La France et l'Europe doivent montrer l'exemple et s'engager contre le réchauffement climatique dans un monde qui risque de se détourner de la cause environnementale du fait de la crise économique, a déclaré vendredi François Hollande.
Le président français a pris la parole devant un forum qui rassemble différents acteurs de la société civile impliqués dans le développement durable avant la conférence internationale de l'Onu, dite Rio +20, qui se tiendra au Brésil du 20 au 22 juin prochain, 20 ans après le premier sommet de la Terre.
"Rio va être difficile, nous savons qu'il y a (...) le risque (...) de l'échec parce qu'il peut y avoir d'autres urgences, parce que le monde est aujourd'hui tourné vers la crise économique, la crise de la finance, inquiet aussi d'un certain nombre de conflits, celui de la Syrie, et que l'on se détournerait aisément de ce qui est pourtant l'urgence majeure", a déclaré François Hollande, appelant à un "sursaut".
"La France est consciente de sa responsabilité européenne, de sa responsabilité mondiale et (...) elle s'engagera, sur les cinq prochaines années, à être un pays non pas éclaireur, non pas un pays moralisateur, mais un pays acteur", a-t-il ajouté, estimant que la France devait "montrer l'exemple".
François Hollande a salué l'engagement des présidents qui l'ont précédé en matière de développement durable, citant notamment le Grenelle de l'environnement organisé par Nicolas Sarkozy. Mais il a estimé que les progrès faits, sous chaque mandature, étaient "insuffisants".
"UN BEL ENJEU POUR L'EUROPE"
Au-delà de la France, François Hollande a appelé l'Europe à se saisir de la question environnementale, y voyant un "bel enjeu" pour un continent traversé par la crise.
"Au moment où l'Europe s'interroge sur son destin, sur son avenir, sur ses politiques, nous devons aussi avoir cette perspective", a-t-il déclaré. "Voilà un bel enjeu pour l'Europe quand elle se pose des questions sur sa propre cohésion."
L'Union européenne a toujours été le moteur des initiatives internationales pour lutter contre le réchauffement climatique face aux Etats-Unis, principal pollueur de la planète, et aux pays émergents comme la Chine, qui freinent le processus.
Elle avait voulu donner l'exemple en 2008 en adoptant un ambitieux plan de réduction d'au moins 20% des émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2020 mais la crise économique est passée par là et les contraintes environnementales sont de plus en plus souvent opposées à la préservation de l'industrie.
François Hollande a dit s'être fixé trois objectifs pour la conférence internationale de Rio: un accès plus grand aux énergies renouvelables, la lutte pour la sécurité alimentaire et le soutien à l'économie verte et solidaire.
Le président a également appelé de ses voeux la création d'une agence spécialisée de l'ONU en charge de l'environnement, proposée de longue date par la France, et qui pourrait être installée à Nairobi, au Kenya, siège du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).
Il a souhaité que la pertinence des indicateurs de développement soit débattue à Rio et prôné la prise en compte de la qualité de l'environnement, de l'efficacité des politiques sociales et des inégalités.
Au niveau national, François Hollande, dont le gouvernement comprend des ministres écologistes, a promis de soutenir les entreprises qui s'engagent dans la lutte contre le réchauffement climatique, et renouvelé son souhait que le relèvement du plafond des livrets d'épargne réglementés soutiennent tant les initiatives de développement durable que l'industrie.