nature

Artificialisation des sols: quatre questions pour comprendre ce phénomène préoccupant

Publié le par Notre Terre

artificialisation-des-sols
Le collectif pour le Triangle de Gonesse proteste contre la construction d'une gare du Grand Paris Express dans le Val d'Oise, au détriment des terres agricoles.

La Loi climat a été présentée mercredi 10 février en conseil des ministres. Tout un volet est consacré à la lutte contre l’artificialisation des sols, une ressource naturelle souvent oubliée. Définition de ce phénomène aux enjeux environnementaux, économiques, sociaux… et politiques.

Coup d’envoi pour le projet de loi climat. Issu de la Convention citoyenne, le texte a été présenté mercredi 10 février en conseil des ministres. Parmi sa grosse soixantaine d’articles, la lutte contre l’artificialisation des sols a été érigée en mesure phare par Barbara Pompili. Objectif du gouvernement: réduire drastiquement la destruction d’espaces naturels, agricoles et forestiers. Quatre questions pour mieux comprendre ce phénomène.

1. L’artificialisation des sols: de quoi parle-t-on?

L’artificialisation correspond à "tous les processus qui amènent une perte d’espaces naturels (comme les zones humides), agricoles ou forestiers", explique Chantale Gascuel, directrice scientifique adjointe à l’environnement à INRAE, l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. D’abord définie par le ministère de l’agriculture pour mettre en garde contre le grignotage des terres agricoles par la ville, l’artificialisation est la conséquence du développement de trois secteurs: d'abord l’habitat (40%), par la prolifération de maisons individuelles – en 2019, les habitations individuelles représentaient 55,9% des logements en France –, mais aussi les infrastructures de transport (28%) comme les routes, et les services et loisirs (16%) comme les zones commerciales.

2. Pourquoi le phénomène pose problème? 

Artificialiser un sol entraîne la destruction d’une ressource naturelle considérée comme un élément de la richesse nationale par l’Insee. "Les sols ont des fonctions de régulation de l’eau, de la qualité de l’air, de stockage du carbone, et sont un réservoir de biodiversité. En artificialisant, nous abîmons durablement cette ressource", poursuit Chantal Gascuel. En construisant une route, l'infiltration de l’eau n’est par exemple plus possible, ce qui augmente le risque d'inondation, sans compter les conséquences sur la stabilité des sols, la création d'îlots de chaleur en ville mais aussi et surtout la destruction de la biodiversité. "Cette fine pellicule entre l’air et la roche met des milliers d’années à se constituer et permet toute la vie."

En outre, alors que les villes se sont développées là où les terres sont les plus fertiles, "au-delà de la dégradation des sols et des paysages ruraux, la consommation de ces terres a pour conséquence de repousser la production agricole loin des centres urbains. Et avec elle ce sont les familles d’agriculteurs qui doivent s'éloigner, alors qu'elles aspirent aussi à bénéficier des services qu'offre la ville, renchérit Béatrice Bechet, directrice de l’Institut de recherche des Sciences et Techniques de la ville du CNRS. Un paradoxe à l'heure où la demande d’une agriculture de proximité permettant de réduire les émissions de CO2 s'accroît."

3. Quelle est l’ampleur en France?

L'artificialisation concernait un peu plus de 9% du territoire en 2015, soit un point de plus qu’en 2006, selon Alice Colsaet doctorante en économie à l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales). C’est l’équivalent d’un département français d’espace naturels, agricoles ou forestiers qui a ainsi disparu en 10 ans. 

Selon l'Insee et les données d'Eurostat, qui retient une définition plus restrictive de l'artificialisation que celle de la France (les mines, les carrières, les décharges, les chantiers, les terrains vagues et les espaces verts urbains comme les terrains de sport sont exclus), la France métropolitaine était alors au dixième rang des pays européens les plus artificialisés, au-dessus de la moyenne de l'UE, devant le Portugal ou l'Espagne et derrière l'Allemagne, l'Italie ou le Royaume-Uni.

En cause: une artificialisation qui progresse plus rapidement que la population ou la croissance économique, observe Alice Colsaet dans une note datée de janvier 2019. Le résultat d’un étalement urbain "quotidien", provoqué par la baisse du nombre de personnes par ménage, la forte augmentation des résidences secondaires et des logements vacants, mais aussi des zones d’activités économiques. Les commerces et bureaux se développent plus vite que la population dans l’espoir de rendre les territoires attractifs.

Mais si l’artificialisation progresse partout, il existe aussi de très grandes divergences entre les régions. "L’Ile-de-France, le Nord-pas-de-Calais et la Bretagne sont les départements où la dynamique est la plus forte", observe Chantal Gascuel, à l’inverse de la Corse, l’Auvergne ou la Bourgogne. 

4. Que propose le projet de loi climat?            

Avec la loi climat, le gouvernement veut diviser par deux ce rythme d’artificialisation d'ici dix ans, par rapport aux dix dernières années. Tous les documents d’urbanismes devront donc se conformer à cet objectif, pour "tendre" vers le "zéro artificialisation nette". Il ne sera pour cela plus possible d’artificialiser qu'à certaines conditions: pour répondre à un besoin démographique ou économique, et s'il est impossible de réaliser le projet sur une friche ou en densifiant une zone déjà urbanisée. Les nouvelles zones commerciales seront aussi interdites au-delà de 10.000 m2.

"Chaque ouverture à l’artificialisation devra être justifiée par l’absence de solution tierce. Les projets en zones naturelles seront donc plus facilement attaquables", se félicite Chloé Gerbier, coordinatrice juridique de Notre affaire à tous. Elle regrette toutefois une définition trop restrictive de l’artificialisation, qui ne comprendrait que les sols ayant perdu 100% de leurs propriétés. Un champ de panneaux solaires avec une perte partielle des fonctions du sol pourrait ne pas être comptabilisés comme artificialisé aux yeux de la loi climat.

“La loi climat apporterait une vraie avancée sur ce sujet”, estime pour sa part Alma Dufour des Amis de la Terre, pour qui le texte a le mérite de poser un objectif assez ambitieux, mais qui ne va toutefois pas assez loin dans sa dimension opérationnelle. Quid des moyens qui seront alloués à la densification et la reconversion des friches, essentielles au ralentissement de l'artificialisation? L'association regrette aussi les exceptions prévues à l'interdiction des zones commerciales, puisqu'elle ne devrait pas concerner les surfaces de moins de 10.000 m2, ni les entrepôts de e-commerce en plein boom. 

Source : challenge.fr

Publié dans Habitat, Nature

Partager cet article

Artificialisation des sols : en France, on bétonne même quand ce n'est pas nécessaire

Publié le par Notre Terre

bétonisation-des-sols

L'artificialisation des terres progresse plus vite que la croissance démographique et économique. Autrement dit, en France, même quand il n'y a pas de besoin spécifique, les sols sont bétonnés. À ce rythme d'ici la fin du siècle, 18 % du territoire sera artificialisé, prévient l'Iddri. Une situation qui pose question quand à la souveraineté alimentaire de la France et sa capacité à résister au changement climatique.

C’est un phénomène que les politiques publiques ont dû mal à endiguer malgré les promesses. En 2015, l’artificialisation de sols représentait 9,4 % du territoire métropolitain contre 8,3 % en 2006. "La France a perdu un quart de sa surface agricole sur les 50 dernières années", a ainsi rappelé Emmanuel Macron lors de sa visite au Salon de l’Agriculture. Aujourd’hui, c’est l’équivalent de la superficie d’un département moyen qui est bétonné tous les 7 à 10 ans.

Or selon une nouvelle étude menée par l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), "un nombre préoccupant de territoires connaissent une forte artificialisation malgré une faible croissance démographique et économique". Autrement dit l’artificialisation progresse même quand elle n’est pas nécessaire. "En dix ans, la superficie des terres artificialisées a augmenté de 13 % alors que la croissance du produit intérieur brut est de 6 % et celle de la démographie de 5 %", détaille Alice Colsaet, doctorante à l’Iddri et autrice de l’étude.

L'habitat et les zones d'activité responsables de l'artificialisation

Plusieurs facteurs sont évoqués, notamment l’évolution de nos modes de vie. Les Français vivent de plus en plus seuls, les familles sont moins nombreuses et ont besoin de plus d’espace. Ils privilégient les maisons individuelles pourtant responsables d’un hectare sur deux artificialisé et achètent de plus en plus de maisons secondaires. Mais les collectivités sont également pointées du doigt.

"Il y a une tendance à consommer de l’espace pour essayer de créer un dynamisme", décrypte Alice Colsaet, "certaines collectivités vont construire des zones d’activité même s’il n’y a pas de demande et qu’elles sont en concurrence avec la zone d’activité de la collectivité voisine. C’est une offre surabondante qui est déconnectée des besoins et qui créé des zones vides". Il n'y a pas un responsable, c'est le cumul entre les nouveaux logements, les complexes commerciaux, les réseaux routiers… qui favorise cette artificialisation galopante.

Moins de terres agricoles, un enjeu de sécurité alimentaire

Selon les estimations de l’Iddri, si la France continue à ce rythme, d’ici la fin du siècle, 18 % de son territoire sera artificialisé contre 9,7 % aujourd’hui. Cela paraît peu mais les conséquences pourraient être terribles. "D’abord cela signifierait une perte d’autonomie alimentaire dans l’Hexagone alors qu’il y a une croissance démographique", alerte Emmanuel Hyest, président des Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), "ensuite les terres agricoles participent à la lutte contre le changement climatique. Elles permettent de capter le carbone mais également l’eau qui recharge les nappes phréatiques".

Pour Emmanuel Hyest, pas de doute, il faut considérer les terres agricoles comme des surfaces intouchables, à l’instar des forêts. Emmanuel Macron, lui, vise l’objectif de zéro artificialisation nette. Cette ambition, introduite dans le Plan biodiversité de 2018, "suppose que toute nouvelle construction devrait être compensée par une déconstruction équivalente, par exemple dans des zones d’activités devenues vacantes ou des parkings surdimensionnés", rappelle l’Iddri. Reste à voir, dans le temps, les effets de cette nouvelle réforme. 

Publié dans Nature

Partager cet article

Climat : voici ce que contient le projet de loi "Climat et résilience" présenté aujourd'hui en Conseil des ministres

Publié le par Notre Terre

convention-citoyenne-climat

Le texte de 65 articles, issu des propositions de la Convention citoyenne, devrait être examiné par les députés à partir de la fin du mois de mars. Il est d'ores et déjà critiqué, pour son manque d'ambition, par les associations écologistes.

Premier examen pour le projet de loi issu de la Convention citoyenne pour le climat. Il est présenté mercredi 10 février en Conseil des ministres. Ce texte intitulé "Climat et résilience" reprend près de la moitié des 149 propositions de la Convention destinées à réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France d'ici 2030 par rapport à 1990, selon le gouvernement.

Le projet de loi arrive après la décision du tribunal administratif, qui a jugé l'Etat "responsable" de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique. Et ce texte est déjà critiqué. Emmanuel Macron avait promis de reprendre sans filtre les 150 propositions de la Convention, mais le projet final est finalement éloigné de l'ambition initiale.

Voici ce que contiennent – et ne contiennent pas – les 65 articles qui se regroupent en six grands thèmes : consommer, produire et travailler, se déplacer, se loger, se nourrir, renforcer la protection judiciaire de l'environnement.

Mieux isoler les bâtiments

En matière de logement, un des secteurs les plus émetteurs de CO2, la Convention citoyenne pour le climat demandait la rénovation énergétique obligatoire des bâtiments d'ici à 2040. Mais la ministre de la Transition écologique a retenu l'interdiction de la location des passoires thermiques (classées F et G) en 2028. Cela représente 5 millions de logements en France, précise France Bleu.

Autres volontés affichées par le gouvernement : rendre obligatoires les audits énergétiques en cas de vente, généraliser le diagnostic de performance énergétique pour les immeubles d'habitation collectifs et clarifier le cadre juridique pour l'interdiction des terrasses chauffées. Dans ce domaine, en fonction des conclusions attendues en mars d'une mission lancée par le gouvernement, des amendements pourraient compléter le dispositif lors du débat parlementaire.

Encadrer la publicité

La Convention recommandait aussi l'interdiction de la publicité pour les produits les plus polluants. Une volonté qui n'a pas été totalement suivie. Ainsi, comme l'indiquaient Les Echos en décembre, la publicité pour les produits les plus polluants, notamment certains gros véhicules SUV, ne sera pas interdite. Le texte interdit, en revanche, celle pour les énergies fossiles.

Pour les autres produits très émetteurs de gaz à effet de serre ou qui participent à la déforestation, le gouvernement a opté pour un code de bonne conduite "qui transcrirait les engagements pris au sein d'un 'contrat climat' conclu entre les médias et les annonceurs d'une part et le Conseil supérieur de l'audiovisuel, d'autre part", selon l'exposé des motifs, rapportent Les Echos.

La Convention demandait aussi l’interdiction du dépôt de toute publicité dans les boîtes aux lettres à partir de janvier 2021. Cela devient, pour les collectivités volontaires, une expérimentation de 36 mois d’interdiction de cette distribution de prospectus, sauf en cas de mention les autorisant.

Le gouvernement "travestit la proposition de loi Evin climat promue par la Convention en simples engagements volontaires de la part des entreprises, soit une démarche purement incantatoire qui a déjà fait la démonstration de son inefficacité. C’est la porte grande ouverte au greenwashing. Cet exemple démontre l’incapacité du pouvoir actuel à mettre notre modèle économique au diapason de l’urgence climatique", a commenté Clément Sénéchal, chargé de campagne Politiques climatiques à Greenpeace France dans un communiqué.

Limiter les transports polluants

Les transports sont le premier secteur émetteur en France. Le projet de loi fixe un objectif de fin de vente des véhicules thermiques les plus émetteurs en 2030, soit cinq ans plus tard que les préconisations de la Convention. Le texte décale aussi de trois ans, à 2023, l’entrée en vigueur de la réduction de l’avantage fiscal sur le gazole pour les poids lourds, rapporte Le Monde. Le projet de loi instaure également l’obligation de mise en place de zones à faibles émissions aux agglomérations de plus 150 000 habitants, ce qui limiterait la circulation de certains véhicules, d’ici au 31 décembre 2024.

Concernant les trajets aériens, le gouvernement va "interdire les vols domestiques s'il y a une alternative possible en train en moins de deux heures et demie", avait annoncé Barbara Pompili dans une interview au Parisien en décembre. Les 150 citoyens membres de la Convention demandaient plus, avec "l'interdiction des trajets en avion à partir de quatre heures".

Enfin, les compagnies aériennes seront obligées de compenser les émissions de leurs vols intérieurs (50% en 2022, 70% en 2023, 100% en 2024).

 

Limiter l'artificialisation des sols

Pour réduire l'étalement urbain qui se fait au détriment de terres agricoles et des espaces naturels, le projet de loi prévoit de diviser "par deux le rythme de l'artificialisation galopante des sols" et "souhaite interdire l'implantation de nouveaux centres commerciaux sur des espaces naturels avec une dérogation possible en dessous de 10 000 m2", avait dévoilé Barbara Pompili dans son entretien avec Le Parisien mi-décembre.  

"Ce seuil est beaucoup trop élevé : 90 % des projets de zones commerciales font moins [de 10 000 m2], souligne au Monde Anne Bringault, du Réseau action climat (RAC). Et la mesure exclut les entrepôts d’e-commerce." La Convention, elle, proposait d'interdire toute artificialisation des sols tant que des friches sont disponibles dans une zone et de "prendre immédiatement des mesures coercitives pour stopper les aménagements de zones commerciales périurbaines". Il est aussi prévu d'inscrire dans la loi l'objectif de 30% d'aires protégées.

Favoriser une alimentation plus végétale

Concernant ce que nous allons trouver dans nos assiettes, la Convention souhaitait que l’ensemble de la restauration collective publique propose, dès janvier 2022, un choix végétarien quotidien. Cette proposition devient une expérimentation de deux ans sur la base du volontariat, à partir de la promulgation de la loi.

En revanche, aucune trace des chèques alimentaires pour aider les moins favorisés à se tourner vers une alimentation durable, "l’un des rares points positifs que l’on avait retenus de la dernière entrevue entre le président et les membres de la Convention citoyenne en décembre", déplore Laure Ducos, chargée de campagne Agriculture pour Greenpeace France. Le Monde précise que "selon Matignon, cette mesure devrait passer par une modification de la loi de finances".

Créer un crime d'écocide

L’environnement sera mieux protégé au niveau du droit. Un "délit d'écocide", selon les termes de Barbara Pompili et du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, évoqué dans Le Journal du Dimanche (article payant), a été mis en place. Cette appellation regroupe en réalité deux délits. Le gouvernement veut d'abord créer un "délit général de pollution", dont les sanctions seront modulées selon le degré d'intentionnalité de l'auteur. Ainsi, "les peines encourues vont de trois ans d'emprisonnement à dix ans d'emprisonnement selon qu'on est en présence d'une infraction d'imprudence, d'une violation manifestement délibérée d'une obligation et, la plus lourde, d'une infraction intentionnelle", égrène le garde des Sceaux dans Le JDD.

En ce qui concerne les amendes, le gouvernement les veut particulièrement dissuasives. "Elles vont de 375 000 euros à 4,5 millions d'euros, poursuivait Eric Dupond-Moretti. Dans les cas les plus graves, d'une infraction intentionnelle ayant causé des dommages irréversibles à l'environnement, on peut parler de 'délit d'écocide'."

L'exécutif souhaite également créer un "délit de mise en danger de l'environnement", qui vise à "pénaliser la mise en danger délibérée de l'environnement par des violations délibérées d'une obligation", explique le ministre de la Justice. La peine encourue sera "d'un an de prison et 100 000 euros d'amende". Mais là encore, ces sanctions sont éloignées de ce que souhaitaient les membres de la Convention, qui avaient proposé un crime d’écocide et non un délit, dont les peines auraient été plus sévères.

Publié dans Nature

Partager cet article

Preuves visuelles flagrantes de l'absorption de CO2 par la nature

Publié le par Notre Terre

Les secteurs agricoles et alimentaires vont être très fortement impactés par le réchauffement climatique. Il faudra donc à la fois trouver le moyen de produire malgré le réchauffement climatique et en plus arrêter de réchauffer dans cet acte de production et de distribution ! Mais l'agriculture est aussi une SOLUTION car elle peut non seulement arrêter de réchauffer la planète mais en plus la refroidir en fixant massivement du carbone de l’atmosphère dans et sur les champs !

Avant de parler directement de l'agriculture et de la foresterie, il faut bien comprendre à quel point la végétation joue un rôle absolument fondamental de régulateur du climat sur notre Planète.

hausse-co2-planète
En hiver, les concentrations de gaz à effet de serre grimpent à nouveau vers leur pic annuel, chaque année à un niveau plus élevé que l'année précédente. © Nasa

Le centre de recherche Goddard de la Nasa a produit une vidéo passionnante qui illustre magnifiquement ce phénomène, en indiquant la concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère jour après jour dans les différentes régions du globe (plus il y a de gaz carbonique, plus la couleur passe au jaune et au rouge).

Des concentrations de gaz à effet de serre différentes selon les saisons

Si on commence début janvier, on peut observer de façon très graphique les effets de l'industrialisation en Amérique du Nord, en Europe et surtout en Chine : les émissions sont massives, et ces gaz délétères se répandent dans tout l'hémisphère nord en fonction des vents dominants.

Ils s'accumulent et, quand on arrive au début du printemps ils arrivent à un maximum : la planète est extrêmement polluée et donc le réchauffement climatique est à son maximum.

Et puis, à partir du mois de juin, miracle, la végétation se développe dans l'hémisphère nord et commence à capter sérieusement le carbone de l'atmosphère, ce qui fait décroître relativement rapidement la concentration de gaz carbonique. Certes, les usines continuent de polluer, mais la Nature est à ce moment-là, la plus forte.

À la fin de l'été, au mois d'août et septembre, on est revenu à des taux à peu près acceptables : merci les plantes, merci les arbres, l'humanité peut à nouveau respirer un peu mieux, malgré les incendies de forêts qui se poursuivent assidûment.

co2-baisse-planète
Les niveaux baissent fortement en été alors que la vie végétale s'épanouit dans l'hémisphère nord. © Nasa

Et puis malheureusement, la nature se met en repos dans l'hémisphère nord, les usines redéploient d'efforts, la population recommence à se chauffer, et à partir des mois d'octobre et novembre la situation devient à nouveau dramatique... et, comme chaque année, notre Planète s'asphyxie littéralement à Noël.

Arrêtons-nous juste un instant sur la comparaison particulièrement éloquente entre le 27 juillet et le 27 décembre. Merci la végétation ! Notons également que la concentration beaucoup plus forte de la population et de l'industrie dans l'hémisphère nord rend cette région du monde beaucoup plus délétère que le sud de la planète.

Face aux milliards de tonnes de CO2 en excédent, notre Planète est en très grande fragilité. On doit pouvoir agir !

Publié dans Nature

Partager cet article

Comment les super-riches payent pour échapper à la crise climatique

Publié le par Notre Terre

bunker-crise-climatique

L'ONU appelle cela "l'apartheid climatique". Depuis quelques mois, face aux impacts réels du changement climatique, les super-riches investissent dans des bunkers qui purifient l'air, dans des services médicaux spécialisés, ou prévoient, grâce à des entreprises privées, leur évacuation en cas de problème, raconte le Financial Times. Alors que les plus pauvres subissent directement les effets de la crise climatique, les super-riches, eux, pourraient y échapper.

Ils se réfugient dans des bunkers filtrant l’air pollué lors d’incendies, sous-traitent à des entreprises privées des plans d’évacuation d’urgence, sollicitent des services médicaux spécialisés… les super-riches ont des airs de survivalistes. Ils ne se préparent pourtant pas à l’apocalypse mais aux impacts du changement climatique. C’est ce que révèlent nos confrères du Financial Times dans un article publié à la mi-novembre. "Les incendies meurtriers qui ont ravagé la côte ouest des États-Unis et la perspective d'une nouvelle épidémie qui pourrait durer plus longtemps que le Covid-19 ont suscité l'intérêt d'une série de services médicaux coûteux, d'agents immobiliers spécialisés et d'experts en crise, dont Global Rescue, une société d'intervention en cas d'évacuation", explique le journal britannique.

Cette entreprise, qui propose à des gouvernements, des entreprises ou des particuliers un système d’évacuation et une prise en charge des soins médicaux en cas de crise sanitaire, climatique ou politique, a, en cinq mois, enregistré plus de clients qu’en 16 ans d’existence. Il faut dire qu’entre les incendies, les ouragans, les sécheresses, la montée des eaux… la crise climatique est de plus en plus réelle.  Face à ces évènements extrêmes, le groupe Vivos a repris 600 anciens bunkers militaires dans le Dakota du Sud.

Les riches "quittent un système" cassé

"Quelle que soit la menace, nos abris sont construits et conçus pour résister ou atténuer à peu près tout, du changement de pôles aux éruptions de volcans, en passant par les tremblements de terre, les tsunamis, les pandémies, les explosions nucléaires, les catastrophes biologiques ou chimiques, le terrorisme et même une anarchie généralisée", lit-on sur le site. Vivos a également équipé ses bunkers de filtres pour contrer les fumées des incendies aux alentours. "Dehors, mec, tu pouvais sentir la fumée. Mais à l’intérieur de leurs bunkers, les gens ont dit qu’ils ne la sentaient pas", explique au Financial Times Dantes Vicino, directeur exécutif de la société qui a testé les filtres lors d’incendies dans le Wyoming. D’autres sociétés proposent aussi des systèmes de refroidissement, calqués sur les gilets pare-balles, qui se portent sous les vêtements.

Ces pratiques permettant d’échapper aux impacts de la crise climatique ont un coût très élevé, accessible seulement à une partie de la population. Pour Abdul El-Sayed, épidémiologiste et ancien commissaire à la santé de la ville de Détroit, si les riches "quittent un système" c’est qu’il est cassé pour l’ensemble de la population. "C’est juste que tout le monde n’a pas les moyens de sortir du système", dénonce-t-il dans le FT.

L’apartheid climatique

Cette situation a un nom : l’apartheid climatique. C’est le terme employé par le Conseil des droits humains de l’ONU. "Une dépendance excessive au secteur privé pourrait conduire à un scénario d’apartheid climatique dans lequel les riches paient pour échapper au réchauffement, à la faim, aux conflits, tandis que le reste du monde souffrirait", expliquait en juin 2019 le rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté, Philip Alston. Une situation d’autant plus difficilement acceptable que plusieurs études ont pointé du doigt le rôle principal des plus riches dans la crise climatique.

Dans un rapport publié en septembre, l’ONG Oxfam a ainsi évalué que les 10 % les plus riches de la planète sont responsables de 52 % des émissions cumulées entre 1990 et 2015, contre seulement 7 % pour les 50 % les plus pauvres. Ces derniers n’ont d’ailleurs quasiment pas accru leurs émissions en 25 ans, alors qu’elles ont explosé chez les plus riches et dans les classes moyennes.

Publié dans Nature

Partager cet article