UE – Une cinquantaine de nouveaux OGM autorisés à partir du 25 février ?

Publié le par Gerome

Depuis 2012, les États membres discutent avec la Commission européenne d’un règlement qui établira juridiquement la procédure d’évaluation des risques sanitaires des plantes génétiquement modifiées (PGM) avant autorisation. Le lundi 25 février, les États membres, dont la France, discuteront d’une nouvelle version de ce règlement, présentée par la Commission européenne. L’ordre du jour annoncé prévoit la possibilité que ce règlement soit voté, ouvrant ainsi la porte aux autorisations de PGM en attente.

 

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Les autorisations de PGM à la culture ont été de fait suspendues depuis décembre 2008 par la Commission européenne (à l’exception de l’autorisation donnée pour la pomme de terre Amflora de Bayer après pressions de l’entreprise) jusqu’à l’adoption de nouvelles lignes directrices censées améliorer l’évaluation des risques sanitaires. A ce jour, une soixantaine de dossiers de demande d’autorisation sont en attente, dont 27 pour la culture. Les autres dossiers concernent l’importation.


Si, après plusieurs mois de discussions, la Commission européenne a finalement établi le caractère obligatoire pour les entreprises de conduire des analyses de toxicologie, cette obligation ne s’appliquera qu’aux PGM dont la demande d’autorisation aura été déposée six mois après l’adoption de ce règlement. Tous les dossiers aujourd’hui en attente ainsi que ceux qui auront été déposés d’ici l’adoption du règlement ne seront donc pas concernés. Un paradoxe important puisque, en proposant ce règlement qui contient certaines améliorations, tant la Commission européenne que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) reconnaissent que l’évaluation des risques telle que conduite jusqu’à maintenant est insuffisante. Mais cette évaluation insuffisante continuerait donc de présider aux dossiers en cours.


Il faut noter que les améliorations apportées à l’évaluation des PGM par le règlement proposé ne sont pas liées à une évolution scientifique récente. Il en est ainsi de la puissance statistique des analyses présentées par les entreprises : elle devra dorénavant être suffisante, ce qui n’est pas le cas actuellement, comme nous avons déjà eu plusieurs fois l’occasion de le préciser. Or ce point de la puissance statistique est un domaine vieux de 80 ans, donc bien antérieur au dossier des PGM. Si les entreprises présentant ces analyses ne sont pas juridiquement contraintes de suivre les lignes directrices actuelles (c’est-à-dire avant l’adoption du règlement en cours), elles sont par contre dans l’obligation de présenter une évaluation correcte, quelle que soit la méthodologie qu’elles choisissent pour cela. Une obligation qui justifierait que le nouveau règlement s’applique aux dossiers en cours, d’autant qu’il s’agit d’une question de santé publique !


S’il était adopté en l’état le 25 janvier 2013 par les États membres, ce règlement conduirait donc à une amélioration de l’évaluation d’une minorité de dossiers éventuellement déposés dans le futur et à la validation massive de tous les dossiers en cours. C’est donc ainsi que répond la Commission européenne à la demande unanime des États membres de décembre 2008 qui avait requis un renforcement de l’évaluation. La position de la France sera particulièrement suivie, le gouvernement pouvant choisir de demander à ce que ce règlement suive une logique politique de santé publique : qu’il soit appliqué aux demandes d’autorisation en cours !

Autorisation des OGM : comment ça se passe ?


Les entreprises qui demandent une autorisation pour commercialiser une PGM déposent un dossier auprès de l’Union européenne. Ce dossier contient un descriptif de la plante modifiée, de l’évènement de transformation inséré et de la ou des nouvelles caractéristiques ainsi que plusieurs analyses comme des analyses de toxicologie, d’alimentarité ou d’allergénicité. Le contenu du dossier est aujourd’hui établi par le biais de la directive 2001/18 et des lignes directrices publiées par l’AESA.

 

Ces lignes directrices n’ont aucun caractère contraignant mais leur non respect quant au contenu du dossier (et non quant à la qualité des analyses conduites comme Inf’OGM l’a montré dans sa dernière publication) conduirait les experts à renvoyer le dossier à l’entreprise. Ce dossier passe alors entre les mains des experts européens et nationaux qui fournissent à leur autorité politique de tutelle (la Commission européenne ou les gouvernements nationaux) leur avis sur le dossier fourni. Sur la base de cet avis, la Commission européenne propose aux États membres d’autoriser la PGM en question, dans le cadre d’un vote devant atteindre une majorité qualifiée. En cas d’absence de majorité qualifiée, c’est à la Commission européenne que revient la décision finale. Ce qui a toujours été le cas jusqu’à présent. Aucune PGM n’a obtenu de majorité qualifiée ni pour, ni contre… Une autre faiblesse, démocratique celle-ci, du dossier.

 

 


Publié dans OGM j'en veux pas!

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Le scandale alimentaire qui s'annonce

Publié le par Gerome

Que se passe-t-il vraiment dans l'univers de la viande industrielle ? Et que nous fait-on manger, de gré ou de force ? Avant d'essayer de répondre, il est bon d'avoir en tête deux études récentes.

La première, publiée en 2011, montre la présence dans le lait - de vache, de chèvre ou d'humain - d'anti-inflammatoires, de bêtabloquants, d'hormones et bien sûr d'antibiotiques. Le lait de vache contient le plus grand nombre de molécules.

La seconde, qui date de 2012, est encore plus saisissante. Une équipe de chercheurs a mis au point une technique de détection des résidus dans l'alimentation, en s'appuyant sur la chromatographie et la spectrométrie de masse.


Analysant des petits pots pour bébés contenant de la viande, ils y ont découvert des antibiotiques destinés aux animaux, comme la tilmicosine ou la spiramycine, mais aussi des antiparasitaires, comme le levamisole, ou encore des fongicides.Certes à des doses très faibles – en général –, mais, comme on le verra, la question se pose aujourd'hui dans des termes neufs.


On remarquera que, dans le scandale en cours, un mot a presque disparu : phénylbutazone. Cet anti-inflammatoire, on le sait, a été retrouvé dans des carcasses de chevaux exportés vers la France.


UNE FRAUDE ISOLÉE ?


Or la phénylbutazone est un produit dangereux, interdit dans toute viande destinée à la consommation humaine. S'agit-il d'une fraude isolée ? Ou bien, comme certains éléments permettent de l'envisager, d'une pratique tolérée par les autorités de contrôle ?

Nul besoin d'une vaste enquête pour avoir une idée de l'incroyable pharmacopée destinée aux animaux d'élevage. La liste des produits autorisés contient de nombreux douvicides (contre des vers parasites), anticoccidiens (parasites de l'intestin), anthelminthiques (vermifuges), hormones, vaccins, neuroleptiques et antibiotiques.


Sait-on comment l'oxytétracycline se mélange avec la gonadolibérine chez un poulet ? Comment le flubendazole se marie avec l'azapérone et les prostaglandines PGF2 dans la chair d'un porc ? Le thiabendazole avec le diazinon ou le décoquinate dans le sang d'une bonne vache charolaise ?

Aucune étude sur les effets de synergie de ces produits n'est menée. Il n'est pas dit qu'elles seraient possibles.


Lorsque c'est le cas, on découvre en tout cas un nouveau monde. Le 3 août 2012, la revue PloS One publiait un travail sur les effets combinés de trois fongicides très employés dans l'agriculture. Leur association provoque des effets inattendus sur les cellules de notre système nerveux central.

Commentaire de l'un des auteurs, Claude Reiss : "Des substances réputées sans effet pour la reproduction humaine, non neurotoxiques et non cancérigènes ont, en combinaison, des effets insoupçonnés."

 Effets insoupçonnés, éventuellement cancérigènes, ouvrant la voie –peut-être – à des maladies neurodégénératives comme Parkinson, la sclérose en plaques ou Alzheimer.

Cette découverte est cohérente avec les grands changements en cours dans la toxicologie, qui étudie les substances toxiques.


"LA DOSE FAIT LE POISON"

 Aujourd'hui encore, le principe de base de cette discipline est le Noael (No observed adverse effect level), ou dose sans effet toxique observable. Longtemps avant Noael, son précurseur Paracelse – un magnifique alchimiste du XVIe siècle – résumait à sa façon le paradigme actuel de la toxicologie :"Toutes les choses sont poison, et rien n'est sans poison ; seule la dose fait qu'une chose n'est pas un poison."


 Phrase-clé que des générations de toxicologues ont résumée dans cette formule : "La dose fait le poison."Mais la connaissance bouscule les idées en apparence les plus solides. Le lourd dossier des perturbateurs endocriniens vient rebattre les cartes de manière spectaculaire.

En deux mots, ces substances chimiques imitent les hormones naturelles et désorientent des fonctions essentielles du corps humain, comme la reproduction ou la différenciation sexuelle.


Or les perturbateurs agissent à des doses si faibles que l'Agence nationale desécurité sanitaire (Anses) a pu conclure, dans un rapport de 2011, que les effets de l'un d'eux, le bisphénol A, étaient avérés à "des doses notablement inférieures aux doses de référence utilisées à des fins réglementaires".

Il est certain que ce seul propos marque un tournant. Car du même coup, la dose journalière admissible (DJA) du bisphénol A - sa limite légale - pourrait être divisée par... 2 millions, selon le toxicologue André Cicolella.

Le bisphénol A pourrait même "avoir des effets plus importants à très faible niveau d'exposition qu'à haut niveau", ce qui mettrait à bas tout l'édifice.

Quel rapport avec cette fraude géante appelée désormais "horsegate" ? C'est on ne peut plus limpide : nul ne sait ce que contient réellement la viande industrielle. Et nul ne veut savoir. Dans la lutte contre l'orgie d'antibiotiques donnés au bétail, le ministère de l'agriculture apparaît comme un Janus biface.

D'un côté, des promesses, et, de l'autre, l'inaction. Il lance fin 2011 un plan de réduction "de 25 % en cinq ans de la consommation des antibiotiques destinés aux animaux", mais que n'a-t-il oeuvré auparavant ? Entre 1999 et 2009, l'exposition du bétail à ces médicaments a augmenté de 12,5 %.

Certes, le volume global a baissé entre ces deux dates, mais les nouveaux produits sont actifs à des doses plus faibles. La situation s'aggrave, alors que l'antibiorésistance a été repérée dès avant la seconde guerre mondiale.

De quoi s'agit-il ? Après un temps court, les bactéries combattues par un antibiotique mutent. Ainsi des sulfamides, introduits en 1936, confrontés dès 1940 à des souches résistantes de bactéries.


LES INFECTIONS NOSOCOMIALES

 Ainsi de la molécule de tétracycline, ainsi du tristement célèbre staphylocoque doré, dont plusieurs souches résistantes ont donné diverses lignées SARM (staphylocoque doré résistant à la méticilline).

Le SARM joue un rôle fondamental dans les infections nosocomiales, celles qui surviennent dans les hôpitaux. Bien que des chiffres indiscutables n'existent pas, on pense que les trois quarts des 7 000 à 10 000 décès annuels de ce type en France sont le fait de bactéries résistantes aux antibiotiques, au tout premier rang desquelles le SARM.

Des chiffres officiels américains font état de 19 000 morts dans ce pays en 2005, soit davantage que le sida. L'enjeu de santé publique est donc considérable.

Et il n'est pas exagéré de parler d'une maladie émergente, dont l'évolution demeure imprévisible. Tout récemment, le professeur David Coleman, spécialiste de la question, a identifié une souche si différente des autres qu'elle ne peut être détectée par les tests existants. Bien qu'elle touche les humains, elle se développe tout d'abord chez des animaux d'élevage, surtout les bovins.

Ce n'est guère étonnant, car une autre souche - le CC398 - prolifère depuis des années dans les élevages industriels.


L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu, en 2010, un avis indiquant que le réservoir du CC398 se trouve chez les bovins, la volaille, mais surtout chez les porcs.

Fait inquiétant, le SARM animal est de plus en plus présent dans les infections humaines, et une étude néerlandaise (Voss et al., 2005) établit que les producteurs de porcs sont 760 fois plus touchés que la population générale.

Un exemple frappe l'imagination : celui d'un vétérinaire (Nienhoff et al., 2009) qui transmet à son propre chien un SARM animal acquis au contact d'un porc.

C'est dans ce contexte de grande inquiétude que l'EFSA lance en 2008 une enquête européenne. Disons franchement qu'elle étonne. Laissons de côté le mystère britannique, qui ne reconnaît aucun cas de SARM animal.

L'Espagne, en revanche, a retrouvé la souche CC398 dans 46 % des élevages porcins, l'Italie dans 14 % d'entre eux, l'Allemagne dans 43,5 % et la Belgiquedans 40 %. Autrement exprimé, tous nos voisins sont fortement touchés. Mais pas nous.

Nos services ne rapportent que 1,9 % d'élevages porcins frappés par le SARM animal, dont tout le monde sait qu'il tue en France un nombre inconnu, mais en toute hypothèse élevé, de malades.

Ce pourcentage est peut-être exact, mais il fait pensermutatis mutandis, à ce nuage de Tchernobyl qui aurait par miracle épargné la France.

Il est peut-être exact, mais l'Europe elle-même, par le biais de l'EFSA, a diplomatiquement fait état de sa grande surprise au vu des résultats. Citation du rapport de 2009 : "L'EFSA recommande en outre que de nouvelles études soient réalisées afin d'identifier les raisons justifiant les différences observées au niveau de la prévalence du SARM dans les différents Etats membres."


Oui, pourvu que ce pourcentage soit exact, ce qui serait mieux que de joueravec le feu bactérien. Car laisser flamber le SARM dans les élevages serait autrement plus grave que le tour de passe-passe autour de la viande de cheval.

Aucune équipe gouvernementale, depuis cinquante ans, n'a osé ouvrir le dossier infernal de l'élevage industriel et de la folie des antibiotiques. Le moment est peut-être venu.

 

 


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Equateur: Correa va lancer des projets d'exploitation minière à grande échelle

Publié le par Gerome

Le président réélu d'Equateur, Rafael Correa, a annoncé samedi son intention de lancer des projets d'exploitation minière à grande échelle, malgré l'opposition d'une partie de la communauté indigène.

"Les Equatoriens ont voté afin de pouvoir profiter de manière responsable des ressources naturelles non renouvelables", a déclaré M. Correa, réélu dimanche dernier pour un dernier mandat de quatre ans jusqu'en 2017, lors de son programme radiophonique hebdomadaire.

 

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Au pouvoir depuis 2007 à la tête de ce pays de 15 millions d'habitants, ce dirigeant socialiste, économiste de 49 ans, a réaffirmé qu'il avait pour objectif la réduction de la pauvreté, un engagement pris envers "les peuples d'Amazonie et de toutes les régions abritant des minerais et du pétrole".

L'an dernier, le gouvernement de M. Correa a ouvert la voie en signant un contrat minier d'un montant de 4,4 milliards de dollars avec la compagnie chinoise Ecuacorriente (Ecsa), qui lui permet d'exploiter pendant 25 ans un gisement de cuivre dont les réserves sont estimées à plus de 2 millions de tonnes dans la province amazonienne de Zamora-Chinchipe (sud-est).


Ce contrat a suscité la colère de membres de la communautés indigène, inquiète des répercussions pour l'environnement dans cette région dotée de l'une des plus riches biodiversités du pays.

Des manifestants issus de communauté, qui représente le tiers de la population et a déjà contribué au renversement de plusieurs chefs d'Etat dans le passé, avaient organisé une marche de protestation depuis l'Amazonie jusqu'à Quito.


"Afin de porter atteinte au gouvernement, ils portent atteinte au pays, aux pauvres, à cette Amazonie", a encore affirmé M. Correa, lors de son émission.

"Nous ne sommes pas du côté des multinationales, nous sommes avec les pauvres", a-t-il martelé, en refusant que les Equatoriens soient des "mendiants assis sur un tas d'or", une de ses expressions favorites.

 

 


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L’industrie des accrocs alimentaires

Publié le par Gerome

Malgré des aides importantes, l’agriculture française reste énergivore, inégalitaire et dangereuse pour l’environnement.

 

 

L’affaire des lasagnes a mis à jour les contradictions d’une industrie agroalimentaire toujours plus dévoreuse d’énergie et de matières, engagée dans une course aux bas prix. Avec 147 milliards d’euros engrangés en 2009 et 400 000 salariés, c’est le premier secteur industriel français. Il dépend intégralement du travail des agriculteurs. Leurs méthodes de production, héritées d’un autre âge pour la plupart, épuisent l’environnement, ne rémunèrent pas toujours équitablement les hommes et consomment trop d’énergie. Alors que s’ouvre aujourd’hui le 50e Salon international de l’agriculture, retour sur trois symptômes d’un système malade.


Le bio au rythme d’un escargot


Tout le monde en veut, mais l’agriculture française la boude. En 2012, 64% des Français ont consommé bio au moins une fois. «C’est une vraie tendance de fond puisque la part des consommateurs réguliers (au moins une fois par mois) s’élève à 43%, tandis que 8% des Français en consomment tous les jours», note l’Agence bio. Devant l’insuffisance de certaines productions, notamment de fruits et légumes, il faut importer 32% des produits labellisés. Le bio en France ne concerne qu’un million d’hectares, soit 3,7% de la surface agricole utile (SAU). Le Grenelle de l’environnement avait fixé d’ambitieux objectifs (20% de la SAU en 2020), hors de portée vu les moyens accordés. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a renoncé aux 20% et s’est contenté de viser un doublement des surfaces d’ici à la fin du quinquennat.

 

«Ces objectifs sont plus modestes, mais atteignables au moins», indique Dominique Marion, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab). Pour soutenir le bio, deux leviers principaux : la restauration collective et la qualité de l’eau. François Hollande avait promis que 20% des commandes de la restauration collective d’Etat seraient passées en bio, avant de renoncer. Quant à la qualité de l’eau, une directive européenne impose à la France d’atteindre un «bon état écologique» en 2015. Mais les associations attendent encore l’interdiction des pesticides sur les bassins versants des 509 captages prioritaires identifiés par le Grenelle.


Redonner des ailes à l’apiculture


Les 40 000 apiculteurs français sont à la peine et perdent à 20 à 30% de leurs colonies tous les ans. Près de 25 000 tonnes de miel sont importées chaque année de Chine, des pays de l’Est ou d’Espagne, soit plus de la moitié de la consommation tricolore. Début février, le ministre de l’Agriculture a dévoilé un plan de soutien triennal à la filière, doté de 40 millions d’euros pour inciter des milliers de jeunes à se lancer et installer un million de colonies d’abeilles supplémentaires.

 

Ce qui ne sert à rien si on ne s’attaque pas au principal problème des abeilles : les pesticides. Le déclin des insectes s’accélère depuis les années 90, avec le recours massif aux produits dits systémiques ou «néonicotinoïdes», comme le Cruiser, le Gaucho ou le Poncho. Le principe : la semence est enrobée d’insecticide, la plante s’en imprègne tout au long de sa croissance et devient toxique pour les insectes. Très efficace pour la protection des céréales, délétère pour les abeilles.

 

En janvier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments l’ a enfin reconnu, et Bruxelles a demandé aux gouvernements d’interdire trois de ces produits pendant deux ans sur les cultures de colza, maïs, tournesol et coton. L’Union des apiculteurs français (Unaf) juge cette mesure insuffisante : les modes de contamination sont multiples et les pesticides peuvent rester présents dans les sols jusqu’à trois ans après leur utilisation. L’Unaf demande une interdiction générale. Elle cite en exemple la Slovénie, grand producteur de miel, qui a interdit totalement ces pesticides depuis trois ans et où les pertes d’abeilles ont diminué. Idem en Italie, où la mortalité est passée de 37% à 15% par an après l’interdiction de ces produits sur le maïs en 2008. Mais la France s’abrite derrière la future décision européenne pour ne rien faire : les Etats membres ont jusqu’à la fin du mois pour en débattre.


L’impasse des marées vertes


Les algues vertes, problème symptomatique de l’impasse dans laquelle se trouve la France avec son agriculture intensive. Depuis quarante ans, les plages bretonnes sont envahies par ces algues qui prolifèrent à la faveur d’un déversement excessif de nitrates dans l’eau de mer. Ces nitrates proviennent de l’épandage massif d’engrais azotés (lisier ou fumier) nécessaires aux cultures et élevages intensifs. Avec 7% de la surface agricole française, la Bretagne rassemble 50% des élevages de porcs et de volailles et 30% des bovins !

 

Depuis des années, Bruxelles menace Paris de lourdes amendes pour non-application de la directive de 1991 qui limite l’usage des nitrates et interdit l’épandage à certaines périodes. En vain : plus de la moitié du territoire français est concerné par cette pollution et quinze départements pâtissent de marées vertes. Fin 2012, le gouvernement a fini par adopter des mesures pour mieux protéger les points de captage de l’eau et les nappes phréatiques, ce qui pourrait éviter à la France les pénalités qui se chiffrent en dizaines de millions d’euros. Mais la FNSEA, principal syndicat agricole, juge que l’application de la directive menace la compétitivité des agriculteurs, et a réclamé, mi-janvier, la démission de Stéphane Le Foll.

 

 


Publié dans Nature

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Hausse de 26% des superficies OGM en Afrique, selon l’ISAAA

Publié le par Gerome

Même si les Etats-Unis demeurent chef de file mondial, c’est depuis l’année dernière dans les pays en développement que plus de la moitié, 52%, des superficies mondiales de cultures OGM se situent, a annoncé cette semaine Clive James, président d’International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications (ISAAA). Présentant leur étude annuelle des cultures OGM dans le monde, le patron de l’organisation pro-OGM a souligné: « Les évolutions de ces cinq prochaines années seront en faveur des pays en développement. C’est là où les bouches que nous avons à nourrir se trouvent. »

 

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Au plan mondial, 2012 a été une année record avec 170,3 millions d’hectares (Mha) ensemencés en OGM, en hausse de 10,3 millions par rapport à 2011. Les Etats-Unis à eux seuls recensent 69,5 Mha d’OGM. En total mondial, 17,3 millions de fermiers ont recours à ces semences génétiquement modifiés, soit 600 000 de plus que l’année précédente. Les cultures visées sont essentiellement le maïs, le soja et le coton.


Et donc pour la première fois dans l’histoire, ce sont les pays en développement qui, collectivement, obtiennent la palme d’or. L’Inde (10,8 millions ha), la Chine (4 millions ha), le Brésil (36,6 millions), l’Argentine et l’Afrique du Sud totalisent 78,2 Mha d’OGM, soit 46% des superficies mondiales. Le Brésil, n°2 derrière les Etats-Unis, est en tête des pays du Sud avec une progression de 6,3 Mha par rapport à 2011, et représente 21% du total mondial.

En Afrique, le Soudan a planté des OGM pour la première fois l’année dernière, devenant le quatrième pays à y recourir après l’Afrique du Sud (2,9 Mha de maïs, soja et coton, soit +600 000 ha sur 2011), le Burkina Faso (300 000 ha de coton) et l’Egypte. Le Soudan a ainsi ensemencé 20 000 ha de coton Bt en zones irrigué et pluviale. Quelque 10 000 producteurs y ont eu recours, chacun sur une superficie allant de 1 à 2,5 ha.


Quant à l’Afrique du Sud, c’est sa 15ème année consécutive de croissance de ses superficies d’OGM. A noter que l’Egypte a planté moins de 50 000 ha de maïs BT l’année dernière, en nette baisse par rapport à 2011.

Au total, les superficies africaines en OGM atteignent 2,9 Mha en 2011/12 contre 2,3 millions en 2011/12, une hausse massive de 26% sur un an, selon ISAAA.

 

 


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