Avec leurs économies, ils rachètent des forêts françaises de plusieurs hectares pour les sauver
Au lieu de placer leur épargne dans des assurances vies ou d’investir dans l’immobilier, des Français préfèrent utiliser leurs économies pour acquérir des forêts. Pour cela, ils ont rejoint le groupement forestier Cerf Vert, né près de Lyon en 2020. Ils ont déjà acheté deux parcelles et viennent de signer des compromis de vente pour deux autres. Une façon bien à eux de protéger la biodiversité.
C’est un investissement d’un nouveau genre qui se développe petit à petit dans le sud-est de la France depuis 2020. Des particuliers peuvent placer leurs économies dans le groupement forestier Cerf Vert et devenir copropriétaires de bois pour y faire de la sylviculture.
Pour devenir associé, il faut au minimum verser 2 000 €. Ils profitent d’une réduction d’impôt et peuvent retirer leur argent sans condition au bout de cinq ans. « Nous ne pouvons pas garantir de taux de rentabilité annuel de 1 % ou 2 % », prévient l’un des trois cogérants Max Senange. Pour le moment, le capital de Cerf Vert s’élève à 500 000 €.
40 000 € pour dix hectares
Avec cet argent, le groupement achète des forêts. Il a déjà fait l’acquisition de deux parcelles depuis 2020. La première de dix hectares se situe en Ardèche et est composée notamment de sapins pectinés, de pins sylvestres, de hêtres, d’épicéas et de chênes. La seconde de 22 hectares se trouve en Savoie, a repéré le Dauphiné libéré Cerf Vert est en passe de devenir propriétaire de deux autres forêts. « Nous attendons le rendez-vous chez le notaire », nous précise Max Senange.
Pour identifier ces forêts en vente, Cerf Vert s’appuie sur son réseau mais aussi sur des agents immobiliers spécialisés dans le domaine. Il consulte des petites annonces et repère des terrains sur la bourse forestière. « Pour dix hectares, il faut compter 40 000 €. Un hectare se vend entre 1 000 et 20 000 €, selon son accessibilité et la qualité du bois. »
Quels sont leurs objectifs ?
Après avoir acheté ces terrains, les 130 associés doivent évidemment les gérer. L’idée première de ce groupement est la sauvegarde de la biodiversité. Ils effectuent un inventaire des espèces de la faune et de la flore, comme l’a souligné France 3 Auvergne Rhône Alpes dans un reportage. Ils analysent la qualité des bois et déterminent quelles filières pourraient être intéressées par leur projet : ameublement, construction, énergie…
Ils vendent le bois essentiellement à des scieries installées à proximité. Pour le bûcheronnage manuel, ils font appel à des professionnels locaux tout en respectant bien sûr les périodes de nidification et en n’abîmant pas les sols.
Les associés ont la possibilité de s’investir à 100 % en venant régulièrement sur place, en visitant le site avant de signer le compromis de vente, en participant à l’inventaire ou à la récolte du bois, en organisant des animations sur place. Ils apprennent à gérer une forêt, préserver les fleurs, les champignons… Néanmoins, la plupart d’entre eux se contentent de placer leur épargne.
Bientôt des forêts franciliennes ?
Cerf Vert ne court pas après une rentabilité maximisée sur chaque forêt achetée. Il a par exemple fait le choix de ne pas toucher à deux hectares lui appartenant à cause de la qualité du bois et du terrain. « C’est du bois fin et tordu sur une parcelle en pente. Un écosystème y est installé depuis plusieurs années. Nous avons décidé de n’y faire aucune intervention. » Pas question non plus de faire de la monoculture.
Pour le moment, le groupement a acquis des forêts exclusivement en Auvergne Rhône-Alpes mais compte s’étendre à d’autres régions, comme l’Île-de-France ou encore la Bourgogne Franche-Comté. Il espère aussi convaincre des propriétaires forestiers de leur vendre leurs parcelles. Il pourrait aussi travailler avec des organismes comme l’ONF pour ses animations. Cerf Verf organise d’ailleurs une sortie ludique samedi 26 mars 2022 dans sa forêt de Vocance. L’occasion de profiter d’un espace protégé.