Nucléaire: quelles énergies alternatives?

Publié le par Gerome

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Quelles sources d'électricité pour la planète en dehors du nucléaire? La catastrophe de Fukushima oblige à se reposer la question. Inventaire des solutions.

 

Quel avenir pour le monde de l'énergie après Fukushima? Il y a de cela vingt-cinq ans, beaucoup auraient juré que Tchernobyl sonnerait le glas du nucléaire civil. Et pourtant... Alors que les autorités japonaises sont toujours à pied d'oeuvre pour limiter les conséquences de la catastrophe, difficile de tirer des plans sur la comète. On peut cependant avancer, sans grand risque de se tromper, que la tragédie nipponne ouvre une ère nouvelle, où la question énergétique est vouée à occuper durablement le devant de la scène. 

 

L'équation mondiale ressemble de plus en plus à un casse-tête: d'un côté, une demande qui devrait doubler d'ici à 2050, portée par le boom des grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil...). Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dans les années à venir, leur consommation d'électricité va augmenter quatre fois plus vite que celle des pays de l'OCDE. 

De l'autre, une offre - notamment dans sa composante pétrolière - qui commence à montrer dangereusement ses limites. En ligne de mire: le fameux peak oil, moment à partir duquel les réserves d'or noir vont commencer à décliner inexorablement, et que beaucoup situent autour du milieu du siècle. Un seul exemple suffit à illustrer cette difficulté: si chaque ménage chinois avait une voiture, le pays consommerait la totalité de la production mondiale actuelle de pétrole!  


Mais le problème serait encore trop simple s'il se résumait à cette seule équation économique. Il s'y ajoute un angoissant compte à rebours environnemental, lié au réchauffement climatique. En cause: les combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz...), qui représentent encore près des trois quarts de l'approvisionnement énergétique de la planète. Selon l'AIE, leur consommation mondiale devra décroître à partir de 2020-2025, si l'on veut éviter une hausse de plus de 2 °C de la température d'ici à la fin du siècle. 

De Gaulle et l'indépendance énergétique


Le nucléaire semblait répondre aux exigences de ce monde nouveau: une énergie peu chère, potentiellement abondante et dégageant peu de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. En jetant une ombre sur cette filière, l'accident de Fukushima vient transformer le casse-tête en véritable quadrature du cercle. "L'énergie nucléaire fait peur, remarquait ainsi le célèbre astrophysicien Hubert Reeves, dans un communiqué diffusé la semaine passée. Cette peur s'était cependant largement assoupie. Les événements actuels la réveillent et font se dresser deux camps l'un contre l'autre." L'enjeu est particulièrement crucial pour la France, qui, depuis Charles de Gaulle, avait fait de l'atome le garant de notre indépendance énergétique. 


Dans nombre de pays, l'accident de Fukushima va conduire à revoir les programmes de développement du nucléaire civil, ou, a minima, à renforcer les normes de sécurité. Pour autant, cette énergie, qui représente à présent quelque 15% de la production mondiale d'électricité, n'est pas près de disparaître de la liste des grandes ressources. "A court terme, il va y avoir un ralentissement du développement du nucléaire, estime Jean-Marie Chevalier, professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine. Mais le monde n'est pas prêt aujourd'hui à s'en passer."  

Les idées neuves n'en sont pas moins les bienvenues. Les énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse...) représentent une piste prometteuse, mais elles demeurent trop coûteuses. Aujourd'hui, elles constituent seulement un dixième de la consommation énergétique européenne. Mais cette part, pourvu que le soutien des Etats soit au rendez-vous, est inéluctablement vouée à grimper. 


D'autres pistes encore sont à l'étude, comme la valorisation des déchets, la capture et le stockage du CO2, ou encore les smart grids, réseaux de transmission et de distribution d'électricité intelligents, visant à optimiser production et distribution. Et si tout cela ne suffisait pas? Il faudrait alors envisager une solution à laquelle personne, à présent, ne veut se résoudre: changer nos modes de consommation... 

 

 


Publié dans Nature

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