L’association Nationale Robin des Toits a décidé d’adresser une lettre ouverte au Père Noël, en espérant, puisqu’il s’agit de santé publique, qu’il loge encore au Ministère de la santé.
En effet, Noël approche et, avec lui, son lot de publicités à destination des enfants. Or, plus que jamais, cette année, ce sont les jouets connectés qui semblent être commercialement les plus porteurs, à l’exception depuis peu des poupées connectées qui se sont révélées être des espionnes au pied du sapin. (1)
Ceci signifie qu’une fois encore les publicités, contraires aux recommandations de l’agence sanitaire de 2016 (2), contraires aux prises de position déjà anciennes d’un certain nombre de scientifiques officiels (3) et contraires à la loi (4) peuvent se développer sans la moindre intervention de l’Etat et sans le moindre message de mise en garde.
Le consensus scientifique est établi depuis longtemps sur la vulnérabilité toute particulière des enfants et pourtant plus que jamais ils sont la cible privilégiée des fabricants. Il est vrai qu’il s'agit d'une cible particulièrement captive.
Les dernières enquêtes sur les liens entre cancers du cerveau et usage du téléphone sont pourtant inquiétantes (5) (Wyde 2016, Courot 2014, Calberg 2014, Hardell 2014 - 2013) qui montrent une augmentation très importante du risque au-delà d’une certaine durée d’utilisation (risque x 3 au-delà de 25 ans) et d’une certaine intensité de l’usage (risque x 4 au-delà de 15 minutes par mois). D'autres recherches tendent à montrer des risques concernant la fertilité (Adams 2014, Liu 2014…). Les seules grandes enquêtes épidémiologiques ayant porté sur les jeunes enfants (exposition in utero et durant les sept premières années de la vie) concluent à un risque très nettement augmenté (+ 80%, pour l’une, +50% pour l’autre) des troubles du comportement à 7 ans (Divan 2008, Divan, 2012).
Autre signal clair pour qui veut bien l’entendre : les principaux dirigeants des firmes numériques (Apple, Facebook, Yahoo, Google…) de la Silicon Valley limitent l’usage des objets connectés pour leurs enfants. (6)
C’est qu’en plus d’accroître les risques de maladies, l’usage de ce type d’objets a une incidence sur le développement des fonctions cognitives et neurocognitives comme le montrent des chercheurs spécialisés sur ces domaines.
Les ondes Wi-fi des jouets connectés sont catégoriquement différentes en nature et en intensité des ondes radio car elles utilisent une fréquence micro-ondes de 2.4 GHz pour transmettre l’information en extrêmement basses fréquences. Ces ondes ont été qualifiées de "potentiellement cancérigène" par l'OMS (catégorie 2B) en 2011. (7)
L’association Nationale Robin des Toits demande une intervention publique rapide pour faire appliquer la loi et interdire les publicités qui y contreviennent, et pour rappeler les messages de prudence à destination des parents.
Elle appelle les distributeurs à mettre en place des dispositifs d’information clairs dans leurs rayons sur les risques liés à l’usage par les enfants d’objets connectés sans fil.
Elle se félicite que la récente communication officielle gouvernementale pour réduire son exposition aux ondes donne raison à son alerte sanitaire (8) et demande à la Ministre de la santé d'interdire la commercialisation de produits connectés sans fil directement destinés aux enfants, comme l'art.L5231-4 lui en laisse la possibilité et d'inscrire purement et simplement cette interdiction dans la loi sur la santé publique.
Etienne CENDRIER
Porte-Parole national
(1) « Les poupées connectées, des espionnes au pied du sapin » - Le Figaro – 06/12/2017
Et si les Français étaient moins pro-nucléaires que leurs voisins Allemands, mi-verts mi-charbon, ne le pensaient ? Et si le slogan venu d’Outre-Rhin «Atomkraft nein danke» (l’atome non merci) commençait à faire son chemin dans le pays le plus nucléarisé au monde ?
Quand on voit l’indifférence générale qui a accueilli le report de la fermeture de la centrale de Fessenheim, au mieux à fin 2018, et le renvoi par le gouvernement français à 2035 des grands objectifs de la transition énergétique (50% de nucléaire contre 75% aujourd’hui dans le mix électrique), il serait permis d’en douter.
Pourtant, selon un sondage commandé à l’institut Harris Interactive (1) par la Fondation Heinrich Böll (proche des Verts allemands) et la Fabrique Ecologique, qui sera publié vendredi et que Libération dévoile en primeur avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l’opinion des Français vis-à-vis du nucléaire est beaucoup moins favorable - ou en tout cas moins neutre - que par le passé. Surtout, ils s’engagent de plus en plus en faveur d’un développement rapide des énergies renouvelables. Priorité aux énergies nouvelles
Alors que l’Hexagone compte toujours 58 réacteurs nucléaires (sans compter l’EPR de Flamanville qui devrait entrer en service à la fin de l’année prochaine), ils seraient 83% à penser que la France ferait mieux d’investir dans les énergies vertes que dans le nucléaire, contre 16% seulement à privilégier la consolidation de l’atome comme source d’énergie. Dans le détail, quand on leur demande «à quoi les investissements dans le secteur de l’électricité en France dans les années à venir devraient-ils être principalement affectés ?», les sondés sont encore 75% à réclamer un investissement «prioritaire» dans les énergies renouvelables, contre 23% seulement à demander la priorité à la poursuite des dépenses nucléaires. Les femmes (78%) et les sympathisants de gauche (85%) sont surreprésentés dans le camp des partisans de la transition énergétique, tandis que les électeurs de droite (39%) et du FN (37%) fournissent le gros des bataillons pro-nucléaire. Alors que les écologistes ne pèsent plus grand-chose sur le plan politique en France, c’est donc le clivage droite-gauche qui domine sur ces questions.
«Nous avons été agréablement surpris: ces résultats vont à l’encontre de ce que pensent les Allemands, qui voient globalement la France comme un pays toujours pro-nucléaire. C’est une bonne nouvelle, commente Jens Althoff, le représentant de la Fondation Heinrich Böll à Paris. Mais ce qui est plus intéressant encore, c’est le fait que les Français s’engagent fortement pour un développement des énergies renouvelables dans leur pays». De fait, 63 % des sondés considèrent la transition énergétique plus comme «une opportunité» que comme «un risque». Et «plus encore parmi les hommes, les catégories aisées, les sympathisants de gauche et de La République En Marche», analyse Jean-Daniel Levy, le directeur du département politique-opinion d’Harris Interactive. «L’exemple allemand»
Pour ce dernier, «l’exemple allemand» de la sortie du nucléaire d’ici à 2022, décidée en 2011 a sans doute constitué pour les Français «une source d’inspiration voire un encouragement à avancer dans cette voie», même si tout n’est pas vert dans le bilan énergétique outre-Rhin. Les Français n’ignorent pas que l’Allemagne a dû relancer ses centrales à charbon pour compenser la fermeture de ses tranches nucléaires: ils estiment ainsi à 72% que la transition énergétique allemande n’a pas assez contribué à la réduction des émissions de CO2. Mais ils sont 65% à estimer qu’elle a favorisé la création d’emplois et autant à juger qu’elle a relancé l’économie. Ainsi, 64% considèrent l’exemple allemand comme la preuve qu’un pays développé peut sortir du nucléaire…
A cet égard, le sondage a évité la question frontale et très clivante «Pour ou contre la fermeture des centrales nucléaires en France», qui n’aurait peut-être pas donné le même résultat. La filière emploie encore directement plus de 120 000 personnes dans le pays et plus de 400 000 avec les postes induits, soit 2 % de l’emploi en France. Et le débat sur la fermeture de la centrale de Fessenheim a montré que l’opinion était encore divisée, en raison de l’impact social immédiat qu’aurait l’arrêt du nucléaire. Mais Jens Althoff estime que les Français «préféreront désormais investir 100 milliards d’euros dans le développement d’une industrie des énergies renouvelables qui créera de la richesse et de l’emploi, plutôt que 100 milliards dans la continuation d’une énergie du passé», avec les travaux prévus par EDF pour prolonger la durée de vie de ses centrales, démanteler les vieux réacteurs, ou encore construire des EPR. Vers un Airbus des renouvelables ?
Au bout du compte, Jens Althoff estime que «les Français sont beaucoup plus favorables à un engagement plus fort de la France contre le changement climatique et pour une transition vers les énergies renouvelables, que leurs dirigeants et nombre d’acteurs du débat public ne le pensent». Et qu’ils sont, dans leur majorité, «beaucoup plus en avance sur ces questions que la plupart des élites économiques et politiques du pays». Le responsable de la Fondation Böll appelle de ses vœux «une plus grande coopération franco-allemande dans le domaine de la transition énergétique, avec la perspective de développer une politique européenne de l’énergie». Un Airbus des énergies renouvelables ? L’idée avancée ici et là pourrait faire son chemin, à condition que la citadelle EDF - et avec elle l’Etat toujours actionnaire à plus de 83 % du groupe - sorte de sa logique du presque tout nucléaire pour investir beaucoup plus fortement dans le secteur. Car depuis la vente des turbines d’Alstom à l’américain GE et celle des éoliennes d’Areva à l’allemand Siemens, aucun autre acteur français ne semble en mesure de relever le défi des énergies vertes.
Hasard du calendrier, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, devrait annoncer ce lundi 11 décembre un nouveau cap stratégique visant à renforcer fortement l’engagement de l’électricien dans les énergies éoliennes et le solaire à travers sa filiale EDF Energies Nouvelles. Une manière de répondre à la demande du ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, qui, lui, a demandé un vrai plan de marche dans ce secteur, après avoir prévenu dans une interview au Financial Times que «demain, la norme ne doit plus être l’énergie nucléaire, mais les énergies renouvelables». Mais c’est la pression venue des citoyens consommateurs d’électricité qui sera sans doute le premier levier d’une véritable transition énergétique en France.
Le gouvernement s'apprête à autoriser la destruction et la pollution d'une région qui accueille à elle-seule 50 % de la biodiversité française. La récente visite d'Emmanuel Macron en Guyane a malheureusement confirmé les rares ambitions qu'il avait pour cette région française négligée par l'État depuis tant d'années: l'exploitation aurifère de la Montagne d'Or est sa priorité. Se servant d'un contexte économique et social défavorable, et sous couvert d'un pseudo-débat public - qui n'est pas amené à revoir l'utilité d'un tel projet minier - le gouvernement s'apprête à autoriser la destruction et la pollution d'une région qui accueille à elle-seule 50 % de la biodiversité française. Pourtant, des solutions existent pour stopper la course à l'extractivisme et développer une économie respectueuse de l'environnement comme des droits des peuples autochtones, totalement abandonnés de la République.
S'il tient ses promesses, le gisement de la Montagne d'or mènera à l'extraction de 85 tonnes d'or sur 13 ans. À terme et au cours actuel du métal jaune, plus de 3 milliards de dollars pourraient sortir de la forêt amazonienne française... un véritable puits de carbone que notre pays devrait logiquement préserver, si tant est que "Make Our Planet Great Again" n'est pas un simple slogan marketing.
Selon l'opérateur, pour extraire l'or, 78000 tonnes minimum d'explosifs, 46.500 tonnes de cyanure et 142 millions de litres de fuel seront nécessaires pour les 13 ans de durée de vie du projet. Selon les plans de construction, la fosse mesurera 2,5 km de long, 500 m de large et 400 m de profondeur au point le plus bas. Il faudra pour le mener à bien défricher l'équivalent de 32 Stades de France, produire une montagne de déchets miniers haute comme cinq dunes du Pilat, refaire la piste d'accès qui s'enfonce dans la forêt amazonienne sur plus de 120 kilomètres et la doubler d'une ligne à haute tension pour alimenter un chantier qui utilisera l'équivalent de 100% de la consommation de la ville de Cayenne.
Ainsi 450 millions de tonnes de roches seraient extraites puis broyées à la Montagne d'or (à raison de moins de deux grammes d'or par tonne extraite). Après récupération de l'or, les boues contenant les déchets miniers seront ensuite stockées dans des barrages. Le déblai entraînerait la création artificielle et permanente de deux dômes de roches de 100 mètres de haut voire plus, ainsi que d'un mont endigué de 70 m de haut renfermant, selon les industriels, 54 millions de tonnes de boues issues du processus de traitement de la roche avec le cyanure.
Le risque et les conséquences du drainage minier acide qui en résulterait pousse - à juste titre - les associations à craindre que se produise une catastrophe similaire à celle qu'a connue le Brésil en 2015 où des millions de tonnes de boues cyanurées s'étaient déversées sur des habitations à la suite de la rupture d'une digue. Au moins 25 ruptures de digues minières ont eu lieu dans le monde depuis le début de ce siècle. En janvier 2000, plus de 100 000 mètres cubes d'eau polluée au cyanure s'étaient échappés d'une mine d'or en Roumanie, et polluaient les rivières et fleuves environnants. L'eau potable a été durablement empoisonnée en Roumanie, Hongrie, Serbie et Bulgarie.
Alors que le projet serait prétendument rentable, le gouvernement s'apprête à le subventionner. Selon les calculs du WWF, l'opération absorberait sur treize ans – la durée d'exploitation envisagée – 420 millions d'euros d'argent public, sous forme de défiscalisation et de subventions. C'est-à-dire que chacun des 750 emplois directs annoncés reviendrait à un coût de 560.000€ pour la durée du projet, une grave gabegie d'argent public, qui pourrait à la place permettre de financer 750 emplois aidés...pendant 42 ans.
Nous en profitons au passage pour rappeler à Emmanuel Macron que lors de la négociation du plan d'urgence pour la Guyane, l'État s'était engagé à attribuer 400.000 hectares aux peuples autochtones au travers de l'établissement public placé auprès du Grand Conseil coutumier des populations amérindiennes et bushinengué. Le 27 octobre, vous reveniez sur les engagements pris par votre prédécesseur, et proposiez à la place de mettre en place un plan établi avec les collectivités sous forme d'appels à candidatures. Nous sommes solidaires des peuples premiers, et vous appelons à respecter les engagements de la France.
Monsieur le Président, un tel projet n'est vraiment pas disruptif quand on sait que la véritable montagne d'or se trouve dans les mégatonnes de déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) - si peu recyclés dans notre pays - et encore moins quand on considère que la cyanuration est un processus chimique développé en 1887. Selon les entreprises spécialisées du secteur du recyclage des DEEE, nous pouvons "simplement" démonter cinq ordinateurs usagés et recycler leurs circuits imprimés et leurs connecteurs, pour obtenir un gramme d'or. Mieux, une tonne de téléphones recyclés permettrait d'obtenir 200 grammes d'or et d'autres métaux précieux (l'argent, le palladium, le cuivre ou l'étain) aussi sujets à convoitise en France métropolitaine.
Le vieux monde de l'industrie minière ne mérite pas tant d'attention, c'est pourquoi nous proposons à la place un ensemble de solutions innovantes qui bénéficie vraiment à la société guyanaise, pour un développement alternatif, local, durable, respectueux de l'environnement et de l'humain. Pour la même somme investie, des dizaines de métiers et des milliers d'emplois pourraient être créés dans une filière bois durable, l'écotourisme, la pêche responsable ou bien l'agriculture biologique. Les générations futures attendent mieux de vous qu'un tas d'or inutile comme héritage.
Tribune collective co-signée par José Bové, Karima Delli, Pascal Durand, Yannick Jadot, Eva Joly, Michèle Rivasi (eurodéputés Europe Écologie) et Michel Dubouillé (Secrétaire régional d'EELV Guyane et conseiller municipal de Matoury-.