La Thaïlande démarre 2020 avec l’interdiction des sacs en plastique

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La Thaïlande a commencé l’année avec une interdiction des sacs en plastique à usage unique dans les principaux magasins, poursuivant une campagne lancée par le gouvernement et les détaillants vers une interdiction complète en 2021 pour réduire les déchets et les débris dans la mer.

La sensibilisation du public aux risques pour les animaux et l’environnement a été soulevée l’année dernière lors d’une série d’incidents où des animaux, dont un cerf et un bébé dugong, ont été retrouvés morts avec du plastique dans leur système digestif.

« La Thaïlande a été classée sixième parmi les principaux pays du monde qui déversent des déchets dans la mer » … « Au cours des cinq derniers mois, nous étions en 10e position … grâce à la coopération du peuple thaïlandais. », a déclaré mercredi 1er janvier le ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, Varawut Silpa-Archa, aux journalistes après avoir distribué des sacs réutilisables au public.

Le ministère affirme que le pays a réduit l’utilisation des sacs en plastique de 2 milliards, soit environ 5 765 tonnes durant l’année 2019, dans cette première phase d’une campagne pour encourager la population à refuser volontairement les sacs en plastique dans les magasins.

« Au début, je n’y étais pas habitué parce que parfois j’oubliais et je venais sans. », a expliqué un client, Supanee Burut-string.

Varawut a déclaré que la partie la plus difficile sera de faire disparaître les sacs utilisés dans les marchés et dans les zones rurales (qui représenteraient 40% du total).

« Il ne sera pas facile de changer la façon de penser et le comportement de ces personnes », a-t-il déclaré.

 

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Le paradoxe australien : enfer climatique et dirigeant climatosceptique

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Alors que le pays est ravagé par des incendies liés au changement climatique, le Premier ministre Scott Morrison tend un morceau de charbon à l'Assemblée en soutien à l'industrie minière. Photos © CSIRO et Parliament of Australia.

Alors que l’Australie est à l’avant-poste dans ce que le changement climatique peut produire de pire, la très grande majorité des élites du pays se fourvoie paradoxalement de plus en plus dans un négationnisme climatique dramatique. Un paradoxe étrange qui témoigne d’une irrationalité crasse. Entre lobbies du charbon, accapareurs d’eau et surtout angoisse profonde du sentiment de déclin, une majorité d’Australiens choisit le camp du conservatisme climatosceptique et du repli sur soi. C’est le résultat politique de la peur dans une société atomisée, et cela devrait nous questionner, à l’heure où l’on détricote ici les structures de solidarité sociale.

Un avant-goût de l’enfer qui nous attend

En Australie, nous ne sommes qu’au début de l’été et pourtant les deux prochains mois pourraient être encore pires. Or, il fait 50°C à l’ombre et les incendies ont ravagé quelque 3 millions d’hectares de bush. 200 feux sont actuellement recensés dans le pays, dont 70 sont hors de contrôle, majoritairement dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud. Huit pompiers sont morts dans les opérations. De leur côté, les cinq millions d’habitants de Sydney respirent un air onze fois plus pollué que le seuil de dangerosité normal en raison des fumées. Les médecins ont déclaré l’état d’urgence sanitaire pour la ville.

Les scientifiques sont unanimes : les incendies ont été plus violents et plus précoces que d’habitude cette année en raison d’une sécheresse record qui dure depuis maintenant deux ans, due aux effets du changement climatique. Alors que certaines villes sont à court d’eau potable, d’immenses zones de végétation sont extrêmement sèches et offrent des conditions idéales pour la propagation des feux. Les dégâts sur la faune sont inédits : chauves-souris, oiseaux, reptiles aquatiques… et des animaux aussi emblématiques que le koala sont maintenant purement et simplement menacés de disparition.

En mars dernier, nous avions déjà écrit sur la situation dramatique du pays, au sortir d’un été particulièrement sec. Tout a commencé en septembre 2018 avec un épisode de sécheresse caniculaire qui s’est prolongé jusqu’en janvier, le mois le plus chaud de l’histoire du pays jusqu’à cette année. Des villes comme Adélaïde ou Port Augusta ont vu le thermomètre monter jusqu’à 49,5°C à l’ombre. L’État du Queensland, situé au nord-est du pays, avait été ravagé par des incendies d’une ampleur jamais observée de mémoire d’homme. Par ailleurs des millions de poissons ont été retrouvés morts le long du bassin hydrographique de Murray-Darling en raison de leur asphyxie par une bactérie mangeuse d’algues, dans le sud-est du pays. Rappelons que ce bassin concentre 40 % de toute l’activité agricole australienne.

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Qui dit sécheresse dit inondations, puisqu’une terre durcie par le manque d’eau absorbe très mal les pluies. Il a plu en quelques jours de février l’équivalent de plusieurs mois, ce qui a entrainé la mort de quelques 500 000 bovins. Englué dans la boue, la plupart du bétail est mort de faim et d’épuisement sur place. Pour certains fermiers du Queensland, c’est 95 % de leur cheptel qui ont été décimés pour un manque à gagner de plus d’un milliard de dollars. Pour venir en aide aux comtés touchés, le Premier ministre libéral-conservateur Scott Morrison, élu depuis août 2018 n’a débloqué que… 1 million de dollars. Ces derniers jours, alors que le pays est à feu et à cendres, il prenait des vacances à Honolulu – ce qui n’a pas manqué de déclencher une polémique. Il n’est rentré qu’en raison de la mort d’un huitième pompier dans la lutte contre les incendies. Pourtant, ça ne l’empêche pas d’être l’homme politique le plus populaire du pays : tout un paradoxe.

Le lobby du charbon tout puissant

La société australienne est de plus en plus polarisée autour des questions environnementales. D’un côté, la jeunesse et les centres urbains sont très mobilisés et manifestent par centaines de milliers lors des marches pour le climat, de l’autre, une majorité de l’opinion soutient leur Premier ministre climatosceptique. Canberra s’est d’ailleurs particulièrement illustrée lors de la COP25 en sabotant les négociations en matière d’échange de quotas carbone, à rebours de l’Histoire. La pomme de discorde, c’est évidemment l’économie, ou plutôt le court-termisme.

D’après la Brookings Institution, l’Australie serait l’un des pays qui devrait perdre le plus, avec ceux de l’OPEP, s’ils respectaient les engagements pris lors de la COP 21. Son PIB pourrait ainsi reculer de 2 % d’ici 2030, la richesse des ménages diminuer de 0,5 % et le nombre d’emplois baisser de 127 000. Pourquoi ? Parce que l’Australie est quatrième producteur mondial de charbon derrière la Chine, les États-Unis et l’Inde, mais surtout le premier exportateur mondial. Le charbon fournit 80 % de l’électricité nationale et rapporte environ 50 milliards de dollars à l’export. Les émissions australiennes de CO2 ont ainsi augmenté de… 46,7 % depuis 1990.

Pourtant, le rapport souligne qu’à terme l’Australie a tout à gagner à rester dans les clous de l’accord de Paris, car les catastrophes climatiques vont avoir un coût bien supérieur. Le pays commence à l’observer : en 2019, la production céréalière s’est effondrée de 50 % et le pays a dû importer pour la première fois en 10 ans. Nous ne parlons même pas des autres secteurs, y compris touristique, frappés. Pourtant, Scott Morrison peut se targuer d’une croissance de quelques 3 %, d’un taux de chômage de 5 %, d’une inflation maîtrisée et d’une dette publique de 40 % du PIB.

La raison en est simple : les cours du charbon et d’autres minerais montent. Cette dépendance aux exportations rend le pays extrêmement vulnérable – le fameux « syndrome hollandais »[1] : le pays se spécialise dans l’extraction minière et perd son industrie, d’autant plus rapidement que les salaires des mineurs sont très élevés, créant par la même occasion une caste extrêmement pro-conservateurs : les bogans.

Le charbon dispose de puissants défenseurs dans le pays, dont Rupert Murdoch, climatosceptique notoire qui contrôle 70 % de la presse nationale. L’organisation Transparency International a d’ailleurs rétrogradé l’Australie de la 7e place à la 13e place en termes de corruption, en raison notamment du poids du lobby du charbon. Un rôle certainement central dans la victoire surprise de Scott Morrison aux dernières législatives, alors que les travaillistes – ayant largement fait campagne sur l’environnement – étaient donnés favoris. Mais ce lien de causalité est loin de pouvoir expliquer à lui seul pourquoi, encore aujourd’hui, le Premier ministre climatosceptique est aussi populaire dans son pays.

Pourquoi l’Australie a-t-elle choisi un climatosceptique en plein drame climatique ?

Morrison s’est surtout adressé aux électeurs les plus âgés et les plus aisés, inquiets du programme de Bill Shorten, le candidat travailliste qui voulait supprimer diverses niches fiscales pour financer des dépenses en faveur de l’éducation, de la santé et du climat. Pourtant, les sondages donnaient ce dernier en tête.

Une fois dans l’isoloir, les Australiens ont donc voté en majorité pour leur portefeuille, ce qu’ils se gardaient bien de dire avant dans les enquêtes d’opinion. Un effet isoloir classique donc, qu’on a également observé avec le FN en France pendant de nombreuses années, lorsque le parti n’était pas encore aussi normalisé, ou encore avec Donald Trump. De même, au Canada, lors des élections fédérales d’octobre 2019, le Premier ministre Justin Trudeau a certes été réélu avec une majorité relative, mais les provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan, très dépendantes des hydrocarbures et des sables bitumineux, ont voté pour les conservateurs à 69 % et 64 % ! Ces derniers promettaient la suppression pure et simple de la taxe carbone et le développement des pipelines.

Lorsque le pire de chacun n’est plus canalisé par la pression morale de la société, il se déchaîne. En Australie, l’effet de masse du vote climatosceptique libère les énergies de la partie obscure des individus, et renforce les mécanismes de déni. Penser que la rationalité motive le vote est une lubie que la plupart des personnes ayant fait de hautes études – « formatées à la rationalité » – entretiennent. Le plus paradoxal, c’est que cette élite éduquée et médiatique qui met en avant la rationalité et le consensus en politique, est souvent la plus à même de basculer dans l’autoritarisme lorsque ses intérêts sont menacés. En France, on l’observe très bien vis-à-vis du mouvement des gilets jaunes et du mouvement contre la réforme des retraites : le degré d’études n’empêche pas de soutenir le tournant illibéral du gouvernement, bien au contraire.

Dans une période de déclin, la peur prend tendanciellement le pas sur la rationalité en politique, et oriente le vote davantage vers l’individualisme plutôt que vers la solidarité. Or le sentiment de déclin est inconsciemment d’autant plus partagé dans un contexte d’effondrement environnemental. Selon le sondage Ipsos/Sopra Steria pour Le Monde, réalisé en août 2019, 73 % des Français estiment que la France est en déclin. 65 % de nos compatriotes estiment que « c’était mieux avant » et seuls 40 % des personnes interrogées pensent que notre avenir est « plein d’opportunités ». En Australie aussi, la confiance dans l’avenir s’étiole. Un sondage spécial de Roy Morgan montre que 40 % des Australiens pensent que 2020 sera « pire » que 2019. Soit une augmentation significative de 26 points par rapport à l’année dernière et le chiffre le plus élevé depuis 1990.

On peut expliquer ce phénomène assez simplement. Lorsqu’on est soumis à un stress, le cerveau reptilien (fonctions vitales, réactivité, coordination musculaire etc.) prend le pas sur le cortex préfrontal – la « zone de la rationalité ». L’hippocampe, un petit organe niché au cœur de notre cerveau et essentiel au fonctionnement de notre mémoire et de notre imagination, est également particulièrement sensible au cortisol, également appelé « hormone du stress ». Il peut rétrécir de près de 20 % en situation de stress, d’anxiété, ou encore à la suite d’un traumatisme. Une telle diminution, surtout si répétée dans le temps, nous rend incapables d’envisager l’avenir d’une manière positive et optimiste. C’est pourquoi la destruction des structures de solidarité sociales – ayant pour but fondamental d’émanciper le citoyen de l’angoisse du lendemain – a un effet dévastateur sur l’imagination, donc sur la possibilité d’imaginer une alternative politique.

La politique très ferme en matière migratoire conduite par Scott Morrison – qui consiste par exemple à renvoyer automatiquement les bateaux vers l’Indonésie et la Papouasie – s’articule très bien avec l’exploitation de la peur de l’effondrement environnementale.

Que faut-il conclure du paradoxe australien ?

Comme le déclin économique, perceptible dans la plupart des pays de l’OCDE entraîne davantage une peur du déclassement qu’une massification des thèses anticapitalistes, le déclin environnemental, le sentiment de voir le monde s’écrouler, exacerbe les mécanismes de déni. La peur de la paupérisation – tant pour des raisons économiques qu’environnementales – suscite des réactions d’autodéfense primaire, plutôt que de la rationalisation politique. Cette réalité qu’on observe aussi en France – dans une très moindre mesure – est largement amplifiée dans des pays anglo-saxons tels que l’Australie. Beaucoup plus individualisés, sans État social ni mécanismes de solidarités organiques ambitieux, les individus y sont beaucoup plus susceptibles au stress de la subsistance.

En conclusion, pour qu’un peuple soit mentalement disponible pour relever le défi climatique – à travers par exemple l’élection d’un gouvernement de rupture – il faut qu’il dispose d’un minimum de mécanismes de solidarité, qu’il soit globalement émancipé de la peur des aléas principaux. À ce titre, on peut prendre le raisonnement dans l’autre sens : la réforme des retraites en France n’est pas tant un facteur d’accélération des mécontentements, potentiellement cristallisable à travers une opposition politique ambitieuse, mais plutôt une difficulté supplémentaire… À moins qu’elle soit stoppée par un mouvement social victorieux.

Si la peur du déclassement fait voter les pauvres à droite, ce qu’a déjà montré Thomas Frank en 2008 dans "Pourquoi les pauvres votent à droite : comment les conservateurs ont gagné le cœur des États-Unis", il faudrait désormais étudier ce que produit la peur de l’effondrement écologique dans le champ politique. Braque-t-elle les cerveaux en provoquant du déni ? Augmente-t-elle la masse critique d’électeurs susceptibles de choisir un projet écologiste et social ? En réalité, on observe les deux phénomènes contemporainement : la question environnementale est un point de scission de plus en plus important entre deux blocs. En revanche, on observe que cet antagonisme diffère en fonction de l’état d’avancement du délitement de la société par le libre marché. Dans une société anglo-saxonne individualiste comme l’Australie, la masse critique du vote autocentré et court-termiste est plus grande, même dans une situation environnementale aussi dramatique.

[1] Le « syndrome hollandais » (en anglais, « Dutch disease ») vient de la crise qu’a traversé l’industrie hollandaise suite à la découverte de gaz en Mer du Nord dans les années 1960. L’industrie gazière, en faisant grimper les salaires, a asphyxié l’industrie manufacturière. De nombreux pays souffrent de ce problème, notamment les pays pétroliers (Arabie Saoudite, Russie…).

Pierre Gilbert, www.lvsl.fr

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Brésil : bientôt des gisements miniers dans l'Amazonie

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BOLSONARO PLANIFIE LA FIN DES INDIGÈNES ET DE L'AMAZONIE PROTÉGÉE AVEC L'OUVERTURE DES MINES DANS LEURS TERRES

Son ministre des Mines et de l'Energie, Bento Albuquerque, qui compte présenter prochainement un projet de loi devant le Congrès brésilien pour légaliser les activités minières en terre indigène, a rencontré récemment des diplomates représentant 13 pays européens, dont la France et l'Allemagne pour défendre cet abominable projet, un écocide qui serait fatal à une forêt amazonienne déjà agonisante.

Le ministre défend l'importance [du projet] pour l'économie et le développement du pays", selon un communiqué publié sur le site internet du gouvernement, arguant qu'il s'agirait d'exploitation de "mines durables", deux mots dont l'association abusive est pour le moins antinomique,

L'ouverture aux activités économiques des terres indigènes faisait partie des promesses de campagne du président d'extrême droite, ce qui a accru ces derniers mois, selon des représentants de ces communautés indigènes et d'ONG, la violence et la pression des entreprises minières et d'exploitation du bois en Amazonie.

Planète Amazone s'engage à se mobiliser activement contre ce projet de destruction. Contactez l'association en messagerie privée sur facebook si vous voulez participer à nos actions de ripostes.

Source du communiqué : Planète Amazone

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En Australie, des snipers vont abattre 10.000 dromadaires assoiffés

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UNE HONTE! L'épreuve des flammes n'aura pas apaisé les australiens, bien au contraire! Après que 500 millions d'animaux sauvages aient péris dans les flammes, voici que l'Australie s’apprête à abattre 10.000 dromadaires. Ce pays n'en finit plus de perdre sa biodiversité...et son âme.

Des snipers vont abattre depuis des hélicoptères 10.000 dromadaires sauvages en Australie, en raison de la menace que constituent pour les populations ces animaux qui, du fait de la sécheresse, s’approchent de plus en plus des localités de l’intérieur du pays pour y trouver de l’eau.

Des responsables locaux de l’Etat d’Australie-méridionale affirment que des troupeaux “extrêmement importants”, en quête d’eau et de nourriture, menacent les réserves de ces villages, en plus de provoquer des dégâts et de constituer un danger pour les automobilistes.

Une “pression sur les localités aborigènes”

L’immense île-continent a vécu en 2019 son année la plus chaude et sèche, ce qui a non seulement entraîné de dramatiques feux de forêt qui font toujours rage dans certaines régions, mais aussi des pénuries d’eau dans nombre de localités.

Cette campagne d’abattage de cinq jours va être conduite dans les territoires de l’Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara (APY), vaste zone d’administration locale (LGA) gérée par les aborigènes dans l’extrême nord-ouest de l’Australie-méridionale. Il s’agit de la première opération du genre dans cet Etat.

“Ces troupeaux exercent du fait de la quête d’eau des dromadaires une pression sur les localités aborigènes des territoires de l’APY et les activités pastorales”, a expliqué dans un communiqué le comité exécutif des territoires de l’APY.

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POUR LA FIN DU RALLYE MONTE CARLO

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Faire l'apologie des loisirs motorisés dans un contexte d'urgence climatique.

Où est la cohérence ?

Le Massif Alpin a déjà pris 2°c au cours du 20ème siècle et les dernières prévisions annoncent 7°C pour 2050. Nous sommes à l'heure des marches mondiales pour le climat et d'une prise de conscience de l'urgence du changement à effectuer.

Et à côté de ça nous organisons des rallyes automobiles, qui font la promotion de la voiture individuelle, dans l'intérêt d'une industrie automobile, tournée vers le profit, et en partie responsable de la crise climatique. Nos élus et nos médias vont faire la leçon à la personne lambda qui a besoin de sa voiture (parfois un diesel) pour aller travailler, faute d'avoir accès à un service publique de transport en commun gratuit ou à moindre coût... Et par ailleurs, ces mêmes élus organisent des événements où les émissions de CO2 et les différentes pollutions ne sont absolument pas prises en compte, et sont gaspillés sans aucune légitimité à l'être, contrairement à notre personne lambda qui dans le contexte actuel à quelques excuses à utiliser sa voiture, même si elle aussi devra au final arrêter.

Donc oui arrêtons le Rallye Monte-Carlo, mais également tous ces événements qui n'ont plus leur place dans un monde où la sobriété est de mise, où il faut changer radicalement nos modes de production, de consommation, et de gouvernance : Tour de France cycliste, Jeux Olympiques, coupe du monde de football, championnats du monde d'athlétisme au Qatar (stade réfrigéré alors qu’il fait près 40 degrés), manifestations diverses et variées...

Quelle importance peut avoir tout cela face à l'enjeu de préserver l'humanité et toutes les espèces vivantes qui font que la planète Terre telle qu'on la connaît peut exister aujourd'hui et le pourra demain ?

Le coût de l'organisation de ce rallye

De très gros moyens financiers sont mis en œuvre pour le passage du Rallye Monte Carlo...aux frais des contribuables ! Ceux-là même à qui le Département et la Région ont augmenté les tarifs du ramassage scolaire de...170 % en 2018 ! Pour 2019, ce sont : 1131 gendarmes et 721 sapeurs-pompiers qui sont mobilisés. Sans compter le travail des employés communaux, la mise à disposition des infrastructures, l'entretien des routes....

L'importance toute relative des retombées économiques

«Le 86ème Rallye Monte-Carlo qui a rassemblé 235 000 spectateurs et dont les retombées économiques ont été estimées par l’Agence à 9,4 millions d’euros » selon le rapport activité de l'Addet en 2018.

L'association haute-alpine Alpes Rallye Clean, amie du Rallye Monte Carlo, quant à elle, annonce 3 800 000 € de retombées économiques directes et 9000 spectateurs présents sur les spéciales en moyenne. On peut déjà remarquer une certaine incohérence entre ces deux sources pro-rallye, notamment sur le nombre de spectateurs.

Rappel de données économiques locales : avec 388 000 lits touristiques, 22,7 millions de nuitées (46 % l’été, 38 % l’hiver et 16 % le printemps et l’automne), 1,22 milliard d’euros de consommation touristique (dont les 1/2 portés par les stations de ski), le tourisme génère 35 % de la richesse locale et 15 000 emplois. Cependant, l'économie touristique hivernale est subventionnée à 80%, alors que celle estivale l'est très peu.

Tout d 'abord, tous les spectateurs du rallye ne sont pas des « nuitées », donc, dans le cadre de l'événement, cela représente bien moins de 1% des nuitées.

Ensuite, l'impact économique serait de 9,4 millions d'euros, mais quel est le coût économique de l'impact négatif de cet événement en terme d'image et de cohérence de développement d'un territoire dédié aux activités de pleine nature ? Par ailleurs, si nous regardons les slogans de tous les offices de tourisme des territoires du département, la seule chose qui est mise en avant ces sont les mots « territoire nature et préservé » et des photos de nature grandiose. Pas d'images de pot d'échappement, de voiture ou de rallye.

Finalement, si on n'est pas capable de pallier au poids économique d'un rallye ne représentant même pas 1% de l'économie locale, comment va-t-on faire pour en changer 38% (tourisme hivernal) ? Et c'est pourtant bien cela qu'il faut entreprendre aujourd'hui !En fait qu'il aurait fallu démarrer il y a trente ans : en 2050, avec 7 degré de plus, cela en est fini de l'or blanc, et de beaucoup d'autres choses. Être dans le déni de ce constat ne nous permettra pas d'échapper à une réalité qui va nous sauter à la gueule.

Le greenwashing

Désormais, rallye rime avec écologie. Euh ?! Pardon ? J'ai bien compris ? « Pour la première fois, des sacs en cartons seront distribués aux spectateurs afin que ceux-ci puissent jeter leurs déchets. D’autre part, le rallye lance aussi une opération de reboisement et de compensation carbone ».

Allons, soyons sérieux une minute. Tout cela n'est que de la poudre aux yeux pour tenter de rendre un événement inacceptable, acceptable : ces « actions » ne sont que des leviers de marketing et de communication.

Même analyse en ce qui concerne la compensation carbone : « La compensation permet de continuer à exalter la voiture, et indirectement les énergies fossiles, tout en exprimant »un soi-disant « souci de l’environnement», affirme M. Fragnière, chercheur spécialisé dans les questions éthiques de politique environnementale (Le Monde, 06/03/2019). De plus, la reforestation s'apparente souvent à planter des espèces engendrant pollutions et destructions : par exemple du type eucalyptus pour la production de pâte à papier. Et dans ce cas-là, le carbone est à nouveau libéré dans l'atmosphère quand l'arbre est coupé... Sport 24, blog du journal le Figaro, écrit : « Promouvoir du sport automobile «vert», c'est maintenir en vie «l'émotionnel» automobile par le goût de la performance, sans mauvaise conscience, au service des ventes. » Par conséquent, l'enjeu est de maintenir les profits, dans l'économie capitaliste libérale, de l'industrie automobile.

Alors le rallye en voiture électrique ? Et bien, c'est toujours non : le bilan carbone de la voiture électrique est aussi catastrophique que celui d'une voiture au pétrole !

Un rallye automobile dans le Parc National des Écrins : de l'oxymore à la schizophrénie ?

Cette course va à l'encontre de l'engagement des communes qui ont signés la charte du Parc National des Écrins. Par ailleurs le circuit se déplace en limite du cœur de Parc : où est la cohérence ? C'est de l'irresponsabilité, d'autant plus que nous sommes dans un monde où il est demandé aux citoyen-ne-s de réduire leur impact environnemental, où les pics de pollution sont fréquents, et où il est avéré que le Massif Alpin à déjà pris, en moyenne, 2°C d'augmentation des températures.

Une société où, avec la participation des élus, des comportements irresponsables sont encouragés.

Le rallye promeut des comportements en totale contradiction avec les campagnes de prévention diffusées par la sécurité routière. Pour rappel : en 2016, 3 469 personnes ont été tuées sur les routes françaises.

L’incitation à la conduite à haut risque sur les routes est bien réelle. Lors des nombreux repérages et des entraînements pour les pilotes de rallye, les essais sont effectués aux côtés des usagers (piétons, cyclistes, automobilistes) parfois à grande vitesse, rendant la fréquentation des routes dangereuses et donnant un spectacle navrant d’inconscience. Ce type de manifestation constitue évidemment une « éducation à rebours » qui s’oppose aux efforts des enseignants, des éducateurs sportifs et des nombreuses associations qui travaillent pour une éducation à l’environnement, à la santé (lutte contre la sédentarité) et à la sécurité routière.

La « prise de conscience » du haut-alpin Sébastien Ogier

Il déclare dans le journal « Le Parisien », article du 3/10/2019, qu'il souhaite s'investir dans les combats écologiques : « « J'aime le sport auto pour l'adrénaline et la vitesse qu'il procure, mais j'aime de moins en moins les conséquences que l'industrie automobile a sur notre planète, justifie-t-il. C'est clairement un point qui me touche et je vais m'investir de plus en plus. (…) Je ne veux pas que mon fils me dise plus tard : Tu fais partie des gens qui ont laissé la planète dans cet état ? Je veux au contraire qu'elle soit meilleure pour lui. »

Alors, Ras le Rallye !!! Le collectif Ras le Rallye organise une manifestation et un blocage le 25 janvier à Gap, parc de Fontreyne : les infos sur Demosphere05.

Source de l'article : https://blogs.mediapart.fr/jbench/blog/221219/pour-la-fin-du-rallye-monte-carlo?fbclid=IwAR17WDIO464GJBjElfwnyL3yQdzRtJZLTLkoD2m7HLau7ZrliBLjT5ACF98

Publié dans Pollution

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