Biodiversité : l'Union européenne veut imposer la réparation des dommages infligés à la nature

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Bruxelles a proposé mercredi 22 juin une loi visant à réparer d'ici 2030 les dommages causés à la nature dans 20% des écosystèmes abîmés d'Europe, afin de protéger la biodiversité, en particulier les populations d'abeilles, mais aussi limiter le risque de désastres naturels.

pollinisateur

Ce projet législatif de la Commission européenne, qui sera discuté par les États membres et les eurodéputés, imposera des objectifs contraignants de restauration des écosystèmes (forêts, prairies, espaces marins...) abîmés par la pollution, l'abus de pesticides et d'engrais, l'exploitation intensive des sols ou la disparition de zones humides.

Un plan de restauration pour Chaque Etat

«Depuis trente ans, nous nous concentrons sur la préservation des espaces naturels, mais cela ne suffit plus pour inverser la perte de biodiversité: une trop grande partie de notre nature est détruite ou dégradée, 81% des habitats naturels de l'UE sont en mauvais état», a souligné le commissaire à l'Environnement Virginijus Sinkevicius. «Cette loi exigera que d'ici 2030, des mesures de restauration efficaces soient en place sur 20% des zones terrestres et maritimes abîmées, et d'ici 2050, sur tous les écosystèmes qui en ont besoin», a-t-il ajouté.

Chaque État sera tenu d'élaborer «un plan de restauration» selon des règles strictes de planification et d'évaluation, avec priorité aux «puits de carbone» (forêts, tourbières...) susceptibles de stocker du CO2. Les Vingt-Sept devront maintenir leur surface d'espaces verts en ville au niveau de 2021, tout en garantissant au moins 10% d'espaces arborés dans chaque agglomération. Bruxelles veut également supprimer des barrages et obstacles sur les fleuves et rivières, afin d'atteindre «au moins 25.000 km» de cours d'eau «libres» d'ici la fin de la décennie.
«Un jalon historique»

Autant de façons d'accroître la biodiversité (oiseaux, papillons, poissons...) dans les forêts, campagnes et milieux maritimes, et d'inverser le déclin des colonies de pollinisateurs - très menacés et dont dépendent une majeure partie des cultures européennes. Quelque 100 milliards d'euros du budget pluriannuel européen seront disponibles pour la biodiversité, notamment ces plans de restauration, précise la Commission.

«Il faut détruire le mythe selon lequel ce serait de l'argent gaspillé: chaque euro investi dans la restauration naturelle rapportera au moins 8 euros grâce aux avantages d'écosystèmes sains: prévenir l'érosion des sols renforce la sécurité alimentaire, restaurer des zones humides évite les inondations en aval», a fait valoir Virginijus Sinkevicius.

C'est «un jalon historique», a salué Arnaud Gauffier, de WWF France, tout en appelant États et parlementaires à spécifier «des objectifs ambitieux de restauration des cours d'eau, plaines inondables et tourbières». L'eurodéputée Marie Toussaint (Verts) a cependant déploré un arsenal judiciaire encore fragile: la Commission «fait preuve de volontarisme (...) mais l'UE a encore du travail pour permettre un meilleur accès à la justice» afin de poursuivre les responsables de dommages environnementaux.

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Après le blé et le tournesol, la moutarde vient à manquer

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graines de moutarde

Depuis quelques semaines, les pots de moutarde se font plus rares dans les rayons des supermarchés. Au moins trois supermarchés du Nord Isère et l’aéroport Drive Carrefour de L’Isle-d’Abeau n’avaient plus du tout de moutarde, ce samedi 7 mai. Une pénurie qui s'explique par plusieurs facteurs, du changement climatique à la guerre en Ukraine.

Vous avez peut-être remarqué, en faisant vos courses, que certains produits venaient à manquer ces dernières semaines. Parmi les victimes de cette pénurie, l'huile de tournesol, mais aussi la moutarde, qui se raréfie peu à peu. Dans Le Bien Public, Michel Liardet, président de l'Européenne des condiments, estime « que la baisse d'approvisionnement sur les derniers mois de février et de mars a été de l'ordre d'au moins 25 à 30% et cela va s'accentuer ».

1/La sécheresse au Canada

Si la moutarde reste produite en France, notamment en Côte-d'Or, la plupart des graines proviennent en réalité du Canada, l'un des plus gros exportateurs de graines de moutarde au monde. Sauf que cette année, le pays a subi une des plus fortes sécheresses de son histoire. Selon un rapport du ministère de l'Agriculture canadien, la production 2021-2022 « est estimée en chute de 28% en raison de la baisse des rendements et de la superficie ensemencée ». Le rapport ajoute qu'en conséquence, « le prix moyen devrait presque doubler par rapport à 2020-2021, à un record de 1 700 dollars la tonne », soit un peu plus de 1500 euros. Or, jusqu'à présent, les producteurs canadiens permettaient d'obtenir des prix bien plus bas. Face à cette chute de la production, Ottawa a rationné ses exportations.
 

2/La guerre en Ukraine

Les importations sont également touchées par la guerre en Ukraine, qui empêche l'importation de graines de moutarde récoltées là-bas. « L'Ukraine, sans être un gros producteur, représentait un plan de secours. Nous comptions dessus pour faire la jonction avec la prochaine récolte, mais cette solution est tombée à l'eau », analyse dans L'Usine nouvelle le directeur général de Reine de Dijon en Bourgogne, Luc Vandermaesen.

« L'Europe de l'Est représentait environ 5% de la production de graines de moutarde. C'était notre troisième territoire de production, mais aujourd'hui on ne peut plus compter dessus », renchérit Michel Liardet, le président d'Européenne de condiments (EdC), dans Le Bien Public.

3/Des cultures abîmées

La moutarde de Dijon, 100% française, reste donc la seule denrée disponible, mais son prix est bien plus élevé, sans compter qu'elle aussi a rencontré des aléas cette saison  : les insectes ont ravagé les cultures. « De 12 000 tonnes en 2016, nous sommes passés à 4 000 tonnes en 2021. C'est simple, on n'arrive plus à gérer les ravageurs », constate dans Libération Fabrice Genin, président de l'Association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne (APGMB). Depuis l'interdiction des insecticides, les producteurs avouent être démunis et ne parviennent pas à faire face.

4/La flambée des prix des matières premières

Si la valeur d'un pot de moutarde risque donc de flamber pour toutes les raisons évoquées plus haut, ce n'est pas tout  : les fabricants doivent aussi composer avec la flambée des prix des matières premières, dont le verre et le métal, qui sont utilisés pour le conditionnement du produit.

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... et pendant que l'Amérique brûle, l'Inde étouffe et la Sibérie est en proie aux flammes

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....et le Kenya qui n'a jamais eu aussi soif.

C'est une photo qui a fait le tour du monde. Elle alerte à la fois sur les ravages du réchauffement climatique, responsable d'une sécheresse sans précédent au Kenya, et sur la menace d'extinction d'une espèce emblématique du continent africain. Parmi la liste des victimes de cette sécheresse historique, on compte des milliers de tête de bétail mortes dans la souffrance de la soif.

L'humanité semble se tenir devant les portes des enfers tant les catastrophes climatiques surviennent en même temps, dans une synchronicité qui laisse songeur.

Des incendies sans précédent ravagent depuis plusieurs années la Sibérie. En 2021, des feux, notamment dans l'est de la Sibérie, ont relâché 16 millions de tonnes de carbone (4e volume le plus élevé depuis le début des mesures en 2003), selon le rapport annuel sur le climat européen. La Sibérie, autrefois région froide et densément boisée est en train de se transformer en désert fouetté par les incendies et les températures record.

L'Inde et le Pakistan suffoquent. Les deux pays font face à une vague de chaleur historique, certains villes atteignent déjà les 50°C.  Cette canicule anormale met en danger des millions de personnes et brûle des milliers de cultures.

Outre le bilan mortel de ces conditions climatiques extrêmes sur les populations de l'Inde et du Pakistan, l'impact sur l'approvisionnement alimentaire national et mondial suscite des inquiétudes. Les agriculteurs des principaux États indiens producteurs de blé (Haryana, Punjab et Uttar Pradesh) ont vu leurs champs se flétrir sous un soleil de plomb, après un mois de mars exceptionnellement sec.
"La vague de chaleur s'est répandue très rapidement et a fait mûrir les cultures à un rythme plus rapide, ce qui a rétréci la taille des grains et entraîné une baisse des rendements", a déclaré à India Today JDS Gilll, responsable de l'information agricole dans l'État du Pendjab.

Cette situation survient à un moment où les réserves mondiales de nourriture sont déjà mises à rude épreuve, en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie - souvent appelée "le grenier de l'Europe" - et d'autres événements liés au changement climatique. Face à cette guerre, le Premier ministre indien Narendra Modi a déclaré au président américain Joe Biden que l'Inde était "prête à fournir des stocks de nourriture au monde". Mais la vague de chaleur sans précédent a jeté le doute sur cette affirmation.

"De nombreux pays comptent sur le blé indien pour compenser les pénuries causées par la guerre en Ukraine. Mais les prix [du blé] vont augmenter et l'impact se fera sentir bien au-delà de l'Inde", a confié à NBC News Harjeet Singh, conseiller au Réseau Action Climat International.

Cela fait au moins 40 ans que nos dirigeants successifs avaient été informés de ce qui est en train de se passer aujourd'hui. Certains y ont cru mais n'ont pas agi en arguant que les choses s'arrangeraient toutes seules ou qu'un miracle technoscientiste leur viendrait en aide. D'autres n'y ont clairement jamais cru. Nous sommes TOUS RESPONSABLES de cette fuite en avant, nous sommes TOUS RESPONSABLES de cette fin du monde programmée : les politiciens, les industriels et les consommateurs endormis et piquousés aux biens de consommation... On nous promettait le bonheur et l'argent, ou plutôt le bonheur par l'argent, aujourd'hui tout cela n'a plus de sens, dans moins de dix ans l'humanité sera balayée comme les dinosaures, et l'astéroïde portera le nom de " Idiocraty".

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Gigantesque incendie et sécheresse intense dans l'Ouest américain

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Un gigantesque incendie, contenu à seulement 20% un mois après son déclenchement, continuait de ravager vendredi 6 mai l'État américain du Nouveau-Mexique, en proie comme tout l'ouest des États-Unis à une sécheresse chronique qui s'est encore aggravée cette semaine.
Baptisé «Hermits Peak Fire» par les secours, ce feu a déjà parcouru quelque 670 km2 de broussailles et de forêt et détruit environ 170 logements. Plusieurs milliers d'autres bâtiments sont potentiellement menacés dans les prochains jours par ce sinistre: un feu préventif organisé le 6 avril dernier mais qui avait échappé à tout contrôle en raison de vents violents et de conditions de sécheresse extrême dans la zone, selon les autorités.

Alors que la saison des incendies ne fait que commencer dans l'Ouest américain, le Nouveau-Mexique a déjà vu partir en fumée quelque 1200 km2 de végétation, davantage que la moyenne pour une année entière. Sept incendies au total, dont un qui a tué deux personnes le mois dernier, parcourent actuellement cet État touché par une sécheresse historique qui facilite tout départ de feu dans la lande. En réponse à la gravité de la situation, le président américain Joe Biden a décrété l'état de catastrophe naturelle au Nouveau-Mexique, qui pourra donc bénéficier de nombreuses aides fédérales, tant logistiques que financières.

Réservoirs d'eau «dramatiquement bas»

Les incendies sont courants dans l'ouest des États-Unis mais ils sont devenus de plus en plus intenses en raison du réchauffement climatique provoqué par les activités humaines, notamment les énergies fossiles, et qui aggrave une sécheresse déjà chronique. Elle menace notamment l'approvisionnement en eau d'une partie de la population et a fait chuter de manière spectaculaire le niveau des lacs et cours d'eau.

Tous les réservoirs affichent un niveau nettement inférieur à la normale dans les États de l'ouest, à l'exception de celui de Washington, souligne le bulletin hebdomadaire consacré à la sécheresse aux États-Unis. «En Californie, les deux plus importants réservoirs de l'État sont à un niveau dramatiquement bas à l'entrée dans la saison sèche», respectivement 40% pour le lac Shasta et 55% pour le lac Oroville. La situation était encore plus préoccupante dans le bassin du Colorado, qui assure l'approvisionnement en eau de dizaines de millions de personnes.

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Etats-Unis : Joe Biden ordonne la protection des forêts anciennes américaines

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Le président américain a exigé des responsables fédéraux un inventaire des forêts anciennes d'ici un an, ainsi que l'identification des menaces portées à ces arbres.

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La forêt de l'Oregon, aux Etats-Unis, le 21 septembre 2013.

Décision forte pour la Journée de la Terre. Joe Biden a marqué le vendredi 22 avril en ordonnant la protection des forêts anciennes des Etats-Unis. Son décret, signé lors d'une visite à Seattle dans l'Etat de Washington, très boisé et aux paysages souvent spectaculairement sauvages, reconnaît l'importance des forêts anciennes américaines dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi leur vulnérabilité aux incendies toujours plus intenses.

Volonté d'agir pour l'Amazonie

Joe Biden a exigé des responsables fédéraux un inventaire des forêts anciennes d'ici un an, ainsi que l'identification des menaces portées à ces arbres. "Nous devons agir rapidement, et avec ce décret lors de la Journée de la Terre, nous montrons que ce moment de menace maximale et d'urgence peut aussi être un moment d'immense espoir", a déclaré le président américain. Le démocrate a fait campagne pour la protection de l'environnement et le leadership américain dans l'action face au réchauffement climatique, mais s'est régulièrement heurté à un manque de soutien du Congrès.

Les forêts américaines absorbent une quantité de dioxyde de carbone équivalant à 10% des émissions américaines annuelles de gaz à effet de serre, a rappelé la Maison Blanche dans un communiqué. Le président américain a aussi suggéré que Washington s'implique davantage dans la lutte pour la survie de la forêt amazonienne au Brésil. "Nous devrions payer les Brésiliens pour qu'ils ne rasent pas leur forêt", a-t-il évoqué.

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