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Les prix des denrées alimentaires vont continuer d’augmenter à cause du réchauffement climatique

Publié le par Gerome

L’augmentation des tarifs observée à la fin de l’été risque fort d’en amener d’autres si d’aventure la montée des températures mondiales devait ne pas être contenue.

 

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Petit retour en arrière. Même si les candidats à l’élection présidentielle américaine ont été plus que tarissables sur la question du réchauffement climatique et donc des rejets de gaz à effet de serre d’origine anthropique, il ne leur a bien sûr pas échappé que les États-Unis ont été confrontés cet été à leur pire sécheresse depuis un demi-siècle. Une vague de chaleur d’autant plus brutale qu’elle a détruit 45 % des récoltes de maïs et 35 % des récoltes de soja du pays, rappellent nos confrères du Guardian. La canicule n’a pas non plus épargné l’Inde et la Russie, tant et si bien qu’au bout du compte les tarifs de certaines denrées de base ont grimpé en flèche.


Ce contexte défavorable n’est pas sans rappeler la crise alimentaire mondiale de 2007-2008, imputée en grande partie par la FAO (Food and Agriculture Organization) au développement incontrôlé des biocarburants de première génération, que les pouvoirs publics européens commencent tout juste à déprécier. Il atteste aussi de la force des aléas climatiques, capables de chambouler un pan entier de l’économie mondiale, et pas des moindres.


Plus près de nous, la Grande-Bretagne a pour sa part connu, au même titre que la France, un été anormalement pluvieux, lequel a également eu des répercussions négatives sur les cultures. D’après l’Union nationale des agriculteurs du pays (NFU), les rendements de blé auraient même chuté de 15 % par rapport à la moyenne de ces cinq dernières années. A contrario, les prix de la céréale ont bondi de 29 % en l’espace d’un an, a indiqué Richard Dodd, membre du British Retail Consortium cité par le quotidien, selon lequel les déboires climatiques des grands pays producteurs expliquent grandement cette inflation.

 

Président de la NFU lui aussi cité par le Guardian, Peter Kendall souligne quant à lui que cette situation a de surcroît généré des pressions supplémentaires sur les éleveurs de porcs et de volailles. « L’envolée des coûts des céréales et des oléagineux fait également grimper le coût des aliments pour les animaux, ce qui se traduit par une hausse du prix de l’escalope de poulet et du kilo de bœuf », complétait Le Parisien mi-août.


Ainsi le changement climatique, qui dans le futur devrait se traduire par une multiplication et une intensification des catastrophes naturelles et autres phénomènes météorologiques extrêmes, impacte-t-il négativement sur toute l’agriculture. Des conséquences qui, par ailleurs, ignorent les frontières…

Cet « effet domino » n’est pas non plus sans éroder le pouvoir d’achat, même si nous n’en sommes pas (encore ?) aux niveaux de 2008 et de 2011, quand l’augmentation des tarifs avait provoqué des émeutes en Amérique latine et en Afrique. Les pays pauvres et en développement (PED) sont évidemment les plus touchés par le phénomène dans la mesure où ils sont contraints d’importer beaucoup de vivres pour être en mesure de nourrir leur population. Précisons en outre que les habitants desdits pays dédient de 60 à 80 % de leurs revenus à l’alimentation.


« Par conséquent, face à une telle hausse, les familles réduisent leur consommation alimentaire, achètent des aliments moins chers et moins nutritifs et limitent leurs dépenses liées à l’école, à la santé etc. », analyse le PAM (Programme Alimentaire Mondial) sur son site Internet. Et d’ajouter : « La hausse des prix alimentaires pourrait être une belle opportunité de revenus pour les personnes qui vivent de l’agriculture. Le problème est que bon nombre d’entre elles ne produisent pas assez de vivres pour elles-mêmes et encore moins pour en vendre. Les petits agriculteurs n’ont pas accès aux marchés où les prix sont plus élevés, ni aux ressources nécessaires pour acheter des engrais, afin d’accroître leurs rendements. »


D’après les prédictions de nombreux spécialistes, les vagues de sécheresse, qui tiennent probablement leur source du réchauffement climatique, devraient hélas devenir monnaie courante à l’avenir. Le secteur primaire n’est donc pas sorti de l’auberge. À moins que la communauté internationale ne prenne enfin ses responsabilités. Et encore…

 

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Agriculture : la terre monopolisée par les sociétés privées

Publié le par Gerome

La mainmise de sociétés privées d'exploitation agricole sur de vastes étendues de terres s'est accélérée partout dans le monde depuis la crise de 2008. La surface des terres vendues depuis dix ans suffirait à nourrir un milliard de personnes.

 

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Il y a dix ans, quand on traversait la Province de Santiago del Estero, dans le nord-est de l'Argentine, on pouvait voir des kilomètres et des kilomètres de plaines arides, recouvertes d'arbustes, de chèvres et de quelques enfants au bord de la route qui vendaient des tortues. 

Quelques années plus tard, l'endroit sentait le brûlé, et au milieu des nuages de fumée on ne voyait plus qu'une végétation carbonisée. 
Les nouveaux propriétaires terriens, bien décidés à planter du soja transgénique plus résistant à l'aridité avaient pratiqué la politique de la terre brûlée. 

L'expulsion des petits paysans, qui vivent depuis des décennies sur ces terres sans titre de propriété, par les grands investisseurs du commerce agricole n'est pas l'apanage exclusif de Santiago del Estera, mais bien un phénomène mondial. 

Ces dix dernières années, 203 millions d'hectares, soit une surface capable de nourrir un milliard de personnes (exactement le nombre de 
personnes souffrant de la faim dans le monde) ont été mis en vente. Plus de la moitié de ces transactions foncières, soit 106 millions d'hectares, ont été réalisées par des investisseurs étrangers dans des pays en voie de développement où sévissent pourtant de graves problèmes d'insécurité alimentaire, dénonce l'ONG Oxfam. "Deux tiers de ces investissements ont pour vocation l'exportation, et dans la plupart des cas il s'agira de cultures destinées à la production de biocarburants" ajoute Oxfam.

L'ONG n'est pas hostile aux investissements dans le domaine agricole, mais elle demande à ce que soient respectés les droits des paysans qui vivent sur ces terres depuis des générations, sans forcément détenir des titres de propriété. "Avant de donner leur feu vert, les pays doivent se demander si cet investissement vient aider ou porter préjudice aux droits à la terre des populations locales les plus fragiles et aux ressources naturelles," explique Oxfam, qui demande également que ces grands projets créent des emplois de qualité et respectent l'environnement. "Cet achat massif de terres est sans précédent et il n'est soumis à aucun contrôle juridique qui pourrait permettre d'éviter cette monopolisation des terres," souligne l'ONG. 

Des régulations insuffisantes

Ces dernières années, plusieurs pays ont essayé d'introduire des contrôles sur les transactions foncières à grande échelle afin d'éviter une mainmise étrangère sur certaines ressources. C'est le cas du Brésil, de l'Argentine, du Mozambique, du Laos, de la Tanzanie, de l'Indonésie, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et du Cambodge.

En Argentine par exemple, le gouvernement vient de diffuser une partie des résultats d'une enquête en cours sur la nationalité des grands propriétaires fonciers : 2,7 % des 278 millions d'hectares recensés, soit 7,5 millions d'hectares, appartiennent à des étrangers. Or, dans ce pays, une loi de 2011 interdit que les entreprises ou les citoyens étrangers détiennent plus de 20 % du territoire d'une municipalité, d'une province ou du pays entier, mais cette loi ne fixe pas de limites à la concentration foncière pour les Argentins.

Même dans les zones soumises à une législation précise, le problème est loin d'être résolu. "Les personnes les plus pauvres continuent à être expulsées de leurs terres, souvent par la violence, sans avoir été consultées ni avoir reçu de compensations. De nombreuses personnes doivent quitter leur foyer et se retrouvent dans la misère sans avoir accès à cette terre dont ils dépendent pour manger et gagner leur vie. 
Dans les pays pauvres, 1 700 km2 sont vendus à des investisseurs étrangers tous les six jours.

D'après Oxfam, les acquisitions de terres ont été multipliées par trois pendant la crise alimentaire de 2008 et 2009, et c'est à partir de ce moment-là que la terre a commencé à être considérée comme un placement de choix par les investisseurs. Depuis, le cours des denrées alimentaires n'a cessé de flamber.

Des prêts de la Banque mondiale pour de l'huile de palme

Au Libéria, en cinq ans, 30 % de la superficie du pays a été acheté par des investisseurs. Au Honduras, le conflit pour la terre dans la région de la vallée de l'Aguán a déjà fait 60 morts.

Dans cette région, en 2009, la Société financière internationale, une institution de la Banque mondiale chargée de financer le secteur privé, avait accordé un prêt de 23 millions d'euros à Dinant, une société productrice d'huile de palme. Face aux accusations de violations des droits de l'homme et aux expulsions violentes perpétrées par Dinant, le médiateur de la Banque mondiale a été saisi en août 2012 afin de mener une enquête sur le sujet.

Ce n'est pas la première fois que la Banque Mondiale est accusée de financer des projets contraires aux droits des peuples. Elle fait l'objet de trois autres plaintes en Amérique latine, de douze dans la région Asie Pacifique et de cinq en Afrique. La Banque mondiale est un acteur important du secteur agricole. Depuis 2002, le montant de ses prêts au secteur agricole est passé de 1,9 milliard d'euros en 2002, à 4,6 voire 6,1 milliards en 2012.

Certains de ces prêts ont été accordés à de grands investisseurs agricoles mais aussi à des initiatives en faveur de la réforme agraire, et notamment des projets validés par Oxfam au Mexique, en Indonésie ou au Rwanda.

 

 


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Première « liste rouge » de la flore en France : 512 espèces en danger

Publié le par Gerome

Le Panicaut vivipare ou encore le Saxifrage oeil-de-bouc sont deux des 512 plantes en danger de disparition en France, selon la première "liste rouge" des espèces menacées de la flore en métropole, qui met en cause urbanisation, pollution et pratiques agricoles.

 

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Cet inventaire a été coréalisé par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont les "listes rouges" concernant faune et flore sont des inventaires de référence au niveau mondial pour évaluer l'érosion de la biodiversité qui atteint des niveaux jugés très inquiétants. 


L'état des lieux en France a porté sur l'ensemble de la flore à l'exception des mousses et des algues. « La majorité des plantes », précise à l'AFP Florian Kirchner du comité français de l'UICN. 

L'étude couvre 1.048 espèces, sous-espèces et variétés, "parmi les plus rares de France", souligne M. Kirchner. "Elles sont toutes des composants essentiels des écosystèmes, mais en plus, elles ont une valeur patrimoniale importante et peuvent être des indices de la qualité de leur milieu", ajoute-t-il. 
Parmi elles, 512 sont "menacées de disparition", indiquent l'UICN, le Muséum national d'Histoire naturelle et la Fédération des conservatoires botaniques nationaux dans un communiqué. 



Quarante-neuf sont en "danger critique", 110 en "danger" et 353 sont "vulnérables". 
Ces critères sont établis en fonction de facteurs biologiques associés à la taille de la population de l'espèce, son taux de déclin, l'aire de sa répartition géographique et son degré de fragmentation sur cette aire. 

"La destruction et la modification des milieux naturels figurent au rang des principales menaces", expliquent les trois organismes. 
Ainsi, le Panicaut vivipare, une petite plante à fleurs bleues, "victime de l'urbanisation" et de "l'abandon du pâturage extensif", a vu presque toutes ses localités disparaître depuis 40 ans et a été classé en danger critique. 
Le Saxifrage oeil-de-bouc, plante vivace aux pétales jaune doré, affecté par "la pollution des milieux humides ou leur drainage", est également en haut du classement. 



Par ailleurs, "l'abandon des pratiques agricoles traditionnelles est à l'origine de la régression de nombreuses espèces" comme l'Alsine Sétacée, petite plante aux fleurs blanches classée "en danger", car elle subit "l'envahissement par les broussailles des pâturages délaissés". 
Parmi les plantes menacées, 73 espèces sont strictement endémiques du territoire métropolitain. "Si elles disparaissent de France, elles disparaissent du monde", souligne M. Kirchner. 



Des livres rouges de la faune et de la flore avaient été publiés il y a une quinzaine d'années. Mais "cette liste rouge permet désormais de disposer d'un nouvel état des lieux à jour, beaucoup plus complet et réalisé selon les critères de référence au niveau mondial", précise le communiqué, qui souligne qu'elle va "contribuer à établir des priorités d'actions" pour protéger certaines espèces. 

"Le travail de synthèse et d'évaluation a duré trois ans", explique M. Kirchner. "Mais les données ont été accumulées depuis une quinzaine d'années par les conservatoires botaniques. Il faut s'imaginer des dizaines de botanistes partout en France, remplissant des carnets de note, qui reviennent chaque année pour évaluer l'évolution des populations". 



Près d'un tiers des espèces végétales et animales est aujourd'hui menacé d'extinction dans le monde, selon l'UICN, et elles disparaissent jusqu'à 1.000 fois plus vite que ce qui était connu jusqu'ici, selon les scientifiques. 
L'érosion de la biodiversité menace les conditions d'existence de milliards d'êtres humains.

 

 


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Connerie humaine

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Canada : une pseudo-expérience scientifique tourne à la catastrophe

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Au coeur du scandale, un géo-ingénieur américain à la réputation sulfureuse…

 

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L’idée de Russ George, dont il faut bien reconnaître le caractère saugrenu ou en tout cas risqué ? Déverser cent dix tonnes de sulfate de fer dans l’océan Pacifique, au large de la Colombie-Britannique (Canada), pour officiellement… augmenter les populations locales de saumons ! Effectué en catimini en juillet dernier, cet épandage sur lequel nos confrères du Guardian ont mené l’enquête visait en réalité à générer une poussée de planctons capables d’absorber d’importantes quantités de CO2 (dioxyde de carbone) et à la monnayer en crédits carbone.


Abjecte et cynique, la démarche a hélas de graves conséquences puisque d’après les images satellites, quelque dix mille kilomètres carrés d’océan sont aujourd’hui infestés. La biodiversité de la région, déjà menacée entre autres par le gigantesque afflux de déchets consécutif au tsunami qui a ravagé une partie des côtes orientales japonaises en mars 2011, pourrait lui payer un très lourd tribut sur la durée.


L’initiative de M. George, à l’origine d’une véritable « marée de fer », pollution d’un nouveau genre dont la planète se serait volontiers passée, est d’autant plus condamnable que la fertilisation des océans est une pratique strictement encadrée par deux moratoires onusiens. Soulignons en outre que les spécialistes redoutent désormais une succession de marées toxiques qui pourraient dépeupler des zones entières et aggraver l’acidification des océans.


« Il est difficile, sinon impossible, de détecter et de mesurer l’importance des effets qui devraient se manifester dans des mois voire les années à venir », a néanmoins concédé John Cullen, membre de l’Université de Dalhousie (Canada) cité par le quotidien, selon lequel « certains effets possibles, comme la privation en oxygène des eaux profondes et l’altération d’importantes chaînes alimentaires, devraient suffire à faire passer l’envie de manipuler les océans ». Et de rappeler non sans raison que « l’histoire est pleine d’exemples de manipulations écologiques qui ont se sont retournées contre nous ».


Membre de l’ETC Group, fonds dédié à la surveillance technologique qui a été le premier à détecter la contamination, Silvia Ribeiro n’a de son côté pas caché son indignation, prônant dans les colonnes du Guardian, si d’aventure la culpabilité de M. George était avérée, « une réponse légale prompte contre son comportement et une action forte des gouvernements canadien et américain ». « Il est maintenant plus urgent que jamais que les pouvoirs publics interdisent fermement ce genre d’expériences de geo-ingénierie en plein air, qui donnent un prétexte aux décideurs et à l’industrie pour éviter de diminuer leurs émissions liées aux essences fossiles », a-t-elle ajouté.


L’entrepreneur, lui, a jadis dirigé l’entreprise Planktos, spécialisée dans la fertilisation océanique, mais dont les velléités ont toutes été stoppées par les gouvernements concernés. Ses bateaux ont même été interdits des ports équatoriens et espagnols… Il soutient néanmoins qu’Ottawa, par ailleurs réfractaire à un durcissement des moratoires onusiens en vigueur, était au courant de son projet et aurait même autorisé son équipe à s’appuyer sur des images satellites de l’agence spatiale canadienne.

Le conseil indigène d’un village de l’archipel de Haida Gwaii, au large de la Colombie-britannique, a enfin voté son projet, mais en méconnaissance de cause. Il reste que dès lors, M. George pourrait bien ne pas être inquiété par la justice…

 

 


 

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