Certaines métropoles françaises ont fait de la préservation de notre environnement l’un de leurs chevaux de bataille, faisant des énergies renouvelables, éco-quartiers, vélos voire voitures électriques en libre-service leur nouvelle marque de fabrique. Si la tendance gagne petit à petit tout le territoire, les agglomérations du littoral Ouest sont tout de même les pionnières et les plus compétentes en la matière.
La star : Nantes
Après Stockholm en 2010, Hambourg cette année et la ville espagnole Vitoria-Gasteiz en 2012, Nantes (Loire-Atlantique) sera « la capitale verte d’Europe » en 2013. Décerné par la Commission européenne, ce prix vient saluer la ville élue auteure d’une politique de développement urbain aussi respectueuse de l’environnement que possible.
Déjà baptisée « ville la plus agréable d’Europe » en 2004 par le Times, la Capitale des Ducs de Bretagne s’est notamment illustrée en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Nantes Métropole, qui regroupe vingt-quatre communes de la communauté urbaine, a en effet adopté il y a quatre ans le Plan Climat qui vise à réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2020 et de 50% d’ici à 2025.
Nantes a également su s’imposer grâce à la mise en place de nombreuses alternatives propres de transport. Elle est ainsi la première ville française à avoir réintroduit le tramway et possède aujourd’hui le plus grand réseau de France avec 42 kilomètres de voies. Outre les « Bicloo » rouges – système de vélos en libre-service – qui ont investi la ville, deux bateaux-bus baptisés « Navibus » et une ligne de bus-tramway, le « Busway », ont intégré le réseau.
Toutes les actions menées par la ville lui ont même permis de se voir attribuer par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) le label Cit’ergie, gage de bonne conduite environnementale. La municipalité ne s’est cependant pas arrêtée là, ayant récemment accordé une rallonge de trois millions cinq cent mille euros pour permettre l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit d’un futur stade couvert d’athlétisme. Livré en 2013, ladite enceine devrait permettre d’économiser près de 3 710 tonnes d’équivalent CO2 en vingt ans.
Seule ombre au tableau : le futur aéroport Grand Ouest de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), qui suscite bien des controverses depuis de longs mois. Près de 6 000 personnes selon les organisateurs se sont encore réunies samedi dernier sur le site de la future plate-forme, qui doit remplacer l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique, en passe d’être saturé, pour s’opposer à sa construction. EELV (Europe Ecologie les Verts) a voté une motion faisant de l’abandon de ce projet « une condition incontournable » à un futur accord avec le Parti Socialiste en vue des élections présidentielles de 2012. Le député-maire de Nantes Jean-Marc Ayrault et son équipe n’ont cependant pas modifié leur feuille de route et le futur aéroport devrait ouvrir d’ici à 2017. A moins que des considérations politiques ne remettent tout en cause…
La pionnière : La Rochelle
La Rochelle (Charente-Maritime) mérite elle aussi sa place dans le Top 5 des villes vertes de France, en grande partie grâce aux actions menées par feu Michel Crépeau, maire à la popularité constante pendant près de trente ans. En véritable pionnier mais à l’époque un brin perché pour nombre de ses contemporains, il a commencé son premier mandat en stoppant les travaux sur le littoral. Quelques années plus tard, le centre-ville a été restitué aux piétons, une première en France.
Un système de location de voitures électriques en libre-service a aussi été installé, ce qui là encore ne s’était jamais vu dans l’Hexagone. Quoi de plus logique, finalement, que la capitale de l’Aunis soit aujourd’hui championne en matière de transports propres.
Tous les matins, moyennant 200 euros l’année, certains salariés qui viennent travailler au cœur de La Rochelle laissent leurs voitures sur un parking situé à la périphérie de la ville. Ils empruntent ensuite une navette électrique qui leur permet de rejoindre leurs bureaux sans polluer et sans engorger les routes. D’autres se servent des « Yélomobiles », des véhicules électriques répartis autour de sept stations.
La ville côtière met également en avant ses atouts maritimes. Deux passeurs électro-solaires, le Copernic et le Galilée relient ainsi pour un euro le Vieux port aux Minimes en quelques minutes. Au total, 20 mètres carrés de panneaux photovoltaïques permettent la production de 2 000 watts. Autre mesure, et pas des moindres : dès 7h30 le matin, les poids lourds sont interdits dans le centre-ville. Ils doivent s’arrêter aux portes de la Cité pour laisser des camions de livraison électriques prendre le relais. Une véritable aubaine pour les habitants mais aussi pour les commerçants, pour qui ce service n’engendre aucun surcoût.
Menées par Maxime Bono, l’actuel maire de La Rochelle, ces initiatives ont permis de réduire de 10% le flux de voitures dans les rues de la ville. Elle se classe d’ailleurs en première place au classement de villes les plus adaptées aux cyclistes, avec plus de 1 000 pistes et bandes cyclables tracées. Un bémol tout de même : il aura fallu attendre l’année dernière pour que l’Agenda 21 soit mis en place, treize ans après son introduction en France.
L’ambitieuse : Bordeaux
Très apprécié en Gironde, le maire de Bordeaux Alain Juppé est redevenu ministre des Affaires étrangères. Il a cependant toujours l’intention de transformer la ville en une métropole verte « à taille humaine » dans les années à venir.
L’ancien Premier ministre s’est donné jusqu’à 2030 pour mettre en place le « Grand Bordeaux » et en faire l’une des métropoles les plus dynamiques et les plus agréables de France. D’ici là, il aura très certainement passé le flambeau mais qu’importe, il compte bien sur ses successeurs pour tenir la barre. Un premier éco-quartier dans lequel 5 000 habitants éliront domicile devrait voir le jour l’an prochain. La ZAC (zone d’aménagement concertée) Berge-du-Lac fera la part belle aux modes de transports doux. Sur le plan énergétique, à peine 50 kilowattheures (KWh) d’énergie par mètre carré et par an seront consommés.
Plus de 60 000 panneaux solaires ont par ailleurs été installés sur les 20 hectares de parking du Parc des expositions de Bordeaux-Lac. Les panneaux photovoltaïques commencent aussi à apparaître en centre ville. Loin d’être réticent aux autres formes d’énergies renouvelables, M. Juppé réfléchit également à l’installation d’hydroliennes sous le Pont de Pierre, même si pour l’heure rien n’a encore été décidé.
Pourtant enterré il y a quelques années, le projet de contournement de la ville à quant à lui refait surface. Alors que la Communauté urbaine de Bordeaux prédit un million d’habitants d’ici une dizaine d’années, la saturation de la rocade bordelaise aux heures de pointes commence à poser problème. Le maire a donc relancé le débat à la surprise des écologistes et la rocade devrait devenir une deux fois trois voies, notamment pour faire face au lent développement du fret ferroviaire aux alentours de la capitale girondine.
« Il y aura peut-être demain des autoroutes intelligentes qui ne seront pas forcément désastreuses pour l’environnement », a déclaré l’ex-ministre de l’Ecologie, dont on a un temps pensé qu’il récupèrerait l’Hôtel de Roquelaure pour succéder à Jean-Louis Borloo… L’accroissement démographique justifie la création de nouvelles infrastructures. On verra si l’édile aura la volonté, le temps et les moyens de faire en sorte qu’elles soient les plus vertes possibles
La polyvalente : Grenoble
Grenoble (Isère) a été la première métropole de France à se doter d’un Plan climat territorial pour lutter contre le réchauffement climatique. D’ici à 2050, la municipalité prévoit de diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Pour ce faire, la ville a fait des éco-quartiers et des transports en commun ses deux principaux atouts.
En 2009, le ministère de l’Environnement a décerné à la Ville le Grand prix national de l’éco-quartier pour la ZAC de Bonne, qui regroupe au total 1 430 m² de panneaux photovoltaïques. Elle n’est cependant pas marginale dans la mesure où, depuis le début de l’année, 70% des immeubles mis en chantier sont des bâtiments à basse consommation d’énergie qui intègrent les normes dites de « haute qualité environnementale ». Outre la construction de bâtiments « responsables », la municipalité prévoit également de réhabiliter les édifices existants pour diminuer leur consommation en énergie. Ainsi sur la période, 1 000 logements devraient être réhabilités chaque année durant la période 2012-2020.
Grenoble multiplie également les efforts en matière de transport en commun. La ville étant localisée dans une cuvette et entourée de montagnes, les températures l’été y sont souvent très élevées et la pollution atmosphérique atteint des niveaux préoccupants. Dans le centre-ville, le maire socialiste Michel Destot aspire à ce que les voitures disparaissent et prône davantage de rues piétonnes. Pour limiter la propagation de particules fines, certaines voies rapides sont désormais limitées à 70 km/h.
Les vélos sont également mis en avant, la municipalité prévoyant l’aménagement de nombreuses pistes cyclables. L’agglomération va également instaurer le « Plan Respire ». Celui-ci consiste en une prolongation des lignes B – laquelle reliera Meylan au Fontanil – et E du tramway, qui se rejoindront d’ici l’année prochaine. Une baisse des tarifs des transports en commun est également envisagée, sachant que les Grenoblois sont déjà deux fois plus nombreux à emprunter les transports en commun qu’en 2003.
La courageuse : Paris
La capitale encore beaucoup d’efforts à accomplir en matière de respect de l’environnement mais les initiatives mises en place par la Mairie de Paris (Ile-de-France) sont tout de même nombreuses.
Le Vélib’ est sans doute celle qui a eu le plus d’impact médiatique. Mis en place en 2007, il est une incontestable réussite, même si les actes de vandalisme sont relativement nombreux. Les automobilistes ont manifestement su s’y faire, comme ils devront se faire aux Autolib’ électriques, elles aussi en libre-service et qui devraient sillonner les artères parisiennes d’ici l’automne prochain. La municipalité prévoit la mise en circulation de plus de 3 000 véhicules répartis autour de 1 000 stations. Les stations, la principale pomme de discorde, bien que les écologistes prophétisent aussi de fortes turbulences en matière de circulation et une perte d’engouement pour le Vélib’.
Paris s’emploie également à désengorger les lignes de métro et de RER, comme en a témoigné la construction de nouvelles lignes de tramway en périphérie. Au total, il en existe actuellement quatre – dont deux qui ont été créées ex nihilo - et quatre autres devraient voir le jour dans les années à venir.
Il y a aussi le dossier brûlant des voies sur berges, que le maire Bertrand Delanoë aimerait rendre aux piétons, au grand dam des automobilistes. 71% des Parisiens seraient toutefois favorables au projet municipal et estiment qu’il permettrait d’améliorer leur qualité de vie.
Des avancées notables ont également été enregistrées dans le domaine de la protection de la biodiversité. Les berges de la Seine devraient ainsi être végétalisées, des îlots d’évolution naturelle devraient pousser un peu partout dans certains parcs de la capitale et un observatoire de la biodiversité pourrait voir le jour.
Il est toutefois un combat bien difficile à remporter, celui qui oppose les autorités à la pollution atmosphérique. Selon un récent rapport d’Airparif, la qualité de l’air ne s’améliorerait pas en Ile-de-France, et plus particulièrement au cœur de l’agglomération. Entre 1,8 et 3,6 millions de Franciliens seraient exposés quotidiennement à des niveaux de pollution supérieurs aux normes. Pour faire face à cette situation, la Ville de Paris s’est portée volontaire pour le déploiement d’une ZAPA, zone d’action prioritaire pour l’air dans laquelle les voitures polluantes seraient interdites. Les automobilistes ont encore du temps pour réfléchir à un plan de repli.