Lumière sur : le corridor biologique
es structures écopaysagères permettent de connecter ou reconnecter entre elles plusieurs sous-populations (patchs). Elles permettent la migration d’individus et la circulation de gènes (animaux, végétaux ou fongiques) d’une sous-population à l’autre.
La restauration d’un réseau de corridors biologiques (maillage ou trame écologique) est une des deux grandes stratégies de gestion restauratoire ou conservatoire pour les nombreuses espèces menacées par de la fragmentation de leur habitat). L’autre, complémentaire, étant la protection ou la restauration d’habitats. Ils sont encore peu protégés, mais depuis les années 1990, ils commencent à être intégré dans les politiques d'aménagement (restauratoire) du territoire et dans le droit international et local, contribuant à une troisième et nouvelle phase du droit de la conservation de la nature.
Les réseaux écologiques cherchent à maintenir et restaurer les fonctionnalités des écosystèmes et les dynamiques des espèces. Ils apportent en cela une réponse ambitieuse et de long terme aux problématiques de conservation du patrimoine naturel.
C'est pourquoi, de nombreux pays se sont engagés à mettre en œuvre des réseaux écologiques, que ce soit à l'échelle internationale (Convention sur la Diversité Biologique), européenne (Stratégie paneuropéenne pour la protection de la diversité biologique et des paysages et son réseau écologique paneuropéen), communautaire (Réseau Natura 2000) et nationale (en France, la Stratégie Nationale pour la Biodiversité).
Cependant, la mise en place d'un tel réseau écologique est complexe à appréhender, car elle fait appel à la fois des considérations scientifiques et stratégiques (aménagement du territoire, etc.). Convaincue de l'intérêt de ce concept depuis de nombreuses années, France Nature Environnement a souhaité apporter sa contribution à la constitution d'un véritable réseau écologique national en France métropolitaine, à la hauteur des enjeux écologiques de notre territoire et du patrimoine naturel qu'il abrite encore.
À partir d'un recueil d'expériences menées en Europe et en France sur ce sujet (PAVARD I., mai 2006), les réflexions de FNE l'ont conduit à proposer la construction du réseau écologique national français, selon le schéma type suivant :
- des zones d'intérêt écologique majeur (ZIEM), nommées zones nodales dans le réseau écologique paneuropéen ;
- des zones tampons, lorsque l'environnement d'une ZIEM la perturbe ou risque de la dégrader ;
- des zones de restauration lorsque le maillage de ZIEM est insuffisant ;
- des continuités écologiques, correspondant aux couloirs écologiques du REP, afin notamment de "relier" les ZIEM.
La mise en œuvre de ce réseau écologique national doit être garantie par l'État, notamment par la préservation et la gestion des espaces constitutifs du réseau (reconnaissance des espaces de continuités via les différents outils d'aménagement du territoire et de maîtrise foncière, politique contractuelle incitative pour leur gestion). Elle être assurée au niveau régional, sur la base de plusieurs critères écologiques (listes régionales d'habitats naturels et d'espèces de référence, continuum écologique, etc.).
La fédération a ainsi proposé une méthode d'identification des différents espaces constitutifs du réseau (PAVARD I., PAQUIN M., novembre 2006), reposant sur le classement des ZNIEFF de type I (seul inventaire territorial du patrimoine naturel disponible) selon des facteurs et des critères prédéfinis.
- Réseau écologique panaméricain ; déjà prévu en 1992 par la convention sur la protection de la nature en Amérique centrale, qui soulignait l’importance de l’isthme centro-américain en tant que corridor biologique (déjà tranché par le canal de Panama et à nouveau menacé par un élargissement du canal de Panama sans mesures compensatoires visant à restaurer un minimum de continuité écologique).
- Projet de Le Réseau écologique paneuropéen (REP ou PEEN (pan-european ecological network) du Conseil de l’Europe.
- Réseau Emerald (émeraude) de la Convention de Berne
- Réseau Natura 2000 de l’Union Européenne qui dans l'esprit de ses concepteurs était un réseau qui devait relier des noyaux représentatifs des habitats européens par des corridors biologiques, mais qui n'est encore qu'un réseau virtuel de sites désignés comme nécessitant une protection et une gestion particulière en raison de leur intérêt européen.
- Les pays européens doivent décliner le REP à échelle locale en un réseau écologique national protégé. Ce réseau écologique paneuropéen s'appuie notamment sur Natura 2000 et l'accord AEWA pour les oiseaux.
- Convention alpine (1994) qui vise notamment un réseau écologique dans les Alpes via son protocole pour la conservation de la nature et des paysages (article 12) [1] .
- Trame verte en France (d'abord testée dans le Nord-Pas-de-Calais, en Alsace et en Isère
- Corridor climatique (en Australie, sur un axe Nord-Sud pour faciliter les mouvements de la flore, faune et fonge face aux changements climatiques)
Avant cela des projets existaient dans les anciens pays de l'Est-Européen, aujourd'hui plus ou moins bien intégrés dans le réseau écologique paneuropéen.
- La Pologne avait par exemple déjà planifié plusieurs réseaux nationaux visant certaines espèces menacées (dont du bois-mort), avec des projets de larges corridors forestiers reliant l'Estonie, la Lithuanie, la Belarus et la pologne.
- Une Convention cadre pour la protection et le développement durable des Carpates (signée à Kiev en 2003) cadre juridiquement une protection durable des écosystèmes, et invite ses Parties à prendre des mesures pour un haut-niveau de protection des habitats (naturels et semi-naturels) et de leur connectivité écologique avec aussi « un réseau de zones protégées associé à la conservation et la gestion durable des aires situées en dehors des zones protégées ».
Tous ces réseaux sont souvent des projets de réseau minimal vital visant à restaurer, protéger et gérer durablement la biodiversité, à échelle 'pancontinentale' à locale, incluant les réseaux immatériels de migration des oiseaux, insectes, poissons, mammifères marins, plantes, champignons, etc. Le milieu sous-marin reste néanmoins souvent oublié.
L'importance et l'urgence de la restauration et protection d'un réseau cohérent et suffisant de continuums biologiques fonctionnels est exacerbée par les risques liés au changement climatique et le fait quee les territoires sont de plus en plus fragmentés par les activités humaines et les réseaux d'infrastructures de transports de biens, personnes, matières et énergies (gaz, électricité, éclairage...)