Ouverture du sommet de Doha sur le réchauffement climatique
Cette année encore, les perspectives d’avancées sont limitées.
Ils sont très peu nombreux à encore y croire depuis la débandade de Copenhague. C’était il y a trois ans presque jour pour jour. Un spectacle épouvantable, une démission collective – seule l’Union Européenne (UE) a joué le jeu – face à l’urgence climatique qui a laissé des traces. Depuis, la communauté internationale a un peu avancé, tandis que les scénarios apocalyptiques se sont multipliés.
« Même en doublant nos taux mondiaux de décarbonisation chaque année jusqu’en 2050, le réchauffement climatique atteindrait encore six degrés celsius », a ainsi prédit le cabinet PwC dans un rapport intitulé Low Carbon Economy Index, évoqué dans ces colonnes début novembre, tandis que l’Agence européenne de l’environnement (AEE) déplore des bouleversements qui affecte le Vieux Continent dans son ensemble. Transfert des technologies vertes vers les pays du Sud – les moins pollueurs, mais les plus exposés à la hausse du thermomètre mondial -, lutte contre la déforestation, responsabilisation des principaux États émetteurs de gaz à effet de serre, la Chine et les États-Unis, mais aussi les pays en développement (PED), préservation du Protocole de Kyoto : les Nations Unies ont fort à faire et il va sans dire que la conférence qui s’ouvre aujourd’hui à Doha (Qatar) ne résoudra pas tous les problèmes, loin de là.
Nonobstant la conjoncture économique toujours déprimante, elle débute de surcroît dans un contexte difficile, même si les dommages considérables qui ont fait suite au passage de l’ouragan Sandy ont replacé (du moins dans les discours officiels) le changement climatique parmi les priorités de Barack Obama, fraîchement réélu et dont l’absence lors du dernier sommet international de Durban (Afrique du Sud) a logiquement été mal vécue par les associations de protection de l’environnement.
Successeur d’Hu Jintao à la tête du Parti communiste chinois (PCC) et à ce titre nouveau leader de l’Empire du Milieu, Xi Jinping ne devrait quant à lui pas initier le grand bond en avant vert dont la future première puissance économique mondiale a pourtant besoin, même si Pékin est en train de mettre en place un marché carbone regroupant des villes et des provinces-pilotes. Rappelons enfin que l’Oncle Sam n’a jamais ratifié le Protocole de Kyoto, « lâché » l’an passé par le Canada et auquel la Russie et le Japon pourraient bien eux aussi tourner le dos.
Un protocole en péril
Une fois encore, l’UE devrait donc être bien seule à montrer l’exemple. « Pour les observateurs, Doha ne sera qu’une conférence d’étape sans grandes avancées et dont le principal objet est de faire progresser le compromis obtenu à Durban (Afrique-du-Sud) l’an dernier », abondent nos confrères du site Internet Actu-environnement.com, selon lesquels « l’obtention d’un calendrier de négociation fixant des délais pour négocier les points clés du futur accord et le prolongement du protocole de Kyoto constituent les deux principales avancées tangibles attendues par les négociateurs ».
La conjoncture économique, encore et toujours elle, restreint la marge de manoeuvre d’États qui, d’une façon générale, apparaissent de moins en moins ambitieux, ou en tout cas pas disposés à améliorer leurs engagements, alors même que le réchauffement climatique (), promis à s’aggraver de l’avis de nombreux spécialistes, devrait appeler des réponses fortes. Sachant que les pays du Sud ont d’importantes revendications, en particulier sur l’épineuse question du financement des dispositions pour leur faciliter leur adaptation aux répercussions de la montée des températures, les quinze prochains jours promettent d’être mouvementés.
La question sensible de la prolongation du Protocole de Kyoto, dont la première période d’engagement s’achève le 31 décembre prochain, en attendant la difficile élaboration d’une nouvelle concorde, qui doit être discutée à compter de 2015 pour une entrée en vigueur à l’horizon 2020, ne sera pas éludée. Outre l’UE, l’Australie, la Norvège et la Suisse sont favorables à la poursuite du processus, quand bien même le texte, adopté en 1997, est aujourd’hui très éloigné de la réalité des rejets carbone mondiaux et laisse les mains libres à de gros pollueurs jadis en développement comme la Chine et l’Inde. L’enjeu est de taille, celui-ci demeurant le seul outil juridique contraignant dont dispose la communauté internationale.
Le mieux étant l’ennemi du bien, les émissions de gaz à effet de serre ne cessant de croître, il serait terrible qu’elle se retrouve orpheline de lui pendant au moins trois ans…