Les fossoyeurs de la Nature ou le requiem pour la Terre
Par facilité et démagogie, le gouvernement de Gabriel Attal a multiplié les renoncements écologiques supposés répondre à la colère des agriculteurs. Face à cette escalade inquiétante de la violence, le gouvernement a plié avec une curieuse rapidité et une certaine complaisance.
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Choisissant de mettre en scène une opposition caricaturale entre environnement et agriculture, le Premier ministre a ainsi suspendu le plan Ecophyto qui vise à réduire le recours aux pesticides.
Les travaux des scientifiques sur ces 30 dernières années ont permis à des experts de l’Inserm d’établir un lien entre l’exposition aux pesticides et certaines maladies humaines, notamment le cancer de la prostate et plusieurs cancers hématopoïétique. Le nombre de nouveaux cas de cancers a presque doublé en France, avec une augmentation de 98% chez l'homme et de 104% chez la femme, annonce l'Institut national du cancer le 4 juillet 2023.
Le gouvernement français et la FNSEA ainsi que les JA seront directement responsables de l'hécatombe de nouveaux cancers qui apparaitront ces prochaines années. Ils seront directement responsables de l'effondrement de la biodiversité et des pollinisateurs, pierres angulaires de la sécurité alimentaire.
M. Attal a également annoncé son soutien aux nouveaux OGM, plaidé pour une simplification du droit protégeant les haies, ou encore décidé de réduire les délais de recours juridiques qui permettaient d’empêcher des projets illégaux comme certaines méga-bassines ou les élevages industriels.
Ce grand bond en arrière politico-juridique ne prépare absolument pas l’agriculture à faire face aux enjeux climatiques et énergétiques de demain. Ce n’est pas en érigeant les écologistes comme les responsables de tous les maux dont est victime l’agriculture que nous trouverons ensemble les solutions permettant aux paysans de s'adapter aux crises écologiques.
Le Premier ministre a donc calmé une crise sociale au prix d’une crise écologique. Nous payerons cher ces petits arrangements avec la nature et notre incapacité à tenir compte des contraintes écologiques, avec lesquelles personne ne négociera, même en bloquant routes et autoroutes.
Cette semaine de colère agricole est un échec collectif.
Un échec des écologistes qui n’ont pas su trouver les mots et les solutions audibles par une profession agricole aux prises avec des injonctions contradictoires, appelée à produire plus et mieux avec moins d’aides. Un échec du monde agricole qui, en regardant dans le rétroviseur des trente glorieuses ne voit pas le mur écologique vers lequel il fonce. Un échec cinglant du politique qui s’est installé dans un court-termisme dont nous payerons les conséquences tôt ou tard.
L'opposition entre agriculteurs et écologistes est une construction politique. En effet, les associations écologistes comme Agir pour l'Environnement travaillent étroitement avec certains syndicats agricoles pour élaborer ensemble des solutions lucides, mais aussi, pour inventer et soutenir une transition massive vers l'agroécologie paysanne et l'agriculture biologique.
Même s'il est trop tôt pour tirer les enseignements de cette crise, nous devons constater que notre poids est insuffisant. Les écologistes n’ont jamais atteint la taille critique permettant de peser et créer un rapport de force.
L’Office français de la biodiversité (OFB) va être mis sous tutelle : « Les agents deviendront les pantins du préfet »
"On a l’impression que, dans notre pays, il vaut mieux ne pas être agent de l’environnement, parce qu’on risque de se faire malmener. Il y a deux poids, deux mesures. Les agriculteurs peuvent faire ce qu’ils veulent, verser du lisier, et personne ne dit rien, on les laisse faire. On a le sentiment d’être lâchés par [le ministre de la Transition écologique] Christophe Béchu et par le directeur de l’OFB."
Véronique Caraco-Giordano, secrétaire générale du Syndicat national de l’environnement (SNE)
La loi du plus fort et du plus violent :
Au printemps dernier, l’OFB de Brest avait été incendié en marge de manifestations de pêcheurs.
Le 18 janvier, le bâtiment de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de Carcassonne, dans l’Aude, a été détruit par une explosion. Le 28 janvier, du fumier a été déversé devant l’OFB du Quesnoy (Nord).
Au mois de décembre 2023, à Gap, dans les Hautes-alpes, des agriculteurs en colère avaient déversé du fumier et autres encombrants agricoles devant l'OFB en signe de mécontentement car ils contestaient le comptage des loups.
Par endroit, on demande à certains agents de l'OFB de rester chez eux et de ne pas se rendre au bureau car de vrais menaces physiques pèsent sur eux.
Est-ce que ceci est normal dans une république qui se dit démocratique? Une caste a t-elle le droit de faire régner la terreur pour arriver à ses fins? Au lieu de courber l'échine comme l'a fait le gouvernement, une autre solution toute simple aurait pu être appliquée : SORTIR LE CARNET DE CHEQUE.
L'année dernière M. Macron a acté la nouvelle loi de programmation militaire qui nous coûte la bagatelle de 400 milliards d'€. N'avons-nous pas un petit milliard ou deux pour aider l'agriculture à réussir sa transition écologique? Au lieu de ployer aussi facilement et avec tant de complaisance, le gouvernement aurait du rester inflexible concernant les règles environnementales et mettre de l'argent sur la table pour préparer le futur et notre résilience alimentaire. En d'autres termes nous essayons d'éteindre un incendie en y rajoutant du bois mort. Ces choix, croyez-moi, seront un jour amèrement regretté.
L'écologie devra se radicaliser si nous voulons sauver la vie sur terre, c'est inévitable.