Selon un sondage Ifop, deux Français sur trois adhèrent aux mesures de défense de la condition animale qui pourraient leur être soumises dans le cadre d'un projet de référendum d'initiative partagée.
Au vu des sondages qui se succèdent ces dernières semaines, il devient difficile d'y voir simplement un sujet monté en épingle par quelques groupes d'activistes et autres « ayatollahs de l'écologie », pour reprendre une formule récente du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti .
Au contraire, une écrasante majorité de Français prend fait et cause pour le respect de conditions de vie des animaux. Ils sont ainsi 91 % à estimer qu'il faut imposer à tous les types d'élevage l'aménagement d'un accès extérieur et 73 % à être favorables à l'interdiction du recours à l'expérimentation animale d'ici à dix ans, révèle un sondage de l'Ifop dans pour la Fondation Bardot publié ce mercredi par « Le Monde ».
A la fin du mois dernier, une enquête d'opinion réalisée par le même institut pour Caniprof , un site d'informations en ligne dédié aux chiens, donnait sensiblement les mêmes résultats. En outre, 73 % des personnes interrogées s'y déclaraient favorables à l'organisation d'un référendum d'initiative partagée (RIP) contre la souffrance animale.
Le renfort de grands patrons
L'initiative est déjà soutenue par 129 parlementaires, auxquels s'ajoutent Xavier Niel, Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon, respectivement PDG de Free, Meetic et Veepee (ex Vente-privée.com) et une vingtaine d'associations dont la Fondation Brigitte Bardot.
Ces défenseurs de la cause animale sont encore loin de pouvoir convoquer un référendum, sur des mesures que les Français approuvent pourtant massivement dans les sondages, de l'interdiction de la chasse à courre, à celle de l'élevage des animaux à fourrure en passant par la fin des spectacles qui mettent en scène des bêtes sauvages. Le cinquième des signatures de parlementaires (soit 185) n'est en effet pas réuni et, si pour l'heure, la barre des 500.000 signatures de citoyens a été franchie, il en manque encore plus de 4 millions pour atteindre les 10 % d'inscrits sur les listes électorales.
Un précédent infructueux
La performance n'en est en pas moins remarquable après à peine deux mois de campagne sur les neuf dont dispose tout porteur de projet de RIP pour que celui-ci soit validé par le Conseil constitutionnel.
Reste que d'autres se sont déjà essayés à franchir ces deux marches sans y parvenir. L'alliance inédite de la gauche et de la droite pour faire barrage par référendum, à la perspective, aujourd'hui repoussée, d'une privatisation d'Aéroports de Paris, s'est révélée infructueuse. Le 26 mars dernier, le Conseil constitutionnel constatait qu'avec 1.093.030 soutiens , la proposition de loi visant à modifier le statut de cet établissement ne passait pas la rampe.
Une opinion signée par 434 médecins belges et 900 professionnels de la santé
Face au déploiement massif et inconsidéré des technologies sans fil, nous, professionnels de la santé, demandons au gouvernement de faire appliquer le principe de précaution afin de protéger la population et plus particulièrement les groupes les plus vulnérables dont font partie, notamment, les femmes enceintes et les enfants.
En pleine pandémie, alors que les citoyens sont confinés et que la société est mise à rude épreuve, Proximus a entamé ce 31 mars le déploiement de la future 5G dans 30 communes autour de Bruxelles.
Même s’il pourrait s’agir d’une simple coïncidence, ceci nous semble indécent à un moment où les Belges doivent lutter ensemble pour essayer de vaincre le drame humain qui nous préoccupe tous. Parallèlement, des organismes de défense des consommateurs se sont empressés de publier des articles pour affirmer la non-dangerosité de cette technologie.
L’exposition de la population aux rayonnements électromagnétiques de radiofréquences/micro-ondes (RF/MO) n’a cessé d’augmenter ces dernières décennies. Téléphones sans fil de maison (DECT), smartphones, tablettes en 3G puis 4G, Wi-Fi à la maison, au travail, dans les crèches, les écoles, les transports et les lieux publics…
Et maintenant, on assiste à l’arrivée de la 5G ou à tout le moins de la 4G+.
Pourtant, l’innocuité de cette exposition n’a jamais été démontrée. Au contraire, les preuves de sa nocivité s’accumulent. Depuis 2011 d’ailleurs, les rayonnements électromagnétiques de RF/MO des technologies sans fil sont considérés par l’OMS comme possiblement cancérigènes (classe 2B), en grande partie à cause des risques accrus de gliomes et de neurinomes acoustiques chez les utilisateurs de longue date de téléphones cellulaires.
Le Principe de Précaution n’a nullement été respecté lors du déploiement massif de ces technologies sans fil.
Or, lorsque des risques graves et possiblement irréversibles ont été identifiés, l'absence de certitude ne doit pas servir de prétexte à remettre à plus tard des mesures pour protéger l'environnement et la santé.
Nous avons revu la littérature scientifique indépendante et nous nous référons entre autres, à la Résolution 1815 de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe. Nos conclusions rejoignent celles de spécialistes indépendants, et sont que le principe de précaution n’est actuellement pas appliqué et que la protection de la santé des citoyens, et des enfants en particulier, n’est pas assurée face à la surexposition à ces rayonnements électromagnétiques RF/MO.
Les normes censées protéger la population de l’exposition aux rayonnements électromagnétiques RF/MO ne tiennent compte que de l’échauffement des tissus (effet thermique) lors d’une exposition de durée limitée.
Ces normes ne tiennent pas compte des expositions répétées et/ou prolongées, ni de tous les effets biologiques non thermiques qui surviennent à des valeurs nettement inférieures aux valeurs actuellement autorisées. Elles n’ont pas été conçues pour protéger les fœtus, les enfants, les adolescents, les personnes âgées…
Pour les enfants, les risques peuvent être accrus en raison des effets cumulatifs d’une exposition prolongée. Leurs cerveaux, organes et tissus en développement et immatures peuvent être plus sensibles à l’exposition. Et les rayonnements pénètrent proportionnellement plus en profondeur dans leurs organes que dans ceux des adultes puisque leurs dimensions sont plus petites.
Le déploiement généralisé des technologies sans fil comporte des risques sanitaires connus depuis plusieurs décennies.
De nombreuses études (études sur des cellules, des animaux, études épidémiologiques) confirment l’existence d’effets biologiques non thermiques induits par l’exposition à des rayonnements électromagnétiques RF/MO émis par les technologies sans fil. Ces effets biologiques sont, par exemple, des lésions de l’ADN (ruptures), des perturbations de la synthèse des protéines, des altérations des spermatozoïdes, des perturbations de la synthèse d’hormones.
On connait les conséquences des lésions de l’ADN, notamment leur lien avec la survenue de cancers. Les dernières études sur les rats menées en 2018 par deux instituts indépendants différents (NTP et Ramazzini) ont montré que l’exposition aux rayonnements électromagnétiques RF/MO augmente la survenue de tumeurs, notamment du cerveau. Suite à cela, en mars 2019, le Centre International de Recherche sur le Cancer a recommandé une réévaluation de la classification de ces rayonnements endéans les 4 ans.
En mai 2019, le Conseil Supérieur de la Santé belge reconnaît, dans un avis sur les rayonnements non-ionisants, l’existence des effets biologiques de ces rayonnements à des niveaux non-thermiques ; leur lien avec le développement de cancers (augmentations importantes et statistiquement significatives du risque de gliomes cérébraux et de neurinomes de l’acoustique homolatéraux); le lien entre l’exposition maternelle aux champs électromagnétiques des fréquences des téléphones mobiles et l’existence de troubles du comportement et du langage chez l’enfant.
Bien qu’il faille plus de 20 ans à certains cancers pour se développer, on constate déjà une augmentation des glioblastomes (cancers du cerveau) dans les populations de certains pays européens. Au vu de ces éléments, il deviendrait dès lors inconvenant, d’oser encore continuer à clamer que tout cela ne représente aucun danger pour la santé.
Et la 5G ?
L’installation de la 5G nécessitera un assouplissement important des normes déjà beaucoup trop élevées.
De plus, cette technologie, qui présente des spécificités techniques différentes des technologies de générations antérieures, n’a pas fait l’objet d’études sanitaires préliminaires. Certains scientifiques craignent une augmentation de survenue des cancers de la peau et des dommages oculaires liés à l’utilisation de fréquences porteuses plus élevées.
Par ailleurs, la multiplication du nombre d’antennes relais nécessaires à l’installation du réseau 5G et l’hyper-connectivité absolue dans laquelle elle précipitera la société imposera une augmentation généralisée et certaine des niveaux d’exposition des populations.
Cela équivaut à prévoir une situation où le risque sanitaire global serait augmenté par un facteur qu’il est impossible de déterminer à l’avance, avec des retombées sanitaires dont nous ne connaissons pas la nature et sur lesquelles nous n’aurions aucun contrôle.
Cela équivaudrait aussi à une infraction au code de Nuremberg puisqu’il s’agirait finalement d’une expérimentation sur l’humain sans son consentement, sans certitude que le bénéfice pour la société soit plus important que le risque encouru…
En tant que médecins, nous déplorons déjà de plus en plus de pathologies pouvant être en lien avec des composants environnementaux tels que cette exposition croissante de la population aux rayonnements électromagnétiques du sans-fil. Nous recevons aussi des témoignages et nous rencontrons de plus en plus de personnes souffrant de troubles physiques potentiellement liés à l’exposition aux rayonnements électromagnétiques comme des troubles du sommeil, des acouphènes, des palpitations, des maux de tête, des troubles de l’attention et de la concentration, de fortes douleurs...
Nous demandons, en référence à la Résolution 1815 de mai 2011 de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, ainsi que dans la lignée des dizaines d’appels de médecins et de scientifiques de par le monde, que les mandataires publics locaux, régionaux et fédéraux prennent leurs responsabilités et les mesures nécessaires afin d’obtenir :
• L’application du Principe de Précaution en vue de protéger la population, surtout les plus jeunes, les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées,
• Un moratoire sur le déploiement de la 5G en attendant des études d’impact sanitaire,
• La sensibilisation des citoyens, en particulier des parents, des adolescents et des femmes enceintes à un usage raisonné et responsable des objets connectés sans fil,
• L’établissement de normes d’exposition réellement protectrices basées sur les effets biologiques thermiques et non thermiques des champs et rayonnements électromagnétiques RF/MO,
• La création d’un centre de vigilance ou d’un organisme de recensement de symptômes en lien avec cette exposition.
Par cette carte-blanche, nous rejoignons les milliers de médecins et de scientifiques, issus du monde entier, qui depuis l’année 2000 ont uni leurs voix dans des appels récurrents pour alerter les populations et les politiciens face aux dangers des technologies sans fil.
Aujourd’hui, nous sommes parmi les 434 médecins belges et 900 professionnels de la santé à signer l’"Hippocrates Electrosmog Appeal" pour demander au gouvernement de faire appliquer le principe de précaution afin de protéger la population contre ces dangers. Vous trouverez sur notre site internet toutes les références relatives aux informations communiquées ci-dessus : https://www.hippocrates-electrosmog-appeal.be/
L’actualité récente nous inquiète d’autant plus, mais gageons ensemble qu’elle puisse être l’occasion de nouvelles prises de conscience et d’avancées dans le domaine de la prévention, qui doit aujourd’hui et plus que jamais faire l’objet de toute notre attention.
Comment bien se nourrir ? Comment produire durablement des aliments sains ? Ces deux questions, devenues préoccupantes, nous invitent à repenser notre alimentation, depuis le contenu de notre assiette jusqu’à la planète qui nous héberge. En dressant un état des lieux des façons de se nourrir, de leurs bénéfices et nocivités, ce livre pose donc un double regard sur ces enjeux de société fortement dépendants : notre santé et l’environnement.
Expert reconnu en nutrition, l’auteur synthétise des études récentes qui mettent en lumière les liens entre régime alimentaire et santé, montrant clairement l’intérêt de régimes plus végétaux et la réduction, avec une alimentation majoritairement bio, des risques d’obésité, de surpoids et de maladies chroniques telles que les cancers. De plus, il décrit l’efficacité de systèmes alimentaires durables et universels à réduire les impacts écologiques néfastes sur la planète. L’agriculture biologique et d’autres démarches agroécologiques apparaissent comme des modèles à développer pour produire des aliments goûteux, nutritifs et sains, mais aussi pour encourager la consommation locale et recréer des liens directs avec les agriculteurs.
C'est bien la photo de milliers de serres en Andalousie que vous voyez. En achetant des fruits et légumes insipides qui poussent hors sol dans un désert où il n'y a plus d'eau, on ne participe pas à la croissance d'un pays, on ne nourrit pas des familles d'agriculteurs, mais on participe à la catastrophe écologique en cours, on précipite un plus notre monde dans l'abîme. Alors attention à ce que l'on achète. De plus en plus l'achat est un acte politique car nos choix financiers influent sur le monde et la Nature.
Privilégions des produits locaux, proches de chez nous et surtout de saison.
Inès Léraud a enquêté sur l’agroalimentaire en Bretagne, ses impacts sociaux et environnementaux, mais aussi sur les méthodes de certaines entreprises. L'une d'elles l'attaque en diffamation. Un collectif lance une pétition pour soutenir la journaliste et défendre la liberté d'informer.
C'est une affaire médiatico-juridico-politique aux relents d'algues vertes putréfiées. On y croise un scientifique algo-nitratosceptique, un chef d'entreprise condamné par la justice, des ouvriers en souffrance, des familles en deuil, des militants écologistes solidaires, un éditeur inquiet, et des élus régionaux blessés. Ou comment la ténacité d'une jeune journaliste d'investigation peut remuer les tabous bretons, jusqu'à faire réagir un président de Région écartelé entre ses principes démocratiques et les pressions du monde agricole et agroalimentaire.
Attaquée en diffamation
Inès Léraud est convoquée par la justice pour une audience qui devrait se tenir les 20 et 21 janvier 2021 au Tribunal de Grande Instance de Paris. Elle est attaquée en diffamation par un chef d'entreprise guingampais, Jean Chéritel, patron du groupe Chéritel Trégor Légumes, dont elle a épinglé les pratiques managériales et commerciales dans un article publié par Bastamag en mars 2019.
La journaliste indépendante y décrivait à travers plusieurs témoignages anonymes de syndicalistes et d'anciens salariés les conditions de travail et les rapports sociaux dans l'entreprise.
Elle y relatait aussi les démêlés de ce grossiste en fruits et légumes avec la justice : en décembre 2018, le groupe Chéritel a été condamné à 261 000 euros d'amende pour avoir fait travailler illégalement des intérimaires bulgares, via une société intermédiaire, jugement dont il a fait appel. L'entreprise a, depuis, en novembre 2019, été également reconnue coupable par le Tribunal Correctionnel de Saint-Brieuc, de « tromperie » sur l'origine d'un produit, après avoir vendu des tomates étrangères estampillées « origine France ».
La journaliste dénonce connivences et omerta
Mais l'affaire Chéritel n'est qu'un des dossiers sur lesquels Inès Léraud a enquêté.
La jeune femme n'est pas bretonne mais quand elle se lance dans une carrière de journaliste d'investigation, elle comprend très vite que la Bretagne est une terre où bien des lièvres sont à soulever. Elle s'installe dans les Côtes d'Armor en 2015 et, pendant trois ans, enquête sur l'industrie agroalimentaire bretonne pour différents médias et notamment France Culture (émission « Les pieds sur terre »).
Elle s'intéresse aux problèmes économiques et sociaux rencontrés par les agriculteurs et par les ouvriers de l'agroalimentaire, mais aussi aux conséquences environnementales de l'agriculture productiviste. Son enquête "Algues vertes, l'histoire interdite", éditée sous forme de BD, en 2019 par La Revue Dessinée-Delcourt, remporte un vif succès en Bretagne et bien au-delà de la région puisqu'elle a été vendue à 46 000 exemplaires.
La journaliste y rappelle les faits, la prolifération des ulves sur le littoral, les différentes affaires de décès où l'hydrogène sulfuré est incriminé, mais aussi la manière dont les explications scientifiques du phénomène des marées vertes sont battues en brèche par le "lobby agroalimentaire" breton dont elle montre les imbrications et les ramifications.
Elle y dénonce aussi une certaine omerta politico-médiatique, qu'elle appelle "la fabrique du silence", tout en citant et remerciant quelques confrères et consoeurs dont les reportages ont aiguillé certains aspects de son enquête.
C'est le cas d'un de nos reportages, pour lequel, en 2011 nous avions suivi une conférence du scientifique très controversé Christian Buson, invité par les organisations agricoles et agroalimentaires à Saint-Pol-de-Léon pour démontrer la non-responsabilité de l'agriculture intensive et des nitrates dans la prolifération des algues vertes (allant délibérément à l'encontre des résultats multiples et unanimes des instituts de recherche, Ifremer, CNRS, Inra, etc).
En découvrant les quelques pages de la BD le montrant et décortiquant son discours, Christian Buson portera plainte contre Inès Léraud avant de finalement renoncer, quelques jours avant la date du procès en janvier dernier (la plainte n'a jamais été consignée). Il n'avait pas souhaité attaquer parallèlement l'éditeur, comme cela se fait d'ordinaire, mais uniquement la journaliste. Celle-ci avoue se sentir "vulnérable, travaillant de manière indépendante".
"Des tentatives d'intimidation" pour Inès Léraud
Pour la journaliste, "ces plaintes sont autant de tentatives d'intimidation pour nous faire taire, moi et les témoins qui osent se confier à moi". Un collectif breton s'est donc constitué pour la soutenir et "défendre la liberté d'informer sur le secteur de l'agroalimentaire, face aux intérêts privés qui aimeraient la restreindre".
Il faut dire que dans différentes affaires comme celles des salariés de Triskalia victimes des pesticides, les défenseurs des malades et des familles des personnes décédées ont bien conscience d'être confrontés à un système très organisé, très puissant et à un tabou qui pèse sur la société bretonne.
En préambule à la pétition mise en ligne par Cyberacteurs, les soutiens d'Inès Léraud expliquent, dans une tribune publiée par Libération, comment son invitation au Salon du livre de Quintin a finalement été annulée "suite à une demande politique". Comment une maison d'édition bretonne qui avait envisagé de traduire la BD "Algues Vertes, Une histoire interdite" en breton, "a préféré renoncer par peur de perdre des subventions du Conseil régional de Bretagne".
La Région s'offusque et parle d'auto-censure
Cette phrase évoquant les craintes d'acteurs culturels, voilà qui a fait sortir Jean-Michel Le Boulanger de ses gonds. Le vice-président de la Région Bretagne à la Culture et à la Démocratie se dit "profondément blessé et meurtri". "Depuis 10 ans que je suis Vice-Président du Conseil Régional, pas un livre, pas un film n'a été censuré. Il s'agit donc bien d'auto-censure de la part de cette maison d'édition dont je ne connais pas le nom. La liberté d'expression, c'est le combat de ma vie !"
Et de poster sur Facebook : "Le combat pour la liberté d’expression ne peut tolérer aucun coup de canif ! Total soutien à Inès Léraud."
L'affaire est si sensible, à moins d'un an des élections régionales, que le président de Région, Loïg Chesnais-Girard, enfonce lui-même le clou lors d'un "Facebook live" le 15 mai, en indiquant qu'il a "personnellement appelé la journaliste pour lui affirmer son soutien si jamais elle subit des intimidations".
Et de lui assurer que "si son éditeur (pour l'édition en breton), que je ne connais pas, a des inquiétudes, je suis prêt à lever ces inquiétudes". Et Loïg Chesnais-Girard de regretter enfin que ces mots aient été publiés dans la tribune "sans être vérifiés, il y a peut-être de l'auto-censure..."
Et c'est là que le débat s'envenime : le collectif de soutien à Inès Léraud n'admet pas ces allégations de "non vérification d'informations" et publie un nouveau communiqué, évoquant notamment l'affaire des affiches de France Nature Environnement sur les algues vertes, attaquées en justice par Jean-Yves Le Drian en 2011, et assurant que "de très nombreuses personnes, témoins, salariés, inspecteurs du travail, scientifiques, politiques, les ont contactés pour les encourager dans leur démarche de libération de la parole".
Et de rappeler la petite phrase d'Emmanuel Macron au pape François en 2018, quand il lui présente son ministre Jean-Yves Le Drian : « Les Bretons, c’est la mafia française ». "Cette phrase ne nous a ni fait rire, ni rendus fiers. Mais elle disait peut-être vrai", conclut le collectif dans son communiqué.
Pataquès révélateur
Nous avons retrouvé la maison d'édition en question pour avoir le fin mot de l'histoire.
Paolig Combot, président de Skol Vreizh, nous indique qu'il "a bien envisagé à l'automne dernier, la possibilité d'éditer une version traduite en langue bretonne de la BD", mais qu'avec ses collègues ils ont "préféré ne pas aller au bout de la démarche, d'une part pour des raisons économiques" (ses clients habituels l'ayant, sans doute, déjà, pour certains, achetée en français), mais aussi, il le reconnaît, "par crainte pour leur subvention, du fait de l'influence au sein du Conseil Régional de personnes en charge de l'agriculture".
Il ne veut pas citer de nom mais l'allusion à l'ancien président de la FDSEA22 et de la Chambre d'Agriculture des Côtes d'Armor, Olivier Allain, devenu vice-président en charge de l'agriculture et de l'agroalimentaire, semble évidente.
La maison d'édition morlaisienne craignait, en quelque sorte, de faire les frais d'un "défaut d'étanchéité" entre agriculture et culture à la Région. La mise au point de Loïg Chesnais-Girard, qui a décidé d'éteindre lui-même le feu, a dû la rassurer.
Mais ce pataquès est bien symptomatique du climat régnant en Bretagne, alors que le "modèle agricole et agroalimentaire breton" est, depuis longtemps, mais de plus en plus, au fil des affaires sanitaires, sociales et environnementales, remis en cause.
Une affaire qui révèle un "en même temps" breton difficile à tenir
La position du "en même temps" , initiée en Bretagne par Jean-Yves Le Drian dès 2010 pour assurer sa réélection à la tête de la Région, avant d'être reprise au niveau national par Emmanuel Macron, est de plus en plus difficile à tenir pour la majorité régionale de son dauphin Loïg Chesnais-Girard.
Les clivages s'exacerbent, les manifestations et les procès fleurissent, sur les pesticides notamment, et les importations de soja OGM pour l'élevage industriel. Et l'opinion publique aspire, d'une manière générale, à plus de prise en compte des enjeux écologiques, de santé, et d'une alimentation, certes locale, mais aussi saine et responsable.
La campagne électorale des Régionales 2021 n'est pas encore vraiment lancée, mais ces prémisses nous confortent dans l'idée qu'elle va être tendue et passionnante !
Inès Léraud, qui est partie enquêter sous d'autres cieux, reviendra peut-être en Bretagne pour observer cela de près.