La 5G sera-t-elle un gouffre énergétique ? Pour Anne-Cécile Orgerie, chercheuse au CNRS, seule une prise de conscience des utilisateurs de la nouvelle génération de réseaux de téléphonie mobile permettrait d'éviter un autre fiasco environnemental.
Si le vaisseau qu'est la 5G pourrait s'avérer plus économe, que dire des usages qu'elle va induire ?
Avec l'augmentation de la bande passante par utilisateur, nous allons très probablement assister à une explosion des usages, et donc de la consommation de ressources. On le voit déjà depuis plusieurs années avec le streaming. La tendance devrait s'accentuer : l'imagination des concepteurs d'objets connectés mène à des services toujours plus nombreux, qui deviennent ensuite des besoins pour une part de plus en plus grande d'utilisateurs. Tout cela contribue à ce que l'on appelle l'effet rebond du numérique (NDLR : son impact environnemental direct et indirect au regard d'une utilisation de plus en plus intensive).
Un statu quo à la 4G, moins performante, ne serait pas une solution pour autant…
Si les usages continuent d'augmenter, non. Prenons l'exemple de l'émergence des véhicules connectés : il serait encore plus coûteux sur le plan énergétique de multiplier les antennes 4G nécessaires pour garantir un niveau de service acceptable.
Les acteurs de la 5G suivent aussi l'essor de l'Internet des objets.
L'engouement est réel. Ces objets vont à présent de la brosse à dents au frigo, aux ampoules ou aux chaussettes connectées. Ils ne sont pas nécessairement conçus pour être économes en énergie. Et leur utilité peut sembler pour le moins questionnable. Tous vont pourtant émettre des ondes, utiliser des ressources et se connecter à des services hébergés dans le cloud. Une étude d'une entreprise américaine épingle entre autres les thermostats connectés dans les maisons : le nombre de connexions de ces objets devient aujourd'hui très conséquent, à tel point qu'une antenne gérant ce type d'équipements ne pourrait pas se mettre en veille. En plus, ces équipements font appel à de l'intelligence artificielle, et donc à des machines tournant en permanence dans le cloud.
Les acteurs du numérique vous semblent-ils demandeurs d'une transition technologique soucieuse de préserver les ressources énergétiques ?
Le principal incitant au changement est le coût de l'électricité. Avec l'explosion de l'utilisation des réseaux et des clouds, les opérateurs ont un besoin de plus en plus urgent de réduire le coût lié à ces infrastructures complexes, et notamment celui de l'électricité. Aujourd'hui, je les trouve beaucoup plus demandeurs de solutions, ne serait-ce que pour évaluer la consommation énergétique d'un service. Une condition indispensable pour tenter, ensuite, de le rendre plus économe.
"Les utilisateurs de téléphones portables sont trompés par les fabricants sur leur véritable exposition aux ondes" a révélé l'association Alerte Phonegate qui a réalisé des études qui montrent quels modèles sont potentiellement dangereux pour la santé et qui invite les utilisateurs à s'unir pour attaquer en justice les fabricants de smartphones.
Phonegate : un scandale sanitaire dévoilé
En juillet 2016, l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail) révèle dans son rapport que : Neuf téléphones sur dix, testés en 2015 par l'ANFR (Agence Nationale des Fréquences) dans les conditions d'usage réel, dépassent les limites réglementaires d'émission d'ondes électromagnétiques.
En effet, pour protéger notre sécurité et notre santé, et en particulier celle des femmes enceintes et des enfants, la réglementation française et européenne a mis en place une limite à l'absorption potentielle par le corps humain des ondes (contrôle du Débit d'Absorption Spécifique (DAS)). Ainsi, les téléphones mis sur le marché dans l'espace européen ne doivent pas dépasser un DAS au niveau de la tête et du corps de 2 watts par kilogramme (W/kg) pour 10 gr de tissus et 6 mn de temps d'exposition.
Pourtant la plupart des fabricants de smartphones ont choisi de privilégier la puissance de leurs modèles à la santé des utilisateurs. Des centaines de millions de smartphones " conformes à la réglementation française et européenne " mais présentant des risques pour la santé des utilisateurs ont ainsi été mis sur le marché sans aucune information ni prévention des pouvoirs publics.
Ce scandale et cette tromperie portent un nom : le " Phonegate ".
En découvrant ces éléments de dépassement des seuils réglementaires, le Dr Marc Arazi a lancé l'alerte et a obligé l'ANFR à rendre public davantage de détails, d'éléments individualisés et de données sur les seuils réels d'exposition des utilisateurs pour une meilleure transparence et information. A ce jour ce sont 529 rapports de tests (non originaux) qui sont mis en ligne sur le site DATA de l'ANFR.
L'association Alerte Phonegate via son comité scientifique international a commencé ainsi un travail minutieux d'enquête sur ces seuils et les défaillances dans les tests (telles que la distance utilisée, la quantité de tissu exposée et le temps d'exposition) afin de comprendre puis montrer comment les personnes ont été sciemment trompées. Des différences de valeur, pouvant atteindre près de trente fois le seuil légal, ont été notamment constatées entre le niveau de DAS affiché sur les smartphones par les fabricants et le DAS réel.
Par ailleurs et suite à ces actions, depuis avril dernier, l'ANFR a épinglé 14 smartphones.
Face à ce constat, et afin de sensibiliser et d'informer les citoyens sur le sujet, mardi 18 juin 2019 se tenait à Lyon la première soirée projection-débat et réunion publique " Phonegate : l'affaire se poursuit devant les tribunaux ". Les avocats du consortium du Phonegate et le Docteur Marc Arazi, président de l'association Alerte Phonegate, sont venus présenter au public le scandale du Phonegate, les solutions juridiques et les actions collectives en cours contre les fabricants de smartphones XIAOMI et HMD GLOBAL OY (Nokia) afin de protéger la santé des utilisateurs.
Le Docteur Marc Arazi, qui s'engage depuis une quinzaine d'années pour faire reconnaître les risques sanitaires liés aux ondes de la téléphonie mobile, explique : " Nous avons tous été surexposés, tous trompés, tous mis en danger par nos téléphones portables. Nous constatons depuis trois ans de graves manquements de l'Agence nationale des Fréquences (ANFR) dans ses responsabilités pour assurer la protection de la santé des utilisateurs de téléphonie mobile. Ceci est rendu possible par un manque criant de volonté politique gouvernementale de s'attaquer aux industriels de ce secteur et tout particulièrement à la veille du développement de la 5G en France. Ce sera donc au pouvoir judiciaire de faire respecter la réglementation et la santé de tous. "
Face à ces irrégularités et ce scandale, des avocats français et l'association Alerte Phonegate ont lancé un mouvement d'actions collectives en justice.
La solution juridique possible pour les utilisateurs
Selon Maître Elisabeth Gelot, avocate au Barreau de Lyon, co-fondatrice de V pour Verdict et membre du consortium d'avocats du Phonegate, " le scandale est global. "
Elle explique : " Face aux Etats et aux industriels qui sont très puissants économiquement, aucune association ou victime ne peut se battre seule. En tant que co-fondatrice de V pour Verdict et avocate en droit de l'environnement, je suis membre d'un consortium d'avocats qui a été créé avec l'association Alerte Phonegate, pour rassembler plusieurs compétences dans plusieurs pays. Le premier objectif est de définir une stratégie globalisée et déterminer les actions en justice. Le second objectif est de proposer à toutes les victimes du scandale du Phonegate de se regrouper et de se battre derrière un avocat du consortium qui connait parfaitement l'affaire. Les utilisateurs seront ainsi mieux représentés et pourront demander le remboursement de leur téléphone mobile ainsi que des dommages et intérêts aux fabricants qui les ont trompés. "
L'action collective au service des droits des utilisateurs et de la protection de leur santé
Pour Maître Elias Bourran, avocat en droit pénal des affaires au Barreau de Paris et également membre du consortium, " il s'agit des premières actions au pénal en France et dans le monde contre des fabricants de smartphones pour le dépassement des seuils limites de DAS ".
En France, la réglementation européenne limitant les DAS à 2 W/ kg a été retranscrite avec un arrêté du 8 octobre 2003 qui précise les caractéristiques techniques pour les smartphones et imposent deux obligations : l'information sur le produit et l'obligation de ne pas dépasser ces seuils. Cependant, certains ont enfreint les différentes normes et ces éléments de preuve ont été obtenus par l'ANFR en épinglant le niveau de DAS dépassé pour deux modèles (Redmi Note 5 et Mi Mix 2S) du fabricant de smartphones XIAOMI. C'est d'ailleurs la première fois qu'un fabricant dépasse le DAS au niveau de la tête. C'est pourquoi XIAOMI a été le premier fabricant ciblé par les juristes du Phonegate.
Il est reproché aux fabricants trois infractions : la tromperie sur les qualités substantielles du produit (les téléphones étant non conformes à la limite de 2 W/kg) ; la pratique commerciale trompeuse (fausse publicité présentant le produit comme conforme) ; la mise en danger d'autrui (avec la violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence).
Après XIAOMI, ce sont six modèles de smartphones (modèles 1 / 2.1 / 3 / 3.1 / 5 / 5.1) du fabricant HMD GLOBAL OY (NOKIA), qui sont désormais attaqués pour le dépassement des seuils réglementaires de DAS pour deux modèles et pour le non-respect de la distance de test pour quatre modèles. En effet, depuis 2016, les fabricants doivent mesurer à une distance maximale de 5 mm, mais pour ces quatre modèles 1 ; 2.1 ; 3.1 et 5.1 de la marque NOKIA, une distance non réglementaire de 15 mm a été utilisée pour les mesures. Les trois chefs d'accusation se retrouvent donc ici.
Comme pour l'action lancée contre Xiaomi, tous les utilisateurs victimes de HMD GLOBAL OY peuvent rejoindre, en quelques clics, l'action collective portée par Maître Elias Bourran, afin de demander le remboursement de leur téléphone, et des dommages et intérêts (préjudices corporels et moraux).
De nouvelles actions collectives seront ouvertes dans les mois à venir contre d'autres fabricants.
La responsabilité de l'Etat face aux ondes électromagnétiques
Maître Edouard Raffin, avocat au Barreau de Lyon en droit public et en droit de l'environnement précise que " selon le consortium du Phonegate, le volet administratif de l'affaire est également clef pour soulever les responsabilités de devoir de contrôle et d'information du côté des autorités nationales et sanitaires ".
L'enjeu est ici de taille notamment en ce qui concerne les antennes relais. " La règlementation est laxiste avec des seuils élevés qui ne permettent pas de protéger les personnes ". L'association Alerte Phonegate détient plusieurs données et documents qui permettent de déterminer le niveau d'information des autorités.
Le décalage entre le niveau de conformité à la réglementation et le niveau d'information va permettre de déterminer si les autorités, telles que l'ANFR, ont manqué à leur devoir de contrôle. Ces dernières ayant en effet le devoir de contrôler la conformité de chaque téléphone, la transparence de l'information et la sobriété du marché.
Les prochaines étapes du consortium d'avocats face au scandale du Phonegate
Le consortium vise désormais étendre ses actions au niveau européen dans un premier temps afin de rassembler des avocats et experts, puis à l'échelle internationale dans un second temps dans différentes pays tels que les Etats-Unis et le Canada.
Pour en savoir plus sur les actions :
Action collective XIAOMI et l'article de blog V pour Verdict
Action collective HMD GLOBAL OY (NOKIA)
Le visage du mal : Jair Bolsonaro. Le président brésilien accusé d'avoir accentué la déforestation en Amazonie, aura de nouveaux prétextes pour détruire le bijou de l'humanité en fournissant encore plus de viande de boeuf aux européens et donc plus de terres agricoles pour produitre cette industrie de la mort.
L’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) ont annoncé vendredi s’être entendu sur un texte commercial qu’ils négociaient depuis 20 ans.
L’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) ont annoncé vendredi s’être entendu sur un vaste traité de libre-échange, qu’ils négociaient depuis 20 ans. «Je mesure mes paroles avec soin quand je dis que c’est un moment historique. Au milieu des tensions commerciales internationales, nous envoyons aujourd’hui un signal fort avec nos partenaires du Mercosur», s’est réjoui le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans un communiqué. Le Brésil s’est aussi félicité de cet accord, qualifié d'«historique». L’Argentine a, pour sa part, évoqué un accord «sans précédent».
Les négociateurs européens et sud-américains étaient entrés mercredi soir à Bruxelles dans la toute dernière ligne droite des discussions, avec l’objectif de s’entendre enfin sur ce traité, dans un contexte mondial déstabilisé par la politique commerciale offensive du président américain, Donald Trump. L’annonce de l’accord intervient d’ailleurs au moment où les dirigeants des plus puissantes économies du monde sont réunis à Osaka, au Japon, pour un sommet du G20. L’accord, un des plus vastes jamais conclu par l’UE avec plus de 770 millions de consommateurs concernés et 18 000 milliards d’euros de PIB, suscite cependant la profonde inquiétude des agriculteurs européens, qui craignent une concurrence jugée déloyale, ainsi que des ONG, préoccupées par ses conséquences pour le climat.
emmanuel macron : le visage de la traitrise. Derrière ses beaux discours et ses belles leçons de morale concernant la protection de la planète, cet homme vient d'officialiser avec ses homologues européens le pire traité de l'histoire, la pire des infamies qui intervient au moment le plus critique pour l'humanité.
«Profonde préoccupation»
Le compromis négocié par la Commission doit maintenant être approuvé par les 28 Etats membres. Si tel est le cas, le texte devra alors être validé par un vote en plénière du Parlement européen. De sources concordantes, les Européens attendaient des avancées du côté du Mercosur en matière d’indications géographiques protégées et surtout sur l’ouverture de leur secteur automobile. A l’inverse, les Sud-Américains espéraient un plus grand accès au marché européen pour leur production agricole, en particulier leur bœuf.
Les agriculteurs européens n’ont cessé de protester ces derniers mois contre ces discussions. La semaine passée, le président français, Emmanuel Macron, et ses homologues irlandais, polonais et belge ont d’ailleurs exprimé à la Commission leur «profonde préoccupation» sur les conséquences de cet accord sur leur agriculture. Quelques jours plus tard, un autre groupe de pays – Allemagne, Pays-Bas, Espagne, République tchèque, Portugal, Lettonie et Suède – ont exhorté Bruxelles à conclure cet «accord historique».
Les négociations ont aussi été attaquées récemment dans une lettre ouverte par 340 ONG européennes et sud-américaines, dont Greenpeace ou Friends of the Earth, sur deux autres fronts : l’environnement et les droits de l’Homme. Ces organisations, déjà opposées pour certaines aux précédentes négociations commerciales de l’UE avec les Etats-Unis ou le Canada, condamnent «la détérioration des droits humains et de la situation écologique au Brésil» depuis l’investiture en janvier du président d’extrême droite, Jair Bolsonaro.
L'histoire folle d'une très mauvaise acquisition :
Cela devient un feuilleton et il leur faudra prendre beaucoup d’aspirine aux dirigeants de Bayer et aux actionnaires pour s’éviter de gros maux de tête suite à leur rachat de Monsanto en juin 2018.
Après la décision de la justice française donnant raison à l’agriculteur charentais Paul François en avril 2019 voici la justice californienne qui donne raison en mai à Alva et Alberta Pilliod et condamne Bayer-Monsanto à plus de 2 milliards de dollars de dommages compensatoires et de dommages punitifs.
Depuis 2004, Paul François qui avait utilisé le Lasso, désherbant désormais interdit commercialisé par la multinationale a été atteint d’un lymphome non-hodgkinien, un cancer du système lymphatique. Il décrivait des périodes de coma, des crises d’épilepsie, des maux de tête, des pertes de connaissance, des troubles de l’équilibre et de la mémoire, ainsi que des troubles neurologiques et hépatiques.
Paul François ne s’est pas laissé faire, il a attaqué Monsanto en justice. Après une condamnation en première instance, en 2012, et en appel, en 2015 la firme s’est pourvue en cassation.
Dans son arrêt du 11 avril 2019, la cour d’appel reproche à Monsanto « de ne pas avoir sur l’étiquetage et/ou l’emballage du produit apposé une mention sur la dangerosité spécifique des travaux dans les cuves et réservoirs ».
Les Pilliod, deux septuagénaires californiens atteints eux aussi du lymphome non-hodgkinien accusent, en 2011 et en 2015, le Roundup de Monsanto qui contient du glyphosate, l’herbicide le plus employé au monde, d’être responsable de leur vie gâchée. Le 13 mai 2019 la cour de justice d’Oakland leur a donné raison contre Monsanto devenue Bayer-Monsanto. La somme demandée de 2 milliards de dollars atteint un ordre de grandeur inquiétant pour la multinationale.
En août 2018, un jury californien avait déjà condamné Monsanto à payer 289 millions de dollars à Dewayne Johnson, un jardinier américain de 46 ans atteint du même lymphome en phase terminale. Une autre juge avait ensuite réduit cette somme à 78,5 millions de dollars et le groupe a fait appel du fond du verdict.
Dans un autre procès, le 28 mars 2019, un retraité de 70 ans Edwin Hardeman, vivant à Forestville au nord de San Francisco, a expliqué avoir utilisé du Roundup pendant près de trente ans sur son terrain pour venir à bout d’une plante très urticante, le sumac vénéneux. Les six jurés du tribunal fédéral de San Francisco ont délibéré pendant quatre jours, après un procès de deux semaines. Ils ont décidé, à l’unanimité, que le retraité avait prouvé que l’herbicide était plus qu’un facteur substantiel dans le développement du lymphome non hodgkinien qu’on lui a diagnostiqué en 2015.
Les poursuites s’enchaînent désormais et la multinationale doit déjà faire face à 13 400 autres plaintes aux États-Unis.
L’industrie de l’influence
Les arguments de la cour de justice d’Oakland pour les Pilliod en mai 2019 comme ceux des trois autres cas se concentrent enfin sur le plan de la dangerosité du glyphosate. Elle refuse de céder au travail de brouillage méthodique et de discrédit des recherches scientifiques indépendantes opéré par Monsanto, au contraire elle en révèle le caractère manipulatoire et contraire à l’intérêt général.
Les avocats de Monsanto tentent de noyer chaque cas dans des causalités multiples et indiscernables. Il faudrait, disent-ils, isoler une cause unique et indiscutable du cancer. Le juge a permis également d’élargir l’analyse des actions de Monsanto et de la confronter à son attitude active de « manipulation de la science, des médias et des agences de régulations » et son refus d’évaluer les torts causés aux humains et aux animaux.
Depuis la publication des « Monsanto papers » en 2017, il est difficile à la firme de justifier son double langage. Ces documents internes montrent le contraste entre la (re)connaissance en interne de nuisances identifiées et de l’autre le discours public de déni rassurants de la firme et de certaines agences de régulation sous influence.
En fait dès 1980 Monsanto avait des doutes sérieux sur la nocivité de son produit miracle.
En 1983, une étude en interne indique par exemple que des souris exposées au glyphosate développent une tumeur rénale rare. Dès 1985 l’Agence américaine de protection de l’environnement (Environment Protection Administration) classe le glyphosate dans la catégorie « cancérogène possible ».
Un considérable travail de lobbying a permis à Monsanto :
de mettre en place aux États-Unis et en Europe toutes sortes d’officines à sa main, de placer des hommes dans des agences de régulation, notamment l’EFSA – European Food Safety Authority / Autorité européenne de sécurité des aliments
l’ECHA – Agence européenne des produits chimiques, de dicter à des parlementaires ou des administrations des lois et des règlements.
Monsanto utilise également Fleishman-Hillard l’un des principaux cabinets de lobbying et de relations publiques au monde. Basé à Saint Louis dans le Missouri, comme Monsanto, il travaille pour la firme agrochimique depuis au moins les années 1980. C’est la plus grosse firme de lobbying à Bruxelles, avec un budget déclaré de 7 millions d’euros en 2018 et 59 lobbyistes accrédités.
C’est cette fabrication du doute qui permet d’étouffer dans la controverse toute proposition de protection de la santé ou de l’environnement.
Les gouvernements Bolsonaro ou Trump vont au-devant des demandes de ce type de compagnies : ils vident les agences environnementales de leurs équipes compétentes, reviennent sur les lois protectrices ou annoncent même benoîtement que le glyphosate ne cause pas de cancer et qu’il est inoffensif.
Mais la Californie l’a mis sur la liste des produits cancérigènes, et l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a conclu qu’il était « probablement cancérigène pour les humains »
Éduquer et surveiller les opposants
Les Monsanto papers ont accéléré les choses : des millions de documents internes, mémos stratégiques, courriels, contrats confidentiels… ont été rendus public l’été 2017 à la suite de procédures judiciaires engagées aux États-Unis.
Elles ont révélé entre autres la pratique du Ghostwritting, une « écriture fantôme » qui constitue une fraude scientifique. Monsanto faisait rédiger des études scientifiques conformes à ses intérêts et les faisait signer par des scientifiques réputés, moyennant rémunération. D’autres pratiques ont également été mises en lumière comme le discrédit systématique sur des études prouvant la dangerosité du glyphosate, les influences auprès de responsables de l’EPA (Agence américaine de protection de l’environnement)…
Monsanto s’appuie également en les finançant sur des think tanks comme le Genetic Literacy Project, un projet soi-disant éducatif en génétique et l’American Council on Science and Health (Conseil américain sur la science et la santé), des organisations qui visent à dénigrer des scientifiques.
Cette stratégie d’influence systématique s’accompagne d’un fichage tout à fait illégal. Monsanto a fait établir en 2016 en France des fichiers secrets – nom, adresse professionnelle, numéros de téléphone et loisirs des intéressés – sur des personnalités politiques, des scientifiques, des défenseurs des consommateurs, des journalistes et autres personnes impliquées dans le débat sur le glyphosate et les manipulations génétiques. Les personnes fichées étaient classées selon leur degré d’influençabilité, les alliés, les potentiels alliés à recruter, les personnalités à éduquer et celles à surveiller. Ce travail a été réalisé par l’agence Fleishman Hillard et ses partenaires moyennant finances comme l’ont rapporté Le Monde et la chaîne de télévision publique France 2 (émission : « l’œil du 20 heures »).
Des plaintes contre ce fichage illégal, issues de plusieurs médias, ONG ou parti politique (Europe cologie Les Verts) ont été déposées. « Jusqu’à présent on se disait que Monsanto était une menace pour la santé, via sa production de pesticides et du glyphosate, mais on sait maintenant que c’est aussi un danger pour la démocratie », s’est indignée Michèle Rivasi, eurodéputée, lors d’une conférence de presse à Paris.
Les médias dits sociaux font partie de la stratégie d’influence de Monsanto : l’agence de communication irlandaise, Red Flag, a été chargée de lancer la campagne « Freedom to Farm (Liberté de cultiver) » Des agriculteurs faisaient de la publicité pour le glyphosate sur les réseaux sociaux sous une fausse identité, entre autres Twitter et Facebook ; Bayer y a mis un terme il y a quelques mois.
Les parlementaires, enjeux ou jouets des multinationales?
Dans cette guérilla médiatique à la fois en coulisse et devant l’opinion, une attention toute particulière est donnée aux relations aux politiques. Une commission des quatre parlementaires a été constituée avec pour fonction d’évaluer « l’indépendance et l’objectivité » des agences chargées d’évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché, principalement les agences européennes (EFSA) et française (Anses).
L’un de ses membres, Cédric Villani, précise son but « informer le Parlement des conséquences des choix de caractère scientifique et technologique afin, notamment, d’éclairer ses décisions » mais non « de mener des travaux scientifiques ».
Voici pourtant le sénateur UDI de Haute-Garonne, Pierre Médevielle, vice-président de l’Opecst (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques) qui se lance avant même la publication du rapport parlementaire.
Celui-ci annonce en avant-première à la presse un drôle de résumé « À la question : Le glyphosate est-il cancérogène, la réponse est non ! Il est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites ». Comme le dit son co-rapporteur le sénateur Médevielle déclenche « la confusion et la polémique avec ses propos prématurés en mélangeant les éléments du rapport et ses opinions personnelles ».
Faut-il d’ailleurs ouvrir de nouvelles recherches sur les risques sanitaires aussi de la charcuterie industrielle et inciter à la diminution de sa consommation ?
Si certains parlementaires jouent ainsi un rôle complaisant favorable à la multinationale, on peut s’interroger sur la façon dont ils sont facilement relayés dans les grands médias. Il suffit de diffuser sur les ondes un rapport parlementaire qui apporte une voix divergente par rapport aux rapports des scientifiques pour semer le doute et neutraliser la recherche exigeante des faits. C’est le principe des fake news. Un faible nombre de négationnistes permet de contrebalancer le travail de milliers de chercheurs !
Une agriculture dissociée de l’alimentation et de la santé
Quelques parlementaires sauvent l’honneur, ainsi le député socialiste européen, Eric Andrieu, reste lui inflexible. À la tête de la commission spéciale sur les pesticides, Eric Andrieu est chargé avec un groupe de 30 eurodéputés d’enquêter sur les conditions d’évaluation des pesticides avant leur mise sur le marché. Il a été approché par un cabinet de consultants pour une rencontre secrète avec les dirigeants de Bayer après le rachat de Monsanto. Il a refusé puis a reçu des appels anonymes et sa messagerie a été piratée.
Tout ceci renforce Eric Andrieu dans son combat contre les pesticides et les insecticides néonicotinoïdes qui menacent les abeilles. Il déclare au Nouvel Obs :
« Progressivement, on a isolé l’agriculture, on l’a dissociée de l’alimentation et de la santé humaine. Ce que nous mangeons est devenu une marchandise comme une autre, la finance s’en est emparée. »
Résultat : « Une poignée de multinationales décide aujourd’hui de ce que nous mettons dans l’assiette ».
Une mauvaise affaire pour Bayer ?
Il y a moins d’un an les actionnaires de Bayer ont approuvé à 97% le décision de racheter Monsanto (56 milliards d’euros) sur proposition du PDG Werner Baumann. Ce rachat de la multinationale du siècle a hélas été accepté par la commission européenne…
Depuis le cours de la bourse de Bayer devenu le premier groupe mondial dans son secteur a perdu 40% de sa capitalisation depuis le rachat de Monsanto. M. Baumann balaie de la main les risques sanitaires « Nous demeurons convaincus du caractère sûr du glyphosate. »
Ce rachat peut coûter très cher à Bayer qui en rachetant Monsanto récupère aussi des milliers de procédures juridiques et une image déplorable.
En avril 2019 lors de l’assemblée générale des actionnaires, des centaines de militants écologistes protestaient une fois de plus à Bonn. Fait sans précédent dans le DAX, les actionnaires ont voté à 54% contre le quitus.
Cette année le 18 mai pour la 7ème année consécutive des milliers de personnes ont marché dans le monde entier contre l’irresponsabilité criminelle de Monsanto désormais Bayer-Monsanto.
Les dégâts dénoncés sont partout : aux États-Unis, en Europe, — épandages par voie aérienne en Argentine, au Brésil et en Colombie— au Vietnam (pendant la guerre américaine l’agent Orange de Monsanto, un défoliant utilisé massivement). En France le secteur viticole, en particulier dans le bordelais, voit se multiplier les mobilisations de parents d’élèves exposés à proximité des exploitations. Cette année à tous ces griefs contre la firme multinationale s’est ajouté celui de ficher illégalement les opposants.
Où en est-on en France ?
En 2002 des syndicats agricoles -et en particulier la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles)- font la promotion en France du concept fourre-tout d’agriculture raisonnée. Son référentiel est peu contraignant, il mentionne des exigences réglementaires, les produits permis par la loi et une « optimisation » floue de l’usage des pesticides qui vise à brouiller les lignes.
Le glyphosate, ingrédient actif du Roundup, a été classé « cancérogène probable » par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer agence spécialisée de l’Organisation Mondiale de la Santé).
En France l’usage des pesticides de synthèse par les particuliers et dans les espaces verts publics est désormais interdit. En revanche, il reste autorisé dans l’agriculture de l’Union européenne jusqu’en 2022.
Cet attentisme, s’il permet de faire gagner du temps à Bayer-Monsanto, ne prépare pas le monde agricole à sortir de l’ère du pétrole et des pesticides.
En mai 2018, un débat de fond avait mis en porte-à-faux les députés de la majorité présidentielle avec l’opinion qui soutenait Nicolas Hulot. Malgré la promesse de campagne du candidat Macron, l’interdiction du glyphosate n’a pas été retenue dans le projet de loi « agriculture et alimentation » présenté par le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert. Les amendements demandant une interdiction à trois ans avaient été rejetés. Le gouvernement argumentait que l’interdiction du glyphosate aura bien lieu, même si elle n’est pas dans la loi, les agriculteurs étant censés « se responsabiliser ». Nous verrons.
Mais comment ces agriculteurs en France ou en Europe peuvent-ils faire des choix éclairés devant tant de pusillanimité des autorités alors « qu’en renonçant à soutenir fortement le secteur, les décideurs politiques français et européens créent les conditions d’une insécurité économique pour les futurs candidats à la transition agro-environnementale » selon l’interpellation du président Macron par une tribune de 200 chercheurs parue le 17 mai 2019 dans Libération.
En France, fin 2017, le gouvernement a mis fin à la rémunération légitime des agriculteurs biologiques certifiés. Près de 20 000 agriculteurs n’ont toujours pas reçu les aides environnementales de 2016 et 2017, d’où des emprunts forcés ou des faillites. « Les agriculteurs ayant choisi un mode de production performant, dynamique et à la pointe des combats du siècle (climat, biodiversité, santé) se retrouvent en danger de mort économique ».
Ce qui explique une augmentation constante de la quantité de pesticides utilisés en France ces dernières années et montre l’ambivalence de l’État malgré les engagements de réduction de 50% pris au Grenelle de l’environnement en 2008 et du nouveau plan Phyto de 2015.
L’utilisation massive de ces intrants dans l’agriculture intensive a créé pour les agriculteurs et dans une certaine mesure pour les consommateurs des dépendances qui s’apparentent à des drogues. Un gros dealer est identifié et il n’est plus très sûr que le crime puisse continuer à payer.
La désintoxication est difficile et sera longue.
Pourtant des communes se sont déjà engagées dans la désintoxication. Elles sont de plus en plus nombreuses telles Barjac ou Valleraugue dans le Gard, Fontainebleau en Seine-et-Marne, Solesmes ou Grande-Synthe dans le Nord, Langouët en Ille-et-Vilaine. Cette dernière commune a fait la une de l’actualité en mai 2019 en interdisant toute utilisation de pesticides à moins de 150 m de lots comprenant une habitation.
La transformation de la PAC, la politique agricole européenne, est à l’agenda. Elle ne doit pas simplement rééquilibrer les dotations des pays mais surtout mettre fin à la préférence pour l’agriculture industrielle au détriment de l’agriculture biologique et de la permaculture. Ce n’est pas gagné.
La reconversion des agriculteurs suppose de reconquérir des compétences que la division du travail actuelle a eu tendance à laminer. La chaîne de production, distribution et transformation, est marquée par la logique actuelle du gain immédiat de certains acteurs dominants – semenciers, vendeurs de machines agricoles, grande distribution, organismes de crédit – au dépend des agriculteurs et de la santé de tous. Cela constitue un enjeu de santé publique autant qu’un enjeu démocratique.
Vaches à hublot, poulets difformes, cochons, veaux, lapins malades et enfermés dans des cages minuscules : les images de cette enquête de L214 décrites par Nagui dévoilent l’intérieur du 1er centre privé européen de recherches en nutrition animale et conduite d’élevage.
Des expérimentations y sont menées afin d’élaborer et tester les aliments pour animaux de la marque Sanders, leader français de la nutrition animale et filiale du groupe Avril. Ces aliments sont conçus dans le but d’optimiser la productivité des animaux d’élevage (viande, lait, œufs), sans aucune considération pour leur santé et leur bien-être. Pour dire STOP aux vaches à hublot, signez la pétition :