouvoir l’engagement civique» des Texans (qui détiennent le record de l’abstention électorale aux Etats-Unis) en couvrant des sujets d’intérêt public parfois délaissés par les principaux médias.
Résultat: depuis mardi, Barnhart est à court d’eau potable. Sous les effets combinés de la sécheresse et du boom pétrolier, la principale pompe du village a cessé de fonctionner, laissant plus de la moitié de la population sans eau courante et obligeant la municipalité à faire affréter de l’eau en bouteilles et par camion-citerne en attendant de pouvoir mettre en service une pompe de secours.
Des habitants «plutôt en colère»
Or «la reprise du pompage sera lente», a prévenu la Commission de la qualité environnementale du Texas. «La situation est sérieuse», a reconnu un représentant de la société d’approvisionnement en eau de Barnhart, précisant que seules «des chutes de pluie significatives» pouvaient rétablir le bon fonctionnement de la pompe. Celles enregistrées jeudi étaient très localisées, rapporte le quotidien du secteur, le «San Angelo Times». Alors, même si les pompes de particuliers continuent de donner un peu d’eau, les habitants sont «plutôt en colère», a indiqué le chef de la brigade de pompiers volontaires de la commune, heureusement parée en eau pour faire face aux éventuels incendies grâce à un réservoir.
Ce n’est pas la première fois qu’une commune texane se retrouve à court d’eau, rappelle le «Texas Tribune». Et un total d’une trentaine de communes texanes pourrait se retrouver sans eau d’ici à la fin de l’année, selon une liste établie par la Commission texane sur la qualité environnementale. Alors que les conflits relatifs au partage des ressources en eau douce se multiplient, avec le Mexique, mais aussi avec les Etats voisins et même entre Texans, le manque d’eau pourrait donc constituer le principal frein à la croissance du Texas, bien supérieure à celle du reste du pays.