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L'irréversible urbanisation de l'humanité

Publié le par Gerome

Lundi s'ouvrira la 17e Conférence des Nations unies sur le changement climatique. L'un des enjeux sera l'urbanisation croissante de la population mondiale.

En ce début de XXIe siècle, l'humanité vit un événement majeur : la majorité de la population mondiale habite en ville. L'Homo sapiens typique n'est plus un agriculteur mais un citadin. Il ne produit plus de la nourriture mais des biens ou des services. Il marche sur du ciment plutôt que sur de la terre, oublie le nom de nombreuses espèces vivantes, ne regarde plus les étoiles et n'écoute plus beaucoup les oiseaux.


L'urbanisation est aussi un phénomène concentrationnaire qui, localement, accroît la pollution, la dégradation de l'environnement et les besoins, notamment en eau. Les discussions qui vont être menées à Durban, pour la 17e Conférence des Nations unies sur le changement climatique, ou COP 17/CMP 7, devront prendre en compte cette évolution décisive et irréversible.

 

 

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Plus d’un être humain sur deux vit désormais en ville. Comment préserver – ou créer – des structures sociales vivables dans les immenses mégapoles qui se multiplient à la surface de la planète ? Et comment faire face aux nouveaux enjeux écologiques qui surgissent ?

C’est un constat étonnant : l’expérience la plus immédiate de chacun, la façon dont sont agencés les rues et les bâtiments dans lesquels se déroulent nos vies, restent largement impensées. Les médias généralistes ne relaient que très peu les débats sur l’urbanisme, dont les termes et les enjeux demeurent l’affaire des spécialistes. Depuis que, au XIXe siècle, s’est amorcé le grand exode vers les villes, la pensée humaine n’a pas suivi : elle a conservé ses racines et son cadre de référence terriens.


Cela n’empêche pas que les réflexions stimulantes soient légion. Remettre en cause des évidences, comme la propriété privée du sol ; tenter de saisir l’alchimie qui fait qu’un aménagement urbain « prend », et que ses habitants ou ses usagers se l’approprient — ou pas ; souligner la surdité technocratique qui caractérise trop souvent les professionnels du secteur : autant de tâches auxquelles s’attellent architectes, géographes, sociologues et philosophes.


Mais leurs travaux doivent compter avec le rythme et l’échelle auxquels les villes s’étendent en ce début de millénaire, en particulier en Afrique et en Asie. Comment espérer maîtriser ce gigantesque bouleversement, cet arrachement de millions de personnes à leurs repères antérieurs ? Comment adapter le cadre politique aux communautés pléthoriques qui se forment ? Comment résoudre les problèmes sociaux et écologiques qui surgissent ? Ces questions sont d’autant plus urgentes qu’elles concernent désormais plus d’un être humain sur deux...

 

 

 


 

 


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Les forêts françaises doivent se préparer au réchauffement climatique

Publié le par Gerome

Le manque d'eau pourrait faire reculer les forêts françaises...


Les forêts françaises souffriront rapidement du manque d'eau et devraient régresser dans certaines zones quand le réchauffement climatique manifestera ses pleins effets: des chercheurs essayent d'anticiper la crise afin d'aider les forestiers à s'y préparer. Les résultats de leurs études, visant à apprécier les risques, ont été présentés jeudi à Paris lors d'un colloque réunissant des chercheurs de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique), du CNRS et de plusieurs universités. Les sécheresses seront «de plus en plus sévères, longues et fréquentes», ont assuré les chercheurs devant la presse. Certaines régions (sud, sud-ouest) seront touchées «dès un futur proche», vers 2050, mais la plupart seront concernées vers 2100.

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Chênes, hêtres, épicéas, sapins, pins Douglas...: pour ces espèces particulièrement représentées en France, il y aura souvent une modification des aires de répartition. Les espèces méditerranéennes comme le chêne vert remonteront vers le nord, le pin sylvestre diminuera considérablement dans tout l'ouest, voire disparaîtra, selon Paul Leadley (université Paris-sud, CNRS). Le hêtre régressera fortement en plaine. «Pour certaines essences, il y a des quasi certitudes de quasi disparition», dit le chercheur, notamment pour celles de climat tempéré dans les plaines. L'aire des essences montagnardes se réduira aussi.


L’architecture des branches s’adapte


Certaines prévisions sont plus optimistes, tenant compte de l'augmentation de la teneur en CO2 dans l'atmosphère, qui peut protéger des arbres contre la sécheresse. Que nous apprennent les sécheresses antérieures, en 2003 ou 2006 ? «Il y a eu des arbres qui sont morts brutalement, mais ça n'a pas été le cas le plus courant», indique Nathalie Breda, une ancienne forestière, directrice de recherches à l'Inra. Certains arbres se sont acclimatés, d'autres se sont affaiblis pour finir par dépérir après plusieurs années.


Des chercheurs ont simulé la réduction de la pluie, progressive ou brutale, et regardé comment l'écosystème méditerranéen, particulièrement le chêne vert et le pin d'Alep, y réagissait. Ils ont constaté que si la dérive est lente, l'écosystème s'acclimate, avec une «architecture des branches» différente, et notamment «moins de feuilles pour consommer moins d'eau». Mais les sécheresses devraient devenir plus fréquentes et brutales, ne laissant pas le temps aux arbres «de se reconstituer, d'adapter leur système racinaire, d'ajuster la surface des feuilles», note Nathalie Breda.


«Les insectes se font les fossoyeurs des arbres affaiblis»


Sans compter que certaines zones sont plus vulnérables que d'autres et risquent de le devenir encore plus, avec des pressions sur une ressource plus rare. Lors des sécheresses de la dernière décennie, les arbres les plus fragiles ont été touchés par des maladies, comme l'oïdium du chêne, dont la fréquence augmente quand les hivers sont plus doux. Les populations de scolytes, des insectes qui s'en prennent aux épicéas, sapins ou pins maritimes, explosent après des étés très chauds. «Les insectes se font alors les fossoyeurs des arbres affaiblis», dit Nathalie Breda.


Si la mortalité naturelle des arbres est de 0,4%, ce taux peut être considérablement multiplié dans les périodes de crise après sécheresse. Il faudra donc que les forestiers s'adaptent en fonction des espèces, de la région et du milieu local. Pour les aider, l'Institut de développement forestier (IDF) a publié en 2010 un «guide de gestion des forêts en crise sanitaire». Un «livre vert» (consultable sur le site de l'Inra) propose des pistes. Un réseau rapprochant chercheurs et gestionnaires, le RTM Aforce, a été mis en place. Enfin l'Inra prépare un programme sur l'adaptation de la sylviculture au changement climatique.

 

 


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Climat: comment se préparer à la multiplication des événements extrêmes

Publié le par Gerome

Inondations, sécheresses, vagues de chaleur pourraient se multiplier dans les prochaines années...

Face à la multiplication attendue des inondations, sécheresses ou vagues de chaleur dans les prochaines décennies pour cause de réchauffement, l'humanité doit déjà s'organiser, préconise un rapport d'experts qui doit être adopté vendredi. Dans ce rapport, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), l'organisation scientifique de référence dans le domaine, souligne que le réchauffement global va intensifier la fréquence et l'intensité des événements météorologiques extrêmes. «Le type et la sévérité des effets (...) dépend non seulement des épisodes extrêmes eux-mêmes mais aussi de la vulnérabilité et de l'exposition», précise la version provisoire du «résumé pour décideurs» obtenue par l'AFP. Un résumé qui est discuté cette semaine en Ouganda, où le rapport définitif sera présenté vendredi.

 

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Coopérer avec les spécialistes des catastrophes

Le message a été porté dès lundi au Forum des pays «climatiquement vulnérables» au Bangladesh par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon: «Il existe beaucoup de remèdes rentables que les communautés et les pays peuvent prendre pour limiter l'impact des épisodes météorologiques extrêmes.» Au-delà d'un certain seuil, prévient néanmoins le rapport du Giec, les efforts pour s'adapter peuvent devenir insuffisants si les émissions de gaz à effet de serre, à l'origine du changement climatique, ne sont pas contenues.

Pour ce «rapport spécial», une contribution au prochain grand rapport sur l'état du climat attendu pour 2014, le Giec a pour la première fois associé science du climat et gestion des risques dans une même analyse. Depuis le premier rapport du Giec, en 1990, ces communautés de recherche ont travaillé de façon indépendante.

 

Une ségrégation qui a probablement constitué une erreur, selon plusieurs experts interrogés par l'AFP. «Les spécialistes des catastrophes ont une expérience majeure qui devrait être une base essentielle pour l'adaptation au changement climatique», estime Tom Downing, à la tête d'une organisation réunissant des experts en adaptation, le Global Climate Adaptation Partnership à Oxford (Grande-Bretagne). «C'est encourageant de voir le Giec faire avancer cette coopération», ajoute cet habitué du Giec. «La science n'est cette fois qu'une pièce du puzzle. Les autres pièces ont à voir avec la capacité des gens à résister et à s'adapter», se félicite aussi Will Steffen, responsable de l'Institut sur le changement climatique de l'Australian National University.


Des actions simples et peu onéreuses

Neville Nicholls, professeur à la Monash University de Melbourne et rédacteur purement scientifique, confirme que la coopération «nous a tous renforcés». «Cela a permis aux scientifiques de se concentrer davantage sur ce dont ont besoin les experts du risque, et ces derniers ont une idée plus claire de ce que nous pouvons, ou ne pouvons pas, leur fournir», note-t-il. Ce changement d'approche fait suite aux quelques erreurs qui avaient écorné la dernière grande publication du Giec, en 2007. La plupart d'entre elles, portant par exemple sur le rythme de fonte des glaciers de l'Himalaya, était due à cette coordination limitée entre les différentes communautés de contributeurs, reconnaissent certains membres.


Le rapport, tourné vers les solutions à mettre en oeuvre, identifie des actions simples et peu onéreuses, comme des systèmes d'alerte précoce dans les zones concernées par des vagues de chaleur ou des inondations. Améliorer les règlements d'urbanisme ou les capacités de prévision peut aussi contribuer à sauver des vies dans les régions touchées par des cyclones. Mais plus on attendra pour lancer de telles mesures, plus elles coûteront cher et perdront en efficacité, prévient aussi le rapport alors que de plus en plus de plans d'adaptation sont lancés à travers le monde pour faire face à cette météo de plus en plus capricieuse.

 

 


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Climat: les pays vulnérables devraient "inspirer" les pays riches

Publié le par Gerome

Certains des pays les plus touchés par le changement climatique devraient servir d'"inspiration" aux pays riches concernant la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, a estimé lundi le secrétaire général des Nations unies, lors d'un forum au Bangladesh.


S'exprimant au Forum des pays "climatiquement vulnérables", où 18 pays doivent s'entendre pour constituer un front uni avant la conférence de l'ONU à Durban (Afrique du Sud), Ban Ki-moon a salué des pays tels que les Maldives, le Costa Rica ou les îles Samoa pour leur engagement à être "neutres en carbone".

"En ces temps d'incertitude sur l'économie mondiale, laissons l'engagement (de ces pays) pour une croissance verte être une inspiration pour un plus grand nombre de pays développés, les plus gros émetteurs", a-t-il déclaré.


Il est toutefois "injuste" de "demander aux plus pauvres et plus vulnérables de supporter seuls le poids le plus lourd de l'impact du changement climatique", a-t-il ajouté, appelant à la mise en place de fonds agréés pour les pays pauvres.

Ce Forum est une réponse au rythme "très lent et inadapté" des négociations internationales sur le climat, a estimé lundi lors de l'ouverture le Premier ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina.


Ban Ki-moon a appelé le pays hôte à devenir un "leader mondial sur le plan de la préparation aux catastrophes".

La mise en place de systèmes d'alerte rapide et le recours à un fort contingent de volontaires ont permis à ce pays défavorisé de réduire significativement le nombre de victimes de cyclones, montrant au monde que "les catastrophes naturelles peuvent ne pas aboutir à des catastrophes humaines", a-t-il estimé.

 

 

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Les abeilles victimes d'un cocktail mortel... de médicaments

Publié le par Gerome

Censés protéger les colonies d'abeilles domestiques contre leurs parasites, un antibiotique et des acaricides constituent, lorsqu'ils sont associés, un cocktail mortel. C'est ce que montre une étude américaine, confirmant l'idée que le mal qui frappe les abeilles partout dans le monde est le résultat d'une combinaison de facteurs. Une nouvelle étape dans la résolution de ce mystère, comme l'explique Yves Le Conte, spécialiste des abeilles.


Le mystère de la disparition des abeilles (Apis mellifera) – connu sous le nom de syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles – n’est toujours pas résolu et les scientifiques continuent de chercher les coupables. Peu de chances qu’un unique insecticide, acaricide, pathogène ou tout autre ennemi de la ruche soit responsable à lui seul. Les chercheurs se prononcent de plus en plus en faveur d’une combinaison de facteurs et, comme nous le concède Yves Le Conte, directeur de l’UMR Abeille et environnement, « les mécanismes ne sont pas simples ».

 

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Une récente étude menée aux États-Unis par des scientifiques de l’université du Maryland rend compte de la nocivité engendrée par l’action combinée d’un antibiotique et d’acaricides utilisés pour protéger les colonies. Le premier est l’oxytétracycline. Quant aux seconds, les auteurs en ont testé plusieurs parmi lesquels le fluvalinate (l’agent actif de l’Apistan) et le coumaphos (interdit en France), deux des principaux traitements utilisés pour lutter contre le varroa, un acarien qui porte très bien son nom – Varroa destructor – et qui ravage les colonies d’abeilles en s’attaquant aux larves et aux femelles.



Un antiobiotique et des acaricides

L’oxytétracycline est censée protéger les abeilles contre les virus, les bactéries et autres microbes présents à l'intérieur de la ruche, mais particulièrement contre la loque américaine, « une bactérie très contagieuse et prise très au sérieux par les apiculteurs », explique Yves Le Conte.

En Europe, aucune trace de cet antibiotique n’est tolérée dans le miel. « Lorsqu’une ruche est contaminée, les apiculteurs ont deux choix. Soit ils brûlent la ruche et la colonie infectées, soit ils brûlent uniquement la ruche et transfèrent la colonie, qu’ils traitent avec l’antibiotique, dans une nouvelle ruche », indique le chercheur. Quoi qu’il en soit, le miel alors produit par ces abeilles durant l’année qui suit devra être détruit.
Mais aux États-Unis, cette molécule est communément utilisée chaque année, en prévention. Son efficacité, comme tout antibiotique utilisé à tour de bras, devrait néanmoins finir par s’estomper. Et au regard des résultats de l’étude de David Hawthorne et Galen Dively, son interdiction ne serait pas surprenante.



Une forte augmentation de la mortalité

Car son action combinée avec des acaricides est désastreuse, comme l’affirment les auteurs des expériences dans la revue Plos One. Ils ont en effet montré que couplé avec l’antibiotique, le coumaphos fait passer la mortalité des abeilles de 7 % à 51 % et le fluvalinate de 5,6 % à 39 %.

Par quel mécanisme ? Au niveau des parois cellulaires, une majeure partie des animaux possède des protéines capables de se débarrasser des toxines ou tout autre élément xénobiotique présent au sein de la cellule, afin de les diriger vers les voies d’excrétion. On les appelle – et il ne s’agit pas d’une blague – les transporteurs MDR (pour Multi-Drug Resistance). Le plus connu d’entre eux est le p-glycoprotéine et c’est sur celui-ci que les chercheurs américains ont travaillé. Selon eux, la mortalité accrue des abeilles lors de l’action couplée de l’antibiotique et de l’acaricide vient du fait que le premier est pris en charge par le p-glycoprotéine qui ne peut donc plus s’occuper d’évacuer le second vers l’extérieur de la cellule.

« Un stress pour affaiblir, un autre pour tuer »

Une nouvelle preuve que la mort des abeilles est la conséquence de phénomènes aussi multiples que complexes. « Les interactions entre différents facteurs sont quelque chose de très important », explique encore Yves Le Conte qui a déjà mis en évidence l’effet dévastateur de l’action combinée d’un insecticide et d’une bactérie. « Lorsque les abeilles sont confrontées à plusieurs stress, l’un d'eux affaiblit la colonie tandis qu’un autre la tue ».



La nouveauté, ici, c’est que les produits qui entrent en synergie sont tous les deux introduits volontairement par l’apiculteur au sein de la ruche. Pourtant, si les traitements antivarroa semblent pour l’instant indispensables, l’exemple de l’Europe prouve que le traitement en prévention de la loque américaine ne l’est pas. Quand on vous dit que les antibiotiques, ce n’est pas automatique !

 

 


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