Extinction de la biodiversité : et si c'était au tour des humains ?

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Le réchauffement climatique entraîne une réduction de la biodiversité. L'extinction des espèces connaît un emballement sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Dans le pire des scénarios, le genre humain, lui aussi, est menacé.

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Il y a urgence, car tout ce qui constitue la vie sur Terre est menacé. Selon le sixième rapport d'évaluation du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), durant les années 2011-2020, la température à la surface du monde a été plus élevée de 1,09 °C que lors des années 1850-1900, qui servent de référence préindustrielle.

Ce réchauffement climatique d'origine humaine s'est accompagné d'une hausse du niveau de la mer de 20 centimètres entre 1901 et 2018 . Il devrait également entraîner une intensification des cyclones tropicaux et des tempêtes . Or, dans le même temps, le réchauffement de l'eau fragilise les barrières de corail qui protègent les côtes. La mort du corail dans certaines îles du Pacifique a ainsi doublé la puissance des vagues sur le littoral…
Melomys rubicola, petit rongeur disparu

En 2019, Melomys rubicola, un petit rongeur qui ne vivait que sur Bramble Cay, une langue de sable de 200 mètres de large, entourée d'une barrière de corail, entre l'Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a été déclaré officiellement éteint. Il s'agirait de la première espèce de mammifère victime du réchauffement. Bramble Cay, régulièrement inondée, s'était transformée en piège. Et Melomys rubicola n'avait pas d'autre endroit où aller.
« Dans toutes les espèces, des individus quittent leur population par erreur et s'installent ailleurs. Avant le changement climatique, si un individu allait accidentellement au-delà de l'endroit où son espèce vivait normalement, il mourait tout simplement. Mais, avec le changement climatique, ces individus peuvent rencontrer de bonnes conditions de vie et de reproduction dans des endroits en dehors de leur aire de répartition historique : ils peuvent survivre et créer une nouvelle population dans des zones situées plus au nord ou à une altitude plus élevée », explique Camille Parmesan, écologue spécialiste des conséquences du réchauffement climatique sur la biodiversité, professeur à la Sete (Station d'écologie théorique et expérimentale).

Mais si, au Nord de l'habitat d'origine, il n'y a qu'une zone non propice à la relocalisation, comme l'immense étendue d'eau du Pacifique, l'aire urbaine de Paris ou une monoculture, alors l'espèce reste sur place, diminue en nombre, dégénère sous l'effet de l'endogamie, disparaît…
La sixième extinction

Bienvenue dans la sixième extinction, encore appelée « entrée dans l'anthropocène ». « On estime que, depuis le début du XVIe siècle, 705 espèces de vertébrés - mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons - et 571 espèces de plantes connues se sont éteintes, déplore Sandra Lavorel, directrice de recherche CNRS au Leca (Laboratoire d'écologie alpine) à Grenoble et membre de l'Ipbes (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services), le 'GIEC de la biodiversité'. Ceci correspond à 10.000, voire 100.000 fois plus que le taux de base avant que les humains ne deviennent un facteur majeur d'impact sur la planète », poursuit la chercheuse.
« Normalement, chaque million d'années, quelque 20 % des espèces disparaissent et sont remplacées, précise Bruno David, président du MNHN (Muséum national d'histoire naturelle). Mais nous sommes aujourd'hui sur une trajectoire qui, extrapolée sur 1 million d'années, aboutirait au chiffre de 8.000 % pour les mammifères : cela signifie qu'au cours des 40, 50 ou 60 prochaines années 500.000 à 1 million d'espèces animales ou végétales pourraient disparaître. »

Soit 5 à 10 % du nombre estimé d'espèces constituant la vie sur Terre. Ce pourcentage peut paraître faible, mais les scientifiques sont incapables de préciser à partir de quel seuil l'extinction risque éventuellement de s'emballer et de provoquer un effondrement de tout notre écosystème.
Effondrement des ressources halieutiques

Déjà, il semblerait que plusieurs espèces - comme la morue au large de Terre-Neuve - aient dépassé le point de non-retour. « A certains endroits, la chaîne du vivant est en train de s'effondrer : il y a une accélération sans précédent de l'extinction de la biodiversité et celle-ci est d'origine anthropique, insiste Pierre Dubreuil, directeur général de l'OFB (Office français de la biodiversité), le bras armé de l'Etat français pour la préservation de la biodiversité. Si la trajectoire actuelle se poursuit, la Terre survivra, mais peut-être pas l'homme… ».

« Au-delà de 2 °C de réchauffement climatique à la fin du siècle, nous perdrons tous les récifs coralliens, affirme Karl Burkart, l'un des coauteurs de Global Deal for Nature, un plan d'urgence pour sauver la diversité de la vie sur Terre. Il y aura alors un effondrement des ressources halieutiques ; or 3 milliards de personnes dépendent de la pêche pour se nourrir. »
« Repenser le modèle de consommation »

Que faire ? « D'abord, il faut bien comprendre que les sujets 'lutte contre le réchauffement climatique' et 'préservation de la biodiversité' sont intrinsèquement liés et cela pour plusieurs raisons, prévient Alexandra Deprez, chercheuse sur la gouvernance internationale du climat à l'Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales). Premièrement, le changement climatique a un impact sur la biodiversité ; ensuite maintenir des écosystèmes - qui, par exemple, stockent du carbone - aide à réguler le climat ; changement climatique et réduction de la biodiversité partagent des causes communes comme la surexploitation des ressources … Et pour résoudre ces deux problèmes, il faut notamment repenser notre modèle de consommation non-durable et accélérer la décarbonation de nos économies. »

Enfin, il faut être conscient que certaines solutions envisagées pour lutter contre le réchauffement, comme les technologies de séquestration du dioxyde de carbone, peuvent mettre à mal la biodiversité et se retourner contre l'homme.

Ainsi, selon les dernières estimations, pour atteindre les objectifs fixés pour la fin de ce siècle lors de la COP de Paris, il faudrait consacrer entre 300 et 700 millions d'hectares de terre à la seule BECSC (Bioénergie avec captage et stockage de dioxyde de carbone : extraire la bioénergie de la biomasse et capturer et stocker le carbone qu'elle contient). Soit la taille de l'Inde ou de l'Australie. Certains scénarios avancent alors un doublement du prix de la nourriture…

Quelles zones protéger en priorité ?

Wilfried Thuiller, directeur de recherche CNRS au LECA (Laboratoire d'Ecologie Alpine), à Grenoble, le reconnaît : « C'est vrai, on ne pourra pas tout sauver, on ne pourra pas protéger toute la surface de la planète, mais on peut protéger un maximum d'espèces dans des endroits clés, notamment les espèces qui sont menacées ou endémiques. » Avec sept collègues européens, il a publié une étude intitulée « Equilibrer les priorités de conservation pour la nature et pour les personnes en Europe ». Ses auteurs y affirment que « bien choisir les 5 % de terres supplémentaires à protéger en Europe peut doubler le potentiel de conservation de la biodiversité. »

Aux Etats-Unis, deux chercheurs de l'Université d'Arizona, John J. Wiens et Cristian Román-Palacios ont montré que les espèces vivant sous les tropiques sont les plus menacées : « sous les tropiques, à basse altitude, le climat est chaud tout au long de l'année ; à haute altitude, le climat est frais toute l'année. Alors que dans la zone tempérée, toutes les espèces doivent survivre à une large gamme de températures chaque année. Les espèces tropicales sont, elles, adaptées à une plage de températures plus étroite et pourraient donc ne pas être en mesure de survivre à l'augmentation des températures les plus élevées due au réchauffement climatique », explique John J. Wiens.

J. H.

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En Indonésie, de violentes inondations causées par la déforestation

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Inondations-Indonésie

Depuis le vendredi 31 décembre, des pluies torrentielles s’abattent sur le nord de Sumatra, rapporte l’AFP. Conséquences : les cours d’eau débordent et certaines zones résidentielles sont noyées sous près de trois mètres d’eau. Le 4 janvier, les autorités indonésiennes ont annoncé l’évacuation de 24 000 personnes, et déploré la mort de deux enfants.

Les dégâts sont d’ores et déjà importants : des bâtiments publics, des infrastructures et des zones agricoles ont été détruites, et les autorités de la province du nord d’Aceh ont déclaré l’état d’urgence. Si la zone est régulièrement le théâtre d’inondations, « au moins 5 à 8 par an à Pirak Timur », explique à l’AFP un habitant de la région, celle-ci est « parmi les pires ».

Pour expliquer la fréquence du phénomène, les défenseurs de l’environnement pointent du doigt la déforestation massive associée à l’implantation de cultures d’huile de palme dans la région. Car la destruction du couvert végétal laisse les habitations construites en contrebas exposées au ruissellement des pluies durant la saison des pluies. L’ONG Human Rights Watch l’a notamment démontré dans un rapport publié en juin 2021.

Le mois dernier, la Malaisie était elle aussi touchée par des inondations exceptionnelles. Cinquante personnes ont perdu la vie, et 70 000 autres ont été évacuées.

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Le chauffage au bois n'est absolument pas écologique

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Les besoins croissants en combustibles et en matériaux entraînent des coupes trop rapides dans les forêts, alertent les scientifiques. Le reboisement ne peut pas suivre.

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Les propriétaires de poêle à granulés peuvent souffler : grâce un effort des producteurs, les petits cylindres qui leur servent de combustibles ne devraient pas être en rupture de stock cet hiver. Mais, de leur côté, les scientifiques s'alarment. Car le développement effréné de la filière bois n'est pas vraiment bon pour le climat.  

Les poêles eux-mêmes ne sont pas en cause. Ils permettent aux Français de faire des économies. Par ailleurs, ils rejettent moins de CO2 et de particules fines que les feux de cheminée. Mais, depuis quelques années, nos besoins en bûches, planches, troncs ou granulés progressent rapidement. Le bois sert ainsi à construire des bâtiments, à fabriquer des palettes pour le transport... Il alimente aussi des centrales à biomasse servant à produire de l'électricité. "Toutes ces filières sont en compétition pour la même ressource. Nous sommes dans une situation délicate. Dans le futur, notre bilan carbone pourrait vite se détériorer si on ne fait pas les bons choix", craint Thomas Lauvaux, chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE-IPSL).  

Depuis 2019, l'EASAC (European Academies' Science Advisory Council), un groupement formé par les académies nationales des sciences des Etats membres de l'Union européenne, tire la sonnette d'alarme. "L'industrie du bois reçoit de multiples subventions car ce matériau est considéré comme une ressource renouvelable. Résultat, le marché des granulés déplace chaque année des millions de tonnes de combustible sur plusieurs milliers de kilomètres. Dans les forêts, la progression des coupes est trop rapide par rapport au reboisement. De fait, nous aggravons à court terme notre bilan carbone à un moment crucial", dénonce Michael Norton, directeur du programme environnemental de l'organisation. 

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Landes: des hectares de forêt rasés pour faire place à des panneaux photovoltaïques

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C'est un phénomène qui interroge dans les Landes. Pour installer des panneaux solaires, écologiques, on détruit la forêt. Car le département investit massivement dans le solaire. On assiste ainsi à une déforestation, toute à fait légale mais qui révulse associations et riverains.

À Rion-des-Landes, à 30 kilomètres de Dax, la maison de Philippe est désormais entourée de panneaux photovoltaïques à perte de vue: "Avant il y avait la forêt tout autour de la maison. En deux semaines, ils ont tout bouffé. On ne voit même pas la façade, on voit le cul des panneaux".

À quelques dizaines de mètres de sa maison où il vit en famille depuis 33 ans, 70 hectares de panneaux ont été installés en deux mois, sans qu'on leur demande leur avis: "Si il y a 33 ans il y avait déjà les panneaux, on ne serait surement pas venus ici. On nous a dit que si ça nous plaisait pas, on avait qu'à aller voir ailleurs". Et quand on lui demande s'il a reçu une compensation, il préfère en rire: "Qu'ils me paient au moins l'électricité avec tout ce qu'ils produisent".

En janvier dernier, des inondations ont eu lieu dans cette zone et selon Françoise Géraud, présidente de l’association Rion-Environnement, c'est la déforestation qui en est la cause:

"Aucun arbre n'est là par hasard. Depuis toujours il y a eu des pins dans les Landes et c'était des petites forêts de régénération naturelle, puisant dans les sols l'eau en surplus", assure-t-elle à RMC.

Face à ces accusations la mairie à un argument massue. Ce site permet de fournir en électricité 8400 foyers en France.
0,16% de la forêt déracinée

Et ce n'est pas le seul projet en cours dans les Landes. Le département en 10 ans, est devenu le second producteur d’énergie solaire en France après la Gironde, voisine. Et cela se fait en majorité sur des forêts, reconnaît la préfecture. L’équivalent de 1200 terrains de foot auraient déjà été arrachés dans les forêts et plus d'une dizaine de nouveaux projets sont en cours actuellement.

Entre Dax et Mont-de-Marsan, des grands champs de panneaux solaires scintillent au milieu des forêts. C’est une aberration pour Jean Dupouy, le président de la SEPANSO, une association de protection de la nature des Landes:

"Ils sont en train de couper les arbres pour pouvoir poser des panneaux. Il en arrive de partout, ils sollicitent communes et propriétaires, ça rapporte des sommes énormes. On devrait respecter la nature, elle nous a toujours accompagnés".

Pour lutter, son association conteste les autorisations de construction, plaidant pour l'installation de ces parcs de panneaux solaires dans d'autres zones.

Mais pour la préfecture, il n'y a aucun risque sur l'environnement. Ces projets ont déraciné seulement 0,16% de la forêt landaise. Et en plus, pour chaque arbre arraché, 2 arbres doivent être replantés. Mais le phénomène ne va pas s’arrêter tout de suite. Car se doter de panneaux solaires, est très alléchant pour les petites communes. À Rion-des-Landes, la mairie reçoit 160.000 euros par an, grâce aux panneaux, la cantine est devenu gratuite pour les enfants! Et le département pousse à installer encore plus de panneaux avec comme objectif, 100% énergie renouvelable en 2033.

Lueur d'espoir pour les écologistes, la récente prise de conscience du département qui a annoncé vendredi vouloir mieux encadrer ce phénomène, mais aucune sanction n'est pour l'instant prévue.

 

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Réchauffement climatique : Pourquoi l’être humain va (bientôt) atteindre ses limites de résistance à la chaleur

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Au cours des derniers millénaires, les différentes sociétés humaines ont pu s’appuyer sur une large variété de conditions climatiques pour soutenir leur croissance fulgurante et leurs progrès. Mais aujourd’hui, l’éventail des conditions météorologiques que notre espèce est peu à peu amenée à rencontrer se modifie sous l’effet du réchauffement climatique.

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Des conditions entièrement nouvelles pourraient bien apparaître dans les prochaines décennies. Même si les technologies peuvent nous aider, cette menace ne doit pas être prise à la légère, car notre premier système d’adaptation n’est pas mécanique, il est biologique : c’est notre corps – et il a ses limites.

Notre capacité à réguler notre température interne a joué un rôle-clé dans la colonisation de la planète par les humains. Marchant sur deux jambes (ce qui réclame moins d’énergie que de se déplacer sur quatre membres), sans fourrure et dotés d’un système de refroidissement basé sur la sueur, nous sommes bien conçus pour combattre la chaleur. Cette dernière influe toutefois sur notre capacité à nous mouvoir et à rester en bonne santé.

Dans les faits, notre physiologie impose des limites à ce que nous pouvons supporter en termes de chaleur et d’humidité.

Température sèche et température humide

La température habituellement indiquée lors des prévisions météorologiques correspond à la température dite « sèche » (ou « de bulbe sec »), mesurée à l’abri de l’humidité. Dès que cette température dépasse 35 °C environ, le corps a recours à l’évaporation de l’eau (principalement par la transpiration) pour dissiper la chaleur.
La température dite « humide » (ou « de bulbe humide ») est, elle, mesurée en prenant en compte l’effet de refroidissement dû à l’évaporation sur un thermomètre : elle est donc normalement plus basse que la température de bulbe sec.

Plus la différence entre la température « normale » et celle de bulbe humide est grande, plus l’air est sec et l’eau peut s’évaporer. Cela influe sur l’efficacité avec laquelle notre système de refroidissement par transpiration peut fonctionner.

Mais lorsque la température de bulbe humide dépasse les 35 °C, l’air est en même temps si chaud et humide que la transpiration ne peut plus faire son office : la sueur déposée sur notre peau ne s’évapore plus. Impossible dès lors de faire baisser notre température. Rester trop longtemps au-dessus de ce seuil peut entraîner la mort par surchauffe. Si cette limite de 35 °C peut sembler basse, elle ne l’est pas.

Lorsque le Royaume-Uni a souffert d’une température sèche record de 38,7 °C en juillet 2019, la température humide à Cambridge ne dépassait pas 24 °C. Même lors de la canicule meurtrière de Karachi en 2015, la température au bulbe humide est restée inférieure à 30 °C.
En fait, en dehors d’un hammam, peu de gens ont connu une température humide proche de 35 °C. Ce seuil est jusqu’à présent resté largement hors des standards climatiques terrestres expérimentés ces derniers millénaires.

Mais nos récents travaux montrent que les choses changent : cette limite des 35 °C se rapproche, laissant une marge de sécurité de plus en plus réduite dans les endroits les plus chauds et les plus humides de la planète.
Dépasser les limites humaines. Des études de modélisation avaient déjà indiqué que les températures humides pourraient régulièrement dépasser 35 °C si la planète excédait la limite de réchauffement de 2 °C fixée dans l’Accord de Paris sur le climat de 2015.

Golfe Persique, Asie du Sud et plaine de Chine du Nord seraient alors en première ligne de cette chaleur humide mortelle.
Notre analyse des températures de bulbes humides entre 1979 et 2017 a confirmé ces mises en garde. Autre point important : alors que les études précédentes portaient sur des régions relativement vastes (à l’échelle des grandes zones métropolitaines), nous avons de notre côté examiné des milliers d’enregistrements de stations météorologiques partout dans le monde. Nous avons ainsi constaté qu’à une échelle plus locale, de nombreux sites se rapprochaient rapidement de la limite des 35 °C.

La fréquence des températures élevées en condition humide (supérieures à 31 °C par exemple) a plus que doublé dans le monde depuis 1979. Dans certains des endroits les plus chauds et les plus humides, comme la côte des Émirats arabes unis, les températures humides ont déjà dépassé 35 °C. On entre ici dans des situations que notre physiologie ne peut gérer.

Jusqu’à présent, dépasser les 35 °C n’aura eu que des conséquences limitées, les habitants de ces régions ayant l’habitude de supporter des conditions extrêmes – par une architecture adaptée ou en s’abritant dans des espaces climatisés.

Mais le recours massif au refroidissement artificiel pour faire face à une chaleur croissante pourrait avoir pour effet de surcharger la demande d’énergie et de laisser une large population dangereusement exposée aux pannes de courant. Cette solution abandonnerait également les membres les plus vulnérables de la société et n’aiderait pas ceux qui n’ont d’autre choix que de sortir.
La seule façon d’éviter une confrontation croissante avec un territoire thermique inconnu et hostile consiste à réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

Le ralentissement de l’économie pendant la pandémie de Covid-19 a bien vu une réduction de 4 à 7 % de ces émissions en 2020, nous rapprochant du niveau de 2010. Mais les concentrations de gaz à effet de serre continuent inexorablement et rapidement d’augmenter dans l’atmosphère.

Il nous faut dès lors tenter de nous adapter, en encourageant des changements de comportement simples (comme éviter les activités en plein air pendant la journée) et en renforçant les plans d’intervention d’urgence lorsque les extrêmes de chaleur sont imminents. Ces mesures permettront de gagner du temps face à la progression inexorable de ces nouveaux profils climatiques.
Espérons que nos recherches puissent contribuer à mettre en lumière certains des défis liés au changement climatique et à la hausse des températures. L’émergence d’une chaleur et d’une humidité sans précédent – au-delà de ce que notre physiologie peut tolérer – n’en est qu’un échantillon.

Espérons également que le sentiment de vulnérabilité provoqué par l’irruption du Covid-19 renforcera les engagements mondiaux en faveur de la neutralité carbone, en reconnaissant l’intérêt de préserver les conditions qui nous sont familières… et encore supportables.

Cette analyse a été rédigée par Tom Matthews, maître de conférences en climatologie à l’Université de Loughborough (Angleterre) et Colin Raymond, chercheur postdoctoral en climatologie à L’Institut Californien de Technologie (CALTECH).
L’article original a été publié sur le site de The Conversation.aé

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