L’épuisement des réserves d’uranium en 2040?

Publié le par Notre Terre

 

186865284.jpg

 

2040 : fin de l’uranium (U) : L’uranium est un minerai crucial pour la production électrique nucléaire. Il existe 3,3 millions de réserves d’uranium prouvées et exploitables de manière normale et environ 10 millions de tonnes de réserves d’uranium dites « spéculatives ».

En 2010 et pour la 1ère fois, la Chine a consommé autant d’uranium qu’EDF, soit 15% du total mondial. Pour autant, comme pour le pétrole; le  Peak uranium est incertain et les experts se contredisent sur le sujet.


Les réserves d’uranium sont réparties à près de 90% dans les 10 premiers pays. Certaines sources estiment qu’il reste de 70 à 90ans

de réserves mondiales (au rythme d’exploitation actuel). Selon l’Uranium Resources and Nuclear Energy

du Energy Watch Group (2006-12), une pénurie d’uranium pourrait se produire

dès 2015 si rien ne change.

Selon d’autres indications (de l’Organisation de coopération et de développement économiques – OCDE), les réserves d’uranium connues et exploitables à un prix de 130 dollars le kilo pourraient suffire, au rythme de consommation actuel, pendant encore 100 ans.
Réserves  d’uranium par pays

L’Union européenne avait fait en 2006, une estimation des ressources et annonçait la fin de l’uranium pour 2144, soit 1 siècle plus tard que le bas de la fourchette de dates estimées.

 

reserves-uranium.jpg

 Production d’uranium dans le monde
   
   

1,2 kilo d’uranium est produit chaque seconde dans le monde, soit 40 700 tonnes par an
    La France a longtemps exploité des mines d’uranium : la fermeture de la dernière mine date de 2001.

    Le taux mondial de recyclage d’uranium est nul : 0 %.

Les gisements d’uranium non conventionnels

L’extraction d’uranium « non conventionnel »est une voie prometteuse : il est extrait des gisements de phosphates et pourrait représenter plusieurs millions de tonnes d’uranium. Les USA vont le faire et le Maroc, qui possède les plus grandes réserves de phosphates du monde, pourrait s’y mettre. Les autres sources d’uranium non conventionnelles sont certains types de roches (calcaires, charbons, shistes noirs) ainsi que les fonds marinsmais avec de grandes difficultés d’extraction dues à la faible concentration en uranium, et aux contraintes liées à l’environnement.

    L’uranium dilué dans les océans

    Il se peut fort bien que les réserves marines repoussent de beaucoup la date d’épuisement de l’uranium exploitable. Roger Robins de l’Université d’Alabama a estimé la quantité d’uranium marin à 4 milliards de tonnes. « Il y a beaucoup plus d’uranium dans l’eau de mer que dans tous les gisements terrestres connus » a-t-il expliqué. « Ce qui rendrait son extraction très chère était sa très faible concentration, mais nous progressons. »

C’est pourquoi de nombreux spécialistes pensent qu’il faut laisser l’uranium de la liste des matières premières menacées de pénurie.
Production et consommation mondiales d’uranium

 
La production mondiale d’uranium

Il existe 3,3 millions de réserves d’uranium prouvées et exploitables de manière normale et environ 10 millions de tonnes de réserves d’uranium dites « spéculatives ».

Les réserves d’uranium sont réparties sur tous les continents. La production d’uranium entrera en déclin vers 2025, entraînant le déclin de la production d’énergie nucléaire.

La production totale d’uranium a été de 73.881 tonnes entre 1956 et 2004. Les dernières mines ont fermé en 1997 à Lodève et en 2001 au Bernardin. Au cours des dernières années, la production est passée de 452 tonnes d’uranium en 1998 – 296 tonnes en 2000 – 18 tonnes en 2002 et 6 tonnes en 2004. La production réalisée après la fermeture des mines provient des derniers stocks de minerai en cours et du minerai récupéré lors des opérations de nettoyages des sites miniers.

Areva est  le premier producteur mondial d’uranium, avec 8 623 tonnes produites en 2009, + 36 % par rapport à 2008.

La production mondiale d’uranium s’est redressée de manière assez nette en 2010, pour atteindre environ 53 600 tonnes après plusieurs années de stagnation ou d’augmentation modeste (la production était d’environ 42 000 tonnes d’uranium en 2005, 41 000 tonnes en 2006, 42 000 tonnes en 2007 et 43 000 tonnes en 2008).
L’augmentation de la production a été réalisée par le Kazakhstan (+ 5 500 tonnes dont + 1 800 tonnes chez Katco) et par la montée en puissance de mines d’uranium en exploitation (McArthur, au Canada, et Langer Heinrich, en Namibie, Olympic Dam malgré ses difficultés, en  Australie).
La consommation mondiale d’uranium

La consommation annuelle d’uranium naturel est de 68 500 tonnes pour une production d’uranium de 53 000 tonnes. Ainsi, les mines d’uranium satisfont moins des deux tiers des besoins, le complément devant venir des sources secondaires.


La production mondiale d’uranium continue de couvrir environ 75 % de la consommation, le solde provenant de ressources secondaires (déstockage du Ministère de l’énergie aux Etats-Unis, matières issues de la dilution de l’uranium hautement enrichi des anciennes armes, utilisation des combustibles MOX, uranium de retraitement, ré-enrichissement d’uranium appauvri).

Les sources secondaires, qui comptent pour 25.000 tonnes d’uranium naturel (ou équivalent) chaque année sont cependant en voie de se tarir.

Autre source d’uranium, les phosphates : l’uranium se trouve en très faible quantité dans les phosphates. La teneur varie de 50 à 200 ppm (parties par million), avec une teneur moyenne de 100 ppm soit cent tonnes d’uranium pour un million de tonnes de minerai de phosphate. Au total cela représenterait un volume de 35 millions de tonnes d’uranium dans le monde.

En effet,  la concentration d’uranium est trop faible pour pouvoir être directement exploité à partir des phosphates. L’uranium peut seulement être un produit associé et secondaire (co-produit) issu du traitement des phosphates lors de la production de l’acide phosphorique (H3PO4).

selon futura24.voila.net : « Une étude de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA/IAEA) montre que la réalité est bien différente. En pratique, une production de 142 millions de tonnes de phosphate permettraient seulement la production de 3.700 tonnes d’uranium par an, en supposant que toutes les usines de production d’acide phosphorique dans le monde soient pourvues d’installations pour la production d’uranium. Des quantités encore plus faibles sont obtenues sur la base d’analyses des teneurs en uranium dans les phosphates des principaux pays producteurs.  »

 
Les pays producteurs d’uranium
1     Canada:     11,800 tonnes     2005      
 2     Australia:     8,980 tonnes     2005      
 3     Kazakhstan:     4,175 tonnes     2005      
 4     Russia:     3,275 tonnes     2005      
 5     Niger:     3,093 tonnes     2005      
 6     Namibia:     3,000 tonnes     2005      
 7     Uzbekistan:     2,300 tonnes     2005      
 8     South Africa:     848 tonnes     2005      
 9     United States:     835 tonnes     2005

 

Publié dans Nature

Partager cet article

Québec – Des activistes étiquettent les OGM

Publié le par Notre Terre

etiquettes-ogm-quebec.jpg

 

Des supermarchés subissent les assauts d’opposants frustrés du refus de l’étiquetage obligatoire par Ottawa - See more at:

Plusieurs marques de commerce ont été la cible des activistes québécois anti-OGM depuis le mois dernier.
 

Des Québécois inquiets de l’absence d’étiquettes ont décidé depuis un mois de les apposer eux-mêmes sur les produits des supermarchés.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Les opposants québécois aux organismes génétiquement modifiés (OGM) ont commencé à appliquer ce dicton depuis un mois dans quelques supermarchés de la province.

Un citoyen de Montréal, outré du refus du gouvernement fédéral d’imposer l’étiquetage obligatoire de produits contenant des OGM, a décidé de fabriquer et d’apposer lui-même des étiquettes sur des produits choisis. Le titre de l’étiquette, «Produit fait à partir d’OGM» est sans équivoque.

L’homme refuse d’être nommé, l’acte s’apparentant à du vandalisme, mais le secrétaire de Vigilance OGM, Thibault Rehn, le connaît bien. Le résident de Notre-Dame-de-Grâce lui a même envoyé 2000 de ses étiquettes le mois dernier.

«Je n’en pose pas, mais rien ne m’empêche de les donner à ceux qui m’en demandent», dit l’activiste, sourire en coin.

Il en a pour l’instant envoyé à plusieurs résidents des villes de Montréal, de Sherbrooke et de Québec. En guise de remerciement, les colleurs d’étiquettes lui ont ensuite envoyé des photos de leurs méfaits dans les supermarchés visités.

Vigilance OGM s’est alors fait un plaisir d’en diffuser quelques-unes sur sa page Facebook.

«Les supermarchés préfèrent garder un profil bas. Ça limite les dégâts au lieu d’attiser le feu», dit Florent Gravel, PDG de l’Association des détaillants en alimentation du Québec.

Et pourquoi pas ?

«Il y a tellement d’indications inutiles sur les produits. Pensez juste au colorant no 9 de la liste des ingrédients, qui ne dit rien à personne. Je comprends ces gens de se faire justice face à cette incohérence politique», dit Benoit Girouard, président de l’Union paysanne.

Mais pour la rigueur de la démarche, on repassera, dénonce Gale West, professeure en sciences de la consommation à l’Université Laval. Elle fait référence à l’étude citée sur l’étiquette, qui démontrerait la plus grande probabilité (sic) de décès chez les rats nourris aux OGM.

«L’étude est extrêmement critiquée. Elle a été effectuée sur des rats modifiés pour être plus sensibles aux cancers. Et elle a été subventionnée par les opposants aux OGM.»

«C’est vrai que ce n’est qu’une étude, mais Santé Canada ne se base que sur celles de l’industrie pour commercialiser les OGM. Ça aussi, c’est un problème», rétorque Thibault Rehn.

• Cette initiative est directement inspirée de «Label it yourself», campagne américaine qui a débuté l’an dernier.

• Près de 65 pays ont une réglementation plus ou moins sévère en matière d’étiquetage des OGM. Le Canada, les États-Unis et le Mexique n’imposent aucune obligation.

 

Publié dans OGM j'en veux pas!

Partager cet article

Les catastrophes naturelles ont coûté 17 milliards de dollars au premier semestre 2013

Publié le par Notre Terre

maison.jpg

 

Les catastrophes naturelles ont coûté 17 milliards de dollars au premier semestre 2013

Sur les six premiers mois de l’année, les pertes économiques liées aux catastrophes naturelles et aux désastres d’origine humaine ont totalisé 56 milliards de dollars, selon les estimations préliminaires d’une étude menée par Swiss Re.

Les inondations ont été la principale source de demande de dédommagements au premier semestre, a précisé le groupe suisse dans l’étude Sigma.

Les demandes d’indemnisation déposées auprès des assureurs sont évaluées à 8 milliards de dollars pour la période, dont 4 milliards liés aux inondations en Europe centrale et de l’Est.

Pour les assureurs, l’année 2013 devient ainsi la deuxième année la plus coûteuse historiquement pour les dommages liés à des inondations.

Outre l’Europe, les sociétés d’assurances ont également dû couvrir des dommages liés aux inondations en Australie, à la suite du cyclone Oswald.

Des pluies importantes en Inde, en Afrique du Sud, en Indonésie et Argentine ont également provoqué des inondations à grande échelle, a également rappelé le réassureur suisse.

Parmi les principales catastrophes naturelles, les assureurs ont également dû couvrir les dommages liés aux tornades dans le Midwest américain, en particulier dans la région de l’Oklahoma.

Les dommages assurés se sont élevés à 1,8 milliard de dollars selon les estimations de Swiss RE.

Publié dans Nature

Partager cet article

États-Unis – Les exercices de l’armée tuent des milliers de cétacés

Publié le par Notre Terre

image-635x409.jpg

 

Les exercices militaires menés par l’armée américaine provoquent des mortalités considérables parmi les mammifères marins, si on en croit deux études rendues publiques vendredi.

En fait, selon des prévisions élaborées par les services de la marine américaine, des milliers de cétacés seront tués ou blessés au cours d’importantes manoeuvres militaires prévues de 2014 à 2019. Les morts liées aux exercices de l’armée seront surtout causées par l’utilisation d’explosifs, mais certaines pourraient aussi être dues à des tests de sonar ou à des collisions avec des navires. Les chercheurs savent depuis des années que les sonars militaires et les collisions avec des bateaux provoquent des blessures et une mortalité importantes chez les cétacés.

 
Les autorités militaires des États-Unis estiment en outre que les différents tests provoqueront plus de 13 000 blessures graves pendant cette période de cinq ans, ainsi que 3,6 millions de blessures de moindre gravité. Le comportement de millions d’animaux risque aussi d’être perturbé.

 
Le groupe environnemental Natural Resources Defence Council croit toutefois que la marine sous-estime l’impact de ses activités sur les animaux marins. Le groupe cite par exemple une étude scientifique publiée le mois dernier qui démontre que l’utilisation du sonar interfère avec l’alimentation du rorqual bleu, ce qui pourrait nuire non seulement à la santé d’individus, mais aussi à celle des populations de cétacés à fanons.

 

Pour les militaires, ces exercices sont essentiels. L’amiral Kevin Slates a ainsi répondu vendredi que la marine a recours à des simulations là où c’est possible, mais qu’elle doit aussi se livrer à de véritables exercices.
Les manoeuvres seront menées au large de la côte Est des États-Unis, dans le golfe du Mexique, dans le sud de la Californie et à Hawaï. Or, on retrouve des espèces de cétacés menacées de disparition dans toutes ces zones.

 

Cette nouvelle menace militaire vient d’ailleurs s’ajouter à toute une série d’obstacles auxquels les baleines et les dauphins sont confrontés, comme la pollution marine, la navigation accrue et les bouleversements climatiques.
Outre les sonars de l’armée, ceux utilisés par les pétrolières représentent aussi une menace. Ainsi, dans le golfe du Saint-Laurent, l’exploration pourrait menacer le rétablissement et même la survie de certaines espèces de cétacés, mais aussi les espèces de poissons comme la morue de même que la tortue luth. Toutes ces espèces sont considérées comme en péril au sens de la loi.

 

 


Publié dans Nature

Partager cet article

Survivre en étant électrosensible

Publié le par Notre Terre

201203161526.jpg

 

Ils souffrent de maux de tête, brûlures, insomnies ou encore de tachycardie, des symptômes qu’ils attribuent aux ondes des téléphones portables, réseaux Wi-Fi ou antennes-relais. Ces personnes dites électrohypersensibles (EHS), une maladie non reconnue en France, ont développé une intolérance plus ou moins sévère aux champs électromagnétiques. Au point de devoir multiplier les consultations médicales, aménager leur logement, porter des protections et parfois fuir toute civilisation.

Les 26, 27 et 28 août, ils se sont réunis dans la vallée isolée de Boulc (Drôme) pour demander la mise en place « urgente » de zones blanches, sans aucune radiofréquence. Portraits de ces malades des ondes.

    Anne Cautain, installée dans les écuries d’une maison forestière

Elle se sent « brûler » à la moindre onde, qu’il s’agisse du Wi-Fi, des téléphones mobiles, des appareils électroménagers, mais aussi des fréquences extrêmement basses (50 Hz) générées par le passage du courant dans les câbles électriques. Anne Cautain, 57 ans, est une très grande électrohypersensible. « Depuis 2009, je suis un véritable radar : je sais qu’à tel endroit, il y a une antenne ou un transformateur. Je ressens le courant jusque dans mes terminaisons nerveuses », raconte-t-elle, les joues écarlates, les pieds nus et le poignet relié à un piquet en acier enfoncé dans la terre, pour se « décharger ».

Le voyage pour rejoindre Boulc, depuis les Hautes-Alpes, où elle vit dans les anciennes écuries d’une maison forestière éclairées à la bougie et chauffées au poêle, l’a épuisée. Elle l’a passé enveloppée de couvertures dans un camion transformé en cage de Faraday (une enceinte métallique étanche aux champs électromagnétiques), conduit par sa fille, dont elle dépend totalement. Finalement, elle restera très peu sur le site, où quelques ondes lui parviennent, malgré l’isolement.

Anne Cautain n’a pas toujours été intolérante aux radiofréquences. Ses symptômes sont survenus six mois après l’installation de bornes Wi-Fi à la cité universitaire de Nice, où elle travaillait comme femme de ménage. « J’ai commencé à ressentir d’intenses souffrances neurologiques, des vertiges, des pertes de mémoire et mon sommeil était fractionné, décrit-elle. Puis, je n’ai plus supporté mon appartement, situé près d’antennes-relais. » Elle le quitte du jour au lendemain. S’ensuit une année d’errance à fuir les ondes, passée entre une yourte au fond d’une vallée, une cave de restaurant, une voiture blindée sur un parking, une caravane et une cabane à jardin tôlée. « Ma souffrance n’était plus qu’une longue dégringolade. Je ne savais plus où me mettre, je voulais aller sous terre », dit-elle encore, une tristesse dans la voix.

C’est à ce moment qu’elle entend parler d’une grotte, à Saint-Julien-en-Beauchêne (Hautes-Alpes), dans laquelle elle vivra trois ans, avec deux autres femmes également « électro ». Les habitants du hameau, solidaires, aménagent la cavité (avec du plancher pour poser des lits et des bâches contre la pluie), d’autres leur apportent des paniers de fruits et légumes et de l’eau, et un voisin leur prête sa douche. Malgré tout, la vie est rude : la température dépasse rarement les 10 °C, la lumière est faible et Anne Cautain perd 14 kilos. Les trois femmes finiront par quitter leur refuge lors de l’installation de la 3G dans le village, qu’elles disent avoir « sentie » avant d’en être informées.

« Je sais que je passe pour une folle et une marginale, confie-t-elle, lucide. Mais même si c’est extrêmement dur à vivre, je n’ai pas le choix. Je ne regarde pas le passé, ni ce que je perd dans la vie : je survis. » Touchant une pension d’invalidité de la Sécurité sociale, elle dit « espérer pouvoir un jour guérir et retrouver une vie presque normale, indépendante, dans une zone blanche ».

    Oscar, ancien trader qui vit et travaille à Paris

Il est à l’opposé de la caricature de l’électrosensible marginal et dérangé. Oscar, 47 ans, ancien sales trader (négociateur-vendeur) dans de grandes banques internationales, intolérant au Wi-Fi depuis 2010 – mais sensible aux champs électromagnétiques depuis des années –, continue de vivre et travailler à Paris, comme professeur en écoles de commerce et formateur indépendant pour des établissements bancaires. Des lieux où les ondes foisonnent.

« Les journées m’épuisent, entre les brûlures à l’intérieur du corps, les picotements et les maux de tête. Et j’ai du mal à récupérer la nuit », témoigne-t-il. Parfois, il doit lever le pied. « Je devais partir à New York en juillet, pour donner une formation très bien payée. Mais j’étais à bout. J’ai dû annuler au dernier moment », regrette-t-il, pointant une maladie « très pénalisante dans la vie professionnelle ». « Avant je travaillais à New York, Chicago et Londres. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Je passe un tiers de mon temps à essayer de me soigner et aller mieux. Cela a changé ma vie. »

Depuis l’apparition de ses symptômes, Oscar a déménagé trois fois, pour finalement s’installer près du bois de Vincennes, cet été. Chez lui, aucun Wi-Fi (il a aussi demandé à ses voisins d’éteindre le leur la nuit), un téléphone filaire, un réveil à piles, et des rideaux de blindage. Il enchaîne les rendez-vous chez les médecins et court fréquemment dans les bois. « Au final, je n’ai pas de vie de couple, pas d’enfant, et une vie sociale très perturbée. L’électrosensibilité, ça isole."

 

c18176fb88.jpg

Carte des antennes relais de téléphones portables à Paris et sa banlieue.


 

    Isabelle, obligée de dormir dans sa cave

Elle porte une casquette enveloppée d’un maillage de fils de cuivre et d’argent. « Cela atténue les maux de tête, les fourmis que je ressens dans une moitié de mon crâne et les troubles du langage », explique-t-elle. En 2008, Isabelle, 52 ans, podologue– qui préfère rester anonyme – est reçue en urgence par un neurologue pour ces symptômes. Après une batterie de tests, le médecin conclut qu’elle est en parfaite santé.

« J’ai ensuite compris que mes maux étaient entraînés par les antennes-relais installées au sommet d’un château d’eau à 130 mètres de chez moi, assure-t-elle. A chaque fois que je quittais mon domicile, je me sentais mieux, et quand je revenais, cela empirait de nouveau. »

Isabelle ne pourra pas déménager, son mari refusant de quitter la maison famiale iséroise. Elle fabrique alors un lit à baldaquin fonctionnant comme une cage de Faraday, qu’elle installe dans sa cave. Et dès qu’elle peut, elle fuit son domicile, comme entre 2011 et 2013, où elle se réfugie en Dordogne. « Ma vie s’est retrouvée bouleversée, témoigne Isabelle, aujourd’hui à la retraite. Quand j’arrive à ne pas être trop exposée, je me sens mieux. »

    Philippe, qui a quitté son travail, son logement et sa femme

C’est en 2007 que tout bascule pour Philippe Tribaudeau. Professeur de technologie, il travaille presque tout le temps derrière un écran, en présence de vingt-quatre autres ordinateurs dans la salle. La chambre de son appartement de fonction se situe en outre à 15 mètres du transformateur de son lycée, près de Dijon. « En trois mois, je n’ai plus supporté les ondes. Je ressentais des brûlures sur la peau, des picotements partout et une énorme fatigue, raconte-t-il. J’ai réussi à finir l’année mais je n’ai pas pu faire la rentrée suivante. » L’ancien enseignant enchaîne alors un an d’arrêt de travail, puis trois années de mise en disponibilité sans solde.

« J’ai vécu un an en camping-car en pleine forêt, parfois entouré d’un mètre de neige. Ma femme, qui m’a soutenu pendant quatre ans, me ravitaillait toutes les six semaines. » Il occupe illégalement la forêt de Saoû dans la Drôme, entre juin et octobre 2010, avant d’être expulsé par les autorités. « Nous avons besoin d’une zone blanche pour nous réfugier. L’électrosensibilité, c’est une vie d’errance, d’isolement, de précarité, constate-t-il. Il faut essayer de le vivre au mieux, mais partir de chez soi, prendre la route et aller nulle part, c’est une forte pression psychologique. »

Lui dit avoir bien vécu ce « saut dans le vide ». « J’étais bien préparé à vivre dehors : je suis sportif et j’aime la montagne. L’isolement ne me pèse pas, livre l’homme au visage buriné par ces mois de vie au grand air. J’ai reconstruit une nouvelle vie. »

Ce nouveau départ, Philippe Tribaudeau, qui touche aujourd’hui une retraite pour invalidité, l’a pris dans la vallée isolée de Boulc, dans une ferme semi-enterrée qu’il a dénichée il y a un an. Il y a installé son association, Une terre pour les EHS, et y accueille régulièrement des électrosensibles de passage. « Tout est toujours disjoncté chez moi, explique-t-il. J’utilise mon ordinateur de temps en temps, un quart d’heure maximum, en travaillant à trois mètres de l’écran grâce à des câbles très longs. » L’homme, également devenu multichimicosensible (intolérant aux odeurs de lessive, parfum ou à la pollution), doit aussi aérer seulement en cas de brise ascendante. Et de conclure : « Je vis dans un bocal. »

    Maïlys, étudiante en master de toxicologie

« Quand j’avais 14 ans, j’ai eu une crise d’angoisse en regardant un film, puis des vertiges et un gros coup de fatigue. Cela a duré des mois », raconte Maïlys, une jolie blondinette qui arbore une polaire bleue, assortie à ses yeux. Sa mère, kinésithérapeute et elle-même électrohypersensible, associe ces symptômes à l’installation d’une antenne-relais dans leur quartier de Romans (Drôme).

« On a revu le système électrique de la maison, éloigné le lit du mur, enlevé tout ce qui émet des fréquences dans la chambre et je me protège avec des tissus, des casquettes et des écharpes anti-ondes, raconte la jeune fille. J’ai quand même un téléphone portable, mais je ne l’allume très peu. »

Depuis, Maïlys, aujourd’hui âgée de 21 ans, a réussi à évacuer une partie de ses douleurs grâce à l’aide d’un sophrologue. Elle a pu poursuivre des études de santé environnementale et va entrer en master 2 de toxicologie à Paris. « J’ai envie de vivre ma vie avec des jeunes de mon âge, de cesser d’être en retrait. Je vais même chercher un appartement en colocation. Mais j’appréhende un peu l’arrivée dans une si grande ville », avoue-t-elle. Si ses proches acceptent de couper le Wi-Fi en sa présence, ils restent sceptiques sur l’origine de ses maux. « Pour ma famille, notamment mes oncles et tantes, c’est un sujet tabou. Ils pensent que c’est dans ma tête. Je leur fais peur. »


Publié dans Nutrition & Santé

Partager cet article