Sur les 8 millions d’espèces animales et végétales sur Terre (dont 5,5 millions d’espèces d’insectes), le dernier rapport de l'IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) estime qu’environ 1 million sont aujourd’hui menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies, chose « qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité ». Et parmi les 5,9 millions (estimation) d’espèces terrestres, plus de 500.000 ne bénéficient plus de l’habitat naturel nécessaire à leur survie sur le long terme !
Le rapport scientifique précise également que plus d’un demi-million d’espèces terrestres peuvent d’ores et déjà être considérées comme des « espèces mortes ambulantes » si leurs habitats ne sont pas restaurés rapidement.
Ce rapport intergouvernemental d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques, premier en son genre, a été élaboré en 3 ans, par 145 experts issus de 50 pays avec des contributions additionnelles apportées par 310 autres experts.
L’étude, qui est la plus exhaustive réalisée à ce jour, est basée sur une revue systématique d’environ 15.000 références scientifiques et sources gouvernementales, mais également sur les savoirs autochtones et locaux, et aborde pour la première fois, les questions concernant les peuples autochtones et les communautés locales.
Qu’est-ce que l’IPBES ?
De l’anglais Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, l’IPBES est un organisme intergouvernemental indépendant qui rassemble depuis 2012, plus de 130 États membres.
Son but est de publier des évaluations scientifiques objectives quant à l’état des connaissances sur la biodiversité de la planète, les écosystèmes et les contributions qu’ils apportent aux populations. L’organisme est aussi chargé d’imaginer des outils et méthodes pour protéger et utiliser durablement les atouts naturels vitaux.
"La pluviométrie n'est pas le plus important, c'est vraiment l'évapotranspiration qui a explosé", explique jeudi 11 juin sur franceinfo Christian Toussaint, référent pour l’eau au sein de l'association Indre Nature. Dans son bulletin mensuel sur la recharge des nappes phréatiques, le Bureau de recherches géologiques et minières indique que "les nappes de la plaine d'Alsace, des couloirs de la Saône et du Rhône et de l'est du Massif central affichent toujours des niveaux modérément bas à bas".
"L'inquiétude c'est toujours dans le versant nord du Massif central. Là, on n'a pas de réserves. Et ça va très vite", prévient Christian Toussaint. Il suffit de "15 jours de pluie pour qu'il y ait une chute drastique des débits", à cause de l'"élévation des températures et un coefficient radiatif du soleil qui est important".
Météo France anticipe un été 2020 plus chaud que la normale
L'hiver a été "extrêmement pluvieux avec un excédent de pluie", mais il a aussi été "extrêmement doux, à 2,5°C au-dessus des moyennes sur cinq mois". "Ce qui fait que les phénomènes évaporatoires sont toujours là. Heureusement depuis on a eu des orages, et ça a quand même rétabli la situation", explique-t-il.
On a l'impression que le positionnement des anticyclones a changé et on a de plus en plus de vents continentaux qui sont très forts et qui dessèchent les sols.Christian Toussaint, référent eau à Indre Naturesur franceinfo
Il estime par ailleurs que "la rose des vents a changé". Pour 2020, Météo France anticipe un été plus chaud que la normale, "très lié au réchauffement climatique", a indiqué Michèle Blanchard, de la direction des services climatiques. Des restrictions pour l'usage de l'eau sont déjà en vigueur dans 12 départements, essentiellement en Loire-Atlantique, Vendée, Côte-d'Or, Saône-et-Loire, dans l'Ain et la Drôme.
Face au péril climatique et à l’inaction politique, les auteurs de cette tribune prônent une mobilisation d’urgence climatique. Avec un plan inspiré de celui lancé par les États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale : réorientation de la production industrielle et taxation des fortunes illégitimes .
Afin que l’expansion de la pandémie de Covid-19 n’excède pas la capacité d’accueil des hôpitaux, les gouvernements ont déclaré l’urgence sanitaire et mis en place des politiques ambitieuses qui paraissaient inimaginables il y a encore quelques mois. Afin de respecter les limites écologiques planétaires, ne devrions-nous pas aussi mettre en œuvre une politique d’urgence climatique ?
Qu’il s’agisse du changement climatique, de l’érosion de la biodiversité, de la perturbation des cycles biogéochimiques, de l’introduction de substances toxiques dans les écosystèmes ou encore du changement d’affectation des sols, cela fait plus d’une dizaine d’années que les scientifiques travaillant dans le domaine des sciences du système Terre ont établi une liste des limites planétaires qui, si elles étaient outrepassées, pourraient provoquer l’effondrement de la biosphère.
Les scientifiques du Giec, dans leur rapport spécial de 2018, ont comparé les effets du changement climatique avec des réchauffements respectifs de + 1,5 °C et de + 2 °C. La conclusion du Giec était alors sans appel : les risques de basculement sont tellement élevés dans le cas d’un réchauffement de 2 °C que la seule solution raisonnable consiste à contenir l’augmentation des températures à + 1,5 degré.
On peut représenter par des courbes simples deux scénarios contrastés d’évolution des émissions de CO2 au 21e siècle, qui permettraient, en théorie, de respecter la limite de 1,5 °C. Toutes deux supposent la neutralité carbone en 2050, date à laquelle l’humanité devra commencer à séquestrer davantage de CO2 qu’elle n’en émettra – raison pour laquelle les courbes passent dans le négatif après cette date.
Observons le schéma de ces courbes :
Le premier scénario (P1) semble irréalisable du point de vue économique et politique : il suppose de diviser par deux les émissions mondiales d’ici à 2030. Pour mémoire, après trente ans de politiques internationales en matière de climat, les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 65 % !
Le second scénario (P4, en pointillés) paraît politiquement plus réaliste pour ce qui concerne la décennie à venir, puisque les émissions continueraient de croître encore un peu, avant d’entamer une forte décrue au-delà de 2030-2035. Dix ans de gagnés ? Pas vraiment : le surplus de CO2 injecté dans l’atmosphère durant cette période de transition (figuré en gris entre les courbes P1 et P4 en haut à gauche) rendrait alors la limite de 1,5 °C impossible à respecter.
Après 2030, en plus d’une réduction drastique des émissions, il faudrait alors enlever de l’atmosphère une quantité équivalente de carbone atmosphérique, puis le réinjecter dans la biosphère et la lithosphère figuré en gris entre les courbes P1 et P4 en bas à droite). Premier problème : les technologies permettant de réaliser ce miracle relèvent pour l’instant de la science-fiction. Second problème : un tel scénario suppose le recours à des techniques de géo-ingénierie qui auraient des effets délétères sur plusieurs autres limites planétaires. La conclusion s’impose d’elle-même : ce scénario est délirant.
Décréter l’urgence climatique
À l’instar des graphiques utilisés pour déclarer l’urgence sanitaire, les graphiques du Giec nous disent au final une chose simple : soit nous agissons très vite et très fort (scénario P1), soit l’humanité va droit au chaos, en embarquant avec elle au passage une bonne partie de la biosphère – notamment parce que l’équilibre climatique est une condition centrale du maintien des autres équilibres.
Au vu des différentes courbes mettant en jeu les limites planétaires, les dirigeants devraient donc agir à peu de chose près comme ils l’ont fait à propos du Covid-19, c’est-à-dire en déclarant l’urgence écologique et en mettant en œuvre des politiques drastiques de lutte contre le péril climatique et biologique. Mais ils ne le font pas.
Margaret Klein Salamon, docteure en psychologie et spécialiste des situations d’urgence, est l’une des principales théoriciennes de l’urgence climatique. Elle est également à l’origine de quelques-uns des écrits les plus stimulants de ces dernières années sur le sujet — malheureusement, ses livres n’ont pas encore été traduits en français. Condamnant les politiques gradualistes menées jusqu’à présent, elle propose avec son ONG, The Climate Mobilization, de répandre le sentiment d’urgence dans la population et parmi les décideurs. Aidée en cela par l’inattendue Greta Thunberg et la montée en puissance d’Extinction Rebellion, cette stratégie, inspirée de mouvements comme Act Up[[Adepte des actions coups de poing, l’association a été créée pour lutter contre le VIH/sida et défendre la communauté LGBT].] a déjà porté ses fruits en 2019, puisqu’elle a poussé plusieurs centaines de collectivités locales et plusieurs États (dont la France) à déclarer l’urgence climatique - sans pour autant agir réellement.
Repenser la production industrielle et créer de nouveaux mécanismes de solidarité
La prochaine étape consiste à passer de la déclaration à l’action. Margaret Salamon et son ONG s’appuient sur des modélisations assez fines qui montrent que notre seule chance de tenir l’agenda climatique passe par une mobilisation de la société comparable à celle que les États-Unis ont connu durant la Seconde Guerre mondiale. Cela suppose au moins trois conditions :
– une prise en main provisoire par les États de l’économie afin de réorienter massivement la production industrielle au service de l’effort climatique et écologique ;
– une levée exceptionnelle d’impôts, notamment en ponctionnant les fortunes colossales qui ont été construites sur la rente des énergies fossiles, et qui doivent dès à présent être considérées comme illégitimes ;
– une mobilisation sans précédent de la population, pouvant par exemple passer par la mise en œuvre de quotas individuels d’émissions de CO2, l’interdiction de certaines pratiques fortement émettrices ayant une faible utilité sociale, ou encore la mise en place d’un service civil en faveur du climat.
L’acceptabilité de telles mesures reste évidemment incertaine. Comme pour le Covid-19, elle dépendra sans doute de notre capacité à comprendre la gravité de la situation, à nous mobiliser en conséquence et à redonner du sens à l’action collective. Du fait du caractère profondément injuste de la crise écologique – dont les principaux responsables sont rarement les premières victimes – cette acceptabilité passera également par la mise en œuvre de puissants mécanismes de solidarité, à l’intérieur des pays et entre eux.
Mais s’il y a d’ores et déjà une chose à retenir de la crise actuelle, c’est probablement la suivante : plus nous attendrons, plus nos chances de réussir seront réduites… et plus le combat pour respecter les limites planétaires risquera de porter atteinte à nos libertés.
En plein confinement, la Commission Départementale des Mines (CDM) a trouvé le moyen de valider par vote dématérialisé le projet désormais surnommé « Montagne d'Or Bis » de la compagnie minière Espérance (CME) du groupe Ostorero, porté par la multinationale Newmont.
Un énième projet de méga-industrie minière
La CDM a réussi à faire valider, malgré l'agenda chargé de la Préfecture de Cayenne en pleine crise sanitaire, un projet de mine d'or à ciel ouvert. Sa superficie, équivalente à 2 fois et demi la taille de Marseille, signifierait autant de surface déforestée. Le projet a été accepté par 12 voix « pour », dont celles du président de la collectivité territoriale de Guyanne, et celle des services de l'État (1), et 5 voix « contre » dont des représentants Amérindiens, les ONG Guyane Nature Environnement et WWF).
Dans le même temps, la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, tente de rassurer en disant que l'avis de la CDM ne serait que consultatif et ne constituerait « en rien une autorisation de travaux d'exploitation ». (2)
Nous n'oublions pas qu'en juin 2019, après la déclaration de l'État d'abandonner le projet « Montagne d'Or », que la CDM avait manifesté auprès de l'État sa volonté d'échanger afin de « poursuivre l'amélioration de ses impacts environnementaux ». Greenwashing ou sincérité ? Force est aujourd'hui de constater que ces impacts ne devraient pas aller en s'améliorant si cette « Montagne d'Or Bis » se fait !
Un projet écocidaire en contradiction totale avec les leçons que nous pouvons tirer de la crise sanitaire du COVID-19
A l'heure où la forêt Amazonienne est déforestée, à l'heure où la biodiversité s'effondre à une vitesse sidérante, à l'heure où la perturbation des écosystèmes augmentent les risques des pandémies – le coronavirus n'en est qu'un triste exemple –, cet énième projet extractiviste est écocidaire. Le territoire Guyanais représente à lui seul 50 % de la biodiversité Française. Il mérite bien mieux que de répondre aux lubies de quelques multinationales minières !
Les Jeunes Ecologistes sont solidaires de la contestation contre ce projet supplémentaire de méga-industrie extractiviste, qui n'a pas sa place dans un monde d'après conscient des enjeux écologiques et sociaux.
Cette vidéo vous présente la situation tragique en cours dans le monde, ces données sont factuelles. Actuellement, nous sommes non seulement dans la 6e extinction massive mais aussi dans la 1ère extermination globale de la vie sur Terre. La fin du monde dans le sens de la diversité du vivant est probable. Les accords de la COP21 de Paris sont très insuffisants pour sauver le monde de plus qu’ils ne sont pas respectés : en 2010, les émissions de CO2 atteignaient 30 milliards de tonnes par an, en 2019, nous en sommes à 41 milliards de tonnes par an.
Récemment, d’après les scénarios les plus pessimistes, une augmentation de +7°C est envisageable tandis que le scénario le plus optimiste prévoit une augmentation de +2°C pour 2100, ce qui n'est pas anodin.
Il est temps de repenser le monde, de ne plus voir la nature comme une ressource à exploiter, de revoir notre manière d’habiter l’espace et notre gestion des ressources qui nous sont léguées.