Jeux olympiques d'hiver 2030 en région PACA : une certaine indécence

Publié le par Notre Terre

Les J.O c’est fini !

La région PACA se réchauffe 20% plus vite que le reste du globe et les effets délétères du réchauffement climatique sont encore plus visibles dans nos montagnes que partout ailleurs. Début octobre 2023, il fait 30 degrés au soleil dans les Hautes-Alpes ; le basilic et les fraisiers refleurissent ainsi que les pissenlits qui se croient au printemps. Nous sommes à l’aube d’un changement de civilisation beaucoup plus important que la chute de l’Empire Romain ou bien que les deux dernières guerres mondiales, et nos dirigeants, au lieu de planifier et d’anticiper ces changements préfèrent nous apporter de la distraction comme pour oublier ce mal insidieux qui rampe jusqu’à nous depuis plus de cinquante ans.

Fonte glacier blanc

Maintenant que le mal est à nos portes, au lieu de le repousser et de le combattre, nous les ouvrons en grand et le laissons entrer pour danser avec lui notre dernière danse dans un bal macabre, sous l’œil des caméras de télévision. La fin du monde filmée en direct en somme.

Oui, il est plus facile de danser et de chanter comme la cigale que de travailler comme la fourmi, seulement à l’instar de la fable de La Fontaine nous serons bien dépourvus une fois l’éternel été installé. Mais telle est notre société qui se complait dans la médiocrité et le divertissement afin de ne surtout pas appréhender la réalité du monde et d’affronter le plus grand défi qui s’impose à nous. Alors on nous vend des smartphones, des réseaux sociaux, des jeux vidéo, de la téléréalité comme pour anesthésier nos cerveaux, comme pour étouffer toute velléité de réfléchir et de se réveiller.

Dans la longue liste des anesthésiants sociétaux se trouve en bonne place les jeux olympiques, véritables pompes à fric et machines de destruction massive. Vidés de leur substance originelle, les premiers jeux furent organisés en l’honneur de Zeus dans la cité d’Olympie et seule la compétence sportive primait alors. Aujourd’hui ils sont une opportunité, car ce qui se déroule derrière les jeux est bien plus important que les jeux eux-mêmes, comme pour un iceberg dont l’essentiel de sa masse est immergé.

Qui a encore envie de croire aux discours musclés de M. Muselier, le Président de la région PACA lorsqu’il raconte à qui veut l’entendre qu’il veut agir contre le réchauffement climatique ? On ne peut pas s’engager publiquement en disant vouloir sauver l’environnement et dans le même temps remuer ciel et terre pour que les Alpes du Sud accueillent les jeux olympiques d’hiver. Le bilan écologique de la tenue de jeux olympiques est calamiteux, ils rejettent en moyenne dans l’atmosphère 3 millions de tonnes de CO2. Avec ces JO dans les alpes françaises, on déversera les chaudrons de l’enfer sur des montagnes déjà agonisantes… Pour illustrer mon propos, l’académie suisse des sciences révèle que les glaciers suisses ont perdu 10% de leur masse entre 2022 et 2023 soit autant qu’entre 1960 et 1990.

Les élus haut-alpins sont en état de grâce. Exaltés par ces nouvelles perspectives économiques et excités par la gloire et la renommée signaient une tribune nous expliquant que ces jeux olympiques étaient la chance de notre vie et qu’une opportunité pareille ne se présente que tous les cinquante ans.  Rapidement après, ils balayaient d’un revers de la main les inquiétudes de nombreux citoyens concernant le coût financier et écologique de ces quinze jours de fête en traitant les écologistes de rageux et rabat-joie et qu’en six ans des solutions techniques seraient trouvées pour rendre ces jeux propres.

Croire en un miracle techno-scientiste pour rendre des jeux olympiques verts est d’une grande naïveté, mais dans ce cas précis cela relève plutôt du mensonge car eux-mêmes n’y croient pas. Des JO propres cela n'existe pas, qu’on se le dise. Les trois quarts des haut-alpins sont opposés à ce projet mortifère. En effet, au mois de septembre de cette année, 76% de personnes ayant bien voulu répondre au sondage d'Alpes 1 sur l'éventuelle tenue des JO en 2030 sont contre la candidature de la région Paca.

Sondage JOd'hiver 2030

Notre qualité de vie sera sévèrement et durablement impactée : il est à prévoir une accélération de l'urbanisation (nouveaux axes routiers, agrandissements de routes, construction de nouveaux logements et hôtels de luxe, construction et aménagements de complexes sportifs, des coupes d'arbres voire de forêts et j'en passe !).

Une consultation citoyenne devrait être obligatoire car on ne fait pas des JO comme on va acheter une baguette de pain. La véritable démocratie ne doit pas être le privilège de quelques-uns qui se tiennent la main dans les hautes assemblées, mais elle est l’affaire de tous. La dévastation écologique que vont générer ces jeux doit être prise très au sérieux et nous savons tous qu'ils sont un prétexte pour Renaud Muselier qui nourrit de grandes ambitions personnelles. Peut-être que lui aussi pense à un destin plus grand lorsqu’il se rase le matin devant la glace.

Je n’aborde ici que l’aspect lié à la dégradation de la nature mais l’aspect social et moral est tout aussi important. Nos hôpitaux sont à l’agonie, les services publics s’effondrent, on rabote les budgets ça et là et on nous propose des jeux olympiques à plusieurs milliards d’euros… Il y a comme un malaise dans cette économie à deux vitesses.

Pour conclure mon discours avec un sentiment très personnel, je pense sincèrement que ces JO n'auront jamais lieu. Nous fonçons droit vers une catastrophe climatique qui nous laissera tous exsangues et dans 6 ans la situation sera telle qu'une certaine "pédagogie de la catastrophe" les rendra anachroniques, pour ne pas dire, indésirables.  Quant à ces élus qui nous traient de rageux et de rabat joie, je leur répondrai que nous avons une lucidité qui n'est pas dictée par des intérêts économiques ou industriels. Nous pensons aux générations futures, quand eux, pensent à la gloire.

Jérôme Garnier

 

 

 

Publié dans Habitat, Hautes-Alpes, Pollution

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