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Bayer bientôt ruiné par Monsanto

Publié le par Notre Terre

épandage glyphosate

L'histoire folle d'une très mauvaise acquisition :

Cela devient un feuilleton et il leur faudra prendre beaucoup d’aspirine aux dirigeants de Bayer et aux actionnaires pour s’éviter de gros maux de tête suite à leur rachat de Monsanto en juin 2018.
Après la décision de la justice française donnant raison à l’agriculteur charentais Paul François en avril 2019 voici la justice californienne qui donne raison en mai à Alva et Alberta Pilliod et condamne Bayer-Monsanto à plus de 2 milliards de dollars de dommages compensatoires et de dommages punitifs.
Depuis 2004, Paul François qui avait utilisé le Lasso, désherbant désormais interdit  commercialisé par la multinationale a été atteint d’un lymphome non-hodgkinien, un cancer du système lymphatique. Il décrivait des périodes de coma, des crises d’épilepsie, des maux de tête, des pertes de connaissance, des troubles de l’équilibre et de la mémoire, ainsi que des troubles neurologiques et hépatiques.

Paul François ne s’est pas laissé faire, il a attaqué Monsanto en justice. Après une condamnation en première instance, en 2012, et en appel, en 2015 la firme s’est pourvue en cassation.
Dans son arrêt du 11 avril 2019, la cour d’appel reproche à Monsanto « de ne pas avoir sur l’étiquetage et/ou l’emballage du produit apposé une mention sur la dangerosité spécifique des travaux dans les cuves et réservoirs ».
Les Pilliod, deux septuagénaires californiens atteints eux aussi du lymphome non-hodgkinien accusent, en 2011 et en 2015, le Roundup de Monsanto qui contient du glyphosate, l’herbicide le plus employé au monde, d’être responsable de leur vie gâchée. Le 13 mai 2019 la cour de justice d’Oakland leur a donné raison contre Monsanto devenue Bayer-Monsanto. La somme demandée de 2 milliards de dollars atteint un ordre de grandeur inquiétant pour la multinationale.

En août 2018, un jury californien avait déjà condamné Monsanto à payer 289 millions de dollars à Dewayne Johnson, un jardinier américain de 46 ans atteint du même lymphome en phase terminale. Une autre juge avait ensuite réduit cette somme à 78,5 millions de dollars et le groupe a fait appel du fond du verdict.
Dans un autre procès, le 28 mars 2019, un retraité de 70 ans Edwin Hardeman, vivant à Forestville au nord de San Francisco, a expliqué avoir utilisé du Roundup pendant près de trente ans sur son terrain pour venir à bout d’une plante très urticante, le sumac vénéneux. Les six jurés du tribunal fédéral de San Francisco ont délibéré pendant quatre jours, après un procès de deux semaines. Ils ont décidé, à l’unanimité, que le retraité avait prouvé que l’herbicide était plus qu’un facteur substantiel dans le développement du lymphome non hodgkinien qu’on lui a diagnostiqué en 2015.
Les poursuites s’enchaînent désormais et la multinationale doit déjà faire face à 13 400 autres plaintes aux États-Unis.

L’industrie de l’influence

Les arguments de la cour de justice d’Oakland pour les Pilliod en mai 2019 comme ceux des trois autres cas se concentrent enfin sur le plan de la dangerosité du glyphosate. Elle refuse de céder au travail de brouillage méthodique et de discrédit des recherches scientifiques indépendantes opéré par Monsanto, au contraire elle en révèle le caractère manipulatoire et contraire à l’intérêt général.

Les avocats de Monsanto tentent de noyer chaque cas dans des causalités multiples et indiscernables. Il faudrait, disent-ils, isoler une cause unique et indiscutable du cancer. Le juge a permis également d’élargir l’analyse des actions de Monsanto et de la confronter à son attitude active de « manipulation de la science, des médias et des agences de régulations » et son refus d’évaluer les torts causés aux humains et aux animaux.

Depuis la publication des « Monsanto papers » en 2017, il est difficile à la firme de justifier son double langage. Ces documents internes montrent le contraste entre la (re)connaissance en interne de nuisances identifiées et de l’autre le discours public de déni rassurants de la firme et de certaines agences de régulation sous influence.

En fait dès 1980 Monsanto avait des doutes sérieux sur la nocivité de son produit miracle.

En 1983, une étude en interne indique par exemple que des souris exposées au glyphosate développent une tumeur rénale rare. Dès 1985 l’Agence américaine de protection de l’environnement (Environment Protection Administration) classe le glyphosate dans la catégorie « cancérogène possible ».

souris tumeur roundup

Un considérable travail de lobbying a permis à Monsanto :

de mettre en place aux États-Unis et en Europe toutes sortes d’officines à sa main, de placer des hommes dans des agences de régulation, notamment l’EFSA – European Food Safety Authority / Autorité européenne de sécurité des aliments

l’ECHA – Agence européenne des produits chimiques, de dicter à des parlementaires ou des administrations des lois et des règlements.

Monsanto utilise également Fleishman-Hillard l’un des principaux cabinets de lobbying et de relations publiques au monde. Basé à Saint Louis dans le Missouri, comme Monsanto, il travaille pour la firme agrochimique depuis au moins les années 1980. C’est la plus grosse firme de lobbying à Bruxelles, avec un budget déclaré de 7 millions d’euros en 2018 et 59 lobbyistes accrédités.
C’est cette fabrication du doute qui permet d’étouffer dans la controverse toute proposition de protection de la santé ou de l’environnement.

Les gouvernements Bolsonaro ou Trump vont au-devant des demandes de ce type de compagnies : ils vident les agences environnementales de leurs équipes compétentes, reviennent sur les lois protectrices ou annoncent même benoîtement que le glyphosate ne cause pas de cancer et qu’il est inoffensif.

Mais la Californie l’a mis sur la liste des produits cancérigènes, et l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a conclu qu’il était « probablement cancérigène pour les humains »

Éduquer et surveiller les opposants

Les Monsanto papers ont accéléré les choses : des millions de documents internes, mémos stratégiques, courriels, contrats confidentiels… ont été rendus public l’été 2017 à la suite de procédures judiciaires engagées aux États-Unis.

Elles ont révélé entre autres la pratique du Ghostwritting, une « écriture fantôme » qui constitue une fraude scientifique. Monsanto faisait rédiger des études scientifiques conformes à ses intérêts et les faisait signer par des scientifiques réputés, moyennant rémunération. D’autres pratiques ont également été mises en lumière comme le discrédit systématique sur des études prouvant la dangerosité du glyphosate, les influences auprès de responsables de l’EPA (Agence américaine de protection de l’environnement)…

Monsanto s’appuie également en les finançant sur des think tanks comme le Genetic Literacy Project, un projet soi-disant éducatif en génétique et l’American Council on Science and Health (Conseil américain sur la science et la santé), des organisations qui visent à dénigrer des scientifiques.

Cette stratégie d’influence systématique s’accompagne d’un fichage tout à fait illégal. Monsanto a fait établir en 2016 en France des fichiers secrets – nom, adresse professionnelle, numéros de téléphone et loisirs des intéressés – sur des personnalités politiques, des scientifiques, des défenseurs des consommateurs, des journalistes et autres personnes impliquées dans le débat sur le glyphosate et les manipulations génétiques. Les personnes fichées étaient classées selon leur degré d’influençabilité, les alliés, les potentiels alliés à recruter, les personnalités à éduquer et celles à surveiller. Ce travail a été réalisé par l’agence Fleishman Hillard et ses partenaires moyennant finances comme l’ont rapporté Le Monde et la chaîne de télévision publique France 2 (émission : « l’œil du 20 heures »).

Des plaintes contre ce fichage illégal, issues de plusieurs médias, ONG ou parti politique (Europe cologie Les Verts) ont été déposées. « Jusqu’à présent on se disait que Monsanto était une menace pour la santé, via sa production de pesticides et du glyphosate, mais on sait maintenant que c’est aussi un danger pour la démocratie », s’est indignée Michèle Rivasi, eurodéputée, lors d’une conférence de presse à Paris.

Les médias dits sociaux font partie de la stratégie d’influence de Monsanto : l’agence de communication irlandaise, Red Flag, a été chargée de lancer la campagne « Freedom to Farm (Liberté de cultiver) » Des agriculteurs faisaient de la publicité pour le glyphosate sur les réseaux sociaux sous une fausse identité, entre autres Twitter et Facebook ; Bayer y a mis un terme il y a quelques mois.

Les parlementaires, enjeux ou jouets des multinationales?

Dans cette guérilla médiatique à la fois en coulisse et devant l’opinion, une attention toute particulière est donnée aux relations aux politiques. Une commission des quatre parlementaires a été constituée avec pour fonction d’évaluer « l’indépendance et l’objectivité » des agences chargées d’évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché, principalement les agences européennes (EFSA) et française (Anses).

L’un de ses membres, Cédric Villani, précise son but « informer le Parlement des conséquences des choix de caractère scientifique et technologique afin, notamment, d’éclairer ses décisions » mais non « de mener des travaux scientifiques ».

Voici pourtant le sénateur UDI de Haute-Garonne, Pierre Médevielle, vice-président de l’Opecst (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) qui se lance avant même la publication du rapport parlementaire.

Celui-ci annonce en avant-première à la presse un drôle de résumé « À la question : Le glyphosate est-il cancérogène, la réponse est non ! Il est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites ». Comme le dit son co-rapporteur le sénateur Médevielle déclenche « la confusion et la polémique avec ses propos prématurés en mélangeant les éléments du rapport et ses opinions personnelles ».

Faut-il d’ailleurs ouvrir de nouvelles recherches sur les risques sanitaires aussi de la charcuterie industrielle et inciter à la diminution de sa consommation ?

Si certains parlementaires jouent ainsi un rôle complaisant favorable à la multinationale, on peut s’interroger sur la façon dont ils sont facilement relayés dans les grands médias. Il suffit de diffuser sur les ondes un rapport parlementaire qui apporte une voix divergente par rapport aux rapports des scientifiques pour semer le doute et neutraliser la recherche exigeante des faits. C’est le principe des fake news. Un faible nombre de négationnistes permet de contrebalancer le travail de milliers de chercheurs !
Une agriculture dissociée de l’alimentation et de la santé

Quelques parlementaires sauvent l’honneur, ainsi le député socialiste européen, Eric Andrieu, reste lui inflexible. À la tête de la commission spéciale sur les pesticides, Eric Andrieu est chargé avec un groupe de 30 eurodéputés d’enquêter sur les conditions d’évaluation des pesticides avant leur mise sur le marché. Il a été approché par un cabinet de consultants pour une rencontre secrète avec les dirigeants de Bayer après le rachat de Monsanto. Il a refusé puis a reçu des appels anonymes et sa messagerie a été piratée.

Tout ceci renforce Eric Andrieu dans son combat contre les pesticides et les insecticides néonicotinoïdes qui menacent les abeilles. Il déclare au Nouvel Obs  :
« Progressivement, on a isolé l’agriculture, on l’a dissociée de l’alimentation et de la santé humaine. Ce que nous mangeons est devenu une marchandise comme une autre, la finance s’en est emparée. »
Résultat : « Une poignée de multinationales décide aujourd’hui de ce que nous mettons dans l’assiette ».


Une mauvaise affaire pour Bayer ?

Il y a moins d’un an les actionnaires de Bayer ont approuvé à 97% le décision de racheter Monsanto (56 milliards d’euros) sur proposition du PDG Werner Baumann.
Ce rachat de la multinationale du siècle a hélas été accepté par la commission européenne…

Depuis le cours de la bourse de Bayer devenu le premier groupe mondial dans son secteur a perdu 40% de sa capitalisation depuis le rachat de Monsanto. M. Baumann balaie de la main les risques sanitaires « Nous demeurons convaincus du caractère sûr du glyphosate. »

Ce rachat peut coûter très cher à Bayer qui en rachetant Monsanto récupère aussi des milliers de procédures juridiques et une image déplorable.
En avril 2019 lors de l’assemblée générale des actionnaires, des centaines de militants écologistes protestaient une fois de plus à Bonn. Fait sans précédent dans le DAX, les actionnaires ont voté à 54% contre le quitus.

Cette année le 18 mai pour la 7ème année consécutive des milliers de personnes ont marché dans le monde entier contre l’irresponsabilité criminelle de Monsanto désormais Bayer-Monsanto.

Les dégâts dénoncés sont partout : aux États-Unis, en Europe, — épandages par voie aérienne en Argentine, au Brésil et en Colombie— au Vietnam (pendant la guerre américaine l’agent Orange de Monsanto, un défoliant utilisé massivement). En France le secteur viticole, en particulier dans le bordelais, voit se multiplier les mobilisations de parents d’élèves exposés à proximité des exploitations. Cette année à tous ces griefs contre la firme multinationale s’est ajouté celui de ficher illégalement les opposants.

Où en est-on en France ?

En 2002 des syndicats agricoles -et en particulier la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles)- font la promotion en France du concept fourre-tout d’agriculture raisonnée. Son référentiel est peu contraignant, il mentionne des exigences réglementaires, les produits permis par la loi et une « optimisation » floue de l’usage des pesticides qui vise à brouiller les lignes.

Le glyphosate, ingrédient actif du Roundup, a été classé « cancérogène probable » par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer agence spécialisée de l’Organisation Mondiale de la Santé).

En France l’usage des pesticides de synthèse par les particuliers et dans les espaces verts publics est désormais interdit. En revanche, il reste autorisé dans l’agriculture de l’Union européenne jusqu’en 2022.

Cet attentisme, s’il permet de faire gagner du temps à Bayer-Monsanto, ne prépare pas le monde agricole à sortir de l’ère du pétrole et des pesticides.

En mai 2018, un débat de fond avait mis en porte-à-faux les députés de la majorité présidentielle avec l’opinion qui soutenait Nicolas Hulot. Malgré la promesse de campagne du candidat Macron, l’interdiction du glyphosate n’a pas été retenue dans le projet de loi « agriculture et alimentation » présenté par le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert. Les amendements demandant une interdiction à trois ans avaient été rejetés. Le gouvernement argumentait que l’interdiction du glyphosate aura bien lieu, même si elle n’est pas dans la loi, les agriculteurs étant censés « se responsabiliser ». Nous verrons.

Mais comment ces agriculteurs en France ou en Europe peuvent-ils faire des choix éclairés devant tant de pusillanimité des autorités alors « qu’en renonçant à soutenir fortement le secteur, les décideurs politiques français et européens créent les conditions d’une insécurité économique pour les futurs candidats à la transition agro-environnementale » selon l’interpellation du président Macron par une tribune de 200 chercheurs parue le 17 mai 2019 dans Libération.

En France, fin 2017, le gouvernement a mis fin à la rémunération légitime des agriculteurs biologiques certifiés. Près de 20 000 agriculteurs n’ont toujours pas reçu les aides environnementales de 2016 et 2017, d’où des emprunts forcés ou des faillites. « Les agriculteurs ayant choisi un mode de production performant, dynamique et à la pointe des combats du siècle (climat, biodiversité, santé) se retrouvent en danger de mort économique ».

Ce qui explique une augmentation constante de la quantité de pesticides utilisés en France ces dernières années et montre l’ambivalence de l’État malgré les engagements de réduction de 50% pris au Grenelle de l’environnement en 2008 et du nouveau plan Phyto de 2015.

L’utilisation massive de ces intrants dans l’agriculture intensive a créé pour les agriculteurs et dans une certaine mesure pour les consommateurs des dépendances qui s’apparentent à des drogues. Un gros dealer est identifié et il n’est plus très sûr que le crime puisse continuer à payer.
La désintoxication est difficile et sera longue.

Pourtant des communes se sont déjà engagées dans la désintoxication. Elles sont de plus en plus nombreuses telles Barjac ou Valleraugue dans le Gard, Fontainebleau en Seine-et-Marne, Solesmes ou Grande-Synthe dans le Nord, Langouët en Ille-et-Vilaine. Cette dernière commune a fait la une de l’actualité en mai 2019 en interdisant toute utilisation de pesticides à moins de 150 m de lots comprenant une habitation.
La transformation de la PAC, la politique agricole européenne, est à l’agenda. Elle ne doit pas simplement rééquilibrer les dotations des pays mais surtout mettre fin à la préférence pour l’agriculture industrielle au détriment de l’agriculture biologique et de la permaculture. Ce n’est pas gagné.

La reconversion des agriculteurs suppose de reconquérir des compétences que la division du travail actuelle a eu tendance à laminer. La chaîne de production, distribution et transformation, est marquée par la logique actuelle du gain immédiat de certains acteurs dominants – semenciers, vendeurs de machines agricoles, grande distribution, organismes de crédit – au dépend des agriculteurs et de la santé de tous. Cela constitue un enjeu de santé publique autant qu’un enjeu démocratique.

Source : agoravox

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Le scandale des vaches à hublot : le rendement à tout prix, le rendement plus important que la vie

Publié le par Notre Terre

 

Vaches à hublot, poulets difformes, cochons, veaux, lapins malades et enfermés dans des cages minuscules : les images de cette enquête de L214 décrites par Nagui dévoilent l’intérieur du 1er centre privé européen de recherches en nutrition animale et conduite d’élevage.

Des expérimentations y sont menées afin d’élaborer et tester les aliments pour animaux de la marque Sanders, leader français de la nutrition animale et filiale du groupe Avril. Ces aliments sont conçus dans le but d’optimiser la productivité des animaux d’élevage (viande, lait, œufs), sans aucune considération pour leur santé et leur bien-être. Pour dire STOP aux vaches à hublot, signez la pétition :

https://www.l214.com/vaches-hublot

Publié dans Nutrition & Santé, Nature

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Nous avons déjà éliminé la moitié des espèces vivantes. Ça correspond à ce qu'on appelle une extinction de masse

Publié le par Notre Terre

hubert-reeves

C'est un sage qui jusque là avait plutôt la tête dans les étoiles. Aujourd'hui, il nous revient avec un cri d'alarme très terre à terre:

Hubert Reeves, le célèbre astrophysicien, continue à 85 ans son combat pour sauver la planète: "Nous sommes en train de vivre un anéantissement biologique" alerte-t-il, en passage au museum de sciences naturelles de Bruxelles, "une extinction de masse des animaux".
Il continue donc à parcourir le monde avec des livres et des conférences pour faire passer un message:  il faut sauver notre biodiversité, il est urgent de sauver toutes ces espèces en train de disparaître.

"La diminution des vers de terre, ça ne fait pas la une des journaux. Cependant, c'est tout aussi grave que le réchauffement climatique. Il faut alerter sur l'importance de préserver la nature sous cette forme qui est proche de nous mais que la plupart du temps nous ignorons, parce que ça marche tout seul"

Notre civilisation est en train de surexploiter toutes les ressources de la nature au détriment des animaux ou des insectes qui peuplent la terre et ses océans, prévient-il.

"C'est une situation d'alerte. Il faut prendre conscience que les décisions qui se prennent aujourd'hui vont influencer l'humanité pendant des milliers d'années."

En attendant, de nombreux scientifiques l'ont déjà constaté, une extinction majeure des espèces est en cours. La dernière avait conduit à la disparition des dinosaures ...il y a 66 millions d'années.

"Nous avons déjà éliminé la moitié des espèces vivantes. Ça correspond à ce qu'on appelle une extinction de masse. La sixième depuis un milliard d'années, mais la plus grave car la plus rapide. Auparavant, cela prenait des milliers d'années, maintenant, c'est des décennies. La vie peut s'adapter, mais pas à cette vitesse"

Un message d'urgence qu'il veut à tout prix faire passer aux plus jeunes, en expliquant la biodiversité dans une BD. On y parle des vers de terre, ces véritables ingénieurs des mines, ou encore du nécessaire retour du loup. Un message reçu 5 sur 5 par tous les enfants, scotchés ce matin pendant une bonne heure à leur chaise...

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Un projet de décret pourrait faciliter le déboisement en France

Publié le par Notre Terre

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Edouard Philippe, le 28 Mai, à l'assemblée nationale disait qu'il fallait aller encore plus loin dans la transition écologique; le gouvernement visiblement embarrassé par l'inquiétude des européens en matière climatique et humilié par sa défaite prenait acte humblement. Seulement, aujourd'hui nous apprenons qu'un décret pourrait faciliter le déboisement en France. L'art du double langage de ce gouvernement frise avec l'insulte.

C'est un projet de décret qui a provoqué la surprise et l'indignation auprès de la plupart des salariés de l'ONF. Le ministère de la Transition écologique et solidaire souhaiterait se passer de l'avis de cette instance pour les opérations de déboisement dans des sites qui sont gérés par les collectivités locales.

Après les sites classés, les forêts françaises seraient-elles aussi dans le viseur du gouvernement? En France, la surface totale des forêts représente 17 millions d'hectares. Ce sont plus de 4,5 millions d'hectares de forêts qui sont aujourd'hui gérés par l'Office national des forêts (ONF) au nom de sa mission de service public, dont 2,9 millions d'hectares de forêts communales en France. Soit 63% de la surface des forêts publiques. Or, dans le cadre de la simplification des procédures d'autorisation environnementale, le gouvernement souhaiterait se passer de l'avis de l'ONF concernant certaines opérations de défrichement effectuées dans les forêts communales.

Mis en ligne le 16 avril dernier, ce projet de décret relatif à la simplification de la procédure d'autorisation environnementale signé par le ministère de la Transition écologique et solidaire s'inscrit "dans une volonté de proportionner au mieux les aspects procéduraux aux enjeux, en donnant des marges d’appréciation au préfet qui mène la procédure". Ce projet a jusqu'ici été soumis au Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques (CSPRT) du 26 mars 2019, et doit faire l’objet d’autres consultations. Mais sans réelle vision sur sa possible application, ce dernier ne manque pas de provoquer les plus vives inquiétudes auprès du SNUPFEN, le premier syndicat du personnel de l'ONF. Dans un communiqué datant du 20 mai, ce syndicat estime que "le gouvernement prend des mesures facilitant la déforestation en France".

L'ONF a fait savoir qu'elle ne commentait jamais une loi de ses tutelles. Interrogé par le journal le Parisien, le ministère de l'Ecologie a fait de son côté valoir que "l’ONF n’est pas forcément compétente pour les forêts gérées par les collectivités locales et on se retrouve dans certains dossiers nécessitant des autorisations environnementales avec un empilement de consultations obligatoires qui ne sont pas impératives, ralentissent le processus de décision et engorgent les services chargés d’instruire les dossiers".

"L'environnement, ça commence à bien faire"

Jusqu'à présent toute demande effectuée pour défricher une partie de la forêt publique devait recueillir au préalable l'avis de l'ONF au titre de son rôle de protection de la forêt concernée, mais aussi au titre de son expertise sur la nature du peuplement forestier, présence des espèces animales et végétales rares ou menacées. "Qui connaît mieux ces forêts-là que le service public forestier qui les protège et les gère depuis plusieurs siècles?", s'indigne le syndicat qui représente 45% du personnel de l'ONF qui compte 8.500 salariés de droit public et privé. Une enquête publique à ce sujet aurait été lancée en catimini, mais les conclusions n'ont jusqu'ici pas été rendues publiques. "Dorénavant, pour décider d’autoriser ou non la transformation d’une forêt en zone commerciale, en lotissement ou en champ de blé, l’Etat se passera de notre avis", s'indigne toujours le syndicat qui relève que "les gouvernements se succèdent, font tous de beaux discours sur l’écologie mais au final partagent le même credo: l’environnement, ça commence à bien faire."

"La tendance générale de ce projet de décret est bien d'accélérer les procédures de défrichement, de désengorger les services chargés d'instruire et de permettre la réalisation de projets qui répondent pour la plupart à des intérêts économiques plus rapidement", fait savoir Philippe Lucas, secrétaire général du SNUPFEN. Le danger selon lui est de ne plus chercher à savoir ce que l'on va défricher. Et fatalement, "ça va avoir des conséquences sur la biodiversité et le paysage". Ce que confirme Sandrine Chauchard, enseignante-chercheuse, spécialiste en écologie des communautés, des paysages et en écologie historique à l'Université de Lorraine qui évoque bien "un risque environnemental" si ce projet de décret venait à être appliqué.

L'ONF dans "l'oeil du cyclone"?

En interne, ce projet n'a pas manqué de secouer des salariés déjà sur le qui-vive quant à l'avenir de l'ONF qui serait dans "l'oeil du cyclone" du gouvernement. "Ce genre de projet est quand même symptomatique", souligne Philippe Lucas. "Nous sommes le bras armé de l’Etat en matière de politique forestière publique et on nous met sur le côté sur un sujet majeur de défrichement, c’est à dire de transformer la forêt en autre chose, comme par exemple la culture, les parkings, les usines ou les lotissements", poursuit-il.

D'autant qu'une incertitude demeure sur sa provenance. Le ministère de l'Agriculture se serait élevé contre ce projet de décret qui aurait en réalité été imposé par le cabinet de François de Rugy. La menace, elle, est bien réelle. Concrètement, beaucoup de communes voient la forêt comme une possible réserve foncière, même si théoriquement, le régime forestier mis en oeuvre par l'ONF n'impose sur ces parcelles que des travaux à usage temporaire. Ce qui pourrait à terme faciliter l'implantation de structures telles que les éoliennes, les panneaux solaires ou encore les carrières dans le cadre de ces opérations de défrichement, qui prévoient de changer la vocation de ces forêts.

"Nous voyons notre forêt disparaître petit à petit, à cause des arrêtés préfectoraux autorisant le défrichement dans des parcelles appartenant à des agriculteurs. Ils sont chez eux, nous n’avons rien à dire et nous ne leur en voulons pas. Mais nous ne reconnaissons plus les alentours de notre village. Aujourd’hui on se croirait dans la Beauce ou sur le plateau du Larzac", regrettait dans L'Est républicain Richard Knavie, un habitant du petit village de Longeaux qui compte un peu plus de 200 habitants.

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Biodiversité : nos chats tuent plus d'oiseaux que les éoliennes

Publié le par Notre Terre

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Derrières leurs attachants minois, les chats sont de redoutables serial killers qui menacent la biodiversité. Ils tuent chaque année des milliards d'oiseaux et mammifères dans le monde.

Parachuter des saucisses empoisonnées pour éliminer les chats sauvages. Cela vous semble inconcevable ? C’est pourtant ce que prévoit de faire le gouvernement australien dans l’objectif de tuer deux millions de chats sauvages d’ici 2020 afin de protéger la faune locale.
 
Selon Gregory Andrews, commissaire national des espèces menacées, les chats sauvages introduits par les colons européens ont contribué à l’extinction d’une vingtaine d’espèces de mammifères dans le pays. "Nous devons faire des choix pour sauver les animaux que nous aimons et qui définissent notre nation comme les Bilby, les Warru (Petrogale lateralis) et la perruche nocturne", a-t-il déclaré au Sydney Morning Herald.
 
En effet, selon une étude publiée en 2017 dans la revue scientifique Biological Conservation, les chats – sauvages et de compagnie – tuent 377 millions d’oiseaux et 649 millions de reptiles chaque année en Australie.

Un prédateur majeur pour la biodiversité


Le chat n’est pas seulement une menace en Australie, mais dans le monde entier. Selon une étude menée aux États-Unis et publiée dans la revue Nature en 2013, ils seraient responsables de la mort de 1,3 à 4 milliards d’oiseaux et 6,3 à 22,3 milliards de petits mammifères chaque année.
 
Les matous sont ainsi considérés comme l’une des cent espèces exotiques envahissantes les plus dommageables dans le monde. Parmi eux, les chats errants sont une plus grande menace pour les oiseaux que les chats domestiques, particulièrement les chats harets, c’est-à-dire les chats domestiques revenus à l’état sauvage, après un abandon par exemple.
 
Au Canada, ils sont responsables de la mort de 2 à 7 % de la population totale d’oiseaux du pays chaque année, selon une étude menée en 2013 par Peter Blancher, professeur au Centre national de recherche sur les espèces sauvages.

Et en France ?


En France, aucune étude scientifique n’a évalué l’impact des chats sur la biodiversité Cependant, en 2015 et 2016, la SFEPM (Société française pour l’étude et la protection des mammifères) et le Muséum national d’histoire naturelle ont mené une enquête participative pour mesurer la menace pour la biodiversité que représentent les 12 millions de chats domestiques de l’Hexagone. Cette expérience sera renouvelée en 2019.
 
Les résultats préliminaires montrent que 66 % de leurs proies sont des mammifères, 22 % des oiseaux et 10 % des reptiles. Un chat domestique capturerait en moyenne une trentaine de proies par an, un chat haret plus de 1 000.
 
En comparaison, le parc éolien français est responsable de la mort de 1 000 oiseaux par an, chaque éolienne tuant entre 0,3 et 18,3 oiseaux en fonction de la zone géographique, selon la Ligue pour la protection des oiseaux.
 
Moins radicale que celle proposée par les autorités australiennes, il existe une solution simple pour protéger la biodiversité près de chez-vous : mettez une petite clochette autour du cou de votre boule de poils. De cette façon, les oiseaux et autres proies seront alertés à l’approche du dangereux prédateur.

Source : wedemain

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