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Pakistan : déclin dramatique de la mangrove

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La mégalopole pakistanaise Karachi est protégée des tempêtes tropicales par une barrière naturelle, la mangrove. Mais la pollution, l'irrigation à grande échelle et les coupes illégales au cours du dernier siècle ont décimé cette forêt marine au grand dam des pêcheurs qui y trouvent crevettes et poissons.

 

Aux portes de la cité portuaire de Karachi et de ses 20 millions d'habitants, se jette l'Indus, grand serpent d'eau douce qui traverse le Pakistan, de l'Himalaya à la mer d'Arabie, pour irriguer les plaines du Pendjab et du Sind. Le delta de l'Indus est, lui, oxygéné par un océan de verdure miroitant sur l'eau: la mangrove, un écosystème unique qui plante ses racines au carrefour des eaux douces et salées.


Mais la mangrove a décliné au cours du dernier siècle pour passer de 600.000 hectares au début du 20e siècle à un peu plus de 130.000 aujourd'hui en raison notamment du détournement du flux de l'Indus pour irriguer les terres, ce qui a altéré le rapport entre les eaux douces et salées, le développement industriel de la côte, et les trafiquants de bois.

Malgré les patrouilles des écologistes, les bûcherons sévissent toujours sur les eaux du delta, prêts à tailler la mangrove pour la revendre en bois de chauffage. «Je vends ce fagot pour presque rien, 10 ou 20 roupies (8 à 15 centimes d'euros). Je gagne très peu d'argent», se lamente Haji Brahim, trafiquants de mangrove, la barque remplie de branches maigrichonnes alors qu'au loin ce sont de véritables troncs que les contrebandiers transportent.

La loi pakistanaise protège en théorie la mangrove de ces petits trafiquants à coups d'amendes allant d'un à 250 euros et qui ont d'autant moins d'effet dissuasif que les autorités sillonnent très peu les eaux pour y traquer ces bûcherons marins.

 

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Dans l'est de Karachi, le développement industriel a lui aussi amputé la mangrove comme devant cette usine thermique à la bouche de l'Indus où les arbres marins sont desséchés, ce qui fait enrager les pêcheurs, car la mangrove sert aussi de vivier pour les poissons et les crevettes, dont le Pakistan est un important exportateur.

«Je ne comprends vraiment pas pourquoi on s'attaque à la mangrove. C'est stupide: c'est comme vider l'estomac de son voisin pour remplir le sien», enrage ainsi Kamal Shah, porte-parole de l'Association des pêcheurs du Pakistan. «Si nous étions dans un autre pays, la mangrove serait mise en valeur, protégée», dit-il.


Plus la ville continue de grignoter sur la mer, plus elle détruit sa barrière naturelle contre les cyclones et autres catastrophes naturelles. «Lorsqu'il y avait des tempêtes tropicales, nous attachions jusqu'à quatre bateaux ensemble à la mangrove. Alors, assis, nous discutions et chantions des chansons», se souvient le vieux pêcheur Talib Kacchi.


Le sud du Pakistan et la métropole Karachi sont situés au carrefour des plaques tectoniques indienne, africaine et arabique, une activité sismique à l'origine de nombreux tremblements de terre et parfois même de tsunamis.

«Cette zone a été touchée par un énorme tsunami en 1945, et cela peut bien sûr se reproduire... L'an dernier nous avons eu un tremblement de terre, enfin deux, et si un séisme a son épicentre dans la mer, cela peut provoquer un tsunami. Et si un tsunami nous touche, la zone qui en souffrira le plus sera le delta de l'Indus», explique Muhammad Moazzam Khan, du Fonds mondial pour la nature (WWF-Pakistan).


D'où l'importance de protéger la mangrove pour tenter de minimiser les dégâts d'une éventuelle catastrophe naturelle. Après des décennies de déclin, les défenseurs de l'environnement tentent aujourd'hui d'inverser la tendance en replantant la mangrove sur la côte près de Karachi.

Doucement, très doucement, de façon éparse, la mangrove commence à repousser mais n'atteindra probablement jamais sa splendeur d'antan, à l'époque où Karachi était un paisible port colonial à des lieues de la mégalopole grouillante, polluée et fascinante qu'elle est aujourd'hui devenue.

 

 


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"2015 décidera des conditions de vie de nos petits-enfants"

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Lourde responsabilié que nous avons nous humains en cette année 2015 qui s'annonce.

 

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L'année 2015 marquera-t-elle un tournant historique dans la lutte contre le réchauffement climatique, un phénomène toujours plus largement documenté, visible et menaçant? Il reste moins d'un an à 195 pays pour négocier et sceller à Paris un accord mondial.

«2015 décidera des conditions de vie de nos petits-enfants et de leurs petits-enfants», prévient Hans Joachim Schellnhuber, directeur du Postdam institute, spécialisé dans les questions climatiques.


«Au sommet de Paris, presque 200 nations ont l'objectif de mettre la planète sur une trajectoire de réduction des émissions qui permette de limiter le réchauffement à 2°C», par rapport à l'ère pré-industrielle, rappelle-t-il.

Pays hôte, la France présidera les débats et aura à ce titre «une responsabilité historique», estiment les écologistes français. D'intenses efforts diplomatiques sont déjà en cours.


Au delà de 2°C, les climatologues redoutent un emballement du système climatique, sachant que la température moyenne de la planète s'est déjà réchauffée de 0,8°C.

En l'absence de mesures nouvelles, la trajectoire actuelle file vers +4 à 5°C à la fin du siècle. Une perspective synonyme d'évènements climatiques extrêmes plus fréquents, de dangers pour la sécurité alimentaire et de phénomènes migratoires de grande ampleur.


Six ans après le retentissant échec de Copenhague, décembre 2015 est la date butoir que la communauté internationale s'est fixée pour trouver un consensus sur un texte. Le futur accord doit prendre, à partir de 2020, le relais du protocole de Kyoto, qui n'engageait que les pays riches dans la réduction des gaz à effet de serre (GES).

Depuis 2009, chaque année, une COP (conférence des parties) a tenté de préparer le futur texte qui engagerait tous les pays de la planète.

Cancun, Durban, Doha, Varsovie et tout récemment Lima ont été le théâtre de négociations toujours extrêmement laborieuses pour que 195 pays parviennent à un consensus.


L'action climatique est un défi car elle touche le coeur même des économies: la production et la consommation d'énergie.

Selon les économistes, il est possible de parvenir à réduire drastiquement les émissions de GES sans altérer la croissance, mais cela nécessite un changement radical dans les investissements pour laisser notamment deux tiers des réserves fossiles connues dans le sol.

Quelques signaux permettent de penser que la donne a changé depuis Copenhague.


En novembre, Barack Obama a annoncé un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2025 et la Chine, fortement exposée aux risques climatiques et en proie à de gros problèmes de pollution de l'air à cause du charbon, a promis un pic de ses émissions d'ici 2030.

L'Union européenne s'est elle engagée à réduire de 40% ses émissions en 2030 par rapport à 1990.


«Les économies les plus puissantes sont aussi les plus gros pollueurs», souligne Hans Joachim Schellnhuber, manière de rappeler qu'une poignée de pays détient les clés de l'avenir climatique. Les cinq plus gros émetteurs - Chine (27%), Etats-Unis (14%), Union européenne (9,6%), Inde (5,8%), Russie (5%) - représentent plus de 60% des émissions actuelles.

Dans la perspective du rendez-vous parisien, 2015 verra deux dynamiques à l'oeuvre: des négociations onusiennes intermédiaires et les annonces des pays sur l'adaptation de leur politique énergétique.

Pour ces dernières, l'accord de méthode trouvé à Lima laisse une grande latitude sur la forme que pourront prendre les engagements (durée, secteurs, base de référence, etc.).


«Ce qui se passe en dehors de la négociation est au moins aussi important que la négociation elle-même», estime Pascal Canfin, ex-ministre français et expert auprès du World ressource institute (WRI). L'accord sino-américain de novembre sur leurs futurs engagements en est un exemple.

Le processus onusien reste toutefois la colonne vertébrale de l'action collective. A Genève en février, puis à Bonn à deux reprises, des délégations restreintes des 195 pays se retrouveront avant Paris.


De nombreux sujets sont en suspens: l'accord sera-t-il légalement contraignant? Comment parvenir à mobiliser 100 milliards de dollars annuels en 2020 pour aider les pays du Sud dans la lutte contre le réchauffement? Et surtout comment partager équitablement les efforts à faire, notamment entre pays émergents et riches?

Pour Elliot Diringer du Center for climate and energy solutions (C2ES), «parvenir à trouver un équilibre entre pays développés et en voie de développement sera clairement l'une des plus grandes difficultés l'an prochain à Paris».

 

 


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Futur canal du Nicaragua : la Nature, une fois de plus est la grande perdante

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Le Nicaragua a inauguré lundi la construction d'un canal interocéanique avec l'ambition de concurrencer celui du Panama, malgré les doutes sur ce projet mené par un groupe chinois et critiqué par la population pour son impact écologique.


«Aujourd'hui nous allons commencer les premiers travaux du canal du Nicaragua, avec le soutien du gouvernement, la compréhension et le soutien fort du peuple nicaraguayen», a déclaré le magnat chinois Wang Jing, président de l'entreprise HK Nicaragua Development Investment (HKND), lors d'une cérémonie à Rivas (sud).


Une autre cérémonie doit être organisée en fin de journée à Managua, en présence du président Daniel Ortega.

«Ce qui a été un rêve pour des générations depuis un siècle au Nicaragua va commencer à devenir réalité», assurait à l'AFP, il y a quelques jours, Telémaco Talavera, porte-parole de la Commission du Canal et de HKND.

HKND, un groupe inconnu jusque-là, est chargé de ce chantier pharaonique, estimé à 50 milliards de dollars (cinq fois le PIB du pays), soit le projet le plus ambitieux d'Amérique latine.


Mais la population ne semble pas partager ce «rêve» : depuis des mois, les manifestations se multiplient, de paysans menacés d'expropriation mais aussi d'associations inquiètes du risque de catastrophe écologique.

«Si l'on additionne les 15 manifestations locales organisées en deux mois et demi, au total il y a eu 40.000 participants», expliquait récemment à l'AFP Monica Lopez Baltodano, directrice de la fondation de développement local Popolna, l'une des organisatrices des protestations.

Les forces de l'ordre étaient déployées lundi pour empêcher de nouvelles manifestations.


Les travaux, qui dureront cinq ans, débuteront au niveau de l'embouchure du fleuve Brito, sur la côte Pacifique sud.

Il s'agira d'abord de construire les premiers chemins d'accès au canal et un port, étape qui occupera quelque 300 des 50.000 ouvriers prévus au total, selon l'Australien Bill Wild, principal consultant du projet.

Le canal traversera le lac Cocibolca, plus grande réserve d'eau douce d'Amérique centrale, continuera son chemin à travers des forêts tropicales et au moins une quarantaine d'agglomérations avant d'aboutir à l'embouchure de la rivière Punta Gorda, côté Caraïbes.

D'une profondeur de 30 mètres, il permettra le passage de bateaux de jusqu'à 400.000 tonnes.

 

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Lac de Cocibolca, la plus grande réserve d'eau douce d'Amérique centrale

 

 

 

Le chantier, dont les études de viabilité technique, environnementale et financière restent secrètes, menace de déplacer 30.000 paysans et indigènes ramas et nahuas qui vivent sur le tracé.

«Nous ne voulons pas qu'ils coupent le Nicaragua en deux», témoignait il y a peu un des manifestants, Wilson Pross, 27 ans.

La crainte est aussi que le canal, en traversant le lac Cocibolca, n'y fasse entrer de l'eau salée, ce qui menacerait les espèces locales, dont le requin-bouledogue, qui vit en eau douce.

Le gouvernement rétorque que ce chantier est la manière la plus rapide de sortir de la pauvreté, qui touche 45% de la population au Nicaragua.

Il assure même que l'infrastructure fera du pays le plus riche d'Amérique centrale.


«Le projet fait face à de gros obstacles», estime James Bosworth, analyste de la société américaine de conseils Southern Pulse, citant les difficultés techniques.

Mais «en réalité, le contrat (avec HKND, ndlr) va beaucoup plus loin que le simple canal. Il offre des opportunités pour de nombreux projets d'infrastructures dont des ports, des routes, un complexe touristique et un aéroport rénové», qui eux «sont certainement viables économiquement».

Et «logiquement, si le canal finit par se construire, la présence des entreprises chinoises dans toute la région se multipliera», ajoute Ronald Arce, chercheur au Centre latinoaméricain pour la compétitivité et le développement durable (CLACDS), organisme de recherche de l'école de commerce Incae, au Costa Rica.


Car l'arrivée de groupes chinois en Amérique centrale, jusque-là chasse gardée des Etats-Unis, «est un phénomène vraiment récent», explique-t-il.

HKND doit construire puis administrer pendant 50 à 100 ans ce canal de 278 kilomètres de long, soit trois fois plus que celui du Panama.

Ce dernier, qui travaille à son élargissement à l'occasion de son centième anniversaire, voit évidemment ce projet d'un mauvais oeil, redoutant sa concurrence sur les 5% du commerce maritime mondial qu'il fait transiter.

 

 


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Village Nature : quand Mickey Mouse devient écolo

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Manuel Valls a posé jeudi la première pierre du chantier des «Villages Nature», apportant son soutien à ce gigantesque concept de destination «éco-touristique» qui doit ouvrir en juillet 2016 à côté de Disneyland Paris, au sud-est de la capitale française.

 

Le chantier, installé entre deux forêts domaniales de Seine-et-Marne, est censé créer un lieu de loisirs conçu en forme de «cité végétale» et centré sur la nature, avec hébergements en cottages et appartements, parc aquatique, lagon extérieur, jardins suspendus, immeubles à l'architecture végétale, ferme bio, forêt «sportive», commerces...


La première phase de ce programme commun des groupes Pierre et Vacances et Euro Disney, qui brandit la thématique du développement durable, concerne 175 hectares et un investissement d'environ 500 millions d'euros. Si la phase ultime se concrétise, d'ici une décennie, le site pourrait couvrir au final jusqu'à 500 hectares et représenter deux milliards d'euros d'investissements.

C'est le plus grand projet de «resort» touristique en Europe. Il cible d'ailleurs largement la clientèle européenne, et espère un demi-million de visiteurs dès sa première année d'exploitation.


Pour M. Valls, qui s'exprimait sur le chantier du site à Villeneuve-le-Comte en Seine-et-Marne, ce projet classé Opération d'intérêt national (OIN) est «un exemple de ce qui doit être fait pour concilier l'économie et l'écologie, le développement de nouvelles activités et la protection de la nature».

Dominique Cocquet, directeur général de Villages Nature, explique qu'il s'agit là d'«écrire une nouvelle page en matière de tourisme, qui prenne en compte les grands défis environnementaux du XXIe».

«On est dans la modernité. Ce n'est pas la campagne ou un bout de safari», dit-il.


Aux yeux du Premier ministre, «cette offre de loisirs plus en retrait, plus proche de la nature, correspond bien aux aspirations de notre époque». M. Valls a salué le fait qu'il y ait eu un «premier grand débat national pour un projet touristique», estimant que, «de ce point de vue là, ce projet est également exemplaire».

Dix ans de gestation, sept enquêtes publiques et «aucun recours» malgré certains bémols écologistes: les élus locaux et régionaux et les promoteurs présents jeudi se congratulaient.


Au moment où plusieurs autres grands projets en France sont contestés, parfois violemment -- aéroport de Notre-Dame-des-Landes, barrage de Sivens, Center Parcs en Isère... -- Manuel Valls en a profité pour dénoncer la «prise en otage» pratiquée selon lui par des opposants à certains de ces chantiers en France, qualifiés par Europe Ecologie-les Verts (EELV) de «grands projets inutiles».


Pour développer le projet Villages Nature, environ 60 millions d'euros d'argent public doivent être injectés, dans la voirie et les infrastructures en priorité.

Un engagement conséquent, justifié selon les élus par l'argument économique de l'emploi et de «l'attractivité» de la destination, qui va attirer des devises.

La première phase de Villages Nature, à elle seule, doit permettre la création de 2.000 emplois dans le bâtiment et 1.600 emplois directs pour l'exploitation touristique, a souligné Gérard Brémond, le président de Pierre et Vacances/Center Parcs.


Pour Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d'Ile-de-France, «ce projet est un peu du trois en un: bon pour l'emploi, bon pour l'environnement et bon pour l'égalité des territoires», a-t-il dit.

Le député de Seine-et-Marne Christian Jacob a pour sa part interpellé le Premier ministre sur le fait que certains aménagements promis pour améliorer des infrastructures à proximité du site se font attendre.

Dans un premier temps, un millier de cottages seront implantés autour d'un «Aqualagon» qui devrait devenir l'un des parcs aquatiques couverts les plus grands d'Europe avec ses 11.500 m2.


A l'extérieur, un lagon extérieur de 3.500 m2 sera chauffé en certains endroits par géothermie à plus de 30 degrés. Un projet qui suscite certaines critiques. «Faire de la géothermie pour chauffer un lac, c'est stupide», juge le président des élus écologistes d'EELV d'Ile-de-France, Mounir Satouri.

La géothermie alimentera aussi le chauffage et l'eau des logements, «sans émission de CO2», selon les promoteurs. Villages Nature sera «une destination absolument unique», a promis Tom Wolber, le patron d'Euro Disney.

 

 


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Changement climatique : les grandes puissances industrielles n'arrivent toujours pas à s'accorder

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«Nous n'avons pas de temps à perdre», a lancé le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon en début de journée, alors que les discussions sont parasitées par des sujets historiquement difficiles: la répartition des efforts entre pays développés et en voie de développement, et les garanties sur les aides promises au Sud.


Les travaux sont désormais centrés sur un texte qui doit entériner la forme des «contributions nationales», c'est-à-dire les engagements sur les gaz à effet de serre.

Une décision par consensus doit absolument être adoptée à Lima à ce sujet pour éviter d'avoir, à Paris fin 2015, un accord au rabais. Faute d'avoir instauré des règles communes aux plus de 190 pays membres de la Convention de l'Onu sur le climat, il ne sera pas possible d'évaluer les «contributions» et de mesurer leur ambition globale par rapport à l'objectif de limiter la hausse de la température globale à 2°C.


Le futur accord multilatéral sur le climat doit donner un cadre pour amorcer une réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui augmentent chaque année et qui, à leur rythme actuel, conduisent la planète vers une hausse de 4 à 5°C d'ici la fin du siècle.


Cette perspective étant synonyme de mise en danger de nombreuses populations (sécurité alimentaire, accès à l'eau, recrudescence d'évènements climatiques extrêmes, maladies, submersion de nombreuses côtes, etc.), la communauté internationale s'est donnée comme objectif de limiter à 2°C la hausse du thermomètre mondial par rapport à l'ère pré-industrielle.

«Les conversations sur les contributions se sont déroulées jusque tard dans la nuit mercredi soir avec des progrès limités sur les questions épineuses», a estimé jeudi l'ONG Oxfam international.



«Le débat reste sur la façon d’établir une distinction entre pays et les conséquences que cela a en termes de responsabilité», a indiqué Oxfam. La convention de l'Onu de 1992 reconnaît à deux catégories de pays, les développés et ceux en voie de développement, une «responsabilité commune mais différenciée» dans le réchauffement.


Il y a trente ans, les pays développés avaient une claire responsabilité historique dans le niveau d'émissions des gaz à effet de serre enregistrés depuis le début de la révolution industrielle.

Mais depuis, cette différence s'atténue :la Chine et l'Inde sont actuellement les 1er et 4e plus gros émetteurs. D'où le refus, des Etats-Unis et de l'Union européenne notamment, d'en rester à ce strict découpage qui leur donne plus de devoirs que les autres.


«Une division permanente entre deux catégories établies en 1992 (...) n'a pas de sens dans un monde où les conditions de vie changent rapidement», a estimé mercredi Todd Stern, le négociateur américain.

Concernant la forme des contributions, les débats portent sur la date à laquelle les pays devront annoncer leur engagement en 2015 et sur les informations qu'ils devront fournir (année de référence pour la réduction des émissions, engagement sur 10 ou 15 ans, quelle politique sectorielle pour atteindre leur objectif, etc.).


L'évaluation de ces contributions est un autre point de contentieux, certains pays comme la Chine y étant opposés.

L'élaboration d'un projet de texte devant servir de base aux négociations intermédiaires courant 2015, puis à Paris dans un an, est l'autre grand objectif de Lima.


«Cela est quasiment fait», a assuré Todd Stern, même si le texte inclue à ce stade des points de vue très disparates.

Le secrétaire d'Etat américain était attendu jeudi après-midi à la COP 20 (20e conférence des parties), où il devait rencontrer des ministres de plusieurs pays.


Dans la matinée, Felipe Calderon, l'ex-président mexicain, qui dirige la commission globale sur l'économie et le climat, avait prononcé à la tribune un discours très volontariste, contrastant avec la lenteur des débats techniques entre négociateurs: «Oui, il est possible de s'attaquer au changement climatique et en même temps d'avoir de la croissance», a-t-il lancé, «mais pour cela nous devons prendre des décisions audacieuses et nous devons les prendre maintenant».

 

 


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