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La transition c’est trop tard, il faut une politique d’urgence climatique

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Face au péril climatique et à l’inaction politique, les auteurs de cette tribune prônent une mobilisation d’urgence climatique. Avec un plan inspiré de celui lancé par les États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale : réorientation de la production industrielle et taxation des fortunes illégitimes .
Afin que l’expansion de la pandémie de Covid-19 n’excède pas la capacité d’accueil des hôpitaux, les gouvernements ont déclaré l’urgence sanitaire et mis en place des politiques ambitieuses qui paraissaient inimaginables il y a encore quelques mois. Afin de respecter les limites écologiques planétaires, ne devrions-nous pas aussi mettre en œuvre une politique d’urgence climatique ?

Qu’il s’agisse du changement climatique, de l’érosion de la biodiversité, de la perturbation des cycles biogéochimiques, de l’introduction de substances toxiques dans les écosystèmes ou encore du changement d’affectation des sols, cela fait plus d’une dizaine d’années que les scientifiques travaillant dans le domaine des sciences du système Terre ont établi une liste des limites planétaires qui, si elles étaient outrepassées, pourraient provoquer l’effondrement de la biosphère.

Les scientifiques du Giec, dans leur rapport spécial de 2018, ont comparé les effets du changement climatique avec des réchauffements respectifs de + 1,5 °C et de + 2 °C. La conclusion du Giec était alors sans appel : les risques de basculement sont tellement élevés dans le cas d’un réchauffement de 2 °C que la seule solution raisonnable consiste à contenir l’augmentation des températures à + 1,5 degré.

On peut représenter par des courbes simples deux scénarios contrastés d’évolution des émissions de CO2 au 21e siècle, qui permettraient, en théorie, de respecter la limite de 1,5 °C. Toutes deux supposent la neutralité carbone en 2050, date à laquelle l’humanité devra commencer à séquestrer davantage de CO2 qu’elle n’en émettra – raison pour laquelle les courbes passent dans le négatif après cette date.

Observons le schéma de ces courbes :

Le premier scénario (P1) semble irréalisable du point de vue économique et politique : il suppose de diviser par deux les émissions mondiales d’ici à 2030. Pour mémoire, après trente ans de politiques internationales en matière de climat, les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 65 % !

Le second scénario (P4, en pointillés) paraît politiquement plus réaliste pour ce qui concerne la décennie à venir, puisque les émissions continueraient de croître encore un peu, avant d’entamer une forte décrue au-delà de 2030-2035. Dix ans de gagnés ? Pas vraiment : le surplus de CO2 injecté dans l’atmosphère durant cette période de transition (figuré en gris entre les courbes P1 et P4 en haut à gauche) rendrait alors la limite de 1,5 °C impossible à respecter.

Après 2030, en plus d’une réduction drastique des émissions, il faudrait alors enlever de l’atmosphère une quantité équivalente de carbone atmosphérique, puis le réinjecter dans la biosphère et la lithosphère figuré en gris entre les courbes P1 et P4 en bas à droite). Premier problème : les technologies permettant de réaliser ce miracle relèvent pour l’instant de la science-fiction. Second problème : un tel scénario suppose le recours à des techniques de géo-ingénierie qui auraient des effets délétères sur plusieurs autres limites planétaires. La conclusion s’impose d’elle-même : ce scénario est délirant.
Décréter l’urgence climatique

À l’instar des graphiques utilisés pour déclarer l’urgence sanitaire, les graphiques du Giec nous disent au final une chose simple : soit nous agissons très vite et très fort (scénario P1), soit l’humanité va droit au chaos, en embarquant avec elle au passage une bonne partie de la biosphère – notamment parce que l’équilibre climatique est une condition centrale du maintien des autres équilibres.

Au vu des différentes courbes mettant en jeu les limites planétaires, les dirigeants devraient donc agir à peu de chose près comme ils l’ont fait à propos du Covid-19, c’est-à-dire en déclarant l’urgence écologique et en mettant en œuvre des politiques drastiques de lutte contre le péril climatique et biologique. Mais ils ne le font pas.

Margaret Klein Salamon, docteure en psychologie et spécialiste des situations d’urgence, est l’une des principales théoriciennes de l’urgence climatique. Elle est également à l’origine de quelques-uns des écrits les plus stimulants de ces dernières années sur le sujet — malheureusement, ses livres n’ont pas encore été traduits en français. Condamnant les politiques gradualistes menées jusqu’à présent, elle propose avec son ONG, The Climate Mobilization, de répandre le sentiment d’urgence dans la population et parmi les décideurs. Aidée en cela par l’inattendue Greta Thunberg et la montée en puissance d’Extinction Rebellion, cette stratégie, inspirée de mouvements comme Act Up[[Adepte des actions coups de poing, l’association a été créée pour lutter contre le VIH/sida et défendre la communauté LGBT].] a déjà porté ses fruits en 2019, puisqu’elle a poussé plusieurs centaines de collectivités locales et plusieurs États (dont la France) à déclarer l’urgence climatique - sans pour autant agir réellement.
Repenser la production industrielle et créer de nouveaux mécanismes de solidarité

La prochaine étape consiste à passer de la déclaration à l’action. Margaret Salamon et son ONG s’appuient sur des modélisations assez fines qui montrent que notre seule chance de tenir l’agenda climatique passe par une mobilisation de la société comparable à celle que les États-Unis ont connu durant la Seconde Guerre mondiale. Cela suppose au moins trois conditions :

– une prise en main provisoire par les États de l’économie afin de réorienter massivement la production industrielle au service de l’effort climatique et écologique ;

– une levée exceptionnelle d’impôts, notamment en ponctionnant les fortunes colossales qui ont été construites sur la rente des énergies fossiles, et qui doivent dès à présent être considérées comme illégitimes ;

– une mobilisation sans précédent de la population, pouvant par exemple passer par la mise en œuvre de quotas individuels d’émissions de CO2, l’interdiction de certaines pratiques fortement émettrices ayant une faible utilité sociale, ou encore la mise en place d’un service civil en faveur du climat.

L’acceptabilité de telles mesures reste évidemment incertaine. Comme pour le Covid-19, elle dépendra sans doute de notre capacité à comprendre la gravité de la situation, à nous mobiliser en conséquence et à redonner du sens à l’action collective. Du fait du caractère profondément injuste de la crise écologique – dont les principaux responsables sont rarement les premières victimes – cette acceptabilité passera également par la mise en œuvre de puissants mécanismes de solidarité, à l’intérieur des pays et entre eux.

Mais s’il y a d’ores et déjà une chose à retenir de la crise actuelle, c’est probablement la suivante : plus nous attendrons, plus nos chances de réussir seront réduites… et plus le combat pour respecter les limites planétaires risquera de porter atteinte à nos libertés.

Source : reporterre.net

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En Guyane, le lobby minier prépare ses bulldozers pour le monde d'après

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En plein confinement, la Commission Départementale des Mines (CDM) a trouvé le moyen de valider par vote dématérialisé le projet désormais surnommé « Montagne d'Or Bis » de la compagnie minière Espérance (CME) du groupe Ostorero, porté par la multinationale Newmont.

Un énième projet de méga-industrie minière

La CDM a réussi à faire valider, malgré l'agenda chargé de la Préfecture de Cayenne en pleine crise sanitaire, un projet de mine d'or à ciel ouvert. Sa superficie, équivalente à 2 fois et demi la taille de Marseille, signifierait autant de surface déforestée. Le projet a été accepté par 12 voix « pour », dont celles du président de la collectivité territoriale de Guyanne, et celle des services de l'État (1), et 5 voix « contre » dont des représentants Amérindiens, les ONG Guyane Nature Environnement et WWF).

Dans le même temps, la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, tente de rassurer en disant que l'avis de la CDM ne serait que consultatif et ne constituerait « en rien une autorisation de travaux d'exploitation ». (2)

Nous n'oublions pas qu'en juin 2019, après la déclaration de l'État d'abandonner le projet « Montagne d'Or », que la CDM avait manifesté auprès de l'État sa volonté d'échanger afin de « poursuivre l'amélioration de ses impacts environnementaux ». Greenwashing ou sincérité ? Force est aujourd'hui de constater que ces impacts ne devraient pas aller en s'améliorant si cette « Montagne d'Or Bis » se fait !

Un projet écocidaire en contradiction totale avec les leçons que nous pouvons tirer de la crise sanitaire du COVID-19

A l'heure où la forêt Amazonienne est déforestée, à l'heure où la biodiversité s'effondre à une vitesse sidérante, à l'heure où la perturbation des écosystèmes augmentent les risques des pandémies – le coronavirus n'en est qu'un triste exemple –, cet énième projet extractiviste est écocidaire. Le territoire Guyanais représente à lui seul 50 % de la biodiversité Française. Il mérite bien mieux que de répondre aux lubies de quelques multinationales minières !

Les Jeunes Ecologistes sont solidaires de la contestation contre ce projet supplémentaire de méga-industrie extractiviste, qui n'a pas sa place dans un monde d'après conscient des enjeux écologiques et sociaux.


> Signer la pétition du collectif Or de Question : https://www.sauvonslaforet.org/petitions/1084/president-macron-non-a-la-mine-dor-industrielle-en-guyane?t=361

(1) https://la1ere.francetvinfo.fr/esperance-un-projet-montagne-d-or-bis-obtient-un-vote-favorable-en-guyane-828144.html

(2) http://outremers360.com/politique/projet-minier-esperance-en-guyane-pas-dautorisation-des-travaux-dexploitation-assure-elisabeth-borne

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Le constat sur Terre

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Cette vidéo vous présente la situation tragique en cours dans le monde, ces données sont factuelles. Actuellement, nous sommes non seulement dans la 6e extinction massive mais aussi dans la 1ère extermination globale de la vie sur Terre. La fin du monde dans le sens de la diversité du vivant est probable. Les accords de la COP21 de Paris sont très insuffisants pour sauver le monde de plus qu’ils ne sont pas respectés : en 2010, les émissions de CO2 atteignaient 30 milliards de tonnes par an, en 2019, nous en sommes à 41 milliards de tonnes par an.

Récemment, d’après les scénarios les plus pessimistes, une augmentation de +7°C est envisageable tandis que le scénario le plus optimiste prévoit une augmentation de +2°C pour 2100, ce qui n'est pas anodin.
Il est temps de repenser le monde, de ne plus voir la nature comme une ressource à exploiter, de revoir notre manière d’habiter l’espace et notre gestion des ressources qui nous sont léguées.

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Sauvez-moi ou crevez avec moi

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Sauvez-moi ou crevez avec moi

On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins. Oui. On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé. "

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Un redémarrage vert après la pandémie

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   Le Covid-19 contraint des pays entiers au confinement, terrifie les citoyens de par le monde et provoque un effondrement des marchés financiers. La pandémie exige une réponse énergique et immédiate. Mais dans leur gestion de la crise, les gouvernements doivent aussi penser au long terme. Le pacte vert pour l’Europe annoncé par la Commission européenne constitue un plan d’orientation puissant, qui voit loin, et ouvre plusieurs voies par lesquelles venir en aide aux collectivités et aux entreprises les plus exposées à la crise actuelle.
     Le Covid-19 s’inscrit dans une tendance plus large : d’autres crises planétaires sont à venir. Si nous parvenons tant bien que mal à nous sortir de chaque nouvelle crise tout en conservant le modèle économique qui nous y a conduits, les chocs futurs finiront par dépasser les capacités de réponse des gouvernements, des institutions financières et des dirigeants d’entreprise. De fait, c’est déjà ce qui se passe avec la crise du coronavirus.
     En 1972, le Club de Rome lançait une semblable mise en garde avec la publication de son célèbre rapport, Halte à la croissance ? que suivait celle, en 1992, de Beyonds the Limits, rédigé par l’auteur principale du premier rapport, Donella Meadows. Comme Meadows nous en prévenait déjà, l’avenir de l’humanité ne se définira pas autour d’une seule urgence, mais au travers de crises nombreuses, différentes quoique liées les unes aux autres, résultant de notre inaptitude à organiser notre subsistance et notre activité de façon durable. En utilisant les ressources de la planète plus rapidement qu’elles ne peuvent se reconstituer et en répandant déchets et polluants plus vite qu’ils ne peuvent être absorbés, nous préparons nous-mêmes, depuis longtemps, la catastrophe.
     À l’échelle planétaire, toutes les espèces, tous les pays et toutes les questions géopolitiques sont en dernière instance interdépendantes. Une épidémie survenue en Chine, liée à l’apparition d’un nouveau coronavirus, peut avoir des effets dévastateurs dans le monde entier ; c’est de cela dont nous sommes aujourd’hui témoins. Pas plus que le Covid-19, le changement climatique, le déclin de la biodiversité ou les effondrements financiers ne respectent les frontières, qu’elles soient nationales, ou même physiques. Ces problèmes ne peuvent être surmontés que dans le cadre d’une action collective, menée longtemps avant que les crises ne se déclarent.
     La pandémie liée au coronavirus est un avertissement, qui nous enjoint à cesser d’outrepasser les limites de la planète. Car la déforestation, le déclin de la biodiversité et le changement climatique ne rendent que plus probables, pris ensemble, les pandémies. La déforestation conduit les animaux sauvages à se rapprocher des populations humaines, augmentant la probabilité que des virus zoonotiques comme le SARS-CoV2 franchissent la barrière des espèces. De même, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avertit que le réchauffement planétaire accélérera probablement l’émergence de nouveaux virus.
     Les gouvernements qui parviennent à contenir les épidémies suivent tacitement le même précepte : « Se conformer aux avis de la science et se préparer pour l’avenir. » Mais nous pouvons faire beaucoup mieux. Plutôt que de nous contenter de réagir aux catastrophes, nous pouvons utiliser la science pour concevoir des économies qui atténueront les menaces du changement climatique, du déclin de la biodiversité et des pandémies. Nous devons commencer à investir dans ce qui compte vraiment, en jetant les fondations d’une économie verte et circulaire, inspiré de solutions basées sur la nature et tournée vers le bien public.
     La crise du Covid-19 nous montre qu’il est possible de changer de modèle du jour au lendemain. Nous sommes tout à coup entrés dans un monde différent, avec une économie différente. Les gouvernements se précipitent au chevet de leurs citoyens, pour garantir à court terme leur protection économique et médicale. Mais nous avons aussi de bonnes raisons de penser que cette crise peut préparer la voie à un changement systémique mondial.
     Ainsi ne voyons-nous en revanche aucune bonne raison de ne pas cesser graduellement l’exploitation des carburants fossiles et de ne pas déployer les technologies des énergies renouvelables, dont la plupart sont désormais disponibles partout dans le monde et, dans de nombreux cas, déjà moins chères que les carburants fossiles. Avec la récente chute des prix du pétrole, les subventions qu’on s’obstine à allouer aux carburants fossiles peuvent et doivent être supprimées, comme le G7 et de nombreux pays d’Europe se sont engagés à le faire d’ici 2025.
     Le passage de l’agriculture industrielle à l’agriculture régénérative est aussi immédiatement réalisable ; il permettrait de séquestrer le carbone dans les sols à un taux suffisant pour inverser le cours de la crise climatique. En outre, agir de la sorte, permettrait de réaliser des bénéfices, de renforcer la résilience économique et environnementale, de créer des emplois, et d’améliorer le bien-être tant des collectivités rurales qu’urbaines.
     L’agriculture régénérative tient une place importante dans nombre de nouveaux modèles économiques que des édiles, dans des villes du monde entier, mettent à l’étude – tous étant fondés sur le principe qu’il nous faut vivre à l’intérieur de nos frontières planétaires. Comme l’affirme l’une d’entre nous, Kate Raworth, avec sa « théorie du donut », l’objectif devrait être la création d’un espace juste et sûr où nous pourrions satisfaire les besoins de l’humanité. En d’autres termes, nous devons œuvrer à l’intérieur des limites naturelles de la planète (la frontière extérieure du donut), tout en nous assurant que des populations marginalisées ne tombent pas en arrière (dans le trou du donut).
     Pour les responsables politiques qui affrontent la crise actuelle, le but devrait être de soutenir les revenus et l’emploi des citoyens en investissant dans les énergies renouvelables plutôt que dans les carburants fossiles. Il est temps maintenant de réorienter les dépenses effectuées au titre des subventions aux carburants fossiles, qui représentent chaque année 5 200 milliards de dollars, vers la construction d’infrastructures vertes, la reforestation et l’investissement dans une économie plus sobre en carbone, plus régénérative, mieux partagée et plus circulaire.
     Les humains sont résilients et entreprenants. Nous sommes parfaitement capables de recommencer. Si nous apprenons de nos échecs, nous pouvons construire un avenir meilleur, qui nous attend encore. Saisissons ce moment de crise comme une opportunité pour commencer à investir dans la résilience, la prospérité partagée, le bien-être et la santé de la planète. Nous avons depuis longtemps dépassé nos limites naturelles ; il est temps d’essayer quelque chose de nouveau.
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