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L'abeille, héroïne des villes et des «APIdays»

Publié le par Gerome

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Les 17 et 18 juin, découvrez le rôle des abeilles, «sentinelles de l’environnement»...

Découvrir les abeilles pour mieux les protéger: les apiculteurs de France invitent les citadins dans cinquante villes en France à découvrir l'abeille, «sentinelle» de l'environnement les 17 et 18 juin prochains à l'occasion de la 2e édition des «APIdays». «On pourrait d'emblée penser que la ville n'est pas forcément le meilleur endroit pour mettre une ruche», souligne Olivier Belval, président de l'Union nationale des apiculteurs de France (UNAF). «Pourtant on n'a pas de problème de disparition massive d'abeilles sur les villes alors que sur l'ensemble de la France un tiers des abeilles disparaissent tous les ans», rappelle-t-il dans un entretien à l'AFP.


Les pesticides, premiers responsables de la disparition des abeilles


Depuis 2005, les apiculteurs de l'UNAF ont installé des ruches en ville pour sensibiliser les Français à la situation de cet insecte indispensable à la pollinisation de 80% des fruits et légumes. Avec les partenaires de l'opération dans 50 villes, les apiculteurs invitent ainsi, pour la deuxième année consécutive à travers des actions et événements festifs et ludiques (ateliers de récolte, fabrication de bougies etc), à se familiariser avec l'abeille. Avec ce message pour le jeune public, relayé par Olivier  Belval: «notre abeille est en danger, protégeons-la.»


«Il y a une déconnexion des réalités agricoles de la part de nos concitoyens citadins», constate le jeune président de l'UNAF. Selon l'organisation, les pesticides, dont la France reste le principal consommateur dans l'agriculture au niveau européen, sont les premiers responsables de la disparition massive des abeilles depuis quelques années. L'an dernier la production moyenne par ruche en ville a atteint 18 kilos contre seulement 15 kilos pour une ruche à la campagne, selon Olivier  Belval. La production française de miel est estimée à 20.000 tonnes en 2010, soit la moitié de la quantité consommée par les Français cette année-là.

 


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L'énergie des mers tente de faire surface

Publié le par Gerome

Alors que la troisième édition des Journées de la mer se poursuit jusqu'au 13 juin, 20 minutes fait le point sur une énergie renouvelable au fort potentiel, mais encore peu développée: l'énergie de la mer. Ou plutôt les énergies de la mer…

 

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Vent, courant, énergie thermique, vagues… La mer offre un très vaste potentiel énergétique. Elles pourraient prendre une part significative dans les années à venir, alors que la plupart des pays cherchent à réduire leur dépendance aux énergies fossiles, et que le nucléaire fait débat. Mais elle n’est pas sans poser problème, puisqu’elle peut parfois entrer en conflit avec des activités marines plus traditionnelles.

 

Les technologies sont également souvent très coûteuses, notamment en raison de la nécessité de transporter vers la terre l’énergie produite. La France s’apprête à se lancer dans l’éolien off-shore, le premier appel d’offres portant sur cinq sites et 3.000 MW (soit 600 éoliennes) sera lancé cet été. Un second appel d’offres devrait être lancé avant la Présidentielle de 2012, portant sur 3.000 MW également. Pour les autres énergies les industriels français en sont essentiellement au stade de l’expérimentation.


Pour «accélérer la mise en place de ces technologies et développer une filière porteuse d’innovations et créatrice d’emplois», dixit l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), un projet, nommé France Energies Marines, est actuellement candidat pour être retenu dans l’appel à projets de l’Etat pour un Institut d’excellence des énergies décarbonées (IEED). Le soutien financier serait alors de 43 millions d’euros sur un budget total de 142 millions d’euros sur dix ans. Basé à Brest, France Energies Marines aurait alors pour mission de «contribuer à la mise sur le marché par les industriels français d’une palette de technologies répondant aux besoins d’un secteur en forte croissance.»


Plusieurs projets en cours pourraient alors bénéficier d’un coup d’accélérateur. Tour d'horizon.

Hydroliennes

EDF travaille sur une «première mondiale» : une ferme hydrolienne à Paimpol-Bréhat.

 

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s’agit d’un parc de démonstration de quatre hydroliennes, des turbines géantes de 20 mètres de haut placées au fond de la mer pour capter l’énergie des courants de marée.

Une des quatre turbines géantes:

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Ce projet, doté d’un budget de 24 millions d’euros, doit être livré à l’été 2012. Frédéric Le Lidec, Directeur du développement des énergies marines renouvelables chez DCNS, leader mondial du naval de défense et innovateur dans le domaine des énergies marines, explique que «la première de ces hydroliennes sera mise à l’eau dès cet été.» EDF a retenu la technologie d’Open Hydro, société irlandaise dont  DCNS détient 8% du capital. Cette ferme doit fournir à terme 2 MW.

 

«L’étape d’après se situe au Raz-Blanchard, sur un site très énergétique, le deuxième au monde derrière un autre au Canada, poursuit Frédéric Le Lidec. Ce projet, qui devrait voir le jour en 2014, est de plus grande taille puisqu’il devrait délivrer 20 MW.» Un autre projet existe sur l’île d’Ouessant. L’hydrolienne Sabella D10 doit être installée début 2012, par l’entreprise Sabella.


Eoliennes flottantes

Winflo est un projet d’éoliennes flottantes qui regroupe divers acteurs, comme l’Ifremer et DCNS. Il s’agit de «la deuxième génération des éoliennes off-shore » explique Frédéric Le Lidec.

Le projet WINFLO:

 

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«Elles sont censées régler les problèmes que pose la première génération: situées près de la côte et implantées au fond de la mer, elles sont souvent en conflit avec d’autres usagers de la mer, pêcheurs, militaires… Les éoliennes flottantes seraient, elles, installées plus au large, ce qui devrait leur permettre de développer davantage d’énergie. Le premier prototype devrait être mis à l’eau début 2013, sur un site qui reste à déterminer.» Elles seront implantées dans eux relativement profondes (50 mètres).


L’énergie houlomotrice


Pour exploiter l’énergie des vagues, on peut installer des bouées sous-marines en mouvement, des colonnes d’eau oscillantes, ou des caissons flottants… DCNS dispose d’un démonstrateur au large de La Réunion qui consiste en un flotteur,  dont le mouvement généré par les vagues  actionne une pompe. Ce prototype est d’une puissance de 100 KW. «C’est une énergie compliquée, et encore très coûteuse pour le moment, mais il faut garder en tête que l’énergie des vagues représente un potentiel énorme. C’est un marché qui arrivera un peu plus tard que les autres, à horizon 2020.»


L’énergie thermique des mers

«C’est un marché de niche pour l’instant, qui ne concerne que le secteur des tropiques, Martinique, Tahiti, Réunion...» explique Frédéric Le Lidec.

Projet de centrale thermique à La Martinique:

 

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 «Il s’agit d’aller pomper de l’eau en très grande quantité au fond de la mer, avec des tuyaux de 1.000 mètres et de 5 mètres de diamètre, et de l’eau chaude en surface, afin d’alimenter une turbine.»

 

 


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Barbie accusée de contribuer à la déforestation en Indonésie

Publié le par Gerome

Sur son site Internet, Greenpeace révèle un étonnant scoop : Ken a décidé de quitter Barbie, refusant de "fréquenter les filles qui pratiquent la déforestation" ! Une mise en scène imaginée par l'association de protection de l'environnement afin de dénoncer l'impact de la production des célèbres poupées sur les forêts tropicales indonésiennes.

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"Barbie & Ken, c’est terminé. Ken a appris que sa bien-aimée était impliquée dans la destruction de pans entiers de forêts tropicales en Indonésie", annonce Greenpeace sur son site Internet ! Avec une amusante mise en scène montrant Ken profondément déçu par la trahison de Barbie, Greenpeace s'attaque aux emballages des jouets de Mattel, mais aussi de Disney, Hasbro ou encore LEGO et à leur impact sur l'environnement. "Je ne peux pas sortir avec une poupée qui, pour être emballée dans une jolie boîte, sacrifie les forêts indonésiennes abritant notamment les derniers tigres et orangs-outans de Sumatra", déclare Ken dans une petite vidéo, quand l'association révèle les résultats d'une enquête menée à sa demande par le laboratoire américain IPS, spécialiste de l’analyse des produits papier, sur des échantillons d’emballage de plusieurs jouets de marque différentes.


"Ces analyses scientifiques ont révélé la présence de 'feuillus tropicaux mélangés', plus connus sous l’acronyme anglais MTH pour Mixted Tropical Hardwood. Il s’agit d’un mélange de bois tropicaux, issus du déboisement des forêts tropicales indonésiennes. L’Indonésie est le seul pays qui exploite le MTH à l’échelle industrielle pour produire de la pâte à papier. Une partie de ce MTH et donc de ces forêts sert à emballer de célèbres jouets vendus dans le monde entier", déplore Greenpeace. Et l'association de s'insurger contre les entreprises qui "s’approvisionnent en papier auprès d’entreprises qui saignent à blanc les forêts tropicales indonésiennes".


A l'occasion du lancement de cette campagne, les militants de l'association en Indonésie ont défilé avec des t-shirts sur lesquels ont pouvait lire "Barbaric". A Los Angeles, Greenpeace a déroulé une immense affiche sur l'immeuble de la firme Mattel. Celle-ci a bien sûr peu apprécié la chose, niant fermement les accusations de l'association et affirmant fabriquer ses emballages avec du papier essentiellement recyclé.

 

 


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Sortie du nucléaire : les groupes allemands réagissent

Publié le par Gerome

Après l’annonce de la chancelière allemande Angela Merkel de l’arrêt du nucléaire en 2022, les grands groupes de l’énergie en Allemagne sont prêts à engager une procédure judiciaire. Ils s’inquiètent en effet de voir leurs bénéfices partir en fumée.

 

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En début de semaine, la chancelière allemande Angela Merkel décidait que le dernier des 17 réacteurs encore en fonctionnement en Allemagne cesserait de fonctionner en 2022. Pour l’heure, huit d’entre eux doivent être immédiatement stoppés. Le lendemain de l’annonce, le plus grand groupe de nucléaire allemand, EON, annonçait une plainte contre le gouvernement. Mercredi, le numéro deux du secteur, RWE, laissait entendre qu’il ferait de même, rapporte Sciences et Avenir.


Les deux grands groupes s’inquiètent énormément de ce revirement du gouvernement allemand. Les centrales leur rapportent énormément d’argent et ils étaient déjà mécontents des très onéreux certificats d’émission de CO2 dont ils devront s’acquitter dès 2013. Les deux autres groupes allemands que sont Vattenfall et EnBW, eux, ne poseront pas de problèmes. En effet, le premier, qui dispose de deux réacteurs, est déjà sur la touche puisque ses centrales sont arrêtées à cause de pannes et le second possède des réacteurs dans une région qui vient de passer sous l’autorité des écologistes.


Le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) rapporte les propos du patron d’EON, Johannes Teyssen, qui prévoit "des charges de plus de 10 milliards d'euros liées à la réduction de la durée de vie des centrales et à la fermeture des réacteurs". Sciences et Avenir indique que le patron d’EON souhaite engager une bataille judiciaire contre l’abandon du nucléaire, de même que RWE qui conteste la mise en place, en début d’année, d’une taxe sur le combustible nucléaire. En effet, cette taxe était censée être compensée par le prolongement de 12 ans des contrats de fonctionnement des réacteurs allemands. En changeant brusquement d’avis suite à la catastrophe de Fukushima, la taxe n’a dès lors plus de raison d’être estiment les deux sociétés.


Le gouvernement allemand, par l’intermédiaire de son ministre de l’Economie, Philipp Rösler, a fait savoir au FAZ que si ces groupes pouvaient légitimement entamer une procédure, ce serait "une autre question de savoir si elle sera couronnée de succès". Cette déclaration a été appuyée par le ministre des Finances qui a tenu à préciser qu’aucune clause, dans le texte de loi, ne liait la taxe à la durée de vie des réacteurs.


Toutefois, comme l’explique Sven Diermer, l’analyste de la société Independent Research, EON et RWE n’ont plus rien à perdre. Selon la presse allemande, RWE aurait déjà essayé de s’associer à l’espagnol Oberdrola (sans succès) et EON envisage depuis quelques mois déjà de se développer dans les pays émergents plutôt qu’en Europe.

 

 


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Les climatosceptiques peuvent-ils changer d’avis?

Publié le par Gerome

L'auteur conservateur D. R. Tucker a fait son coming out sur son blog: après avoir défendu bec et ongle que le réchauffement climatique n'était qu'un complot socialiste, il a fini par rejoindre la cause des écologistes.

 

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 Voici encore quelques mois, vous auriez eu toutes les difficultés du monde à trouver un climatosceptique plus caractéristique que D.R. Tucker. Auteur conservateur et animateur de radio, il ne gobait pas l'idée faisant des émissions de gaz à effet de serre les responsables de la hausse des températures.


Il était pratiquement sûr que le réchauffement climatique était une imposture, montée de toutes pièces par Al Gore, aidé d'une poignée de scientifiques libéraux et assoiffés de subventions. Puis Tucker a fait ce que font rarement les partisans et les climatosceptiques: il a changé d'avis.  

«J'ai été battu par les faits», a annoncé Tucker sur FrumForum.com, un blog très populaire qui se définit comme «dédié à la modernisation et à la rénovation du parti républicain et du mouvement conservateur».


Dans un article daté du 19 avril, intitulé «Confessions d'un converti climatique», Tucker explique à ses lecteurs comment il en est venu à remettre en question les idéologies du débat climatique, à étudier les données scientifiques, et à en conclure que le réchauffement climatique était, dans les faits, vraiment très réel. Son article a suscité de grisants remous dans les milieux écolos, et s'est attiré les foudres de ses collègues libertaires.

Ce genre de choses n'arrive pas souvent. Ou du moins semble-t-il. Seulement 48% des Américains pensent que le réchauffement climatique est, du moins en partie, «le résultat des activités humaines», selon un sondage Gallup de 2010, alors qu'ils étaient 60% en 2007 et 2008. 


Anthony Leiserowitz, de l'université de Yale et directeur du Projet de communication sur le changement climatique, impute cette baisse à cinq facteurs: la crise économique, une diminution importante de la couverture médiatique du sujet, des événements météorologiques comme les «apocalypses neigeuses», les efforts du «secteur du déni» (un réseau de laboratoires d'idées financés par l'industrie, et de groupes de soutien politique mettant en avant les opinions sceptiques), et la débâcle du «ClimateGate».


Cette progression générale du climatosceptiscisme rend la «conversion» de Tucker encore plus exceptionnelle. Comment cela s'est-il donc passé?

Des «alarmés» aux «méprisants»


 Anthony Leiserowitz s'est penché sur les tendances d'opinion américaines sur le climat, ces dix dernières années. Il classe les attitudes des Américains à l'égard du changement climatique en six catégories: «alarmé», «concerné», «prudent», «détaché», «dubitatif» et «méprisant».

Les «alarmés», à l'une des extrémités de l'échelle, se comptent parmi les militants écologistes et les conducteurs de Prius. De l'autre côté, celui des «dubitatifs» et des «méprisants», on retrouve les climatosceptiques.


Pour Leiserowitz, ces sceptiques sont des «nonistes», et ils ne formaient, voici peu de temps, qu'une toute petite minorité d'Américains. Au moment de ses premières analyses des positions sur le changement climatique, en 2002, les nonistes ne représentaient que 7 % des Américains. L'an dernier, ce chiffre a grimpé à 26%. (En comparaison, 23 % sont «prudents», 31% sont «concernés» et 14% sont «alarmés»)

 

Tucker était un noniste. «Je suivais le point de vue de Rush Limbaugh pour qui le mouvement écologiste était le 'nouveau refuge de la pensée socialiste'», m'a-t-il dit. Tucker voyait en Al Gore et Van Jones (l'ancien conseiller d'Obama sur les emplois verts) les principaux instigateurs libéraux d'un complot visant à s’accaparer plus de pouvoir en agitant le spectre du changement climatique. Leiserowitz appellerait cela une pensée «méprisante».


«Je suis passé de la politique à la science»


La conversion de Tucker a commencé à sa lecture du  Disconnectde Morris Fiorina, qui souligne les divisions partisanes à l’œuvre entre Démocrates et Républicains, et montre que l'écologie était auparavant l'une des principales préoccupations des conservateurs. La curiosité de Tucker fut piquée au vif.

«Comment se faisait-il que l'écologie ne s'associait que maintenant au parti démocrate? Et c'est en partant de ces questions politiques que je me suis ouvert aux questions scientifiques», explique Tucker. «Je suis passé de la politique à la science».


Ensuite, un ami a convaincu Tucker de jeter un œil au Quatrième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat – la synthèse faisant autorité des données scientifiques évaluées par des pairs les plus récentes. «Au départ, j'étais un peu sceptique. Mais j'ai continué à lire, et il y avait tellement de preuves, tout était si détaillé, si corroboré, si documenté que j'ai eu une réaction du genre 'bordel de merde, c'est vraiment vrai!'»  


Dans les mois qui ont suivi, Tucker est devenu un promoteur actif de la législation sur le climat: il travaille avec des groupes comme le Lobby des Citoyens du Climat, écrit à son représentant pour défendre l'agence américaine de protection de l'environnement, en appelle ouvertement à un système de tarification du carbone, et continue à interpeler ses amis libertaires sur la question.


Un converti «ostracisé»


Mais Tucker n'a pas rencontré beaucoup de solidarité depuis sa confession. «Je n'ai reçu aucun – aucun – email, ou contact d'aucune sorte en provenance de gens me faisant part d'un parcours similaire», déclare-t-il.

Avant d'écrire son article, Tucker avait tout de même rencontré deux convertis climatiques comme lui: les époux Susan et Roger Shamel, ex-Républicains de Bedford, dans le Massachusetts. Leur conversion datait de 2006, après avoir vu le film d'Al Gore, Une vérité qui dérange. Avant, les Shamel était «dubitatifs», selon la terminologie de Leiserowitz. Ils étaient tous les deux Républicains depuis toujours, même si l'engagement partisan de Susan avait commencé à s'émousser après l'attaque du parti Républicain contre les droits des femmes en matière de reproduction.


Poussés par leur fille à aller voir le film, ils se sont ensuite mis à étudier les questions climatiques, ont rendu leur carte du parti, et ont créé l'association du Réseau pour l’éducation au réchauffement climatique.

Mais depuis lors, ils ont été fondamentalement incapables de convaincre leurs amis et leur famille de la véracité de la science climatique, pour finir ostracisés. «Nous nous sommes faits de nouveaux amis», explique Susan, avec une moue désabusée.


Ce n'est pas surprenant – les idéologies enracinées sont souvent tout simplement imperméables aux faits. Les gens sont enclins à ce que les psychologues appellent des «raisonnements motivés»: nous orientons instinctivement les données disponibles pour qu'elles collent à nos croyances préexistantes. Ainsi, lorsqu'ils sont confrontés à des faits seuls, les sceptiques ne bougent en général pas d'un iota.


C'est pourquoi Tucker devait tout d'abord remettre en question la politique, pour ensuite passer à la science. Et le relâchement idéologique de Shamel a probablement ouvert la porte à une analyse plus rationnelle. Avoir des amis et de la famille prêts à vous soutenir est un plus, tout comme une ouverture d'esprit suffisante pour accepter de s’embourber dans des études scientifiques rébarbatives. (Il y a certainement plus d'Américains qui ont lu du début à la fin Guerre et paix, qu'une seule page du quatrième rapport du GIEC.)


Vous avez dit «négationnistes»?


 La réticence des sceptiques à accepter de nouvelles informations est un trait que le physicien John Cook connaît bien. Il est responsable de Skeptical Science, un site extrêmement complet visant à réfuter les arguments des climatosceptiques. Mais après cinq ans d'existence, il ne peut confirmer qu'un seul cas d'abjuration sceptique. 


J'ai demandé à Anthony Watts, le météorologiste tenant ce qui est peut-être le blog climatosceptique le plus populaire, Watts Up With That, ce qui pourrait lui faire accepter la science climatique. «Un point de départ de ce processus», a-t-il répondu, ne serait pas qu'on lui fournisse davantage de données, mais que les scientifiques renommés qui l'ont qualifié, avec d'autres de ses collègues, de «négationnistes»,  s’excusent publiquement.


Heureusement, la plupart des Américains peut encore changer d’avis. Les sondages montrent que leur opinion sur le climat est relativement fluide, et se fonde largement sur des événements actuels. «Une grande partie des flux et des reflux que manifeste l'attitude à l'égard du climat... ressemble aux clapotis de l'eau dans une toute petite poêle», explique Andrew Revkin, spécialiste depuis longtemps des questions climatiques au New York Times, «Beaucoup de vagues, très peu de signification.»


En d'autres termes, un hiver extrêmement neigeux peut pousser les Américains vers le «dubitatif», et des vagues de chaleur les mener sur les terres du «prudent», mais ces événements ont rarement des effets à long terme. Ainsi, la croyance générale dans le changement climatique pourrait rebondir avec des éclaircies économiques, ou des canicules estivales.

Évidemment, les choses peuvent très bien repartir dans l'autre sens – à moins que, comme Tucker et les Shamel, nous soyons suffisamment convaincus pour rejoindre les rangs des «concernés», ou des «alarmés». Qu'est-ce qui pourrait donc pousser les sceptiques et les indécis à des conversions aussi significatives?


Pour les sceptiques, il faudra probablement attendre le début du démantèlement du «secteur du déni» –  les  multinationales, laboratoires d'idées conservateurs, et autres médias partisans qui ont un intérêt à véhiculer des doutes sur la science du climat. Et ce n'est pas demain la veille.

Les indécis, par contre, ont avant tout besoin de se confronter davantage et mieux à la science du climat.

 

Les écoles devraient offrir de meilleurs enseignements sur le climat dans leurs programmes, et la couverture médiatique du sujet devrait s'améliorer. Tandis que les preuves scientifiques deviennent de plus en plus incontournables, et les impacts du réchauffement de plus en plus visibles, il est possible que de plus en plus d'Américains oscillent vers le «concerné» –pour le rester.

 

 


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