Comment bien se nourrir ? Comment produire durablement des aliments sains ? Ces deux questions, devenues préoccupantes, nous invitent à repenser notre alimentation, depuis le contenu de notre assiette jusqu’à la planète qui nous héberge. En dressant un état des lieux des façons de se nourrir, de leurs bénéfices et nocivités, ce livre pose donc un double regard sur ces enjeux de société fortement dépendants : notre santé et l’environnement.
Expert reconnu en nutrition, l’auteur synthétise des études récentes qui mettent en lumière les liens entre régime alimentaire et santé, montrant clairement l’intérêt de régimes plus végétaux et la réduction, avec une alimentation majoritairement bio, des risques d’obésité, de surpoids et de maladies chroniques telles que les cancers. De plus, il décrit l’efficacité de systèmes alimentaires durables et universels à réduire les impacts écologiques néfastes sur la planète. L’agriculture biologique et d’autres démarches agroécologiques apparaissent comme des modèles à développer pour produire des aliments goûteux, nutritifs et sains, mais aussi pour encourager la consommation locale et recréer des liens directs avec les agriculteurs.
C'est bien la photo de milliers de serres en Andalousie que vous voyez. En achetant des fruits et légumes insipides qui poussent hors sol dans un désert où il n'y a plus d'eau, on ne participe pas à la croissance d'un pays, on ne nourrit pas des familles d'agriculteurs, mais on participe à la catastrophe écologique en cours, on précipite un plus notre monde dans l'abîme. Alors attention à ce que l'on achète. De plus en plus l'achat est un acte politique car nos choix financiers influent sur le monde et la Nature.
Privilégions des produits locaux, proches de chez nous et surtout de saison.
Inès Léraud a enquêté sur l’agroalimentaire en Bretagne, ses impacts sociaux et environnementaux, mais aussi sur les méthodes de certaines entreprises. L'une d'elles l'attaque en diffamation. Un collectif lance une pétition pour soutenir la journaliste et défendre la liberté d'informer.
C'est une affaire médiatico-juridico-politique aux relents d'algues vertes putréfiées. On y croise un scientifique algo-nitratosceptique, un chef d'entreprise condamné par la justice, des ouvriers en souffrance, des familles en deuil, des militants écologistes solidaires, un éditeur inquiet, et des élus régionaux blessés. Ou comment la ténacité d'une jeune journaliste d'investigation peut remuer les tabous bretons, jusqu'à faire réagir un président de Région écartelé entre ses principes démocratiques et les pressions du monde agricole et agroalimentaire.
Attaquée en diffamation
Inès Léraud est convoquée par la justice pour une audience qui devrait se tenir les 20 et 21 janvier 2021 au Tribunal de Grande Instance de Paris. Elle est attaquée en diffamation par un chef d'entreprise guingampais, Jean Chéritel, patron du groupe Chéritel Trégor Légumes, dont elle a épinglé les pratiques managériales et commerciales dans un article publié par Bastamag en mars 2019.
La journaliste indépendante y décrivait à travers plusieurs témoignages anonymes de syndicalistes et d'anciens salariés les conditions de travail et les rapports sociaux dans l'entreprise.
Elle y relatait aussi les démêlés de ce grossiste en fruits et légumes avec la justice : en décembre 2018, le groupe Chéritel a été condamné à 261 000 euros d'amende pour avoir fait travailler illégalement des intérimaires bulgares, via une société intermédiaire, jugement dont il a fait appel. L'entreprise a, depuis, en novembre 2019, été également reconnue coupable par le Tribunal Correctionnel de Saint-Brieuc, de « tromperie » sur l'origine d'un produit, après avoir vendu des tomates étrangères estampillées « origine France ».
La journaliste dénonce connivences et omerta
Mais l'affaire Chéritel n'est qu'un des dossiers sur lesquels Inès Léraud a enquêté.
La jeune femme n'est pas bretonne mais quand elle se lance dans une carrière de journaliste d'investigation, elle comprend très vite que la Bretagne est une terre où bien des lièvres sont à soulever. Elle s'installe dans les Côtes d'Armor en 2015 et, pendant trois ans, enquête sur l'industrie agroalimentaire bretonne pour différents médias et notamment France Culture (émission « Les pieds sur terre »).
Elle s'intéresse aux problèmes économiques et sociaux rencontrés par les agriculteurs et par les ouvriers de l'agroalimentaire, mais aussi aux conséquences environnementales de l'agriculture productiviste. Son enquête "Algues vertes, l'histoire interdite", éditée sous forme de BD, en 2019 par La Revue Dessinée-Delcourt, remporte un vif succès en Bretagne et bien au-delà de la région puisqu'elle a été vendue à 46 000 exemplaires.
La journaliste y rappelle les faits, la prolifération des ulves sur le littoral, les différentes affaires de décès où l'hydrogène sulfuré est incriminé, mais aussi la manière dont les explications scientifiques du phénomène des marées vertes sont battues en brèche par le "lobby agroalimentaire" breton dont elle montre les imbrications et les ramifications.
Elle y dénonce aussi une certaine omerta politico-médiatique, qu'elle appelle "la fabrique du silence", tout en citant et remerciant quelques confrères et consoeurs dont les reportages ont aiguillé certains aspects de son enquête.
C'est le cas d'un de nos reportages, pour lequel, en 2011 nous avions suivi une conférence du scientifique très controversé Christian Buson, invité par les organisations agricoles et agroalimentaires à Saint-Pol-de-Léon pour démontrer la non-responsabilité de l'agriculture intensive et des nitrates dans la prolifération des algues vertes (allant délibérément à l'encontre des résultats multiples et unanimes des instituts de recherche, Ifremer, CNRS, Inra, etc).
En découvrant les quelques pages de la BD le montrant et décortiquant son discours, Christian Buson portera plainte contre Inès Léraud avant de finalement renoncer, quelques jours avant la date du procès en janvier dernier (la plainte n'a jamais été consignée). Il n'avait pas souhaité attaquer parallèlement l'éditeur, comme cela se fait d'ordinaire, mais uniquement la journaliste. Celle-ci avoue se sentir "vulnérable, travaillant de manière indépendante".
"Des tentatives d'intimidation" pour Inès Léraud
Pour la journaliste, "ces plaintes sont autant de tentatives d'intimidation pour nous faire taire, moi et les témoins qui osent se confier à moi". Un collectif breton s'est donc constitué pour la soutenir et "défendre la liberté d'informer sur le secteur de l'agroalimentaire, face aux intérêts privés qui aimeraient la restreindre".
Il faut dire que dans différentes affaires comme celles des salariés de Triskalia victimes des pesticides, les défenseurs des malades et des familles des personnes décédées ont bien conscience d'être confrontés à un système très organisé, très puissant et à un tabou qui pèse sur la société bretonne.
En préambule à la pétition mise en ligne par Cyberacteurs, les soutiens d'Inès Léraud expliquent, dans une tribune publiée par Libération, comment son invitation au Salon du livre de Quintin a finalement été annulée "suite à une demande politique". Comment une maison d'édition bretonne qui avait envisagé de traduire la BD "Algues Vertes, Une histoire interdite" en breton, "a préféré renoncer par peur de perdre des subventions du Conseil régional de Bretagne".
La Région s'offusque et parle d'auto-censure
Cette phrase évoquant les craintes d'acteurs culturels, voilà qui a fait sortir Jean-Michel Le Boulanger de ses gonds. Le vice-président de la Région Bretagne à la Culture et à la Démocratie se dit "profondément blessé et meurtri". "Depuis 10 ans que je suis Vice-Président du Conseil Régional, pas un livre, pas un film n'a été censuré. Il s'agit donc bien d'auto-censure de la part de cette maison d'édition dont je ne connais pas le nom. La liberté d'expression, c'est le combat de ma vie !"
Et de poster sur Facebook : "Le combat pour la liberté d’expression ne peut tolérer aucun coup de canif ! Total soutien à Inès Léraud."
L'affaire est si sensible, à moins d'un an des élections régionales, que le président de Région, Loïg Chesnais-Girard, enfonce lui-même le clou lors d'un "Facebook live" le 15 mai, en indiquant qu'il a "personnellement appelé la journaliste pour lui affirmer son soutien si jamais elle subit des intimidations".
Et de lui assurer que "si son éditeur (pour l'édition en breton), que je ne connais pas, a des inquiétudes, je suis prêt à lever ces inquiétudes". Et Loïg Chesnais-Girard de regretter enfin que ces mots aient été publiés dans la tribune "sans être vérifiés, il y a peut-être de l'auto-censure..."
Et c'est là que le débat s'envenime : le collectif de soutien à Inès Léraud n'admet pas ces allégations de "non vérification d'informations" et publie un nouveau communiqué, évoquant notamment l'affaire des affiches de France Nature Environnement sur les algues vertes, attaquées en justice par Jean-Yves Le Drian en 2011, et assurant que "de très nombreuses personnes, témoins, salariés, inspecteurs du travail, scientifiques, politiques, les ont contactés pour les encourager dans leur démarche de libération de la parole".
Et de rappeler la petite phrase d'Emmanuel Macron au pape François en 2018, quand il lui présente son ministre Jean-Yves Le Drian : « Les Bretons, c’est la mafia française ». "Cette phrase ne nous a ni fait rire, ni rendus fiers. Mais elle disait peut-être vrai", conclut le collectif dans son communiqué.
Pataquès révélateur
Nous avons retrouvé la maison d'édition en question pour avoir le fin mot de l'histoire.
Paolig Combot, président de Skol Vreizh, nous indique qu'il "a bien envisagé à l'automne dernier, la possibilité d'éditer une version traduite en langue bretonne de la BD", mais qu'avec ses collègues ils ont "préféré ne pas aller au bout de la démarche, d'une part pour des raisons économiques" (ses clients habituels l'ayant, sans doute, déjà, pour certains, achetée en français), mais aussi, il le reconnaît, "par crainte pour leur subvention, du fait de l'influence au sein du Conseil Régional de personnes en charge de l'agriculture".
Il ne veut pas citer de nom mais l'allusion à l'ancien président de la FDSEA22 et de la Chambre d'Agriculture des Côtes d'Armor, Olivier Allain, devenu vice-président en charge de l'agriculture et de l'agroalimentaire, semble évidente.
La maison d'édition morlaisienne craignait, en quelque sorte, de faire les frais d'un "défaut d'étanchéité" entre agriculture et culture à la Région. La mise au point de Loïg Chesnais-Girard, qui a décidé d'éteindre lui-même le feu, a dû la rassurer.
Mais ce pataquès est bien symptomatique du climat régnant en Bretagne, alors que le "modèle agricole et agroalimentaire breton" est, depuis longtemps, mais de plus en plus, au fil des affaires sanitaires, sociales et environnementales, remis en cause.
Une affaire qui révèle un "en même temps" breton difficile à tenir
La position du "en même temps" , initiée en Bretagne par Jean-Yves Le Drian dès 2010 pour assurer sa réélection à la tête de la Région, avant d'être reprise au niveau national par Emmanuel Macron, est de plus en plus difficile à tenir pour la majorité régionale de son dauphin Loïg Chesnais-Girard.
Les clivages s'exacerbent, les manifestations et les procès fleurissent, sur les pesticides notamment, et les importations de soja OGM pour l'élevage industriel. Et l'opinion publique aspire, d'une manière générale, à plus de prise en compte des enjeux écologiques, de santé, et d'une alimentation, certes locale, mais aussi saine et responsable.
La campagne électorale des Régionales 2021 n'est pas encore vraiment lancée, mais ces prémisses nous confortent dans l'idée qu'elle va être tendue et passionnante !
Inès Léraud, qui est partie enquêter sous d'autres cieux, reviendra peut-être en Bretagne pour observer cela de près.
La crise du coronavirus est-elle en train de nous faire oublier la nécessité de réduire nos déchets? Depuis deux mois, le recours aux protections jetables a fait un grand bond en avant. Et seul notre civisme limitera la pollution engendrée.
Les masques, lingettes, gants, films plastiques, suremballages et autres sont tellement demandés en ce moment qu’ils sont mêmes souvent en rupture de stock. Si leur utilisation apporte une certaine sécurité sanitaire, leur élimination pose d’autres problèmes.
Les hôpitaux ont déjà leur filière qui dirige ces déchets vers l’incinération. Ils séparent les déchets en DASRI, Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux, et en DAOM, Déchets Assimilables aux Ordures Ménagères.
Mais le problème va surgir du côté du grand public, peu habitué à l’usage de ces protections.
Des lingettes qui bouchent les stations d'épuration
Le service Cycle de l’eau de la communauté urbaine de Caen a déjà alerté début mai sur une arrivée massive de lingettes de nettoyage dans les stations d’épuration, une accumulation pouvant causer des dommages sur les installations et donc sur la qualité des eaux.
Le Centre d’Information sur l’Eau, organisme piloté par des organismes comme la Fédération des entreprises de l’eau, Veolia ou encore Suez, vient de publier une alerte du même type :
C'est une conséquence de l'épidémie, le recours aux lingettes désinfectantes et aux masques jetables s'est amplifié, avec des effets néfastes sur les réseaux d'assainissement et sur notre environnement. Les masques commencent à joncher nos caniveaux. Quant aux lingettes, si elles participent à l'hygiène domestique, elles restent, encore et toujours, un véritable cauchemar pour les services de dépollution des eaux usées.
-Alerte du Centre d'Information sur l'Eau-
Des employés affectés au ramassage des masques sur les parkings
Dans certaines grandes surfaces commerciales, un employé doit être affecté au ramassage des masques et des gants jetés sur les parkings. Pour le grand public, ces masques, gants et lingettes sont à jeter impérativement dans la poubelle ménagère. Certaines communautés de communes comme Le Havre Seine Métropole demandent même à leurs administrés un double emballage de ces déchets pour protéger au maximum les personnels de collecte et de tri.
Les associations environnementales comme le GRAPE (Groupement Régional des Associations pour la Protection de l’Environnement) ou Manche Nature s’inquiètent très sérieusement pour la suite. Alors que nous commencions à prendre conscience de la nécessité de rompre avec le « tout plastique », la pandémie du Covid-19 vient tout mettre à terre … ou à l’eau.
Un masque chirurgical met 450 ans à se désagréger
Les masques chirurgicaux jetables sont fabriqués avec des « non tissés polypropylènes », des textiles issus du pétrole aux propriétés intéressantes pour la filtration grâce à l’électricité statique, mais qui comme les lingettes, les couches et autres serviettes mettront près de 450 ans pour disparaitre.
Jetés dans les toilettes ou dans la nature, ces ustensiles finiront sur nos plages ou alimenteront le 7ème continent. De plus, les élastiques des masques formant une boucle sont un piège pour de nombreux organismes vivants.
La seule solution pour ne pas ajouter à cette crise sanitaire, une crise environnementale est donc de jeter masques, gants, lingettes et autres non recyclables dans le bac des ordures ménagères, et en aucun cas dans les toilettes ou dans la nature.
En plein confinement, la Commission Départementale des Mines (CDM) a trouvé le moyen de valider par vote dématérialisé le projet désormais surnommé « Montagne d'Or Bis » de la compagnie minière Espérance (CME) du groupe Ostorero, porté par la multinationale Newmont.
Un énième projet de méga-industrie minière
La CDM a réussi à faire valider, malgré l'agenda chargé de la Préfecture de Cayenne en pleine crise sanitaire, un projet de mine d'or à ciel ouvert. Sa superficie, équivalente à 2 fois et demi la taille de Marseille, signifierait autant de surface déforestée. Le projet a été accepté par 12 voix « pour », dont celles du président de la collectivité territoriale de Guyanne, et celle des services de l'État (1), et 5 voix « contre » dont des représentants Amérindiens, les ONG Guyane Nature Environnement et WWF).
Dans le même temps, la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, tente de rassurer en disant que l'avis de la CDM ne serait que consultatif et ne constituerait « en rien une autorisation de travaux d'exploitation ». (2)
Nous n'oublions pas qu'en juin 2019, après la déclaration de l'État d'abandonner le projet « Montagne d'Or », que la CDM avait manifesté auprès de l'État sa volonté d'échanger afin de « poursuivre l'amélioration de ses impacts environnementaux ». Greenwashing ou sincérité ? Force est aujourd'hui de constater que ces impacts ne devraient pas aller en s'améliorant si cette « Montagne d'Or Bis » se fait !
Un projet écocidaire en contradiction totale avec les leçons que nous pouvons tirer de la crise sanitaire du COVID-19
A l'heure où la forêt Amazonienne est déforestée, à l'heure où la biodiversité s'effondre à une vitesse sidérante, à l'heure où la perturbation des écosystèmes augmentent les risques des pandémies – le coronavirus n'en est qu'un triste exemple –, cet énième projet extractiviste est écocidaire. Le territoire Guyanais représente à lui seul 50 % de la biodiversité Française. Il mérite bien mieux que de répondre aux lubies de quelques multinationales minières !
Les Jeunes Ecologistes sont solidaires de la contestation contre ce projet supplémentaire de méga-industrie extractiviste, qui n'a pas sa place dans un monde d'après conscient des enjeux écologiques et sociaux.