L'Aveyron a fourni cette année 80 % de la récolte nationale de glands.
Dans l’objectif de conserver le chêne pubescent pour reconstituer des peuplements dépérissants face aux changements climatiques, une récolte a été organisée entre les mois de septembre et d’octobre dernier sur les communes de l’Hospitalet-du-Larzac, Nant, le Viala-du-Tarn et Montjaux.
L'Aveyron peut faire face à la demande
Ce ne sont pas moins de 32 000 litres de glands qui ont été récoltés sur les 40 000 litres attendus au niveau national. Soit une récolte nationale à 80 % aveyronnaise. Avec quelque 280 000 hectares de forêts, soit plus de 31 % de sa surface, l'Aveyron peut faire face à la demande. "35 ans que je récolte des graines"
Didier Desseaux, technicien forestier de l’ONF, spécialisé dans la récolte de graines forestières, prend sa retraite ce mois-ci et est fier de terminer en beauté : "Cela fait 35 ans que je récolte des graines en tant que maître d’œuvre et on n’a jamais fait de moisson de cette ampleur ! On s’est même trouvé en difficulté face à ces peuplements très fructifères !"
Cette année exceptionnelle s’explique par des conditions climatiques très favorables, notamment au moment de la floraison puis de la fécondation des arbres. Plus les végétaux sont stressés par de fortes chaleurs, plus ils vont fructifier pour préserver la pérennité de l’espèce.
Un travail titanesque
C’est sur les préconisations de la cellule de recherche de l’ONF, en partenariat avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), qu’il est apparu que le chêne pubescent – aussi appelé chêne blanc – avait des capacités d’adaptation particulièrement intéressantes pour repeupler des bois où d’autres espèces n’auraient pas survécu aux changements climatiques. Ce travail titanesque mené ici, servira à repeupler des forêts du Grand-Est et de la Bourgogne-Franche-Comté.
En France en effet, le taux de mortalité des arbres, en volume, a augmenté de 54% entre 2011 et 2021. Paradoxalement, avec 17,1 millions d'hectares forestiers, la forêt française a augmenté de 21 % depuis 1985. Les glands de l'Aveyron y sont peut-être pour quelque chose...
Dans un rapport, publié lundi 28 novembre 2022, une coalition de cinq ONG et médias accuse des banques françaises de financer des acteurs de l’agro-industrie brésilienne impliqués dans la déforestation, et ce, malgré leurs engagements environnementaux.
La déforestation en Amazonie brésilienne bat tous les records, avec déjà en 2022, 9 500 km2 de forêt rayés de la carte. Dans la plupart des cas, c'est pour planter du soja pour servir de fourrage aux éleveurs ou pour faire paître des bœufs que la forêt est coupée.
Après avoir épluché plus de 12 000 transactions financières, les ONG accusent dans le rapport plusieurs banques françaises d'alimenter la déforestation en Amazonie brésilienne. Jean-Philippe Foegle, juriste et chargé de plaidoyer de Sherpa, vise en particulier la BNP Paribas, mais aussi le Crédit Agricole, le Groupe Banque Populaire Caisse d'Épargne (BPCE) ou encore la Société Générale : « BNP Paribas est la première banque à investir en Amazonie. Cela se chiffre à 773 millions pour cette année. C'est un investissement en faveur d'acteurs qui produisent, en l'occurrence, du bœuf et qui sont connus pour pratiquer la déforestation. »
Des actions en justice envisagées
Contactée par RFI, la BNP assure avoir pris des engagements stricts pour protéger l'environnement et que cette transformation des pratiques sur le terrain prend du temps.
Mais Jean-Philippe Foegle rappelle que la loi oblige, dès à présent, les entreprises françaises à la vigilance dans leurs activités à l'étranger : « Ce que prévoit le devoir de vigilance et la législation anti-blanchiment, c'est que quand vous avez un soupçon selon lequel l'acteur que vous financez est impliqué dans des activités illégales, vous devez faire en sorte de ne pas financer cet acteur-là. »
Sherpa envisage donc des poursuites judiciaires pour forcer les banques à mettre réellement en œuvre leurs engagements.
Le réchauffement climatique est désormais au cœur des préoccupations de la jeunesse arabe, malgré les multiples défis et difficultés politiques et économiques auxquels elle fait face. Une véritable prise de conscience qui pousse même certains à renoncer à se marier et à avoir des enfants.
“On n’a pas envie de faire venir un enfant dans ce monde en surchauffe.” Voilà l’état d’esprit de Rouwaida Mahmoud, 26 ans, et de Sayed Ali, 35 ans. Ils vivent dans le gouvernorat de Gharbeya, en Égypte [dans le delta du Nil, à une centaine de kilomètres au nord du Caire], après avoir passé les deux premières années de leur vie maritale en Allemagne, pour permettre à Sayed Ali de finir ses études en génie mécanique.
Et c’est là qu’ils ont été surpris par le climat, qui ne correspondait pas du tout à ce qu’ils avaient imaginé. Ce fut un choc pour eux de constater que, même en Europe, il faisait très chaud.
Ils se sont mis alors à beaucoup réfléchir à ce que l’avenir pouvait réserver aux enfants, pour arriver à la conclusion qu’il valait mieux qu’ils repoussent, pour le moment, l’idée d’avoir eux-mêmes des enfants.
Depuis, la question climatique est en tête des préoccupations de Rouwaida. Elle dit vouloir contribuer à limiter la portée des changements climatiques, même si cela implique des sacrifices. Et comme elle a lu que l’augmentation démographique contribuait à aggraver la situation, elle n’aura en tout état de cause pas plus d’un seul enfant.
Sarah, 24 ans, vit au Caire. Diplômée depuis deux ans en gestion, elle envisage de ne pas se marier. Elle voit bien la vie que mène sa mère, qui travaille comme enseignante dans l’école publique mais doit en plus préparer trois repas par jour et s’occuper du ménage : nettoyer, passer le balai, faire la vaisselle, laver le linge…
À cela s’ajoute le souvenir que Sarah garde des moments où sa mère était obligée de gérer les coupures d’eau ou d’électricité, qui se multiplient, elles aussi, sous l’effet des fortes chaleurs, ou au contraire de pluies torrentielles, liées au dérèglement climatique.
“Je suis à bout de forces quand je rentre du travail, surtout si je dois faire le trajet du retour dans une chaleur étouffante, témoigne-t-elle. Imaginez ce que ce serait si j’étais mariée. J’aurais alors les mêmes obligations [domestiques] que ma mère.”
Prise de conscience croissante
Un récent sondage international [réalisé par l’ONG Avaaz] auprès de 10 000 jeunes entre 16 et 25 ans dans 10 pays à travers le monde révèle qu’ils sont 59 % à se sentir très ou extrêmement inquiets du changement climatique, et 45 % à estimer que l’anxiété climatique affecte leur vie quotidienne de manière négative.
Beaucoup de jeunes font aussi état de leur inquiétude face à l’échec des gouvernements à trouver des solutions au problème. Ainsi, 4 jeunes interrogés sur 10 affirment hésiter à avoir des enfants. Dans le monde arabe, le Conseil de la jeunesse arabe pour le changement climatique [Arab Youth Council for Climate Change, AYCCC] estime que les jeunes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord sont en première ligne pour ce qui est des conséquences du réchauffement climatique. Mais, ajoute le rapport, ce sont les questions politiques et sociales qui restent pour l’instant leurs principales préoccupations.
Cela étant, la conscience environnementale progresse parmi les jeunes de la région. Une autre étude montre en effet qu’ils attendent plus d’initiatives climatiques et qu’ils voudraient pouvoir y contribuer. À titre d’exemple, 65 % des jeunes Émiratis, par exemple, voudraient que l’on prenne des mesures de protection de l’environnement.
La jeunesse se détourne du mariage
Ahmed Mahrous, 35 ans, habite dans le nord-est du delta du Nil. Lui aussi s’est mis à douter de l’intérêt de se marier et d’avoir des enfants. Directeur d’une chaîne de grands magasins, il désespère à la vue des jeunes couples qui font leurs courses et qui se trouvent confrontés à des prix chaque jour plus exorbitants.
Et d’expliquer que la hausse des températures est l’une des principales raisons de cette inflation. Car fromages, produits laitiers et gâteaux se gâtent en quantité dans les entrepôts, provoquant des pertes qu’il est impossible de compenser autrement que par une augmentation des prix.
Ainsi, le dérèglement climatique se glisse de plus en plus dans la vie quotidienne, avec des conséquences sur les conditions de travail principalement. C’est ce qui se passe pour Mohamed Abdel Qawi, 35 ans, qui travaille sur des chantiers de construction dans une autre ville du nord-est du delta du Nil. Interrogé sur son envie de fonder une famille, il dit ne plus ressentir aucun enthousiasme à cette idée.
Il ne supporte plus les longues heures de travail par grosse chaleur et a dû se résoudre à réduire ses horaires. D’autant que, l’an passé, il a perdu son grand frère, qui travaillait lui aussi dans le bâtiment. Il a subi une insolation, suivie de fièvre pendant une semaine, et il n’y a pas survécu.
Selon Bissent Ismaïl, conseillère conjugale et familiale, une partie de la jeunesse se détourne aujourd’hui du mariage. Et l’une des principales raisons réside dans le dérèglement climatique.
Car, selon elle, après avoir été longtemps ignorée, la crise climatique s’impose désormais dans les faits. Et ses conséquences sont telles qu’on ne peut plus l’ignorer.
Ce n'est malheureusement pas un blague ou une fake news. Les militants de l’urgence climatique ne comprennent pas que l’Égypte, pays d’accueil de la prochaine conférence des Nations unies sur le climat, ait choisi comme parrain de l’événement le plus gros pollueur plastique au monde.
C’est la goutte de Coca de trop. Les militants écologistes dénoncent le “greenwashing” du “premier pollueur plastique au monde” après l’annonce d’un accord de parrainage entre l’entreprise américaine et la COP27, la conférence des Nations unies sur le climat, rapporte The Guardian.
La prochaine conférence des parties, qui aura lieu du 6 au 18 novembre à Charm El-Cheikh, en Égypte, est le rendez-vous majeur des gouvernements, des entreprises et des associations de défense de l’environnement pour “s’attaquer à l’urgence climatique”, rappelle le quotidien britannique.
Emma Priestland, de Break Free From Plastic, association internationale contre la pollution plastique, dénonce :
“Coca-Cola qui sponsorise la COP27, c’est du pur ‘greenwashing’. Sur quatre ans, lors de nos enquêtes annuelles sur les entreprises, nous avons constaté que Cola-Cola était le premier pollueur plastique au monde. Il est stupéfiant qu’une entreprise aussi liée aux industries fossiles soit autorisée à sponsoriser une réunion aussi essentielle sur le climat.”
Une pétition lancée par une militante du climat qui avait participé à la COP26 de Glasgow demande le retrait de Coca-Cola de la liste des sponsors de la COP27 – elle est déjà signée par plus de 10 000 personnes.
“Incompréhensible”
Greenpeace affirme que le sponsoring par Coca-Cola est “incompréhensible”. John Hocevar, chargé de la campagne pour les océans de Greenpeace États-Unis, explique au quotidien britannique : “Coca-Cola produit 120 milliards de bouteilles en plastique jetables par an – et 99 % des plastiques sont fabriqués à partir de combustibles fossiles, ce qui aggrave la crise du plastique et du climat.”
L’essayiste canadienne Naomi Klein joue la touche acide en fustigeant sur Twitter : “C’est super sympa d’avoir un sommet sur le climat dans un état policier sponsorisé par Coca-Cola.”
Le gouvernement égyptien a annoncé le 28 septembre ce partenariat avec la marque en se félicitant des “opportunités partagées pour les communautés et les gens dans le monde et en Égypte”. Depuis, c’est la “stupeur et la déception sur les réseaux sociaux”, qui y voient “un nouvel exemple d’écoblanchiment des entreprises”.
Coca-Cola s’est défendu en disant vouloir “faire sa part” pour relever le “défi” que constitue “l’objectif d’éliminer les déchets dans l’océan”.
La COP26 à Glasgow avait choisi pour principal sponsor le géant anglo-néerlandais de l’agroalimentaire et des produits d’hygiène Unilever. Les organisateurs avaient engrangé 250 millions de livres (287 millions d’euros) de financement privé, rappelle The Guardian, les entreprises en profitant pour verdir leur image.
Suite aux grandes manifestations de scientifiques et d'opérations de désobéissance civile il y a deux semaines, France Info est allé à la rencontre d'une dizaine de chercheurs et chercheuses expliquent les raisons de leur colère et de leur engagement.
Les policiers ont eu du mal à masquer leur surprise. Ce 13 mars 2020, trois scientifiques sont en garde à vue au commissariat du 12e arrondissement de Paris. "Ils nous ont dit qu'il n'y avait jamais eu autant de diplômes dans cette cellule", se souvient Milan Bouchet-Valat, sociologue. Avec Jérôme Guilet, astrophysicien, et Kévin Jean, épidémiologiste, il s'est fait interpeller après avoir manifesté devant l'Elysée pour dénoncer, en sa qualité de scientifique, le maigre bilan climatique d'Emmanuel Macron. Un engagement rare pour des "premiers de la classe", plus habitués à la discrétion de leur laboratoire qu'à la détention.
Avec cette manifestation, organisée par l'ONG ANV-COP21, les trois trentenaires mettent en œuvre l'appel à la "rébellion" lancé par 1 000 scientifiques dans une tribune un mois auparavant. L'opération, bien que rapidement éclipsée par la pandémie de Covid-19, marque ainsi la première manifestation française d'une lame de fond qui agite aujourd'hui la communauté scientifique internationale.
"Les scientifiques sont ignorés"
Alors que les émissions de gaz à effet de serre, moteur du réchauffement climatique, continuent de grimper et les espèces animales, de disparaître, de plus en plus de chercheurs ne veulent plus se contenter de chroniquer, rapport après rapport, une catastrophe écologique annoncée. Regroupés sous le label "Scientist rebellion", ils participent activement aux actions des ONG écologiques, quand ils ne les organisent pas eux-mêmes : invasion du tarmac de Roissy en octobre 2020 pour protester contre l'extension (annulée depuis) de l'aéroport, occupation du Muséum d'histoire naturelle et blocage de la banque JP Morgan Chase de Los Angeles, en Californie, en avril 2022. Depuis la mi-octobre, de nouvelles actions sont organisées un peu partout dans le monde, à Toulouse, Paris et bientôt en Allemagne, pour remettre la pression à quelques semaines de la COP27 qui se tiendra en Egypte et réclamer des mesures à la hauteur de l'urgence.
Comment en est-on arrivé là ? En 2022, une enquête sociologique menée dans les laboratoires français(PDF) révélait que 90% des 6 000 répondants estimaient que "si les choses continuent au rythme actuel, nous allons bientôt vivre une catastrophe écologique majeure".L'inaction des responsables politiques est la première raison avancée par la quinzaine de scientifiques que nous avons interrogés. "Je suis de plus en plus désespéré par l'aggravation des catastrophes climatiques et l'inaction des dirigeants mondiaux", lâche Peter Kalmus, le climatologue de 48 ans qui s'est enchaîné à la porte de la banque JPMorgan Chase, soutien financier des projets d'énergie fossile (charbon, pétrole, gaz).
"Il est très clair que pour sauver ce qui peut l'être, il faut en finir avec l'industrie des énergies fossiles (...). Mais les scientifiques sont ignorés, les dirigeants mondiaux continuent de travailler au développement de cette industrie."
Peter Kalmus, climatologue à la Nasa
L'écologue Wolfgang Cramer, qui a signé le manifeste de Scientist rebellion(en anglais) sans aller jusqu'à participer à une action, comprend ses collègues : "Ecrire des rapports, parler raisonnablement et gentiment, ça montre ses limites. Ce modèle qui consiste à fournir de l'information pour des décisions raisonnées marche un peu, mais pas assez". Le chercheur de 65 ans est bien placé pour le savoir : il a participé, depuis 1996, à la rédaction de sept rapports du Giec, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
"C'est non violent et symbolique"
Retrouver du sens et être en accord avec le message scientifique est un autre motif d'engagement. "Continuer à vivre et travailler de la même façon, cela peut donner l'impression que la situation n'est pas aussi grave qu'on le dit. C'est important d'avoir des actions en accord avec ce que l'on dit", estime Jérôme Guilet, qui juge les actions de désobéissance civile "proportionnées" : "C'est non violent et symbolique par rapport à l'enjeu qu'est la survie de l'humanité." L'océanographe Xavier Capet, qui a participé en 2019 au blocage de la tour Total à La Défense, considère enfin que sa communauté a "une responsabilité vis-à-vis du mouvement climat". Pour ce chercheur de 49 ans, par ailleurs engagé dans la réduction de l'empreinte carbone de son laboratoire, il faut accompagner "cette partie de la population qui a entendu notre alerte".