Ecologie et sapin de Noël : pourquoi nous devons soutenir le maire de Bordeaux.
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Pierre Hurmic, maire écologiste de Bordeaux, est en ce moment sous le feu des critiques à la suite de sa récente décision de supprimer « l’arbre mort de Noël ». Certaines personnes mal intentionnées voudraient se servir de cet événement pour faire passer les écologistes pour des rabat-joie, voire des trouble-fête sans cœur à l’égard de la magie de Noël.
Une magie qui coûte cher à la planète :
Commençons par les premiers chiffres dévoilés par la mairie de Bordeaux concernant la vénération d’un cadavre d’arbre :
« Le coût d’installation de cet arbre est de 60.000 euros, il doit traverser plus de la moitié de la France en camion et en convoi exceptionnel (pour un arbre de 17 mètres), temps de montage de quatre nuits, avec 12 agents mobilisés en horaires de nuit avec trois nacelles et une grue de trente tonnes ; mise en lumière de 10 km de guirlandes électriques, vandalisme fréquent induisant des coûts de gardiennage de nuit ».
Voici maintenant des chiffres plus globaux concernant le gaspillage sans nom des fêtes de Noël :
Entre le 24 et le 25 décembre l’obèse en rouge aura émis en moyenne soixante-dix millions de tonnes de CO2 soit l’équivalent des émissions totales du Qatar sur une année.
Les quelque trois cent vingt-et-un mille tonnes de jouets auront parcouru cent quatre-vingt-seize millions de kilomètres.
La production des matières premières à leur distribution, l’ensemble des présents que les enfants retrouvent au pied du sapin ont généré un peu plus de soixante-huit millions de tonnes d’émissions de CO2, dont neuf cent quatre-vingt-trois mille ont été rejetées par les usines.
Quant à l’emballage papier utilisé pour confectionner les paquets cadeaux, il engendre à lui seul une émission de deux cent quatre-vingt-quatre mille tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
En plein bouleversement climatique a-t-on le droit d’agir ainsi ? Noël ne serait-elle pas la fête de trop ? Combien de Noël la Terre pourra encore supporter ?
La manifestation d’amour que l’on porte à nos proches n’est pas obligatoirement une preuve matérielle. Noël est avant tout une fête de rassemblement, où l’on se retrouve en famille, où l’on revoit celles et ceux qui nous ont manqués. On peut tout à fait passer des fêtes où la sobriété remplacerait l’opulence des jouets en plastiques, des consoles de jeux vidéo et autres tablettes et téléviseurs. Le principal est d’être uni autour de la table avec ceux qui nous sont chers. Le reste n’a aucune importance. Le reste inflige de graves blessures à la Terre, car la plupart des cadeaux qui se retrouvent au pied du sapin viennent de Chine, confectionnés par des personnes en état de semi esclavage ou par des prisonniers politiques. Noël a un coût humain et environnemental très élevé.
Ayatollahs de l’écologie ?
Le nouveau garde des sceaux, Eric Dupont Moretti, considère certains écologistes -notamment celles et ceux s’inquiétant de la souffrance animale- comme des ayatollahs. Ayatollah est un titre honorifique donné aux principaux chefs religieux de l'islam chiite et c’est manquer de respect à la religion d’autrui que d’utiliser ce terme pour décrire telle ou telle personne. Mais soit, reprenons donc les mots du ministre de la justice.
Selon la définition du Larousse, le mot Ayatollah a été utilisé afin de décrire une « Personne aux idées rétrogrades qui use de manière arbitraire et tyrannique des pouvoirs étendus dont elle dispose ».
Ayatollahs du capitalisme : explications.
Le capitalisme mondialisé est la forme de commerce la plus agressive qui existe sur Terre. Le réchauffement climatique, l’acidification des océans, la fonte des glaciers, le recul des terres, la baisse de productivité agricole, les cancers et autres maladies de civilisation, les OGM, la cinquième extinction de masse des espèces vivantes, le septième continent de plastique et j’en passe, sont des monstruosités générées par un capitalisme mondialisé, déréglé, sans foi ni lois.
L’être humain dans l'ensemble, ne connaît pas les vertus de la voie du milieu et sombre lamentablement dans les extrêmes. Mécaniquement, une situation extrême donnée va générer dans le même temps une réponse équilibrée de force proportionnelle équivalente. Il en va ainsi des lois de l’univers. Les ayatollahs du capitalisme ont créé les ayatollahs de l’écologie. Nous sommes devenus la réponse évidente et nécessaire à un mal qui nous ronge.
Le cas du sapin de Noël de la ville de Bordeaux est un symbole fort qui doit marquer les esprits comme un tournant que doit prendre l’humanité dès maintenant.
Jérôme Garnier
Fondateur de www.notreterre.org
Auteur : « Embrasement : histoire de la fin programmée d’une ère ». Livre en rupture.