Tibet : du paradis terrestre à l'enfer
L'irrésistible tentative de la Chine de "développer" à tout prix l'économie du Tibet met en péril tout essai de protection de l'environnement. Pendant les quarante années qu'a duré son occupation du Tibet, la Chine a repéré, étudié, consigné et pavé chaque monticule de terre recouvrant des ressources naturelles ; elle a pillé minerais, bois, pétrole et bêtes et les a expédiés vers la Chine. Il en est résulté une marginalisation économique des Tibétains dans leur propre pays et des nuisances irréversibles sur l'environnement naturel du Tibet.
Jadis, sur le plan de l'environnement, le Tibet était un paradis où les espèces abondaient, car peu troublées par de trop fréquents contacts avec l'homme : elles étaient protégées, respectées par les Tibétains, qui vivaient en harmonie avec la nature. De nos jours, au Tibet, la destruction et la dégradation de l'environnement qui se développent de plus en plus est source de sérieuses préoccupations (Cf. les données actuelles sur l'Environnement et les Problèmes de Développement au Tibet en l'an 2000).
Une urbanisation massive et rapide parallèlement à de nombreux projets de développement excessif comme ceux qui concernent d'importants secteurs miniers, de grandes stations hydroélectriques et la maintenance d'une gigantesque infrastructure - a entraîné une sévère dégradation de l'environnement, de la faune et de la flore et a conduit au déplacement des populations tibétaines. Des situations critiques dans le domaine de l'écologie, pollution des eaux, déforestation, extinction des espèces endémiques rares, érosion des sols, modifications du climat, décharge de déchets nucléaires et exploitation minière inconsidérée, menacent non seulement les Tibétains mais aussi les régions avoisinantes ou situées en aval.
Les politiques chinoises de développement ont donné lieu à l'industrialisation du Tibet, à l'exploitation de ses ressources et au transfert de populations ainsi qu'à une importante intervention humaine sur ses fleuves et ses lacs. La construction d'un énorme réseau de barrages dans l'Amdo a eu pour résultat une fragmentation désastreuse des fleuves tandis que la déforestation a détruit le potentiel hydroélectrique dans les cours supérieurs du Yangtsé, du Mékong et du Brahmapoutre, trois fleuves qui, tous, ont leur source au Tibet. À cause de la politique d'extraction intensive des minerais qu'a menée la Chine, la plupart des fleuves situés sur le plateau tibétain sont aujourd'hui pollués par des déchets miniers toxiques.
Les crues du Yangtsé ont fait, en août 1998 et 1999, 3.656 morts, ont causé une perte économique de 37,5 milliards de US$ et ont touché plus de 66 millions de personnes. Dans un geste idéologique louable, la Chine a reconnu sa culpabilité dans la déforestation des régions situées en amont et a interdit l'exploitation de la forêt dans ces régions. Même dans le cadre de son Programme de Développement de l'Ouest à Grande Echelle actuel, la Chine a indiqué que les projets de reforestation et de protection de l'environnement des cours supérieurs du Fleuve Jaune, du Yangtsé et du Mékong étaient l'une de ses premières priorités.
La Chine, dans son désir de devenir une puissance mondiale respectée et de faire partie de l'Organisation Mondiale du Commerce, fait de son rôle de "bon citoyen international" une priorité de sa politique nationale. Le moyen diplomatique qu'a choisi Pékin pour valoriser son image sur le plan international passe par l'environnement. En réalité, la Chine manque cruellement de législation, d'organismes et de volonté politique pour protéger l'environnement. Un développement conduit par la Chine sans considération manifeste de la protection de l'environnement ne fera que se développer davantage au 21e siècle - particulièrement au Tibet.