L'institut de sondage Ifop a publié le 7 janvier un sondage consacré aux théories du complot. On apprend avec effarement que 80 % de la population adhère à au moins une théorie du complot. Comment est-ce possible au pays des Lumières ?
C'est bien simple : vous serez heureux d'apprendre que, si vous pensez que toute la vérité n'a pas été dite sur la nocivité des vaccins, vous faites partie selon l'IFOP des « complotistes » ! Vous vous rangez aux côtés des personnes qui pensent que la Terre est plate, que le Pape est un agent de la CIA, que les tours jumelles n'ont jamais été attaquées par des terroristes.
Vous n'êtes pas stable mentalement. Sans doute paranoïaque.
Mais moi, je connais une théorie du complot à laquelle adhèrent, non pas 80 %, mais 100 % des ministres de la Santé, des dirigeants de laboratoires pharmaceutiques, et une grosse majorité des journalistes : C'est la théorie du complot de la santé naturelle ! Vitamines, compléments alimentaires, médecine énergétique : tous des gourous, des charlatans, des tueurs d'enfants.
Dans l'esprit de nos dirigeants en effet, les patients bénéficient d'un système médico-hospitalier-pharmaceutique efficace, rationnel, scientifique.
Tout irait pour le mieux s'ils prenaient leurs pilules, leurs vaccins, leurs antibiotiques, leurs antidépresseurs, leurs anticholestérols, sans broncher.
Problème : une poignée de charlatans, gourous, escrocs, médecins renégats, traîtres au système, dirigés par l'infâme Professeur Joyeux, lui-même relayé par le fourbe Jean-Marc Dupuis, répandent des mensonges pour discréditer injustement ce système !!
ils racontent que le lait maternel protège mieux les bébés que les vaccins
ils racontent que la pilule contraceptive augmente le risque de cancer
ils racontent que les somnifères aggravent l'insomnie, les antidépresseurs aggravent la dépression, les bisphosphanates (contre l'ostéoporose) augmentent le risque de fracture, les anti-cholestérol (statines) sont mauvais pour le cœur, les anti-Alzheimer ne servent qu'à prendre des sous aux malades, les anti-acides (IPP) augmentent le risque de décès...
Ils racontent que la nutrition et les plantes sont plus efficaces que les médicaments contre les maladies cardiovasculaires, le diabète, les problèmes circulatoires, la prévention de l'arthrose, la prostate, la dépression, l'insomnie, les démences séniles...
ils racontent qu'on peut diviser son risque de nombreux cancer avec la vitamine D, la curcumine, les oméga-3, des antioxydants, et de simples mesures de détox et de gestion des émotions !!
Rendez-vous compte, à force, ils vont provoquer des hécatombes, le retour des grandes épidémies !!
Que fait la police ???
Pas de bonnes infos sans liberté d'expression
Le monde étant complexe, il paraît toujours souhaitable de confier à une élite, bien informée et objective, le soin de dire aux gens la vérité.
Cela permet, imagine-t-on, d'éviter que ne se répandent les mensonges, les fausses informations ou « fake news ». Malheureusement en pratique, cela n'a jamais marché. Nulle part. Dès que vous accordez le privilège à une élite de décider ce qui peut être dit, elle s'en sert pour son propre pouvoir et, finalement, tromper les gens.
La tentation est irrésistible. Car celui qui contrôle l'information contrôle le monde.
A chaque fois, cela a conduit à de tels abus, une telle dictature (cabinet noir, police de la pensée, Inquisition, guillotine, camps de ré-éducation pour les opposants, etc.) que les pays démocratiques n'ont trouvé qu'une solution : laisser vivre le débat et que chacun se fasse sa propre opinion. [1] C'est la liberté d'expression. Bien entendu, elle a des inconvénients. Des idées fausses peuvent circuler. La vérité tarde souvent à émerger. Mais l'expérience du passé a montré que c'est le « moins pire » des systèmes.
Le cas de la santé
Dans le cas de la santé, qui nous occupe, la situation est déjà critique.
La « vérité scientifique » sur les traitements est déjà verrouillée au profit d'une élite, et au détriment des patients. En effet, les traitements ne sont plus reconnus que s'ils sont validés par des « essais cliniques randomisés » (groupes tirés au sort). Or, ces essais sont compliqués et doivent reposer sur de grands effectifs de patients.
Seule l'industrie pharmaceutique possède les fonds pour mener ces essais. De plus, pour de nombreuses maladies, il est impossible de réunir assez de patients prêts à participer. En sélectionnant les études qui l'arrange, en ne finançant que les experts qui se soumettent à ses intérêts, en rachetant les revues scientifiques, ou en les subventionnant, l'industrie pharmaceutique a fini par contrôler seule la « vérité médicale ».
Aucun chercheur indépendant, isolé, ne peut financer seul des « essais cliniques randomisés » à échelle suffisante pour que sa découverte ne soit reconnue par les Autorités de Santé. Le débat scientifique libre n'existe plus en médecine. Le résultat est que le débat médical, ouvert en apparence, est réduit à un club très fermé de firmes pharmaceutiques qui choisissent les essais en fonction de leur potentiel financier. Potentiel qui n'est intéressant que si le traitement est brevetable (ce qui n'est pas le cas des produits naturels et traditionnels anciens).
Cela explique pourquoi si peu de traitements alternatifs sont officiellement « reconnus par la Science », alors que nous sommes si nombreux à les utiliser à titre personnel, (acupuncture, nutrition, homéopathie, etc.)
Pire encore, ces études randomisées sont de plus en plus exploitées par les Autorités de Santé pour imposer des protocoles standards aux médecins, sous prétexte qu'ils sont les seuls à être « validés scientifiquement ». Et pour cause ! La célèbre cancérologue Nicole Délépine s'en inquiète dans un article intitulé « Existe-t-il encore une liberté thérapeutique ? [2] ».
En France la liberté de soigner les malades atteints de cancer n'existe plus. On peut craindre que ce système ne s'étende rapidement à l'ensemble de la profession médicale. Les psychiatres ont communiqué à propos des injonctions thérapeutiques en matière d'autisme par exemple. Il est grand temps que les médecins osent parler sans crainte, car sans résistance ouverte à ce système dictatorial, c'est la fin de toute médecine humaine qui se prépare. »
Comment les médecins ont été asservis
Depuis le grand médecin Hippocrate, au Ve siècle avant Jésus-Christ, on a considéré que chaque patient avait le droit de choisir son médecin... et sa médecine.
La médecine était considérée comme un relation de confiance bâtie entre le médecin et son patient, sans qu'une autorité extérieure ne soit autorisée à s'en mêler ni à imposer ses vues. Ce principe fut confirmé à travers les âges et les civilisations. Il est encore inscrit dans nos lois... en théorie. Notre santé serait l'affaire d'un médecin libre s'occupant d'un patient libre. Sauf qu'en pratique, la Cour de Cassation a créé en 1965 la notion de « perte de chance » pour le patient.
A l'origine, la notion de « perte de chance » s'appliquait lorsque le patient « perdait une chance de guérir » à cause d'une faute du médecin. Mais aujourd'hui, la « faute » du médecin ou thérapeute consiste dans le fait de proposer une thérapie différente du traitement standard, validé par les fameux essais randomisés financés par l'industrie pharmaceutique, seuls reconnus comme « valables scientifiquement » par les Autorités de Santé, et ouvrant droit à remboursement, alimentant la « pompe à finances » de Big Pharma.
Quelle mécanique implacable !
Ce n'est pas de la théorie. Dans le traitement du cancer, c'est une réalité terrible, à laquelle sont confrontés tous les médecins. Face à un cancer du pancréas par exemple, pour lequel les traitements sont inefficaces, les médecins sont obligés de pratiquer des traitements standards qui affaiblissent dramatiquement le patient. Ce n'est qu'une fois entré en phase terminale, lorsqu'il a été constaté qu'il n'y a plus aucune chance de survie, qu'on admettra de le laisser essayer des traitements alternatifs : « Puisque, de toutes façons, il est f***tu », peut-on entendre dans les services d'oncologie...
Vous ne trouverez donc pratiquement plus aucun médecin ou thérapeute qui acceptera de vous administrer un traitement alternatif en première intention, lorsque vous avez encore des chances de survie. C'est devenu trop risqué juridiquement. D'où la lenteur des progrès médicaux pour ce type de maladies compliquées, et qui justement nécessiteraient des approches créatives.
Une future loi contre la santé naturelle ?
Ce système est tellement aberrant, tellement contraire à toute logique et à l'intérêt des patients, qu'il est normal qu'on en parle sur les forums, les blogs, et dans les quelques revues de santé indépendantes qui existent encore.
Mais c'est encore trop pour la dictature médicale qui se met en place. Campagnes de presse, dénigrement, menaces, persécutions administratives, les voix libres et indépendants sur la santé sont attaquées de tous côtés.
Emmanuel Macron prépare une loi contre les « fausses nouvelles » (fake news). Elle comportera forcément un volet santé. Dans ce volet santé, sera-t-il prévu de sanctionner comme « fake news » toutes les informations santé « non validées par la recherche scientifique », c'est-à-dire, par les essais cliniques randomisés de Big Pharma ?
Si oui, la boucle sera bouclée. D'ici là, profitez bien de nos informations libres et...
Une avancée spectaculaire dans le long processus de reconnaissance des droits de la nature.
Comme la rivière Whanganui, le mont Taranaki est désormais protégé au même titre que les tribus locales. La tutelle est assurée par les huit tribus environnantes et le gouvernement. "Cet accord constitue un moment important dans la reconnaissance des blessures du passé, a déclaré Andrew Little, le ministre chargé du dossier. Le peuple local, les Taranaki Iwi, ont été traités de la pire des manières par la Couronne au XIXe siècle."
Les précédents En 2008. L'Equateur a inscrit dans sa Constitution les droits de la nature. En 2010. La Bolivie décrète la loi sur les droits de la Terre Mère. En 2016. En Nouvelle-Calédonie, la province des Îles a introduit dans son code de l'environnement, le principe de la reconnaissance juridique a des éléments de la nature. En 2017. En Inde, l'Etat de l'Uttarakhand a accordé le statut d'entités vivantes c'est-à-dire de personne morale au Gange et à son principal affluent, la rivière Yamuna.
Comme tout le monde le sait,après un feuilleton de deux ans, l'Union européenne a fini par voter ce lundi la reconduction pour cinq ans de l'herbicide controversé de Monsanto. La Commission européenne a réuni la majorité qualifiée de 18 Etats-membres : l'Allemagne, qui s'abstenait jusque là, a fait basculer la balance, en votant pour le renouvellement de l'exploitation du produit. La sortie du glyphosate, soutenue par une pétition européenne qui a réuni plus d'1 million de signatures, était pourtant voulue au départ par le Parlement européen...
Parmi les arguments massues avancés par les partisans du glyphosate : pour les agriculteurs, il n'y aurait pas de solution de remplacement rentable au puissant produit chimique. Pourtant, il en existe au moins deux.
Bio-stimulants à base d'une algue marine
La première gamme de solutions, est proposée par Eco-Agri. Implantée en Nouvelle-Aquitaine à Segonzac, près de Brive en Corrèze, cette société distribue plusieurs bio-stimulants fabriqués à base d'extraits végétaux et d'une algue marine récoltée en mer de Norvège. Ciblés, ils sont destinés à améliorer les capacités des plantes contre le stress abiotique (les plantes recréent leur propre système immunitaire, leurs antibiotiques), en rétablissant la vie microbienne du sol et en améliorant l'efficacité des traitements, chimiques ou non.
Avec comme première conséquence, explique Jean-Claude Simiot, chargé d'affaires de la société, "un moindre besoin d'arroser (voire pas du tout), le sol retenant l'eau en restituant aux plantes les nutriments dont elle a besoin". Ça vaut pour tous les végétaux, fleurs, fruits et légumes : les tomates, les poireaux, les carottes... ou encore le maïs et la vigne. Et en seconde lame, la réduction voir la suppression de l'usage des pesticides.
"Le parcours du combattant"
Et pour tous les usagers, particuliers comme professionnels : agriculteurs, viticulteurs, maïsiculteurs, mais aussi gérants de terrain de golf, de foot, de rugby, d'espaces verts publics... Le large éventail des produits naturels labellisés "Agriculture biologique" distribués par Eco-Agri sont très attendus notamment par les collectivités locales engagés dans le "zéro phyto", pour les entretiens de leurs stades et de leurs espaces verts. Pas plus chers que les produits chimiques et moins coûteux en main d'oeuvre, car nécessitant moins d'application, ils développent aussi la rentabilité des cultures. Parmi les clients d'Eco-Agri, "les services environnement de Bordeaux Métropole ou le Jardin botanique de Bordeaux", détaille Jean-Simiot. La société prépare la mise sur le marché d'un désherbant qui serait fabriqué en France par une PME et se substituerait avantageusement au glyphosate controversé. Mais pour ce faire, il faut une AMM, une autorisation de mise sur le marché. Normal. "Le problème, c'est que pour des produits comme les nôtres, elle est très compliquée à obtenir, un vrai parcours du combattant", déplore le représentant d'Eco-Agri, qui pointe aussi le coût de la démarche, de 100 000 euros.
En Bretagne, Osmobio a développé un désherbant naturel
La deuxième solution nous vient de Bretagne. Le 20 octobre 2017, sur son site Internet, Ouest France racontait l'histoire des déconvenues en série d'Osmobio. Installé à Loudéac (Côtes d'Armor), ce concepteur et fabricant de produits biologiques pour le jardin, la maison et les collectivités, a créé un désherbant naturel aussi efficace que les produits chimiques à base de glyphosate et sans danger pour l'homme et l'environnement. L'absence de toxicité a d'ailleurs bien été confirmé en 2012 par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris). Sauf que l'ingénieur agronome Jacques Le Verger, fondateur d'Osmobio, qui cherche à obtenir une AMM depuis 2009, doit toujours batailler. Il a déposé son dossier en 2015 auprès de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) en vue d'une commercialisation, mais l'agence l'ayant jugé incomplet, il a dû soumettre une nouvelle formule à l'Ineris, avant de déposer un nouveau dossier auprès de l'Anses...
Pour l'agriculture, il semble bien qu'il soit possible de changer de modèle. Pas du jour au lendemain, comme l'expliquait ce lundi l'agronome Claude Bourguignon sur France Info, et en accompagnant les agriculteurs. La première étape pour eux, insiste le scientifique, consiste à "arrêter le labour, afin d'en finir avec les mauvaises herbes." Avec une autre technique, le semis direct sous couvert, qui consiste à implanter une culture directement dans un couvert végétal qui étouffe les herbes indésirables, assouplit la terre et peut être détruit juste avant le semis par le gel ou par un rouleau écraseur, on peut passer en bio et éviter l'emploi d'herbicides. Une pratique en outre plus rentable pour les exploitants, car elle utilise des tracteurs moins puissants et réduit le nombre de passages dans les champs, ce qui diminue la consommation de fuel et nécessite moins d'engrais, précise Claude Bourguignon.
On le voit, les solutions alternatives aux pesticides existent déjà et elles ne se résument pas à l'huile de coude... Par ailleurs, le changement de modèle ne serait pas obligatoirement plus coûteux et ne diminuerait pas non plus forcément la rentabilité des cultures. Au contraire, si l'on en croit les travaux des scientifiques et les retours d'expérience, comme celui d'Eco-Agri. En revanche, si comme l'a réaffirmé Emmanuel Macron, la France interdira le glyphosate "au plus tard dans trois ans", malgré le vote des Vingt-Huit, il devient urgent d'homologuer les produits naturels alternatifs existants dont la non-toxicité a été prouvée, afin de les commercialiser. Et d'aider la recherche à développer ce secteur. Avec la promesse d'un nouveau business (plus vert) à la clé.
Les industriels fixent délibérément une durée de vie à leurs produits, de sorte que chaque année en France 40 millions de biens électriques et électroniques sont jetés sans être réparés. Comment est-ce possible ? A qui profite cette obsolescence prématurée des produits ? Enquête signée Anne Brunel.
« - Mince ! Encore cassé ! C’est la troisième fois en quelques mois ! - Tu crois que c’est réparable ? - Tu parles ! Ce sera moins cher d’en racheter un… Et puis … « ça fait marcher le commerce ! »
Qui n’a jamais raisonné ainsi ? Ce dialogue ordinaire est applicable à bien des situations. Ustensile, vêtement, chaussure, outil informatique… Aucun secteur n’échappe au phénomène.
On appelle ça l’obsolescence programmée : cette forme de stratégie industrielle qui fait que la plupart des objets de consommation courante sont conçus pour ne pas durer très longtemps afin que vous en rachetiez, que nous tous consommateurs en rachetions encore et encore, le plus souvent possible, pour garantir un taux de renouvellement qui permette aux industriels, aux distributeurs, de prévoir et garantir un chiffre d’affaires en constante progression.
Difficile à croire ? La cellule Investigation de Radio France a voulu vérifier la réalité de cette stratégie industrielle, en comprendre les ressorts et en mesurer les limites. L’obsolescence programmée, ça existe vraiment ?
Oui, sans aucun doute. Cela paraît incroyable à une époque où la notion de développement durable est devenue une priorité. Mais il faut replacer les choses dans leur contexte : l’obsolescence programmée est une théorie née à un moment - le début des années 1920 - et dans un pays - les États-Unis - où la croissance sans limite est un dogme et où tout est bon pour y parvenir.
Il y a des exemples devenus des références en la matière. Le film « Prêt à jeter » de la documentariste Cosima Dannoritzer (Arte/2010) en brosse l’historique et rappelle comment dès 1924 se constitue le « comité Phoebus », premier cartel de l’histoire industrielle, qui réglemente la fabrication des ampoules à incandescence et en limite la durée de vie à 1000 heures.
Il réunit les grandes firmes européennes et américaines de l’électricité - General Electric, Philips et Osram – encore en nombre très limité à cette époque et contraintes au versement d’une amende si les ampoules produites durent plus longtemps, afin de stimuler les ventes. La preuve subsiste encore aujourd’hui d’un savoir-faire industriel qui garantissait pourtant une considérable longévité à ces premières ampoules : l’une d’entre elles brille encore, 114 ans plus tard, dans la caserne de pompiers de Livermore, en Californie, et fait l’objet de célébrations diverses !
Un autre exemple célèbre et tout aussi documenté des efforts déployés pour limiter la durée de vie d’un produit de grande consommation est celui des bas-nylon. En 1937, un chimiste de la firme Du Pont de Nemours dépose le brevet d’une fibre textile particulièrement résistante, quasiment inusable : le nylon. Très rapidement, les consommatrices réservent aux premiers bas de nylon un succès fulgurant qui fait vite réfléchir les commerciaux : inusable = durable = pas renouvelé = perte de profit. Simple. Efficace. La formule chimique sera vite modifiée afin de fragiliser le tissage. Depuis, les bas filent et finissent à la poubelle parfois au bout de seulement quelques heures d’usage… Quelles formes l’obsolescence programmée prend-elle aujourd’hui ?
Un siècle après la théorisation de l’obsolescence programmée comme moteur de croissance, les stratégies industrielles ont évolué, les sociétés ont pris conscience du caractère fini des ressources naturelles et des contraintes légales sont apparues pour empêcher ce genre de pratiques.
Néanmoins, le raisonnement commercial et les méthodes de fabrication des industriels restent imprégnés par cette approche économique.
C'est flagrant dans le secteur informatique. On a là affaire à des produits beaucoup plus coûteux et c’est pourtant là que le phénomène du renouvellement forcé est le plus criant.
Martin Tyminski dirige avec sa fille une société de maintenance, la société 3VM services, bureautique et informatique. Suspicieux, il relate comment un modèle d’imprimante réputé écologique, (rechargeable non pas au moyen de cartouches d’encre classiques mais avec des blocs de cire de couleur n’induisant aucun déchet), lui semble « conçue pour tomber en panne » à un certain moment :
Nous avions acheté 6 imprimantes en même temps, elles sont tombées en panne en même temps !
Et de dénoncer, dans la foulée, le prix exorbitant de la réparation qui conduit deux fois sur trois à changer d’imprimante… et celui, tout aussi faramineux, des recharges de cire colorée, qui d’un modèle d’imprimante à l’autre ne sont pas ré-employables ! Interrogée, la société incriminée répond : l’obsolescence programmée ne fait pas partie de la « philosophie » de l’entreprise et propose une garantie à vie sur ce produit. Vérification faite : oui, garantie, pour peu que vous n’excédiez pas le nombre de pages fixé à l’avance, et surtout que vous achetiez à la marque, au moins chaque année, la série des 4 blocs de cire colorée…
Bref, c’est ce qu’on appelle un cercle vicieux. On s’y trouve enfermé chaque fois que l’on s’équipe en matériel informatique : imprimantes, ordinateurs, et bien sûr… téléphones portables. Frédéric Bordage, consultant en numérique responsable et fondateur de la communauté GreenIT.fr, parle en l’occurrence d’une obsolescence systémique qui profite à toute la chaîne industrielle et commerciale jusqu’au consommateur :
De l'utilisateur au fabricant, tout le monde a un intérêt pour que le taux de renouvellement soit rapide.
En cas de casse, même processus : tout est fait pour pousser à racheter le matériel plutôt que le réparer. Les prix sont élevés – on vous change toute la carte mère de l’ordinateur alors que seul un composant pourrait être changé - et on vous vante les facilités de l’assurance pour acquérir un matériel neuf. Quant à réparer soi-même ? N’y comptez plus : changer la batterie devient une tâche d’expert car désormais sur certains Mac portables, par exemple, plus de vis à dévisser, donc plus d’accès : au bout de 3 ans, poubelle !
Le résultat, c’est qu’on jette. Les ordinateurs, les téléphones, les téléviseurs, les ustensiles électroménagers… On alimente une montagne de déchets. Le bilan écologique est catastrophique. Camille Lecomte, chargée des campagnes « modes de production et de consommation responsables » au sein de l’organisation Les Amis de la Terre, l’a chiffré :
Chaque année, 40 millions de biens ne sont pas réparés, c'est 100 000 tonnes de déchets.
La préoccupation environnementale fait-elle reculer l’obsolescence programmée ?
Depuis peu, les choses évoluent en France, et la lutte contre l’obsolescence programmée s’organise. Elle se traduit par une évolution législative, des transformations sensibles au sein des entreprises, et une mobilisation associative grandissante.
En 2015 et 2016, plusieurs textes sont entrés en vigueur pour, d’un côté donner plus de droits aux consommateurs et, d’un autre, protéger l’environnement.
Ainsi, dans la loi de transition énergétique votée en août 2015 l’obsolescence programmée devient un délit. Peine encourue : 2 ans de prison et 300 000 € d’amende. Et un an plus tôt la loi consommation mettait en place deux dispositifs contraignants :
Obligation pour les distributeurs d’afficher la durée de disponibilité des pièces détachées, ce qui oblige les fabricants à en prévoir. Donc à penser en amont la réparabilité de leurs produits. Obligation, toujours pour les commerçants, d’informer le consommateur du rallongement de la durée légale de garantie, passée à de 1 à 2 ans, disposition supposée inciter les industriels à concevoir des objets plus durables.
Mais les résultats ne sont pas encore très probants. C’est le moins que l’on puisse dire : aucune poursuite engagée, aucune affaire soumise au parquet, aucun juge saisi. Les actions de groupe, légalement possible, restent difficiles à engager, selon les militants associatifs. Car le texte qui pénalise l’obsolescence programmée est en réalité très difficilement applicable. Camille Lecomte, de l’organisation Les Amis de la Terre, explique :
On n'ose pas aller en justice face à des gros industriels qui ont beaucoup d'argent pour des frais d'avocat.
Quant aux obligations d’affichage dans les magasins… L’impact n’est pas beaucoup plus net : la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a procédé à des contrôles dans 400 magasins. Résultat : 60% d’infractions (absence d’affichage), et dans le cas où l’affichage est réalisé, il reste bien souvent inefficace car situé dans des endroits peu accessibles au public ou… après les caisses !
Et Loïc Tanguy, directeur de cabinet adjoint de la DGCCRF, de dénoncer, amer, les pratiques de certains grands distributeurs :
Les distributeurs ne mettent pas forcément en avant la garantie légale, pour inciter a acheté une garantie commerciale.
Pour autant, les sanctions prononcées sont restées en grande majorité assez symboliques :
154 avertissements 93 injonctions (mise en demeure) 6 procès-verbaux
Toutefois, des changements sont d’ores et déjà perceptibles. Comme l’explique le juriste spécialisé en droit de l’environnement Arnaud Gossement, ces lois nouvelles constituent une petite révolution pour les entreprises pour celles dont le modèle économique était fondé sur le gaspillage :
Le but d'une loi n'est pas toujours d'envoyer des gens en prison, mais c'est aussi de modifier une culture d'entreprise.
Et l’on voit en effet nombre de sociétés industrielles de taille significative se lancer dans un nouveau modèle d’affaires : désormais, il s’agit moins de vendre des produits que du service.
Une entreprise déjà reconnue pour la longévité de certains de ses produits, le groupe SEB - à l’origine de la célèbre Cocotte-minute des années 50 – est l’une des premières à avoir compris qu’il y avait là un business prometteur.
Pour le comprendre, il faut entendre Alain Pautrot, vice-président du groupe en charge de la relation-client, expliquer comment la durabilité, la ré-pa-ra-bi-li-té du produit sont devenues la clef de fidélisation de la clientèle : dès l’achat du petit mixer d’entrée de gamme, assurer la réparation pour un faible coût permet d’inspirer confiance à une clientèle rendue captive, que l’on pourra amener tranquillement vers d’autres produits, plus coûteux, comme le robot chauffant…
Cette logique nouvelle conduit même le groupe SEB à innover en élaborant des ustensiles électroménagers dont le caractère évolutif devient le principal argument marketing. D’importants investissements – plusieurs centaines de milliers d’euros et une vingtaine d’ingénieurs - sont engagés dans la technologie 3D, pour assurer la disponibilité de pièces détachées à la demande. Parallèlement, l’un des sites du groupe situé en Franche-Comté a été reconverti pour y entreposer près de 6 millions de pièces de rechange, assurant la réparabilité de 97% de l’ensemble des produits sur 10 ans. Le label « Réparable 10 ans », associé à une campagne de communication sur ce thème, permet à l’entreprise de consolider son image auprès des consommateurs. Selon Alain Pautrot, cela permet d’ores et déjà de tabler sur une augmentation des intentions d’achat de l’ordre de 8%. L’économie circulaire, nouveau moteur de croissance ?
Le modèle économique reposant sur la croissance à outrance a donc clairement montré ses limites… C’est ce qu’observe Anémone Bérès, maître de conférences en stratégie d’entreprise à Science Po Paris. Elle est convaincue qu’un nombre croissant d’entreprises a intégré l’idée qu’il fallait « en finir avec la logique du jetable » et que l’avènement de l’économie circulaire ne saurait tarder.
Des fabricants ont compris que leur avenir était plutôt dans la fabrication de produits durables et réparables.
Également présidente de la Fédération ENVIE, réseau d’entreprises d’insertion spécialisées dans le recyclage, la réparation et la revente d’objets électriques et électroménagers de qualité, Anémone Bérès dénonce le gaspillage des ressources naturelles et humaines d’un système de croissance essoufflé. Elle insiste sur le potentiel d’emplois que recèle cette nouvelle logique économique : le réseau ENVIE, à lui seul, a déjà engendré 2500 emplois dont 2000 emplois de salariés en insertion et, ce, dans 50 entreprises réparties sur tout le territoire français.
La seule entreprise de Trappes, que dirige Eric Gastineau, est née il y a à peine 2 ans : elle a doublé son effectif, passant de 16 à 30 salariés. Et le bilan social du site de Trappes est encourageant puisque les salariés formés en deux ans se sont fait embaucher dans les services après-vente de distributeurs de produits neufs. A l’échelle du réseau la réinsertion durable des personnes formées à la réparation approche les 60%.
Et à l’échelle nationale, les études de l’Institut de l’économie circulaire montrent que ce secteur emploie d’ores et déjà près de 600 000 personnes en France et estiment le réservoir d’emplois nouveaux entre 200 et 400 000 emplois supplémentaires.
A l’opposé du modèle « linéaire » l’économie circulaire repose donc sur un « cercle vertueux » où la totalité de la ressource provient du recyclage (= matières premières dites « secondaires) et où les résultats dégagés permettent d’entreprendre de nouvelles activités qui engendrent la création de nouveaux emplois, qui permettent à leur tour de créer une nouvelle richesse et par conséquent de créer de nouveaux emplois. Comment expliquer que ce modèle, s’il est si performant, ne soit pas plus développé ?
Le faible coût des matières premières y est pour beaucoup. Comme l’assène, lucide, Arnaud Gossement, avocat spécialisé et conseil d’entreprises en droit de l’environnement :
Le faible coût des hydrocarbures qui entrent dans la composition des plastiques, peu chers, limite la commercialisation des matières premières "secondaires".
Mais, prévient-il, cela ne saurait durer :
Quand le pétrole repartira à la hausse, on verra l'intérêt de ces matières premières "secondaires", à un niveau économique très intéressant pour le consommateur et l'industriel. Là, il y aura vraiment une explosion de l'économie circulaire.
Le jour venu, ce véritable changement de paradigme économique aura des répercussions, et pas des moindres : à terme, c’est tout un équilibre géopolitique qui pourrait bouger si on se mettait à valoriser massivement ces nouvelles ressources…
Les pays pétroliers pourraient s’affaiblir, et les continents-décharges, comme l’Afrique et l’Asie, se retrouveraient en possession d’un vrai patrimoine… à faire fructifier. Mais on en est encore loin, et c’est une autre histoire.
L’UFC-Que choisir a fait rechercher 177 molécules dans trente-huit grands crus bordelais. Les résultats sont « plutôt révélateurs d’efforts accomplis dans ce domaine ». C’est une note positive à laquelle certains pourront trinquer en cette fin d’année. Les vins de Bordeaux contiennent toujours des résidus de pesticides mais trois fois moins que lors de tests en 2013, rapporte mercredi 27 décembre l’UFC-Que choisir.
L’association de consommateurs a fait rechercher 177 molécules dans 38 grands crus de Bordeaux (des millésimes datant de 2014) et dans deux vins non classés (un de 2014 et un de 2015). Comme craint, « la plupart des bouteilles que nous avons analysées sont contaminées et contiennent d’une à six molécules », écrit Que choisir. « Au total, 11 composés chimiques de synthèse différents ont été détectés », selon l’association.
Exception notable soulignée par le magazine : trois bouteilles ne présentent aucune trace de pesticide — Château Durfort-Vivens, Château Pontet-Canet, Château Clerc Milon — et quatre ne contiennent que des traces trop faibles pour être quantifiées — Château Beychevelle, Alter Ego de Palmer, Château Malescot–Saint-Exupéry. « Trois bouteilles sans résidus sur quarante testées : ces résultats peuvent sembler inquiétants. Ils sont plutôt révélateurs d’efforts accomplis dans ce domaine », relève-t-il.
De 268 µg/l à 91 µg/l
En 2013, un test portant sur 92 bouteilles en provenance de toute la France avait ainsi démontré « une contamination générale des vins. Ceux issus du Sud-Ouest n’étaient pas en reste : trente-trois molécules différentes avaient été détectées, dont deux interdites en France », souligne l’association, soit « trois fois plus qu’aujourd’hui ».
En outre, il y a quatre ans, les bouteilles contenaient « en moyenne 268 µg/l de résidus. Même si ce calcul a peu de signification toxicologique, on ne peut que se féliciter de voir cette moyenne descendre à 91 µg/l », dit l’UFC-Que choisir.
Les molécules détectées ne sont ni cancérogènes, ni mutagènes ou reprotoxiques, ni considérées comme des perturbateurs endocriniens, à l’exception de l’iprodione, un fongicide présent « en très faible quantité » dans trois vins (Château Prieuré-Lichine, L’Héritage de Chasse-Spleen, Mouton-Cadet), précise l’UFC-Que choisir. Pour l’ensemble des vins analysés, « aucun dépassement des limites maximales de résidus autorisées » n’a été détecté.