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La France a perdu 10 % de ses oiseaux nicheurs

Publié le par Gerome

Quel est l'état de la biodiversité en France ? Comment les oiseaux, les papillons, les plantes se portent-ils ? Quelles conséquences les changements actuels ont-ils sur ces espèces ? Pour mieux répondre, le programme 'Vigie-Nature' du Muséum national d'histoire naturelle fédère, dans tout le pays, des réseaux d'observateurs naturalistes volontaires. Le plus ancien, chargé du Suivi temporel des oiseaux communs (STOC), vient de fêter ses vingt ans. Frédéric Jiguet, maître de conférences au Muséum, décrit les grandes évolutions révélées par ce suivi, sensiblement identiques dans tous les pays d'Europe.

Interview du journal le monde

Vous êtes le coordinateur scientifique du programme STOC. Quels en sont les principaux résultats ?

En vingt ans, toutes espèces confondues, la France a perdu 10 % des oiseaux communs nichant sur son territoire. Les plus touchés sont les espèces urbaines (- 20 %) et les espèces agricoles (- 20 %), puis les espèces forestières (- 11 %). Par ailleurs, on constate un placement global des populations de 100 km vers le nord, conséquence du réchauffement climatique.


Comment ce programme d'observation fonctionne-t-il ?

Grâce à plus d'un millier d'ornithologues bénévoles, déployés sur l'ensemble de la France. Chacun de ces volontaires assure le suivi d'un 'carré' de 2 km sur 2 km, tiré au sort dans un rayon de 10 km autour du centre de sa commune. Sur ce carré, deux fois chaque printemps, il réalise dix 'points d'écoute' de cinq minutes chacun, durant lesquels il relève tous les oiseaux qu'il voit et qu'il entend. En 2008, 9 000 points d'écoute ont ainsi été réalisés dans 90 départements. Et les carrés qui ont été comptés au moins une fois depuis 2001 représentent un peu plus de 1,3 % de la superficie de la France.

 

Répartition départementale des stations STOC Stations ayant fonctionné au moins une année entre 2005 et 2007


Comment votre groupe d'observateurs a-t-il été constitué ?

Essentiellement sur la base de coordinations régionales et départementales. Plus le réseau est décentralisé, mieux il fonctionne. Au niveau local, les gens se connaissent, et organisent naturellement des systèmes de formation : avant de se lancer, il n'est pas rare qu'un observateur en herbe accompagne pendant un an ou deux un ornithologue plus expérimenté. Résultat : à mesure que les années passent, on voit nos points d'écoute augmenter.

Or, plus il y a de points d'écoute, plus on dispose de données fiables sur des espèces un peu moins communes. Avec seulement 150 sites, nos données n'ont longtemps permis de repérer de façon fiable qu'une centaine d'espèces. Alors qu'avec 1 085 carrés en 2008, nous commençons à pouvoir suivre les 150 espèces les plus communes.

Quels sont les équivalents du STOC à l'échelle de l'Europe, et quel est leur bilan ?

Actuellement, vingt et un pays européens sont impliqués dans le recensement des populations d'oiseaux nicheurs, dont certains hors de l'Union (Norvège, Turquie, Russie). Les méthodes de relevé diffèrent légèrement d'un pays à l'autre, mais le principe est le même.

Et nous mettons toutes nos données en commun. Celles-ci montrent que la tendance observée pour la France est loin de lui être spécifique.

Si l'on considère le type d'habitat occupé par les oiseaux recensés, on peut les regrouper en quatre grands groupes : des espèces respectivement "spécialistes" des milieux agricoles, forestiers ou bâtis, et des espèces généralistes. Ce qui est global à l'Europe, et même au-delà, c'est le déclin marqué des "spécialistes". Cette réduction ne concerne pas seulement les oiseaux, mais aussi les mammifères, les araignées, les poissons et les plantes. Les généralistes, en revanche, sont parfois en augmentation, en France comme en Europe.

 



Le programme "Vigie-Nature" a récemment étendu sa mission de suivi à d'autres espèces...

Les oiseaux seuls ne peuvent pas nous informer sur l'évolution de l'ensemble de la biodiversité. Le Muséum a donc décidé de développer des suivis sur d'autres groupes animaux et végétaux : les chauves-souris et les papillons depuis 2006 et, depuis cette année, les escargots et les plantes. Trois autres projets sont à l'étude, sur les pollinisateurs, la biodiversité des zones humides et celle du milieu marin. Le principe est toujours le même : proposer des méthodes simples permettant de suivre l'abondance des espèces communes. Et tenter de motiver le plus grand nombre possible de participants, naturalistes amateurs ou éclairés.


Toutes les données de ce programme sont accessibles sur Internet. Est-ce un élément important de sa réussite ?

C'est important pour le grand public et pour les autorités concernées, qui peuvent consulter nos résultats à tout moment. Et c'est très gratifiant pour les bénévoles participant à la collecte des données, qui voient que leur travail ne reste pas réservé à une poignée de scientifiques. Cela renforce une des grandes vertus de ce programme, qui est d'impliquer les citoyens : en s'appropriant les résultats, ils deviennent plus intéressés et plus responsables.


La sensibilité du grand public à la biodiversité a-t-elle changé ?

Dans les années 1970-1980, on voulait sauver les espèces rares. La prise de conscience de l'urgence qu'il y avait à se préoccuper des espèces de tous les jours a été plus tardive, mais on y arrive.

On l'a vu aux élections européennes : la sensibilité à la protection de la nature est aujourd'hui beaucoup plus forte que naguère. Il y a là un terreau dont la biodiversité peut bénéficier.

 


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Bonne nouvelle ou pas? Le "Grenelle 1" adopté par l'Assemblée à la quasi-unanimité

Publié le par Gerome

Les députés français ont adopté à la quasi-unanimité en deuxième lecture le projet de loi relatif à la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement, salué comme une "rupture" avec le mode de croissance du passé.

Le "Grenelle 1", qui a été approuvé par 466 voix contre cinq, décline les grandes orientations arrêtées en octobre 2007, notamment dans les secteurs des transports, de l'énergie, de l'habitat ou encore de l'agriculture.

"Nous entrons dans la dernière ligne droite pour ce texte qui va nous permettre de rompre définitivement avec un modèle de croissance qui n'était pas viable sur le long terme",(c'est joliment dit, c'est même vrai mais va t-on voir de réels changements?) a souligné le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo.

Les groupes UMP et du Nouveau Centre (NC) ont voté pour le projet de loi, de même que le groupe socialiste, radical et citoyen (SRC). En revanche, celui de la Gauche démocrate et républicaine (GDR, PC et Verts) s'est abstenu. (Normal!!)

Le projet de loi pourrait être examiné ensuite, également en seconde lecture, par le Sénat durant la session extraordinaire du Parlement en juillet. Les débats sur le texte Grenelle 2 sont prévus pour l'automne.

"Nous votons cette loi sans état d'âme", a dit le socialiste Philippe Tourtelier. "Même si elle est déjà datée et insuffisante au regard des 273 engagements pris à l'issue du Grenelle de l'environnement". (On a un retard considérable depuis la création du grenelle, et vous verrez que les 273 engagements ne seront pas respectés dans leur intégralité...L'administration française est une machine obèse lourde à bouger....et lorsqu'elle aura bougé sa grosse carcasse, il faudra bouger les français encore réfractaires).

"Le Grenelle 1, il y a un an, était un espoir. Mais au fur et à mesure des navettes, c'est devenu un texte décevant", a estimé en revanche le Vert Yves Cochet, pour qui "le projet de loi n'est plus en mesure de répondre à l'urgence écologique". (Tout à fait, la crise économique est même plus efficace que les dispositions du grenelle!! Mort de Rire!! Voir cet article : link)

L'écologie connaît un regain de popularité en France après le bon score enregistré par les listes Europe Ecologie conduites par Daniel Cohn-Bendit aux élections européennes du 7 juin. (Au moins ça... J'attend de voir si ça va changer les choses positivement, en tout cas je les attend au tournant, il faut pas qu'ils se ratent)

Le projet de loi Grenelle 1 propose de diminuer d'ici à 2020 de 20% la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre et de porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation d'énergie. (Pfff! Et c'est suffisant???D'ici 2020 c'est 50% de diminution de CO2 qu'il faudrait et c'est triste à dire mais je crois qu'il faudrait une très grosse crise économique mais pas celle qu'on vit actuellement, une vraiment très grosse pour que l'industrie s'arrête, il faudrait avec ça un gros choc pétrolier, là on arrivera aux 50% de réduction!)

Parmi les amendements retenus figure celui supprimant l'avis conforme des Architectes des Bâtiments de France (ABF) avant tous travaux en zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager.

Le projet de loi portant "engagement national pour l'environnement", dit Grenelle 2, dont l'objet est de mettre en oeuvre les dispositions du Grenelle 1, devrait être débattu en octobre par le Parlement. (Eh ben on n'est pas pressé.....Doucement le matin, pas trop vite l'après-midi et puis entre les deux ya l'apéro....Je croyais qu'il y avait une urgence écologique! Bof c'est pas très urgent finalement, d'abord il faut régler le problème de la crise économique qui visiblement est plus importante que la crise écologique).

Selon une étude du Boston Consulting Group (BCG) publiée mardi et commandée par le ministère de l'Ecologie, le Grenelle de l'environnement pourrait créer 600.000 emplois sur la période 2009-2020 et générer 450 milliards d'euros d'investissements dont 170 milliards par l'Etat et les collectivités locales.


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Lumière sur : le corridor biologique

Publié le par Gerome

L’expression « corridor biologique » (ou Biocorridor) désigne un ou des milieux reliant fonctionnellement entre eux différents habitats vitaux pour une espèce ou un groupe d’espèce (habitats, sites de reproduction, de nourrissage, de repos, de migration, etc.).
es structures écopaysagères permettent de connecter ou reconnecter entre elles plusieurs sous-populations (patchs). Elles permettent la migration d’individus et la circulation de gènes (animaux, végétaux ou fongiques) d’une sous-population à l’autre.

La restauration d’un réseau de corridors biologiques (maillage ou trame écologique) est une des deux grandes stratégies de gestion restauratoire ou conservatoire pour les nombreuses espèces menacées par de la fragmentation de leur habitat). L’autre, complémentaire, étant la protection ou la restauration d’habitats. Ils sont encore peu protégés, mais depuis les années 1990, ils commencent à être intégré dans les politiques d'aménagement (restauratoire) du territoire et dans le droit international et local, contribuant à une troisième et nouvelle phase du droit de la conservation de la nature.


Propositions de FNE pour un réseau écologique
La préservation de la biodiversité, par le biais de la protection des espèces ou la conservation de milieux naturels remarquables, peut montrer parfois des limites, voire même échouer, du fait des nuisances (pollutions, invasion biologiques, etc.) et des perturbations liées aux activités humaines (fragmentation et réduction des milieux naturels) que subissent les écosystèmes.

Les réseaux écologiques cherchent à maintenir et restaurer les fonctionnalités des écosystèmes et les dynamiques des espèces. Ils   apportent en cela une réponse ambitieuse et de long terme aux problématiques de conservation du patrimoine naturel.

C'est pourquoi, de nombreux pays se sont engagés à mettre en œuvre des réseaux écologiques, que ce soit à l'échelle internationale (Convention sur la Diversité Biologique), européenne (Stratégie paneuropéenne pour la protection de la diversité biologique et des paysages et son réseau écologique paneuropéen), communautaire (Réseau Natura 2000) et nationale (en France, la Stratégie Nationale pour la Biodiversité).

Cependant, la mise en place d'un tel réseau écologique est complexe à appréhender, car elle fait appel à la fois des considérations scientifiques et stratégiques (aménagement du territoire, etc.). Convaincue de l'intérêt de ce concept depuis de nombreuses années, France Nature Environnement a souhaité apporter sa contribution à la constitution d'un véritable réseau écologique national en France métropolitaine, à la hauteur des enjeux écologiques de notre territoire et du patrimoine naturel qu'il abrite encore.

À partir d'un recueil d'expériences menées en Europe et en France sur ce sujet (PAVARD I., mai 2006), les réflexions de FNE l'ont conduit à proposer la construction du réseau écologique national français, selon le schéma type suivant :
- des zones d'intérêt écologique majeur (ZIEM), nommées zones nodales dans le réseau écologique paneuropéen ;
- des zones tampons, lorsque l'environnement d'une ZIEM la perturbe ou risque de la dégrader ;
- des zones de restauration lorsque le maillage de ZIEM est insuffisant ;
- des continuités écologiques, correspondant aux couloirs écologiques du REP, afin notamment de "relier" les ZIEM.




La mise en œuvre de ce réseau écologique national doit être garantie par l'État, notamment par la préservation et la gestion des espaces constitutifs du réseau (reconnaissance des espaces de continuités via les différents outils d'aménagement du territoire et de maîtrise foncière, politique contractuelle incitative pour leur gestion). Elle être assurée au niveau régional, sur la base de plusieurs critères écologiques (listes régionales d'habitats naturels et d'espèces de référence, continuum écologique, etc.).

La fédération a ainsi proposé une méthode d'identification des différents espaces constitutifs du réseau (PAVARD I., PAQUIN M., novembre 2006), reposant sur le classement des ZNIEFF de type I (seul inventaire territorial du patrimoine naturel disponible) selon des facteurs et des critères prédéfinis.



Exemples de réseaux écologiques à grande échelle

  • Réseau écologique panaméricain ; déjà prévu en 1992 par la convention sur la protection de la nature en Amérique centrale, qui soulignait l’importance de l’isthme centro-américain en tant que corridor biologique (déjà tranché par le canal de Panama et à nouveau menacé par un élargissement du canal de Panama sans mesures compensatoires visant à restaurer un minimum de continuité écologique).
  • Projet de Le Réseau écologique paneuropéen (REP ou PEEN (pan-european ecological network) du Conseil de l’Europe.
  • Réseau Emerald (émeraude) de la Convention de Berne
  • Réseau Natura 2000 de l’Union Européenne qui dans l'esprit de ses concepteurs était un réseau qui devait relier des noyaux représentatifs des habitats européens par des corridors biologiques, mais qui n'est encore qu'un réseau virtuel de sites désignés comme nécessitant une protection et une gestion particulière en raison de leur intérêt européen.
  • Les pays européens doivent décliner le REP à échelle locale en un réseau écologique national protégé. Ce réseau écologique paneuropéen s'appuie notamment sur Natura 2000 et l'accord AEWA pour les oiseaux.
  • Convention alpine (1994) qui vise notamment un réseau écologique dans les Alpes via son protocole pour la conservation de la nature et des paysages (article 12) [1] .
  • Trame verte en France (d'abord testée dans le Nord-Pas-de-Calais, en Alsace et en Isère
  • Corridor climatique (en Australie, sur un axe Nord-Sud pour faciliter les mouvements de la flore, faune et fonge face aux changements climatiques)

Avant cela des projets existaient dans les anciens pays de l'Est-Européen, aujourd'hui plus ou moins bien intégrés dans le réseau écologique paneuropéen.

  • La Pologne avait par exemple déjà planifié plusieurs réseaux nationaux visant certaines espèces menacées (dont du bois-mort), avec des projets de larges corridors forestiers reliant l'Estonie, la Lithuanie, la Belarus et la pologne.
  • Une Convention cadre pour la protection et le développement durable des Carpates (signée à Kiev en 2003) cadre juridiquement une protection durable des écosystèmes, et invite ses Parties à prendre des mesures pour un haut-niveau de protection des habitats (naturels et semi-naturels) et de leur connectivité écologique avec aussi « un réseau de zones protégées associé à la conservation et la gestion durable des aires situées en dehors des zones protégées ».

Tous ces réseaux sont souvent des projets de réseau minimal vital visant à restaurer, protéger et gérer durablement la biodiversité, à échelle 'pancontinentale' à locale, incluant les réseaux immatériels de migration des oiseaux, insectes, poissons, mammifères marins, plantes, champignons, etc. Le milieu sous-marin reste néanmoins souvent oublié.

L'importance et l'urgence de la restauration et protection d'un réseau cohérent et suffisant de continuums biologiques fonctionnels est exacerbée par les risques liés au changement climatique et le fait quee les territoires sont de plus en plus fragmentés par les activités humaines et les réseaux d'infrastructures de transports de biens, personnes, matières et énergies (gaz, électricité, éclairage...)


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Planète attitude

Publié le par Gerome

Le WWF propose dans les guides « Planète Attitude » et « Planète Attitude Junior » une série de gestes quotidiens, tout simples, qui permettent de réduire, chacun à notre niveau, notre empreinte écologique. Il est encore possible d'inverser la vapeur : que ce soit à la maison, au bureau, dans les transports, au jardin, ou même en vacances, chacun peut s'inventer sa propre « Planète-Attitude », véritable art de vivre qui amène à préserver la nature tout en vivant aussi bien, voire mieux : ces gestes écologiques sont souvent une affaire de bon sens, ils sont bénéfiques pour notre santé… et pour notre porte-monnaie !


Crédits WWF
« Planète Attitude Junior », plus spécifiquement, fait la part belle aux espèces menacées et explique aux 8-12 ans comment venir en aide à leurs animaux préférés par des gestes quotidiens : aider l'ours polaire en agissant sur le réchauffement climatique, sauver la loutre en diminuant la pollution des eaux, comprendre le lien entre le gorille des montagnes et nos téléphones portables, préserver les tortues marines de l'impact du tourisme débridé, connaître l'impact de l'agriculture intensive sur le grand hamster, etc. Vous pourrez en savoir plus sur son contenu en vous rendant sur www.panda-junior.com

 


Crédits WWF

Ces guides sont destinés au plus large public possible : ils n'ont pas vocation à être exhaustifs et ne traitent pas de domaines très techniques comme la construction écologique, pour laquelle il existe d'excellents guides spécialisés. Futurasciences


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Travailler dans l'économie verte

Publié le par Gerome

Voici une interview très intéressante et instructive de Jean Marc Nollet. Homme politique belge, il est le chef du groupe Ecolo à la Chambre des Représentants de Belgique. Il explique de façon claire et précise les avantages à investir massivement dans l'économie verte....Pour ceux que ça intéresse, il donne des exemples concrets de secteurs porteurs.
Interview receuillie sur le site belge Télémoustique.....et à lire jusqu'au bout!




Tous les spécialistes s'accordent: directement ou indirectement, la nouvelle économie verte liée au réchauffement climatique et à la gestion de notre environnement sera le plus grand pourvoyeur de jobs.

Et elle concernera toutes les strates du travail: du hautement au faiblement qualifi é, des techniciens aux juristes, du scientifi que au service, du non-marchand au commercial. Député fédéral Ecolo, Jean-Marc Nollet en a fait sa spécialité: il a étudié l'impact possible de l'économie environnementale sur l'emploi.

"L'économie environnementale peut massivement créer de l'emploi. Et rapidement: dans les 5 ou 10 ans à venir. Je dis bien "peut" parce qu'on peut aussi louper le coche si on ne s'y engage pas très vite. En investissant lourdement dans la recherche et développement qui, en aval, créera beaucoup de débouchés. Plus question de tergiverser!"

Quels seront ces emplois "verts"?


JEAN-MARC NOLLET. - Les technologies vertes seront aux années 2010-2020 ce que les technologies de la télécommunication ont été aux années 1990-2000. Elles vont s'insinuer partout dans notre vie, donc auront besoin de cerveaux et de bras. Mais deux secteurs essentiels seront de gros pourvoyeurs d'emplois. Le bâtiment et les déplacements.

Dans le bâtiment, il y a un gigantesque chantier: l'isolation des constructions existantes.


J.-M.N. - C'est le plus grand chantier le plus immédiat. C'est en isolant mieux les bâtiments qu'on fera le plus d'économies d'énergie. Tout le monde va y passer. Et là, il y a toute la palette des métiers: de l'ouvrier à l'ingénieur qui calcule l'isolation. Donc les jeunes peuvent foncer sur cette filière. Il y a de l'emploi pour les 20 ans à venir. Dans le même souci, ça ne sert à rien d'isoler une toiture si la chaleur part par les fenêtres. Les métiers du verre isolant ont un grand avenir: de la conception à la pose. Aujourd'hui, seulement un tiers des maisons en Wallonie sont équipées du double ou du triple vitrage.

Il y a aussi le secteur des nouvelles constructions "vertes", à très haute effi cacité énergétique.


J.-M.N. - Oui. Et tous les métiers du bâtiment sont concernés: architecture, gros oeuvre, chauffage, électricité et sanitaire vont muter vers les matériaux et techniques écologiques. La Région wallonne vient d'imposer la pose de panneaux solaires pour toute nouvelle construction à partir de 2008. C'est un gros créneau, parce qu'il faut les installer, mais aussi les entretenir et les réparer.


Et ce n'est qu'un début. Ça peut aller jusqu'à la maison "passive", qui ne consomme quasiment pas d'énergie. Un créneau vaste s'ouvre dans les systèmes énergétiques très basse consommation. Tant dans la recherche que dans l'installation: photovoltaïque, solaire thermique, pompes à chaleur, climatisation. Tout ça suppose qu'on aura besoin de scientifi ques, de techniciens ou de commerciaux pour ces marchés nouveaux.

Des tuyaux?


J.-M.N. - La filière menuiserie-charpenterie. Les maisons à ossature en bois, qui sont beaucoup moins énergivores, vont se démultiplier. Toute une fi lière d'emplois s'ouvre sur le bois, des ingénieurs concepteurs aux techniciens en atelier ou sur chantier. La géothermie, aussi: on va aller chercher la chaleur dans le sol.

L'autre grand secteur de l'emploi "vert", ce sont les déplacements?


J.-M.N. - Et ça concerne une palette très diversifi ée de métiers. Les chercheurs vont rendre les véhicules plus propres, plus aérodynamiques, plus légers. Mais où les nouveaux modes de déplacement vont être très porteurs d'emplois, c'est évidemment dans le transport en commun. Un petit tuyau pour ceux qui aiment ça: passer un permis bateau. Le transport fl uvial des marchandises va exploser!

Au niveau de la recherche s'ouvrent aussi tous les métiers liés aux nouvelles technologies vertes.


J.-M.N. - C'est évidemment très large mais, pour les scientifiques, il y a par exemple le secteur du "biomimétisme": imiter la nature pour régler nos problèmes. Savez-vous quelle est la plus grande cellule photovoltaïque sur terre? Les feuilles des arbres! On s'en inspire pour améliorer les panneaux solaires.

L'économie verte, ce n'est pas que l'efficacité énergétique. Il faudra remplacer les dérivés du pétrole.


J.-M.N. - La "chimie verte" a un énorme avenir. Notamment le "bioplastique". On peut développer des plastiques aussi résistants sur base de fibres végétales. Je crois beaucoup en ces petites entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies vertes qui doivent se créer, notamment avec l'aide des universités. En aval, elles vont créer des emplois quand il s'agira de fabriquer et distribuer ces nouveaux produits. C'est pour ça qu'il est indispensable d'investir en recherche et développement. J'invite les jeunes à se lancer vers des études scientifiques, qu'ils deviennent ingénieurs ou bacheliers. Il y aura de l'emploi.

Autre grand défi : la gestion des déchets.


J.-M.N. - Ils doivent non seulement être gérés, mais ils deviennent aussi une matière première! 50 % de nos déchets ménagers sont composés de matières organiques qui peuvent être utilisées en biomasse pour produire de l'énergie. Mais les déchets de l'industrie et, en général, de la consommation, peuvent aussi devenir des atouts. On peut créer des zonings où le déchet d'une entreprise devient la matière première de l'entreprise suivante. Les déchets sidérurgiques et automobiles, par exemple, peuvent faire fonctionner trois à quatre entreprises en cascade. Il y a moyen de développer énormément d'emplois autour de la collecte et de la réutilisation des déchets. Des emplois ultra-diversifi és: du manuel sans formation à l'ingénieur chimiste.

Existe-t-il des fi lières plus spécifiques à la Wallonie?


J.-M.N. - La Wallonie est couverte d'anciens sites industriels désaffectés: plus de 500 friches qui devront être assainies. Là, on a chiffré les besoins à 3.000 emplois de toutes sortes. Le secteur de l'eau, aussi: gestion adéquate de cette richesse, mais aussi épuration. Et puis il y a l'agriculture biologique, où on n'est nulle part, contrairement à la Flandre. Les produits bio sont importés de l'étranger. Ce qui est un non-sens.

On parle beaucoup des écoconseillers.


J.-M.N. - Toute activité devra se concevoir de manière écologique. Le public comme le privé auront donc besoin d'une écoconsultance. Et donc d'éconconseillers (1). Mais je pense surtout que beaucoup de métiers devront se concevoir avec une écoformation en complément à la formation de base (2). C'est comme les langues ou l'informatique: ceux qui n'auront pas complété leur cursus par une formation environnementale seront moins bardés.

Peut-on chiffrer les nouveaux emplois verts?


J.-M.N. - Au total, pour la Wallonie et Bruxelles, on peut créer 100.000 emplois d'ici 2010- 2012 (et 150.000 en Flandre). Mais attention! Je ne veux pas jouer mon Verhofstadt! Il y aura des glissements d'emplois de l'économie classique vers l'économie verte. Mes chiffres comprennent aussi l'aide aux personnes, le non-marchand, qui va se développer avec le vieillissement de la population et la fl exibilité du marché du travail. Et puis ces chiffres seront valables si on prend vraiment le taureau par les cornes!


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