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Carnage ! Un prince saoudien tue 2000 oiseaux protégés lors d'une chasse au Pakistan

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Un prince saoudien amoureux de l'art ancestral de la fauconnerie a tué près de 2.000 oiseaux menacés d'extinction en une seule partie de chasse au Pakistan, ont déploré jeudi des responsables locaux.


Selon les autorités de la province instable du Baloutchistan (sud-ouest), le prince Fahd Bin Sultan et son entourage ont utilisé des faucons spécialement dressés pour abattre de petites outardes houbara lors d'une chasse de trois semaines en janvier dernier.

La chasse à l'outarde houbara, prisée par les fauconniers du Golfe, est en théorie interdite car ce petit échassier est menacé d'extinction à l'état sauvage. Mais les autorités pakistanaises émettent à l'occasion des permis spéciaux autorisant à ces riches VIP la capture de cent de ses oiseaux en dix jours.


«Mais le prince a tué à lui seul 1.977 oiseaux et les personnes qui l'accompagnaient 123», a chiffré un responsable du ministère des Forêts requérant l'anonymat. «Nous avons demandé à nos supérieurs hiérarchiques de mettre fin à cette pratique, car ces oiseaux sont déjà en danger», a-t-il ajouté.


Jaffar Baloch, le chef des services de la faune dans le district baloutche de Chagai, où la chasse controversée a eu lieu, a confirmé avoir demandé aux autorités d'agir dans cette affaire diplomatiquement sensible, les monarchies du Golfe étant des bailleurs importants du Pakistan et de son économie fragile.

L'outarde houbara vit dans la steppe et les zones semi-désertiques. Outre la dégradation de leur environnement, les fauconniers arabes sont considérés comme la principale menace pour cette espèce.


Le Baloutchistan est le théâtre d'attentats de groupes islamistes et sécessionnistes et de nombreux rapts par des groupes criminels. Mais il abrite également des zones sécurisées par les autorités où des VIP peuvent chasser en toute liberté à l'abri de ces problèmes.

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Canada: les baleines à bosse sacrifiées pour des oléoducs

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Écologistes et parti d'opposition ont dénoncé mardi la décision du Canada de ne plus classer les baleines à bosse comme une espèce menacée, accusant le gouvernement d'avoir voulu faciliter un projet d'oléoducs controversé.

 

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Expliquant se baser sur des relevés scientifiques, le gouvernement canadien a annoncé samedi dans le journal officiel que ce mammifère, le plus gros de la planète après la baleine bleue, serait désormais considéré comme «une espèce préoccupante» et non plus comme une «espèce menacée».

Conséquence de cette distinction, l'habitat de ce cétacé, appelé rorqual à bosse au Canada, ne sera plus protégé par la loi.

Cette décision a été prise «incroyablement rapidement», a observé pour l'AFP Jay Ritchlin, de la Fondation David Suzuki, l'un des groupes écologistes les plus influents du pays.


Il a jugé «inquiétant» que cette modification ait lieu «au même moment où un développement majeur est à l'étude», en l'occurrence le projet d'oléoducs Northern Gateway.

Le principal parti d'opposition au Parlement fédéral, le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) a pour sa part accusé le gouvernement conservateur d'avoir voulu «satisfaire ses amis de l'industrie pétrolière et ouvrir la voie au projet d'oléoducs de Northern Gateway».

Dans le Journal officiel, le gouvernement a toutefois souligné avoir agi suite au dépôt en 2011 d'un rapport réalisé par un comité indépendant de scientifiques ayant noté «une plus grande abondance de l'espèce» au large des côtes canadiennes sur le Pacifique.


La baleine à bosse avait été officiellement déclarée espèce menacée en 2005 sur recommandation d'un panel de scientifiques.

En 2003, le rapport indépendant recensait «quelques centaines» de cétacés. Actuellement, le gouvernement estime la population à environ 18.000 têtes.

Les défenseurs de ces baleines se sont inquiétés dans le passé des nuisances qu'engendrerait le trafic maritime lié à l'exportation du pétrole acheminé sur le littoral de Colombie-Britannique (ouest) par le projet Northern Gateway.

«La population des baleines a augmenté», a confirmé M. Ritchlin, de la Fondation David Suzuki, tout en jugeant précoce de cesser de protéger leur habitat.


Mené par le groupe canadien Enbridge, le projet Northern Gateway, long de 1.200 km, vise à acheminer 525.000 barils de pétrole brut par jour sur le littoral pacifique canadien depuis la province d'Alberta (ouest) en traversant les montagnes Rocheuses. Le double oléoduc projeté achèverait sa course au nord de la Colombie-Britannique, au port de Kitimat, dans une zone vide de population proche de la frontière avec l'État américain de l'Alaska.

Les groupes pétroliers canadiens espèrent ainsi pouvoir exporter leur or noir vers l'Asie, à raison des rotations de 220 gros pétroliers chaque année, selon des estimations.

La population locale a déjà fermement marqué son opposition au projet, et le gouvernement fédéral a jusqu'au mois de juillet pour statuer.

 

 


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La centrale nucléaire de Fessenheim à l'arrêt après un incident

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LA FRANCE FAIT COURIR UN GRAVE DANGER POUR TOUTE L'EUROPE EN S'OBSTINANT A GARDER EN VIE DES CENTRALES CROULANTES.

 

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La centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) est totalement à l'arrêt depuis un incident dans sa partie non nucléaire vendredi soir, a-t-on appris samedi auprès d'EDF.

L'incident n'a pas de conséquence pour l'environnement ou la sûreté des installations, tout comme celui qui avait entraîné l'arrêt du premier réacteur le 9 avril, a précisé une porte-parole.


Le réacteur numéro deux, a-t-elle expliqué, s'est arrêté automatiquement vendredi à 22h40 après la fermeture intempestive d'une soupape régulant l'arrivée de vapeur sur le turboalternateur, faisant la comparaison avec un disjoncteur.

Des techniciens sont à l'oeuvre. La date de remise en route n'est pas encore déterminée.

Le réacteur numéro un de la centrale, la plus vieille de France, est à l'arrêt depuis le 9 avril, quand une fuite avait été détectée sur une tuyauterie d'alimentation en eau.


Le gouvernement a promis de fermer en 2016 la centrale de Fessenheim, qui est située en zone sismique et inondable. Ses deux réacteurs de 900 MW sont en service depuis 1977.

"Nos centrales nucléaires les plus vieilles sont fragiles et il faut les fermer", a déclaré Europe écologie-Les Verts samedi dans un communiqué, dénonçant "l'acharnement thérapeutique de ceux qui voudraient maintenir en activité tous les réacteurs y compris au-delà de leur âge limite".

 


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Les orangers de Floride décimés par une bactérie, le prix du jus s'envole

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La «maladie du dragon jaune» sévit plus que jamais dans les vergers d'agrumes en Floride. Résultat: la récolte d'oranges devrait chuter à son plus bas niveau depuis 29 ans et le prix du jus est à son plus haut depuis deux ans à New York.

 

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«J'ai l'impression qu'on est en train de perdre la bataille» face au «huanglongbing», autre nom de cette bactérie venue d'Asie qui rend les fruits amers et les fait tomber de l'arbre prématurément, se désole Ellis Hunt.

Ce chef d'une grosse exploitation familiale à Lake Wales, dans le centre de l'Etat, cultive des agrumes sur 2.000 hectares. A cause du microbe, sa production d'agrumes est passée en quelques années de 1 million à 750.000 caisses.

La propagation de cette maladie transmise par un insecte est telle cette année que les autorités ont abaissé par quatre fois leurs prévisions pour la récolte à venir.


Au dernier comptage diffusé début avril, le ministère de l'Agriculture (USDA) estimait qu'elle devrait atteindre 110 millions de caisses de fruits, ou 4,95 millions de tonnes. C'est 18% de moins que l'an dernier et le plus faible niveau depuis 1985, quand les vergers avaient été frappés de plein fouet par le gel. Et bien loin de la récolte record de 244 millions de caisses collectées en 1998.

Ces estimations «ont surpris les investisseurs qui ne s'attendaient pas à une telle révision à la baisse», remarque Joe Nikruto, stratège pour la maison de courtage RJO Futures.


Dans la foulée du rapport de l'USDA, le cours du jus d'orange congelé est monté à un niveau plus vu depuis fin mars 2012 sur la plateforme Inter Continental Exchange à New York: le contrat pour livraison en mai, le plus échangé, a pris 7% en trois séances pour grimper à 1,6680 dollars la livre.

Bien sûr cette hausse des cours est aussi alimentée par la sécheresse qui frappe le Brésil, premier producteur mondial de jus d'orange devant la Floride. «Mais les chiffres de l'USDA ont jeté de l'huile sur le feu», assure Joe Nikruto.

 

Dans ses vergers, Ellis Hunt passe désormais de l'insecticide une fois toutes les quatre semaines. Mais «même en ajoutant des engrais, des nutriments, des minéraux pour tenter de renforcer l'arbre, cela ne suffit pas à enrayer la dissémination», ajoute-t-il.


Certains petits agriculteurs ont, de dépit, carrément abandonné leurs vergers car la hausse des cours ne suffit pas à compenser les pertes de production.

Les autorités se démènent pour aider l'industrie des agrumes, qui représente en Floride 9 milliards de dollars et 76.000 emplois, à garder la tête hors de l'eau.

Des millions de dollars sont consacrés à des recherches sur les façons de vaincre la bactérie. Tout en gardant à l'esprit qu'épandre des produits phytosanitaires sur les quelque 210.000 hectares et 70 millions d'arbres des vergers d'agrumes de Floride sera une tâche ardue.

«Nous verrons les gens commencer à replanter et accroitre la production dans les trois à cinq ans», assure pourtant Daniel Sleep, responsable au ministère de l'Agriculture de la Floride. «Avec l'éventail de ressources déployées, il n'y a pas d'autres issues possibles».


Mais une fois cette calamité surmontée, les exploitants devront s'atteler à une autre gageure: redonner aux Américains le goût du jus d'orange.

Les Etats-Unis restent de loin le premier consommateur mondial de la boisson mais sa consommation a baissé de 30% depuis 2003.

En cause: la multiplication de bouteilles en tous genres dans les rayons, dont l'eau et les sodas allégés, moins caloriques.

«Et puis le jus d'orange est étroitement associé au petit-déjeuner, et avec l'accélération du rythme de vie, nous avons tendance à sauter ce repas», souligne Daniel Sleep.


Cet aspect retient d'ailleurs les cours du jus d'orange de monter trop haut, relève Joe Nikruto. «Il est difficile de demander aux gens de payer plus pour un produit qu'ils consomment de moins en moins».

 

 


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Monsanto veut contrôler le business des abeilles

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C’est une des stratégies les plus secrètes de la firme Monsanto, promoteur mondial des semences transgéniques : investir les différentes entreprises qui font de la recherche sur les abeilles. Aux Etats-Unis, les apiculteurs s’inquiètent de la politique du géant des OGM.

 

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Après les semences, les pesticides, les engrais... Voilà que Monsanto s’intéresse à la pollinisation. Ou plus précisément, aux abeilles. Un tiers de notre alimentation dépendrait de leur patient travail, un service évalué à 153 milliards d’euros par an par une équipe de chercheurs de l’INRA.

Depuis quelques années, Monsanto s’intéresse à la mauvaise santé des abeilles, et explique vouloir les sauver à coup de recherche génétique. Le principal promoteur des plantes transgéniques débarque dans un contexte très difficile pour les apiculteurs.


Depuis la fin des années 1990 en France, et l’hiver 2006-2007 aux Etats-Unis, les essaims semblent victimes d’un mal mystérieux. Environ 30 % (presque un tiers !) des ruches meurent chaque année, sans explication apparente. Alors qu’une mortalité "normale" selon les apiculteurs, s’établit autour de 10 %.

Les scientifiques n’ont pas réussi à trouver une seule explication à ce "syndrome d’effondrement des colonies", mais un ensemble de causes qui provoqueraient la disparition des colonies d’abeilles :


- des causes "pathogènes" comme certains parasites, virus ou champignons,
- le manque de diversité génétique (les abeilles ont été sélectionnées pour leur productivité, mais sont moins adaptées à leur milieu),
- le manque de nourriture dû à une agriculture intensive qui réduit la biodiversité,
- les pratiques des apiculteurs, qui notamment aux Etats-Unis transportent les ruches à travers tout le pays pour polliniser les cultures et affaiblissent leurs essaims par ces voyages incessants,
- enfin (et surtout ?) les pesticides : "Le catalogue des produits phytopharmaceutiques dénombre aujourd’hui 5 000 produits commerciaux dont l’utilisation selon des méthodes non autorisées est susceptible de provoquer des dommages irréversibles sur les colonies d’abeilles", indique un rapport de l’ANSES daté de 2008.

 

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Monsanto rachète une entreprise de préservation des abeilles


Pour endiguer cette disparition, les recherches vont bon train. Et c’est là que Monsanto entre en scène. En 2011, la multinationale rachète Beeologics, une entreprise spécialisée dans la recherche et la production de solutions pour améliorer la santé des abeilles. "Notre mission est de devenir les gardiens de la santé des abeilles partout dans le monde", indique son site internet.


Dans un communiqué de presse la firme américaine justifie ce rachat : "Monsanto sait que les abeilles sont une composante clé d’une agriculture durable dans le monde."

Beeologics a développé un produit à base d’ARN (une sorte de copie de l’ADN qui permet aux cellules de fabriquer les protéines dont elles ont besoin) pour lutter contre certains virus : "Une copie d’une séquence d’ARN du virus est introduite dans la nourriture des abeilles et leur organisme le perçoit comme un signal pour détruire le virus" explique Jay Evans, chercheur spécialiste de la génétique des abeilles au ministère de l’agriculture des Etats-Unis. Ce traitement, appelé Remebee, "réduit le syndrome d’effondrement des colonies", promet Beeologics.

"La technologie à l’air sûre et c’est un succès, c’est pour cela que Monsanto a racheté Beeologics", poursuit le chercheur, joint au téléphone.


Mais Christoph Then, vétérinaire, spécialiste des biotechnologies et ancien expert pour Greenpeace, ne partage pas cet enthousiasme : "Le procédé utilisé a été découvert il y a seulement quelques années. On ne connaît pas encore tous ses effets, il y a débat dans la communauté scientifique." Surtout, Beeologics a testé les conséquences de son produit sur les abeilles, mais qu’en est-il sur d’autres organismes ? "L’ARN utilisé n’est pas stable et peut passer d’un organisme à l’autre, poursuit cet expert. Donc à ce stade, cette technologie n’est pas assez sûre pour être utilisée dans l’environnement."

Pourtant au ministère de l’Agriculture américain, Jay Evans prédit déjà un bel avenir à ce remède pour les abeilles : "La technologie va se développer dans les prochaines années." Beeologics espère même commercialiser un produit qui, grâce au même procédé, rendrait les abeilles résistantes au varroa, l’un de leurs parasites les plus destructeurs et contre lequel les apiculteurs sont de plus en plus démunis. Ce marché des traitements pour abeilles est dans doute minuscule comparé à celui des semences ou des pesticides, mais cela permet au moins à Monsanto de se racheter une image auprès de certains apiculteurs.


Un "sommet sur la santé des abeilles"


D’ailleurs, pour montrer son implication dans la protection des abeilles, Monsanto est allé jusqu’à organiser en juin de l’année dernière un "sommet sur la santé des abeilles" à son siège de Chesterfield.

Réunissant chercheurs, apiculteurs et industriels, l’initiative a étonné aux Etats-Unis. Au programme des discussions, les multiples causes du syndrome d’effondrement des colonies. A savoir la destruction des habitats et des sources de nourriture des abeilles, le virus varroa... et les pesticides.

 

Au programme des discussions, les multiples causes du syndrome d’effondrement des colonies. A savoir la destruction des habitats et des sources de nourriture des abeilles, le virus varroa... et les pesticides.

Il s’agirait d’une belle opération d’enfumage, pour faire oublier que les pesticides sont les principaux responsables de la disparition des abeilles, estime l’association environnementale Pesticide Action Network. Elle dénonce les "efforts insidieux de Monsanto et des autres fabricants de pesticides pour discréditer les études scientifiques sur les impacts des pesticides sur les abeilles". Selon elle, Monsanto tente de faire croire que les pesticides ne sont qu’un problème mineur et que c’est le varroa destructor, ce parasite des abeilles, qui serait la menace la plus sérieuse...

"Les abeilles dérangent, rappelle Henri Clément, porte-parole de l’UNAF (Union National des Apiculteurs de France), elles posent la question de la qualité de l’environnement. Elles sont des lanceurs d’alerte et ont été les premières touchées par les pesticides."


Les néonicotinoides, nouveau danger

 

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Surtout, remarquent les apiculteurs, l’apparition du syndrome d’effondrement des colonies coïncide étrangement avec la mise sur le marché d’une nouvelle classe de pesticides à partir des années 1990 : les néonicotinoides.. Produits par Bayer ou Syngenta (par ailleurs producteurs, eux aussi, de semences transgéniques), ils enrobent aussi les semences de Monsanto, notamment les graines de maïs.

Leur action consiste à attaquer le système nerveux central des insectes. Chez les abeilles, une étude a ainsi montré, pour un néonicotinoide couramment utilisé, qu’il désoriente les abeilles : elles ne retrouvent plus la ruche. "Cela entraîne un risque de disparition de la colonie", indiquent les chercheurs.


Ces pesticides affaibliraient aussi les défenses imunitaires des abeilles, indique une autre publication scientifique, les rendant plus sensibles aux parasites, aux maladies, ou au manque de nourriture quand la saison n’est pas clémente... Bref, ils seraient l’élément déclencheur, davantage que tous les autres facteurs responsables du syndrome d’effondrement des colonies.

Les soupçons sur ces pesticides nouvelle génération sont suffisamment étayés pour que l’Union Européenne ait décidé de suspendre l’utilisation de trois néonicotinoides pendant deux ans (depuis le 1er décembre 2013). Mais les apiculteurs demandent une interdiction ferme. "Les abeilles sont des empêcheurs de tourner en rond, un grain de sable dans l’engrenage de Monsanto", poursuit Henri Clément.

 

Monsanto continue de détourner l’attention. Par exemple, l’entreprise est fière de citer parmi les "co-organisateurs" de son sommet sur la santé des abeilles le Project Apis m, un programme qui déclare fournir du matériel aux laboratoires et proposer des bourses aux jeunes scientifiques. Mais surtout, il incite les agriculteurs à semer des plantes nourrissantes pour les abeilles en période de pollinisation. Une autre action pour "sauver" les abeilles, financée par Monsanto.


Monsanto rachète une firme stratégique du royaume des abeilles


Le congrès de Chesterfield a également été l’occasion pour l’entreprise de se faire des contacts intéressants. Autre "co-organisateur", le Honey Bee Advisory Council ou Comité de conseil sur les abeilles. C’est une organisation créée par Monsanto, qui se vante d’y réunir "des membres de l’industrie apicole, des experts et des membres du monde académique". On y trouve notamment un ancien président de l’Association américaine des apiculteurs, mais aussi Gus Rouse, propriétaire de Kona Queen, la plus grosse entreprise de production de reines d’abeilles aux Etats-Unis. Une firme qui mérite la plus grande attention.


Située à Hawaii, Kona Queen produirait plus de 200 000 reines par an - le chiffre exact reste secret. Car ce marché ne compte que trois grands producteurs qui, pour des raisons de concurrence refusent de les dévoiler. Même avec les statistiques officielles, Danielle Downey, représentante du ministère de l’agriculture américain auprès des apiculteurs d’Hawaii ne peut faire que des estimations : "Environ 25 % des reines des Etats-Unis et 50 % des reines au Canada viennent d’Hawaii".

L’Etat du Pacifique sous bannière étoilée profite de son climat favorable pour produire des reines presque toute l’année. "Ce sont les premières de la saison, les apiculteurs d’Amérique du Nord les font venir pour pouvoir développer leurs colonies plus tôt au sortir de l’hiver, raconte Danielle Downey. Avec l’apparition du syndrome d’effondrement des colonies, les apiculteurs ont de plus en plus besoin de reines pour remplacer les essaims perdus. La demande dépasse la production, et l’industrie est en pleine croissance".


La production de reines est donc un secteur économique qui pourrait s’avérer de plus en plus rémunérateur, même s’il ne dépasse pas là pour l’instant quelques millions de dollars. Se rapprocher du principal producteur de reines des Etats-Unis permet aussi à Monsanto de mettre un pied dans la sélection génétique des abeilles, une des pistes aujourd’hui privilégiées par les chercheurs pour améliorer leur santé.

 

Dans une ruche, il n’y a qu’une seule reine, mère de toute la colonie. Son patrimoine génétique est de première importance. Depuis longtemps, les reines ont été sélectionnées pour leur productivité. Désormais, on les sélectionne aussi pour leur résistance à ces multiples facteurs responsables du syndrome d’effondrement des colonies. A Hawaii, "nous travaillons sur des abeilles résistantes au varroa par insemination artificielle", indique Danielle Downey.


Des abeilles transgéniques ?


Alors Monsanto envisage-t-il de créer des abeilles transgéniques ? La question a été débattue au Congrès mondial des apiculteurs en septembre dernier. "Monsanto a bien manipulé le colza pour qu’il résiste à leur propre désherbant et maintenant ils peuvent vendre à la fois les semences et le RounUp, rappelle Gilles Ratia, président de la Fédération Internationale des apiculteurs Apimundia. Alors on les soupçonne de vouloir comprendre le métier d’élevage de reines pour les rendre résistantes aux graines enrobées de néonicotinoides, ou à leur maïs OGM sécréteur d’insecticides. Ils déposeraient un brevet, puis ils vendraient à la fois les semences et les abeilles pour les polliniser !"


Un étrange événement, survenu en mars 2012, vient renforcer ces soupçons. Aux Etats-Unis, les ruches d’un célèbre naturaliste, Terrence Ingram, ont été saisies par le ministère de l’agriculture de l’Illinois. Il travaillait depuis plus de quinze ans sur les effets du RoundUp, l’herbicide mondialement connu de Monsanto, sur les abeilles. Après des années de sélection génétique, trois ruches et leurs reines avaient résisté plus d’un an, malgré les épandages de RoundUp.


Au début du printemps, les inspecteurs du ministère ont débarqué "sans aucun avertissement, raconte Terrence Ingram, joint par Reporterre. Ils ont pris trois ruches, et tué les reines des deux autres. Ils ont déclaré que mes ruches étaient contaminées par la loque américaine. Ce qui est faux, j’avais les preuves qu’elles étaient saines mais je n’ai pu les présenter que trois semaines plus tard au tribunal, c’était trop tard. Tout était déjà détruit."

Le travail de Terrence Ingram avait de quoi gêner Monsanto. "Il est certain que le RoundUp tue mes abeilles : en 1996, mes 250 ruches ont été exposées au RoundUp et toutes sont mortes. Depuis, chaque année je rachète des essaims, chaque année le RoundUp est répandu, et chaque année ils meurent... Sauf celles qui avaient enfin développé une résistance. Aujourd’hui, je ne sais toujours pas où sont les ruches que l’on m’a prises, si elles ont été vraiment détruites." Certaines associations environnementales des Etats-Unis soupçonnent Monsanto d’avoir volé les ruches, pour mener des recherches. "Je n’ai aucune preuve qu’ils soient derrière cela", tempère le naturaliste.


Au Congrès sur la santé des abeilles organisé par Monsanto, un apiculteur a relayé l’inquiétude de sa profession à propos des abeilles OGM, indique un journal local. Réponse de Jerry Hayes, responsable de la recherche sur les abeilles chez Monsanto : "Nous n’avons pas l’intention de modifier génétiquement une abeille, ou d’en créer une qui ne polliniserait que les semences de Monsanto. Notre but est de protéger leur santé."

Le scientifique Jay Evans se veut lui aussi rassurant : "Pour l’instant personne n’a jamais fait cela, la génétique des abeilles est trop complexe. Et puis, on ne se permettrait pas d’aller dans ce sens pour les abeilles : ce serait trop dangereux. Le seul insecte que l’on ait génétiquement modifié est le moustique responsable de la malaria. C’est une maladie terrible et même là, il a fallu vingt ans que la technique soit sociaiement acceptée. Je ne pense pas que nous aurons un jour des abeilles génétiquement modifiées."


Quoi qu’il en soit, pour l’instant, Monsanto n’a pas encore sauvé les abeilles. Sur internet, les écolos américains s’amusent sur un ton doux-amer à imaginer ce qui se passerait si les abeilles disparaissaient... Ils signalent à Monsanto qu’un laboratoire d’Harvard, le Microrobotics Lab a déjà développé un robot pollinisateur. Le Robobees serait bientôt capable de remplacer les abeilles dans les champs d’amandiers ou de maïs... "Mais les abeilles robots ne savent pas danser", rappelle un article du Guardian Liberty Voice.


Source : Marie Astier pour Reporterre.

 

 


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