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Quand des poivrons deviennent la propriété de la multinationale Syngenta

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Un nouveau brevet vient s’ajouter à la longue liste détenue par Syngenta, une multinationale suisse qui contrôle 9 % du marché mondial des semences. Le 8 mai 2013, l’Office européen des brevets (OEB) lui a accordé un brevet sur un poivron résistant aux insectes. Concrètement, tout agriculteur, maraîcher ou jardinier se trouvant dans l’un des 38 États dans lequel le brevet s’applique, et qui souhaite sélectionner un poivron présentant un trait de résistance à un insecte de la famille des Bemisia, doit demander l’autorisation à Syngenta. «  S’il ne le fait pas, cette utilisation risque de constituer une contrefaçon du brevet », prévient No Patent on Seeds, un collectif d’associations engagées contre le brevetage des végétaux, des graines et des animaux d’élevage. « Le brevet ne concerne que la génétique propre à notre invention, précise Syngenta. Le biomatériau d’origine reste libre d’utilisation par les autres sélectionneurs. »

Mais l’argument ne convainc pas les représentants d’une trentaine d’ONG européennes qui ont annoncé déposer un recours le 3 février. D’après elle, il ne s’agirait pas d’une invention mais d’une découverte. « Cette résistance spécifique a été obtenue en croisant un poivron sauvage, de Jamaïque, qui comporte naturellement des résistances aux insectes, avec un poivron commercial. Elle existe donc déjà dans la nature et n’a en aucun cas été inventée par Syngenta », écrit la coalition. Qui insiste également sur le non respect de la Convention sur le brevet européen. « Le poivron de Syngenta est le résultat de procédés essentiellement biologiques (méthodes de sélection traditionnelles) qui ne sont pas brevetables en vertu de l’art. 53 b) de la Convention sur le brevet européen ». Reste à la Grande Chambre de recours de l’OEB de décider si les produits découlant des méthodes de sélection traditionnelles sont brevetables ou non.

La coalition européenne considère plus généralement que ces brevets posent un problème d’un point de vue éthique, mais aussi en termes de réduction de la biodiversité et de phénomènes de concentration. Les trois plus grandes sociétés semencières – Monsanto, DuPont et Syngenta – contrôlent plus de 50 % du marché international des semences. « Dans le cas du poivron, Monsanto et Syngenta possèdent près de 60 % de toutes les variétés protégées en Europe », selon No Patent on seeds. Les organisations demandent à ce que « les plantes et les animaux ne puissent plus être brevetés. La révocation de ce brevet sur le poivron serait déjà un premier pas important. » Plus généralement, elles exigent du Conseil d’administration de l’OEB de modifier les critères d’octroi des brevets « afin d’en exclure toutes les plantes et en priorité celles qui sont obtenues par sélection traditionnelle ».

 

 


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Les catastrophes environnementales bientôt reconnues crimes contre l'humanité?

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Un collectif plaide pour la création d'une Cour pénale internationale de l'environnement et de la santé...


Faire comparaître une entreprise responsable d'une marée noire devant une cour de justice pour crime contre l'humanité? Les signataires de la Charte de Bruxelles espèrent que cela sera bientôt possible. Pour ces associations environnementales, ONG et responsables politiques, qui ont signé le 30 janvier dernier un appel à la création d'une cour pénale internationale de l'environnement et de la santé, seule une justice transfrontalière pourrait punir les atteintes à l'environnement.

 

«Le but est de créer une peur du gendarme, explique Corinne Lepage, députée européenne signataire de la charte. Les catastrophes se produisent car il y a une impunité de fait: les responsables de la catastrophe de Bhopal, en Inde, n'ont toujours pas dépollué le site vingt-cinq ans après, en France la marée noire du Prestige a donné lieu à une parodie de procès… On peut massacrer l'environnement et mettre la vie humaine en danger sans être sanctionné.» Pour que les pollutions qui attentent au «droit inaliénable de l'homme à un environnement sain» ne soient plus impunies, la Charte de Bruxelles propose «d'étendre le champ de compétences de la cour pénale internationale à l'environnement en créant une infraction de catastrophe environnementale volontaire», ajoute l'eurodéputée.

 

Mettre fin à la «délinquance environnementale»


Une cour internationale permettrait notamment de régler les problèmes de compétence entre les juridictions nationales: la question de qui doit juger une pollution, entre la justice du lieu du dommage et celle du pays de ses responsables, ne se poserait plus. Le crime contre l'environnement pourrait également être reconnu crime contre l'humanité afin «d'obtenir une protection effective internationale des écosystèmes».

 

«Nous avons besoin de coaliser les forces et l’originalité de notre démarche est de réunir tout ce qui existe dans le monde comme initiative de répression des crimes environnementaux», commente Corinne Lepage, qui espère construire progressivement ce tribunal international en se basant sur les démarches citoyennes ou régionales qui existent déjà dans le monde.

 

Soutenus par Mikhail Gorbatchev, président de l’ONG environnementale Green Cross, les signataires de la charte de Bruxelles vont écrire au secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, ainsi qu’au président de la Commission européenne Manuel Barroso et au président du Conseil européen Herman Van Rompuy pour faire avancer leur démarche et mettre fin à «la délinquance environnementale», comme l’a déclaré Mikhail Gorbatchev lors de la présentation de la charte.

 

 


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La pêche en eaux profondes bientôt interdite? On est sur la bonne voie

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Si le Parlement européen n'a pas interdit en décembre le chalutage en eaux profondes, le combat des ONG contre cette pratique gagne du terrain: la grande distribution renonce peu à peu à commercialiser certaines espèces et la Scapêche (Intermarché) a décidé de limiter cette activité.

 

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«L'armement du Groupement des Mousquetaires a pris plusieurs engagements, dont le plus important est de ne plus pêcher en dessous de 800 mètres», a indiqué vendredi la Scapêche, en soulignant que cette «démarche volontaire allait au-delà des objectifs du règlement voté par le Parlement européen en décembre».


Filiale d'Intermarché (257 salariés), la Scapêche est le principal armateur français de pêche fraiche et dédie 6 de ses 18 chalutiers à la pêche profonde. Elle a résolument évolué dans ce dossier, au point de «vouloir tendre la main aux ONG», avec qui les rapports ont été très tendus ces derniers mois.

D'un côté, l'ONG Bloom mettait en avant les données scientifiques montrant les dégâts d'une pêche si profonde, de l'autre côté les armateurs brandissaient l'argument de la défense de l'emploi, avec des estimations allant de 600 emplois directs et indirects à une fourchette de 1.500 à 3.000.


«Ils ont été obligés d'entendre la demande des citoyens qui ne veulent pas avoir dans leur assiette des espèces pêchées à un coût environnemental énorme», résume Claire Nouvian, porte-parole de Bloom. «Il n'y aura pas d'impact sur l'emploi, ils vont réorienter leur production, c'était donc possible», souligne-t-elle.

Au-delà de 400 mètres et jusqu'à 1.200 mètres, la lumière est nulle et les sources pour se nourrir sont plus limitées: du coup, les écosystèmes évoluent plus lentement (croissance, reproduction), ce qui les rend plus fragiles.

Les scientifiques dénoncent depuis plusieurs années la technique du chalutage, qui racle les fonds marins, détruisant au passage coraux et éponges, et ne permet pas de cibler les espèces, conduisant ainsi à beaucoup de rejets.

Les Walling, chercheur à l'université de Hawaï et un des spécialistes mondiaux des grands fonds, compare le chalutage à «l'action d' un bulldozer dans un jardin».

 

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Une BD à succès


 

Pour Philippe Cury, chercheur à l'Institut pour la recherche et le développement, «cette pêche n'est pas viable écologiquement, mais elle n'est possible aujourd'hui que grâce aux subventions». Son poids est aussi limité: environ 1% des prises européennes.

Dans ce contexte, la Commission européenne a proposé en juillet 2012 d'interdire, dans un délai de deux ans, le chalutage profond. Mais les discussions ont ensuite beaucoup trainé au Parlement, des députés français, espagnols et portugais défendant le statu-quo.


Finalement, le 10 décembre dernier, les parlementaires n'ont pas suivi la Commission mais ont décidé de mieux encadrer cette pêche, en restreignant les zones où elle est autorisée et en renforçant le suivi scientifique.

Entretemps, les ONG ont reçu un coup de pouce aussi inattendu qu'efficace: fin novembre, une BD reprenant les arguments des pro-interdiction a connu un succès phénoménal sur internet et abouti à faire monter en flèche les signatures à une pétition lancée en juin. Fin novembre, 700.000 personnes avaient signé le texte invitant François Hollande à soutenir l'interdiction du chalutage profond.


Face à une opinion publique sensibilisée, Casino, puis Carrefour et Auchan s’engageaient en décembre à arrêter en 2014 la vente des espèces d'eaux profondes (sabre noir, grenadier, lingue bleue, empereur, etc.). Système U donne déjà des consignes à ses magasins dans ce sens depuis 2010.

Quelques semaines plus tard, c'est donc la Scapêche qui prend le chemin d'une limitation.

Greenpeace a salué «un pas en avant», en regrettant que la limite de 600 mètres n'ait pas été retenue. «C'est une bonne nouvelle pour la biodiversité, même si 800 mètres c'est encore trop profond par rapport à la vulnérabilité des espèces et des milieux océaniques», a commenté Philippe Germa, directeur du WWF.

Désormais, les défenseurs des abysses ont les yeux rivés sur le Conseil européen, les États devant arrêter leur position avant le 14 février, avant un nouveau vote par le Parlement courant 2014.

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Un quart des espèces animales et végétales d'Ile-de-France sont menacées

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Ce n'est pas à la ville mais à la campagne qu'elles sont le plus en danger...


Un quart des espèces vivant en Ile-de-France sont menacées et même près de la moitié dans le secteur agricole où prédomine un modèle intensif de grandes cultures peu favorable à la diversité, relève le premier état des lieux global de la biodiversité dans la région présenté mardi.

 

La moitié des espèces menacées dans le secteur agricole


Cette «photographie de l'état de santé de la faune et de la flore» dans la région la plus peuplée de France (20% de la population française sur 2% du territoire métropolitain) doit permettre de mieux «orienter les politiques» de préservation, a expliqué lors d'une conférence de presse Liliane Pays, conseillère régionale écologiste et présidente de l'Agence régionale de la biodiversité Natureparif.

 

Dans la région francilienne, dont près de 80% de la surface reste rurale (terres agricoles et forêts), la biodiversité est globalement en érosion, avec un quart des quelque 1.800 espèces évaluées apparaissant comme menacées d'extinction à des degrés plus ou moins importants, explique Maxime Zucca, naturaliste de Natureparif qui a coordonné ce diagnostic. Dans le secteur agricole, ce sont même la moitié des espèces qui seraient menacées en raison du modèle francilien qui privilégie une agriculture productiviste, grande consommatrice d'espaces et de produits phytosanitaires, et tournée vers les grandes cultures, ajoute le naturaliste.

 

Quelques joyaux à préserver

 

L'Ile-de-France comporte néanmoins «quelques sites très riches», qui représentent environ 4% du territoire francilien, souligne Natureparif. Parmi ces «joyaux à préserver»: les forêts de Fontainebleau et de Rambouillet, mais aussi les zones humides de la Bassée, au sud-ouest de la région, ainsi que les «pelouses calcaires», riches en fleurs et en insectes, des coteaux de la région de la Roche-Guyon (Val-d'Oise) sur les bords de Seine et près d'Etampes (Essonne). Environ les deux-tiers de ces «hot spots» riches en biodiversité sont aujourd'hui protégés, observe Natureparif.

A Paris et sa petite couronne, partie la plus densément peuplée, la biodiversité est sans surprise beaucoup plus pauvre. Bonne surprise toutefois: de plus en plus d'espèces semblent se plaire de plus en plus dans les immeubles et les friches urbaines (abeilles, faucons pèlerins, hérissons) profitant de politiques de gestion qui laissent de plus en plus de place à la nature, se réjouit l'agence francilienne.

 


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Obsolescence programmée : 11 astuces des fabricants pour vous faire payer encore plus

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L’obsolescence programmée consiste à planifier délibérément et volontairement la durée de vie d’un produit. Bien entendu, aucun fabricant ne vend de biens s’autodétruisant à une date précise. Néanmoins, les astuces pour pousser les consommateurs à remplacer le plus vite possible ordinateurs, machines à laver ou encore vêtements sont légion. Découvrez les pratiques plus ou moins avouables des fabricants.


1 – L’appareil irréparable

Rendre un appareil irréparable est un classique de l’obsolescence programmée. L’exemple le plus connu de cette astuce est celui de l’iPod (première, deuxième et troisième génération), dont la batterie n’était pas amovible. Au bout de 18 mois environ, lorsqu’elle était usée, le baladeur était bon à jeter. Apple a évité de justesse le procès en dédommageant ses clients. Et que dire du radio réveil Phillips simulateur d’aube, dont il est expliqué sur le mode d’emploi que l’ampoule n’est pas remplaçable. « Quand l’ampoule est morte, le réveil à 190 euros doit être jeté », s’énerve un utilisateur sur le forum du site Que choisir.

Solution : se tourner vers les sites spécialisés comme iFixit (américain) ou CommentReparer.com, qui donnent des astuces pour réparer soi-même son matériel.

 
2 – L’incompatibilité

Vous avez acheté une nouvelle console ? Il va falloir renouveler tout votre stock de jeux. Votre ordinateur vous demande de mettre à jour votre anti-virus ? Vous souhaitez installer la dernière version d’iTunes ? Pas de chance : votre appareil est déjà trop vieux et incapable de supporter les nouvelles versions de ces logiciels. « Windows 7 nécessite 15 fois plus de puissance processeur que Windows 98, 85 fois plus de mémoire vive et 68 fois plus d’espace disque », déplore Frédéric Bordage, sur son site GreenIT.fr. Du coup, même si votre ordinateur fonctionne encore, ses performances seront très limitées. Impossible également de brancher le dernier iPod 5 sur la même prise que les précédents modèles. Il faut alors remplacer tous les accessoires.

 
3 -Les pièces détachées manquantes ou hors de prix

Si votre robot mixeur date de plus de cinq ans, il y a fort à parier que vous aurez du mal à trouver des lames pour remplacer celles usagées. Et quand bien même elles seraient encore disponibles chez un revendeur, leur remplacement ne serait sans doute pas rentable. Pourquoi payer 25 euros pour remplacer une lampe de four micro-ondes lorsqu’on peut acheter un four neuf à moins de 30 euros ?

Certaines pratiques font gonfler la facture inutilement. Lors d’une panne de la carte d’alimentation sur un écran plat, les réparateurs vont vous proposer de changer la carte entière (600 euros) alors que le remplacement d’un composant coûte… 30 centimes, comme l’a révélé une enquête d’Envoyé spécial de 2010. Une proposition de loi du sénateur écologiste Jean-Vincent Placé propose un accès aux pièces détachées pendant une durée minimale de 10 ans.

 
4 – L’obsolescence fonctionnelle

Une nouvelle touche « lavage intelligent » sur le lave-vaisselle, un micro-ondes qui calcule lui-même le temps de cuisson, une télévision haute définition ou un ordinateur avec un processeur deux fois plus puissant : « l’obsolescence fonctionnelle » correspond au fait qu’un produit ne réponde plus aux nouveaux usages attendus, selon la définition de l’Ademe. Dans des secteurs où l’évolution technologique est de plus en plus rapide, l’innovation crée le besoin. Depuis 2010, Apple a sorti pas moins de 18 modèles différents de son iPad ! Selon Christian Lafferère, directeur du site Love2recycle.fr (une entreprise qui recycle les téléphones), les Français changent de téléphone tous les 18 mois en moyenne. Le plus souvent, il s’agit pourtant d’innovations cosmétiques, pointe du doigt l’association de consommateur Que Choisir.

 
5 – Les réparateurs incompétents

« Un réparateur dispose en moyenne de 15 à 20 minutes pour une intervention », se désole Linda Bendali, journaliste pour Envoyé spécial et auteur d’un reportage sur le sujet diffusé en 2010. Manque de temps, mais aussi de compétence : une panne sur un lave-linge provoquée volontairement par un simple fil débranché n’a pas pu être diagnostiquée dans trois cas sur quatre, comme l’a montré le reportage d’Envoyé spécial. « Les techniciens sont de moins en moins formés aux gestes techniques », déplore Linda Bendali.
A la décharge des réparateurs, il faut avouer que les appareils sont de plus en plus sophistiqués. « La majorité des produits sont fabriqués en Chine [...], les données techniques sont plus complexes à récupérer », rapporte un responsable du service après-vente de Carrefour à l’association Les Amis de la Terre. Résultat : seuls 44 % des appareils qui tombent en panne sont réparés, selon l’Ademe. C’est même moins de 20% pour les appareils hors garantie.

 
6 – La mode jetable

Oublié, l’unique catalogue de La Redoute qui faisait date dans la saison. La « fast fashion » sévit partout, comme l’a dénoncé la journaliste britannique Lucy Siegle dans un livre publié en 2011. Chaque femme achète en moyenne près de 30 kilos de vêtements chaque année et 30% de ces habits ne sont même jamais portés. Une véritable stratégie de la part des marques, qui profitent d’une main d’œuvre à bas coût pour inonder le marché. Zara produit par exemple plus de 12 000 vêtements différents chaque année, selon la journaliste.

Symbole de cette mode jetable, l’enseigne irlandaise Primark qui a ouvert fin 2013 en France son premier magasin. De la mode ultra discount, avec une robe moulante à 15 euros à porter juste le temps d’une soirée… quitte à la mettre ensuite à la poubelle.

 
7 – La fabrication bas de gamme

La spectaculaire chute des prix des appareils ménagers (-23% depuis 1998 selon l’Insee) cache une autre réalité : celle de la fabrication low cost. Dans les téléviseurs à écran plat par exemple, le condensateur, un élément sensible à la chaleur, est le plus souvent placé à côté des dissipateurs sur la carte d’alimentation. Comme l’a montré un épisode de « Cash Investigation » diffusée sur France 3, cela réduit drastiquement la durée de vie du condensateur et donc de l’appareil.

Autre exemple : huit lave-linges sur dix sont désormais équipés de cuves en plastique plutôt qu’en inox, qui peuvent se casser facilement. Selon des experts interrogés dans une émission d’Envoyé spécial, les machines à laver seraient conçues pour résister à 2 500 cycles de lavages maximum et les téléviseurs pour 20 000 heures d’utilisation.

 
8 – La date de péremption avancée

La DLC (date limite de consommation) indiquée sur les produits alimentaires  est-elle à respecter au pied de la lettre ? Pas si l’on en croit les associations de consommateurs. Charles Pernin, chargé de mission alimentation et santé à l’association CLCV, affirme ainsi que l’on nous vend des produits à dates raccourcies juste « pour assurer un certain niveau de rotation dans les rayons« . La preuve : jusqu’en 2013, certains produits frais à destination des départements d’outre-mer bénéficiaient d’une DLC allongée de 20 jours pour les yaourts ou même 80 jours pour du gruyère râpé.

En réalité, il est parfaitement possible de déguster un yaourt plus d’une semaine après la date limite, et ce sans danger (à condition de bien les conserver). En moyenne, les Français jettent chaque année 20 kilos de déchets alimentaires, dont 7 kilos de produits non consommés encore emballés, selon une étude  de l’Ademe.

 

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9 – L’usure artificielle

Les fabricants d’imprimantes limitent-ils délibérément la durée d’utilisation de leurs appareils? Si l’on en croit le documentaire « Prêt à jeter », diffusé en 2010 sur Arte, une puce insérée dans imprimante bloquerait le nombre de copies à 18 000 pages ou 5 ans d’utilisation. Le fabricant mis en cause dans ce documentaire dément vigoureusement toute pratique de ce genre et l’association Que Choisir avoue ne jamais avoir observé de tels faits.

Nul besoin d’une longue enquête, en revanche, pour s’apercevoir que le message vous prévenant que la cartouche d’encre est à changer intervient largement avant qu’elle soit réellement vide. Même les fabricants comme HP reconnaissent que les avertissements de niveaux d’encre fournissent des estimations « à des fins de planification uniquement ».

 
10 – L’inflation de nouvelles normes

Avec 400 000 normes officiellement recensées, la France est aujourd’hui le pays le plus réglementé du monde, rapporte Philippe Eliakim, dans son livre « Absurdité à la française ». Dans un reportage de « Pièces à conviction » diffusé sur France 3 en octobre 2013, on voit par exemple que les normes régissant la taille des potelets (qui délimitent l’espace sur la voie publique) ont subi deux changements en cinq ans, forçant les maires à réinvestir dans de nouveaux potelets. Autre exemple : la taille règlementaire des vestiaires des arbitres de football, fixée par la Fédération française, qui augmente en fonction des classements sportifs. Pour peu que l’équipe gagne une division, et il faut changer les installations.

Selon un rapport parlementaire de 2013, les seules mises aux normes imposées entre 2009 et 2011 ont coûté 2,3 milliards d’euros aux collectivités en 2011.

 
11 – L’argument écologique

L’argumentaire écologique consiste à inciter les consommateurs à se débarrasser de leur ancien équipement sous prétexte d’en acquérir de nouveaux plus respectueux de l’environnement. L’exemple le plus frappant est celui de la « prime à la casse » automobile. Entre 1994 et 2010, trois primes d’incitation à l’achat ont gonflé artificiellement les ventes de voitures neuves. Un procédé, qui, en plus d’être discutable sur le plan écologique, est très couteux pour les finances publiques.

Le même argument est utilisé par le Gifam, qui regroupe les fabricants d’appareils ménagers : « le renouvellement des 25 millions d’appareils électroménagers de plus de 10 ans par des appareils récents performants permettrait d’économiser 5,7 milliards de kWh ». Un chiffre qui ne prend pas en compte l’impact environnemental de la fabrication des nouveaux appareils.

Il est impossible de parler d’obsolescence programmée délibérée de la part des fabricants.

 

C’est du moins la position des associations de consommateurs. Selon Que Choisir, l’âge moyen d’un appareil électroménager est même passé de six ans en 2008 à sept ans et quatre mois en 2013. Et les taux de fiabilité frôlent les 90% dans la plupart de cas. De plus, pourquoi les industriels auraient-ils besoin de dégrader intentionnellement la solidité de leurs produits ? Dans 40 à 50% des cas, les appareils sont remplacés alors qu’ils sont encore en état de fonctionner, d’après un sondage TNS Sofres/Gifam de 2011.

 

Durée de vie estimée des appareils ménagers :

 

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Durée d’usage estimée des appareils ménagers Appareil Durée d’usage estimée Source : Ademe, Que Choisir Télévision 7 ans Imprimante 3 à 5 ans Ordinateur portable 3 à 12 ans Téléphone mobile 20 mois à 6 ans Ampoule à incandescence 1 000 heures Ampoule fluo-compacte 6 000 à 15 000 heures Tube néon 24 000 à 70 000 heures Aspirateur 6 ans Lave-linge 15 ans Four encastrable 6 à 7 ans Four micro-ondes 6 à 7 ans Cuisinière 7 à 8 ans Tables de cuisson 6 à 7 ans Congélateur 6 à 7 ans Réfrigérateur 6 à 7 ans - See more at: http://actuwiki.fr/eco/inter/41172/#sthash.sif66DSj.dpuf

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