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La Guadeloupe manifeste contre l'épandage aérien

Publié le par Gerome

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Non aux épandages aériens de pesticides. Tout ce que la Guadeloupe compte de comités de défense de l'environnement et de la santé – près d'une trentaine d'organisations – a appelé à manifester, samedi 1er juin, à Pointe-à-Pitre, contre le traitement par épandage aérien des plantations de bananes. Ecologistes, médecins, apiculteurs, militants syndicaux et de partis de gauche : l'appel est large. Il a même essaimé en métropole où des apiculteurs de Midi-Pyrénées projettent de se rassembler à leur tour contre cette pratique, devant la préfecture de région à Toulouse, le 8 juin.



Officiellement interdit en France depuis une directive européenne de 2009, sauf dérogations particulières, l'épandage par voie aérienne ne concerne pas que les Antilles. Mais dans ces territoires de taille limitée, qui souffrent aujourd'hui et pour des siècles encore de la pollution aux pesticides d'une partie de leurs sols, de leurs rivières et de leur littoral – en particulier au chlordécone – l'exaspération est sous-jacente. D'autant que l'histoire semble vouloir se répéter.



VICTOIRE INÉDITE



Le 10 décembre 2012, quatre associations locales obtenaient une victoire inédite. A leur demande, le tribunal administratif de Basse-Terre avait décidé d'annuler les arrêtés du préfet de région qui autorisaient les producteurs de bananes à lutter par voie aérienne contre deux espèces de champignons responsables des redoutables cercosporioses jaune et noire. Les plaignants dénonçaient les risques pour l'environnement et pour la santé des populations. Seule une distance de sécurité de 50 mètres des maisons, des écoles et des cours d'eau est prévue, alors que la Guadeloupe est fréquemment balayée par les vents tropicaux. Les journaux locaux ont plus d'une fois rapporté le mécontentement de riverains "aspergés" chez eux.



Arguant qu'ils n'ont pas trouvé de solution plus efficace et que des pulvérisations terrestres feraient courir des risques sanitaires à leurs salariés agricoles, le groupement Les Producteurs de Guadeloupe a déposé – après leurs homologues de la Martinique – une nouvelle demande d'autorisation pour douze mois cette fois au lieu de six. En mars, au moment de l'enquête publique, les opposants se sont à nouveau mobilisés. "Echaudés par la tragédie du chlordécone, nous demandons l'abrogation de cette dérogation et l'organisation d'une concertation sur la politique bananière durable et écologique en Guadeloupe", proclamaient-ils dans une pétition signée par plus de 10 000 personnes – un beau score à l'échelle des Antilles.



ACCUMULATION DE PESTICIDES



La dérogation s'est un peu fait attendre, sans plus : l'actuelle préfète de Guadeloupe l'a accordée le 29 avril – comme son homologue de Fort-de-France. Son arrêté stipule simplement quelques restrictions pour certaines zones où habitations et plantations sont très imbriquées. Comme elles le sont dans la majorité du territoire concerné, rétorquent les associations pionnières qui y voient une raison pour interdire l'épandage aérien. Trois d'entre elles s'apprêtent à déposer un nouveau recours en annulation de cet arrêté dans les prochains jours.



Pour ne rien simplifier, le ministère de l'agriculture a de son côté attaqué la décision du tribunal administratif de Basse-Terre, qui avait donné raison aux défenseurs de l'environnement. "Toutes ces poursuites juridiques vont finir par nous épuiser : en temps, énergie, frais d'avocats", redoute Béatrice Ibéné, vétérinaire figure du Comité contre l'épandage aérien. Avec d'autres professionnels de santé, elle réclame des études sur les éventuels effets cocktail résultant des produits phytosanitaires contre les circercosporioses épandus par avion, sur des terres dans lesquelles d'autres pesticides se sont accumulés depuis les années 1960.



Lire aussi : Guadeloupe : monstre chimique



"La décision du tribunal administratif a été historique et la présidente du tribunal n'a même pas été mutée ! Personne n'avait jamais gagné contre l'Etat dans les ex-colonies !", s'enthousiasment néanmoins les membres d'un cercle Vigilance citoyenne, qui se réunit depuis cette victoire, deux fois par mois pour débattre de questions de pollution et d'engagement responsable. Dominé par la monoculture intensive de la canne à sucre et de la banane cavendish destinées à l'exportation, c'est le modèle agricole des Antilles françaises qu'ils interpellent.

 

Il n'existe que vingt-huit producteurs bio en Guadeloupe (sur 6 000) et pas un seul ne cultive de la banane. Non pas parce que ce ne serait pas possible sur le plan agronomique, mais parce que l'organisation actuelle du marché n'est pas prête à leur faire une place, explique en substance un représentant de la filière bio, convaincu qu'il est temps de montrer que l'on peut produire autrement dans ce lieu de la biodiversité qu'est encore la Guadeloupe.

 

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Le lin, un textile très ancien qui a de l'avenir

Publié le par Gerome

Dans le paysage sinistré du textile en Europe, la filière du lin, fibre ancienne dont la France est le premier producteur mondial, pourrait revenir en force dans une économie privilégiant écologie et développement durable, espèrent ses acteurs.

C'est l'un des thèmes de "LINcroyable récolte", semaine de popularisation du 3 au 9 juin de la Confédération européenne du lin et du chanvre (CELC), qui a choisi d'exposer "un champ éphémère de 1.000 m2 de lin textile" au coeur de Paris, place du Palais-Royal.

Dans le secteur linier, la division internationale du travail est aujourd'hui très marquée.

 

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D'un côté, trois pays européens produisent 80% de la récolte mondiale -France 75%, Belgique et Pays-Bas ensemble 5%. Les champs de lin s'échelonnent le long des côtes de la Manche et de la mer du Nord dans une zone au climat idéalement équilibré entre ensoleillement et précipitations.

De l'autre, l'industrie chinoise qui fabrique 70% des fils (contre 20% pour les Européens) et 80% des tissus de lin dans le monde, doit importer de 75% à 85% de la production de lin "teillé" (en balles d'étoupes) des Français, Belges et Néerlandais.


De ce fait, surfaces cultivées et volume de lin teillé vendu par la France et ses deux voisins sont, sur les 15 dernières années, en hausse tendancielle dans des fourchettes respectives de 50.000 à 100.000 ha et de 60.000 tonnes à 130.000 tonnes, d'après les données du CELC.

Par contraste, le secteur industriel s'est réduit comme peau de chagrin, sous le coup, outre le rouleau compresseur chinois, de la fin des barrières douanières et de la disparition de marchés traditionnels du lin (sacs postaux, draps militaires, voiles, bâches, filets etc.), le tout aggravé par l'euro fort.


Le lin, produit moderne


D'une vingtaine de grosses filatures en Europe dans les années 90, il ne reste qu'une demi-douzaine aujourd'hui.

"En Belgique, en 1982, il y avait huit filatures de lin dont trois à Lokeren (Flandre). Maintenant, on est la seule", raconte Maurice Cock, descendant du fondateur de la filature Stanislas Cock (1.300 tonnes par an et un chiffre d'affaires de 7,5 millions d'euros).

La dernière filature française, Safilin, qui s'est résolue en 2005 à délocaliser toute sa production en Pologne face à l'énorme pression sur la compétitivité, et sa concurrente italienne Linificio représentent à elles deux la moitié de la production de fil de lin européen.

Ces survivants placent désormais beaucoup d'espoirs dans les produits dits "techniques".


"Le lin est presque aussi solide que la fibre de carbone mais deux fois plus léger et aussi plus souple même s'il reste plus cher", sans parler de son caractère biodégradable et recyclable, souligne le PDG de Safilin, Christian Mekerke.

A titre encore expérimental ou déjà sur le marché, le lin entre dans la composition de raquettes de tennis, de skis, de cannes à pêche, de coques de bateaux de plaisance, de planches de surf, de kayaks, de carénages de moto et de profils de fenêtre.


L'université anglaise de Nottingham a conçu un prototype de pales d'éoliennes de 3,5 mètres avec de la mèche de lin, qui a obtenu un prix international dans la catégorie "composite biosourcé".

Mais l'ambition des acteurs de la filière est aussi de réhabiliter le lin au quotidien. "On reproche au lin de gratter, d'être froissable, et de n'être qu'une fibre d'été. En réalité, c'est confortable, c'est thermorégulateur et antiallergénique", assure Olivier Ducatillion, PDG du tisseur Edouard Lemaître-Demeestere, situé dans un grand bassin historique du lin, la vallée de la Lys, à la frontière franco-belge.


"Depuis deux à trois ans, on a une tendance appelée le +lin lavé+, notamment pour le linge de maison, de table, de lit, et pour la salle de bain", ajoute l'industriel, évoquant un intérêt soutenu aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Scandinavie.

 

 


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Les évènements climatiques et météorologiques extrêmes ont contraint au déplacement 32 millions de personnes dans le monde en 2012

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D'après le rapport "Global Estimates 2012", publié, lundi 13 mai, par l'International Displacement Monitoring Centre (IDMC) et le Norwegian Refugee Council (NRC), les événements climatiques et météorologiques extrêmes – inondations, mousson, cyclones, tempêtes – constituent la quasi-totalité (98 %) des catastrophes naturelles qui, en 2012, ont conduit au déplacement de 32,4 millions de personnes dans 82 pays. L'Asie a été la plus affectée (22,2 millions de déplacés), devant l'Afrique (8,2 millions) et le continent américain (1,8 million).


Le chiffre est deux fois supérieur à celui de 2011, qui était de 16,4 millions. Entre 2008 et 2012, le rapport, qui s'appuie aussi sur les données de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de la Banque mondiale, évalue à 143,9 millions le nombre total de personnes obligées de migrer à cause de catastrophes climatiques. Dans la quasi-totalité des cas, ces déplacements restent internes au pays.


D'une année à l'autre, le nombre et la violence des accidents climatiques varient, bien sûr. En 2012, en Chine, plusieurs typhons ont entraîné l'exode de 4 millions d'habitants, et les inondations celui de 1,3 million d'autres. Aux Philippines, typhons et mousson ont forcé 3,5 millions de personnes à migrer. En Afrique, au Nigeria, 6,1 millions d'habitants ont été déplacés du fait d'inondations.

 

Mais une constante demeure. "Les régions les plus pauvres sont les plus touchées, même si les Etats-Unis sont aussi frappés. Il y a une interaction entre la vulnérabilité aux phénomènes climatiques et la pauvreté économique", estime Bettina Laville, avocate spécialisée dans le développement durable et auteur d'un rapport sur les réfugiés climatiques.


Comment définir ces derniers ? Doit-on parler de "réfugiés", terme que le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et les Nations unies ont banni s'agissant des questions climatiques ? "J'ai personnellement opté pour le terme d'écoréfugiés, car il permet de faire le lien entre deux migrations – les réfugiés écologiques sont aussi des réfugiés économiques –, même si le HCR veut protéger le terme défini par la Convention de Genève de 1951 ", précise Mme Laville.


Au-delà de la terminologie, le nombre des déplacés ne peut qu'augmenter dans les décennies à venir. "Deux tiers de la population mondiale vivent à moins de cent kilomètres des côtes, trente des cinquante plus grandes villes sont en bord de mer et une montée des eaux de moins de 20 cm aura un impact certain", rappelle Dina Ionesco, chargée des politiques sur les migrations et le changement climatique à l'OIM.

 

Les raisons de migrer sont nombreuses. "Certains désastres naturels ont des effets immédiats avec des déplacements de population, explique Mme Ionesco. Il y a aussi une dégradation plus lente – salinité des terres, montée des eaux, grandes sécheresses, désertification... – qui va amener des millions de personnes à bouger."


Ces problèmes se combinent avec des conflits, économiques, sociaux ou militaires. Il n'est alors pas toujours aisé de définir la part des raisons environnementales dans ces migrations. En Birmanie, l'annonce du déplacement, en prévision de l'arrivée du typhon, de 166 000 personnes musulmanes rohingyas, pour la plupart déjà évacuées l'an passé en raison de violences et de meurtres dont elles étaient victimes, et installées depuis dans des camps insalubres, illustre cette complexité.

 

 


 

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Semences : « La Commission européenne balaye 10.000 ans d’histoire agricole »

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Les Verts ont vivement dénoncé lundi une proposition de la Commission européenne relative à l’enregistrement des semences, qui conduira selon eux à restreindre davantage les échanges informels entre agriculteurs, au détriment de la biodiversité.


«En réduisant les droits des paysans à ressemer leurs propres semences, en durcissant les conditions de reconnaissance des variétés par des petits entrepreneurs indépendants, en limitant la circulation et l’échange de graines entre associations et entre planteurs, la Commission européenne balaye 10000 ans d’histoire agricole», a affirmé l’eurodéputé José Bové, cité dans un communiqué.


La Commission a présenté lundi des propositions qui permettront selon elle de «simplifier» le régime d’enregistrement des semences. Elle balaie les critiques en assurant que les petites entreprises et certaines semences de niche sont exemptées des obligations coûteuses de tests et d’enregistrement.

Mais les petits acteurs du secteur, notamment l’association Kokopelli, s’insurgent contre des propositions qu’ils jugent taillées sur mesure pour les poids lourds de l’industrie semencière (Monsanto, Pionner, Sygenta et Dupont).


Les eurodéputés verts promettent quant à eux de combattre une proposition «contre-productive et dangereuse». «La biodiversité est en danger. Les multinationales ont focalisé leurs efforts sur la création de plantes à haut rendement, mais qui sont fragiles. Elles ne peuvent subsister que dans un environnement “ artificialisé ” dépendant des engrais chimiques et des pesticides, donc du pétrole», affirme José Bové.

 

 


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Etude Choc! Un rapport secret du pentagone prévoit un nouvel âge de glace

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Il y a près de 10 ans, le pentagone commandait un rapport afin de connaître les effets qu'entraînerait  un brusque changement climatique sur le leadership des États-unis et sur le reste du monde.
Sommes nous en train d'assister à ce scénario aujourd'hui ?

 

"Un scénario de changement climatique brutal  et ses implications pour la sécurité nationale des États unis"

Résumé :

Le but de ce rapport est d’imaginer l’impensable – de repousser les frontières de la recherche actuelle sur les changements climatologiques pour mieux comprendre les implications possibles pour la sécurité nationale des États-Unis. Nous avons interrogé les meilleurs scientifiques dans le domaine de la climatologie, conduit des recherches complémentaires et revu plusieurs fois le scénario avec ces experts.

 

Les scientifiques appuient ce projet, mais avertissent que le scénario dépeint une situation extrême sur deux points importants. Premièrement, ils suggèrent que les événements que nous décrivons arriveraient plus vraisemblablement localement, plutôt que globalement. Deuxièmement, ils disent que l’ampleur des événements pourrait être beaucoup moins importante. Nous avons créé un scénario de changement climatique qui, bien que n’étant pas le scénario le plus probable, est plausible, et pourrait mettre au défi la sécurité nationale des États-Unis de telle façon qu’il devrait être pris en compte dès maintenant.

Les exemples passés de brusque changement climatique nous rappellent qu’il est prudent de considérer ce type de scénario comme plausible, d’autant plus que des découvertes scientifiques récentes suggèrent que nous sommes peut-être à la veille d’un tel événement. Le scénario que nous avons construit s’appuie sur l’événement climatique survenu il y a 8200 ans, qui fut beaucoup plus chaud et plus bref que le Dryas Récent, mais plus rude que le Petit Âge Glaciaire. Ce scénario comporte des hypothèses plausibles concernant les parties du globe qui, selon toute vraisemblance, deviendront plus froides, plus arides, plus venteuses. Mais bien que des recherches intensifiées pourraient aider à affiner ces hypothèses, il n’y a pas moyen de les confirmer sur la base des modèles actuels. 

Plutôt que de prédire comment le changement climatique aura lieu, notre intention est de dramatiser les répercussions qu’il pourrait avoir sur la société si nous n’y sommes pas préparés. Quand nous décrivons les conditions météorologiques concrètes et leurs implications, notre but est de faire avancer les discussions stratégiques, plutôt que de prédire précisément et de façon certaine ce qui va probablement arriver.

 

Même les modélisations les plus sophistiquées ne peuvent prédire dans le détail comment les changements climatiques se dérouleront, quelles régions seront touchées et de quelle manière et comment les gouvernements et les sociétés pourront réagir. Néanmoins, il semble y avoir un consensus au sein de la communauté scientifique autour du fait que le cas de figure exceptionnel, décrit ci-après, ne serait pas impossible. Beaucoup de scientifiques vont considérer ce scénario comme extrême, à la fois à cause de son imminence et à cause de l’ampleur, la rapidité et la simultanéité de ces changements climatiques. Mais l’Histoire nous montre que parfois les cas extrêmes arrivent, il y a des probabilités que ce soit le cas, et c’est le travail du DOD (Département of Defense – le Ministère de la Défense) de prendre en compte un tel scénario. 

Gardez à l’esprit que ce type d’événement peut durer des décennies, des siècles ou des millénaires, et qu’il peut se déclencher cette année ou bien des années plus tard dans le futur. Dans le scénario d’un brusque changement climatique que nous proposons ici,nous envisageons une période de réchauffement progressif allant jusqu’en 2010 et nous dépeignons les 10 années suivantes, en supposant qu’un brusque changement arrive dans le schéma des conditions climatiques, entraînant un refroidissement comme cela s’est passé il y a 8200 ans. 

LE RÉCHAUFFEMENT JUSQU’EN 2010 


À la suite du réchauffement le plus rapide qu’ait connu la civilisation moderne en un siècle, on observe pendant les 10 premières années du 21e siècle, une accélération du réchauffement atmosphérique, les températures planétaires moyennes augmentant de2,75°C par décennie et même de 1,1°C par décennie dans les régions les plus durement touchées. De tels changements de température varieront à la fois selon les régions et les saisons à travers le globe, ces variations d’échelle plus fines étant plus ou moins fortes que la moyenne du changement global. Ce qui sera très clair, c’est que la planète poursuivra sa tendance au réchauffement engagée à la fin du 20e siècle. 

LA PÉRIODE DE 2010 A 2020 

L’effondrement de la circulation thermohaline 

Après environ 60 années de lent refroidissement, l’effondrement de la circulation thermohaline commence en 2010, perturbant le climat tempéré de l’Europe, qui existe grâce aux courants chauds du Gulf Stream (le bras de l’Atlantique Nord de la circulation thermohaline.) Les mouvements de circulation océaniques changent, apportant moins d’eau chaude au nord et entraînant un changement immédiat du climat en Europe du nord et dans l’est de l’Amérique du Nord. L’océan Atlantique Nord continue à emmagasiner de l’eau douce provenant de la fonte des glaciers et de la calotte glaciaire du Groenland, et peut-être plus important encore, des précipitations et écoulements d’eau plus importants.

 

Des décennies de réchauffement dans les hautes latitudes ont augmenté les précipitations et ont amené de l’eau douce supplémentaire dans l’eau dense et salée du nord, qui normalement est essentiellement nourrie par les eaux plus chaudes et plus salées du Gulf Stream. Ce courant massif d’eau chaude ne s’enfonce plus très loin dans l’Atlantique Nord. L’effet climatique immédiat est une baisse des températures en Europe et dans la plupart des régions de l’hémisphère nord, ainsi qu’une baisse dramatique des précipitations dans beaucoup de régions agricoles très peuplées. Néanmoins, l’effet de cet effondrement sera ressenti par à-coups, les modèles traditionnels du climat ne réapparaissant que pour être perturbés à nouveau et cela pendant toute une décennie. 

Le ralentissement dramatique de la circulation thermohaline est anticipé par quelques chercheurs océanographes, mais les États-Unis ne sont pas assez préparés pour ses conséquences, son imminence ou son intensité. Les modèles informatiques des systèmes climatiques et océanographiques, bien qu’améliorés, ont été incapables de produire une information suffisamment consistante et précise pour les décideurs.

 

Comme les modèles météorologiques changent dans les années suivant l’effondrement, le type de climat que les années futures nous préparent, n’est pas clair. Tandis que quelques-uns prédisent que le refroidissement et la sécheresse sont sur le point de prendre fin, d’autres prédisent un nouvel âge glaciaire ou une sécheresse globale, laissant les décideurs et le public dans une incertitude extrême quant au futur climat et aux actions à entreprendre, si tant est qu’il y en ait. S’agit-il juste d’un mauvais moment à passer, peu signifiant, ou d’un changement fondamental du climat de la Terre, requérant une réponse urgente et à grande échelle de la part des hommes ? 


Conditions plus froides, plus sèches et plus ventées pour les régions continentales de l’hémisphère nord 

• La sécheresse persiste durant la décennie entière dans les régions agricoles vitales et dans les zones autour des principaux bassins de population en Europe et à l’est del’Amérique du Nord. 

• Les températures annuelles moyennes perdent jusqu’à 2,75°C en Asie et en Amérique du Nord et jusqu’à 3,3°C en Europe. 

• Les températures augmentent de 2,2°C dans les zones clés dans l’ensemble de l’Australie, de l’Amérique du Sud et de l’Afrique australe.

• Les tempêtes hivernales et les vents d’hiver s’intensifient, amplifiant l’impact des changements. L’Europe de l’Ouest et le Pacifique Nord sont confrontés à une augmentation des vents d’ouest. 

Chacune des années de 2010-2020 voit une baisse des températures moyennes dans l’ensemble de l’Europe du Nord, allant jusqu’à plus de 3,3°C de moins en dix ans. La pluviométrie annuelle moyenne diminue presque de 30% dans cette région et les vents sont jusqu’à 15% plus forts en moyenne. Les conditions climatiques sont encore plus sévères dans les régions continentales intérieures de l’Asie et de l’Amérique du Nord. 

Les effets de la sécheresse sont plus dévastateurs que le désagrément dû aux baisses de la température dans les zones agricoles et peuplées. Avec la réduction persistante des précipitations dans ces zones, les lacs s’assèchent, le débit des fleuves diminue et l’approvisionnement en eau douce se réduit, mettant en danger les moyens de conservation et épuisant les réserves disponibles d’eau potable. De méga-sécheresses débutent dans les principales régions de la Chine du Sud et en Europe du Nord vers 2010 et perdurent tout au long de la décennie. Dans le même temps, des zones qui étaient relativement sèches pendant les dernières décennies ainsi que des régions habituées traditionnellement à l’agriculture en zones sèches, connaissent plusieurs années durant des précipitations torrentielles et des fleuves qui débordent. 

Dans la région de l’Atlantique Nord et à travers le nord de l’Asie, c’est au coeur de l’hiver que le refroidissement est le plus prononcé, en décembre, janvier et février, bien que ses effets se prolongent au cours des saisons, le refroidissement devenant de plus en plus intense et moins prévisible. Alors que la neige s’accumule dans les régions montagneuses, le refroidissement perdure jusqu’en été. En plus du refroidissement et de la sécheresse estivale, la force moyenne du vent augmente à cause d’une circulation atmosphérique qui se localise. 

Tandis que les schémas météorologiques sont perturbés au début du changement climatique autour du globe, les effets sont bien plus prononcés en Europe du nord pendant les cinq premières années suivant l’effondrement de la circulation thermohaline. À partir de la deuxième moitié de cette décennie, le froid et les conditions plus rudes s’étendent et pénètrent plus profondément en Europe méridionale, en Amérique du Nord et au-delà. Le nord de l’Europe se refroidit selon un modèle climatique où le froid prolonge la période pendant laquelle le nord de l’océan Atlantique est pris dans les glaces, facteur supplémentaire du refroidissement, ce qui allonge la période des températures hivernales de l’air en surface. Les vents reprennent du fait que l’atmosphère tente de compenser le gradient de température accentué entre le pôle et l’équateur. L’air froid soufflant sur le continent européen provoque des conditions particulièrement dures pour l’agriculture. La combinaison du vent et de la sécheresse est à l'origine de tempêtes de poussière de grande ampleur et de l’appauvrissement des sols. 

Les signes d’un réchauffement progressif se dessinent dans la plupart des régions du sud en bordure de l’océan Atlantique, mais la sécheresse ne s’atténue pas. Vers la fin de la décennie, le climat de l’Europe s’apparente plus à celui de la Sibérie.


Les régions : 2010 à 2020 


Europe. 
Durement frappée par le changement climatique, avec une moyenne annuelle des températures qui chute de 3,3°C en moins d’une décennie et des écarts plus importants encore le long de la côte nord-ouest. Le climat en Europe du Nord-Ouest est plus froid, plus sec et plus venté, la faisant davantage ressembler à la Sibérie. L’Europe du sud connaît de moindres changements mais souffre néanmoins par moment de brusques refroidissements et de rapides changements de température. La réduction des précipitations fait de l’appauvrissement des sols un problème dans toute l’Europe, contribuant à la pénurie alimentaire. L’Europe lutte pour contenir l’émigration des nations scandinaves et de l’Europe du nord à la recherche de chaleur, ainsi que pour refouler l’immigration issue des pays gravement touchés en Afrique et ailleurs. 

États-Unis.

 

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Un temps plus froid, plus venté et plus sec rend les saisons de culture et de récolte plus courtes et moins productives dans tous les États-Unis du nord-est, plus longues et plus sèches dans le sud-ouest. Les zones désertiques sont exposées à une recrudescence des tempêtes, alors que les zones agricoles souffrent de l’appauvrissement des sols du fait de l’élévation de la vitesse des vents et de la réduction de l’humidité au sol. L’évolution vers un climat plus sec est particulièrement prononcée dans les États du sud. Comme l’élévation du niveau de l’océan continue le long des côtes, les zones littorales qui étaient en péril pendant la période de réchauffement le demeurent. Les États-Unis se replient sur eux-mêmes, investissant leurs ressources pour nourrir leur propre population, renforcer leurs frontières et gérer la tension mondiale croissante. 

Chine. 
Avec ses besoins alimentaires élevés étant donnée son importante population, la Chine est durement frappée à cause de ses pluies de mousson devenues aléatoires. Celles-ci, occasionnelles pendant la saison d’été, sont bien accueillies pour l’eau qu’elles apportent, mais elles ont des effets dévastateurs car elles inondent des sols généralement à nu. Des hivers plus longs, plus froids et des étés plus chauds, provoqués par une diminution du refroidissement par évaporation en raison de la réduction des précipitations, diminuent les ressources en énergie et en eau déjà faibles. Une vaste famine entraîne le chaos et des luttes internes, alors que la Chine, froide et affamée, lorgne jalousement sur les ressources énergétiques du côté de ses frontières avec la Russie et les pays situés à l’ouest. 

Bangladesh. 
Les ouragans persistants et un niveau de la mer plus élevé provoquent d’énormes vagues qui entraînent une importante érosion côtière rendant presque inhabitable une grande part du Bangladesh. De plus, l’élévation du niveau de la mer provoque la contamination des approvisionnements d’eau douce à l’intérieur des terres, créant une pénurie d’eau potable et une crise humanitaire. Une émigration massive se produit, entraînant des tensions en Chine et en Inde, déjà en lutte pour contrôler la crise à l’intérieur de leurs propres frontières. 

Afrique de l’Est. 
Le Kenya, la Tanzanie et le Mozambique font face au léger réchauffement du climat, mais sont confrontés à une sécheresse persistante. Accoutumés à des conditions climatiques sèches, ces pays ont été les moins influencés par le changement des conditions atmosphériques mais, comme les principales régions de production céréalière sont en difficulté, leur approvisionnement alimentaire est mis à mal. 

Australie.
Principale exportatrice alimentaire, l’Australie lutte pour fournir de la nourriture à toute la planète, car les changements moins importants de son climat n’affectent pas sévèrement son agriculture. Mais les grandes incertitudes au sujet du changement de climat dans l’hémisphère sud rendent suspect ce scénario moins préoccupant.

CONCLUSION 

Il est tout à fait plausible que d’ici à une décennie un changement brusque et imminent du climat devienne une évidence claire et sûre. Il est également possible que nos modèles nous permettent de mieux en prévoir les conséquences. Dans cette perspective, les États-Unis devront prendre des mesures d’urgence pour empêcher et atténuer certains des impacts les plus importants. L’action diplomatique sera nécessaire pour réduire au minimum la probabilité de conflit dans les zones les plus touchées, les Caraïbes et l’Asie tout particulièrement.

Cependant, dans ce scénario, des mouvements de population massifs sont inévitables. Apprendre à contrôler ces populations, les tensions qui surgissent aux frontières et les réfugiés qui en résultent, deviendra primordial. De nouvelles formes d’accords de sécurité, portant spécifiquement sur l’énergie, la nourriture et l’eau, seront également nécessaires. En bref, alors que les États-Unis eux-mêmes s’en sortiront mieux et ont une meilleure capacité adaptative, ils se retrouveront dans un monde où l’Europe luttera intérieurement, confrontée à des flots de réfugiés se déversant sur ses rivages, et où l’Asie traversera une grave crise par rapport à l’eau et à la nourriture. Bouleversements et conflits seront les caractéristiques endémiques de la vie.

 

 

Source originale en anglais : Abrupt Climate Change

 

 


Publié dans Nature

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