Climat : peut-on revenir en arrière ?

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C'est une étude paradoxale, qui s'appuie sur un froid réalisme, mais aussi sur une belle utopie. Réaliste parce que son auteur, Andrew MacDougall (université de Victoria, Canada), part du principe que les décideurs politiques actuels ne feront rien ou pas grand chose pour endiguer de manière significative les émissions globales de gaz à effet de serre et lutter contre le réchauffement climatique.

 

Utopique parce que cet article, à paraître dans les Geophysical Research Letters, imagine une volonté future de la part de l'humanité d'agir pour restaurer les niveaux de température et de CO2 atmosphérique tels qu'ils étaient avant la révolution industrielle et la consommation à grande échelle des énergies fossiles. Pour résumer, cette étude se demande si, dans le domaine du climat, nous avons la possibilité d'inverser la flèche du temps, de revenir en arrière, de renverser la vapeur, et la réponse à cette interrogation en dit long sur l'expérience involontaire que nous avons fait subir à notre planète.

Andrew MacDougall part d'un constat simple : dans un avenir plus ou moins proche, nos émissions de dioxyde de carbone atteindront un pic, soit parce que nous l'aurons décidé, soit parce que nous aurons tout brûlé. Dans les quatre scénarios qu'il sonde, dérivés d'hypothèses reprises par le Groupe d'experts international sur l'évolution du climat (GIEC), le chercheur canadien, spécialisé dans les interactions entre le cycle du carbone et le réchauffement climatique, retient les dates suivantes pour ce pic de CO2 : 2053, 2130, 2151 et 2251.

 

Si nous ne faisons rien de particulier, il faudra de nombreux millénaires pour que la Terre retrouve les caractéristiques climatiques qu'elle a connues depuis la fin de la dernière glaciation (et ce, à condition que la machine ne s'emballe pas...). Une étude américano-canadienne parue en 2009 a ainsi montré qu'une partie des anomalies de température et de CO2 engendrées par le réchauffement climatique persisteront encore dans 10 000 ans ! Andrew MacDougall imagine donc que nos descendants, avec l'espoir de retrouver le climat de l'holocène, exploiteront différentes technologies pour retirer le carbone que nous avons injecté dans l'atmosphère et qu'ils replanteront les forêts que nous avons détruites.

C'est avec ce scénario en tête qu'il a fait tourner le modèle climatique de l'université de Victoria, un modèle relativement simple, qui permet de se projeter à très long terme. Et du long terme, il en faut pour voir la courbe des températures redescendre à un niveau proche de celui du début du XIXe siècle. Dans l'hypothèse la plus optimiste, il faut attendre... l'an 3000. Mille ans. Et encore, ces mille ans ne suffiront pas pour que la calotte glaciaire du Groenland, qui est la plus fragilisée par le réchauffement climatique, se reconstitue.

 

On en sera même très loin car, dans le meilleur des cas, en 3000, elle n'aura regagné que 10 % de ce qu'elle aura perdu. Avec ce scénario optimiste, la fonte des glaciers groenlandais n'apportera qu'une modeste contribution à la montée des océans : 26 centimètres. En revanche, dans le scénario le plus pessimiste, ce chiffre sera multiplié par dix, Andrew MacDougall précisant même que, le modèle utilisé étant assez prudent, des phénomènes d'amplification pourraient aboutir à une fonte de l'inlandsis du Groenland encore plus importante.

Second enseignement de cette étude : pour revenir à l'holocène, il faudra retirer de l'atmosphère plus de carbone que nous n'en aurons émis ! Pourquoi ? Tout simplement parce que la hausse des températures, en faisant fondre le pergélisol des régions arctiques, libère déjà aujourd'hui et libérera encore plus demain une partie du carbone qui y est retenu prisonnier. Tout comme un emprunteur rembourse le capital et les intérêts du prêt, l'humanité sera contrainte, suivant les différents scénarios, de séquestrer entre 115 et 181 % du CO2 émis. Il faudra environ trois millénaires pour que le carbone originellement enfoui dans le pergélisol y retourne.

Dans le scénario, plutôt optimiste, que l'étude privilégie, le pic du CO2 se produit en 2130. Les températures atteignent leur maximum vingt ans plus tard, dépassant de 2,8°C les valeurs pré-industrielles. Les océans montent jusqu'au milieu du XXIIIe siècle et retrouvent un pH normal vers 2280. La banquise de l'Arctique reprend son ancienne superficie vers 2450. Mais le chiffre le plus important de l'étude est ailleurs. Au maximum de l'hypothétique effort de l'humanité pour se débarrasser de son CO2, 9,7 milliards de tonnes de carbone seront retirées de l'atmosphère chaque année, soit, à peu de chose près, ce que nous émettons actuellement tous les ans. Ce qui fait dire à Andrew MacDougall que, dans son monde utopique, l'industrie de la séquestration du carbone aura une ampleur équivalente à celle des énergies fossiles aujourd'hui. Mais autant on comprend bien ce qui motive les exploitants de pétrole, de gaz naturel, de charbon et autres gaz de schiste, autant les décarboneurs du futur devront inventer leur modèle économique...

Pierre Barthélémy

 

 


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VIDÉO. Chine: «Air-pocalypse» à Harbin après un pic de pollution

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Suite à l'article d'hier, voici la vidéo.

 

 

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Une mégalopole chinoise fermée à cause de la pollution de l'air

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Harbin, une importante agglomération de la province du Heilongjiang dans le nord-est de la Chine, a été contrainte de suspendre une grande partie de ses activités lundi en raison d'un pic de pollution de l'air.

Des écoles ont dû rester fermées, le trafic routier a été bloqué et l'aéroport a cessé ses activités dans la mégalopole de onze millions d'habitants en raison du "smog", un brouillard de pollution.


Les relevés atmosphériques pratiqués lundi indiquaient un indice de 1.000 pour les particules fines PM2,5 (particules dont le diamètre est de 2,5 micromètres) présentes dans l'air.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un indice supérieur à 300 est considéré comme dangereux et le seuil maximal quotidien doit rester inférieur à 20.


L'agence Chine nouvelle a précisé que les écoles primaires et les collèges demeuraient fermés lundi, tout comme l'aéroport, tandis que le service des transports en commun était perturbé.

Ce pic de pollution est lié à l'arrivée de l'hiver et à l'utilisation du chauffage domestique.

La visibilité a été réduite à dix mètres et la présence du smog devrait se poursuivre pendant les prochaines 24 heures.


La qualité de l'air est devenue un sujet de préoccupation dans la population chinoise pour des raisons de santé publique mais également parce qu'elle est liée à certains privilèges dont bénéficie la classe dirigeante.

La presse locale a publié des articles décrivant les purificateurs d'air dont les responsables du gouvernement équipaient leurs résidences et leurs bureaux.

Par ailleurs, ces derniers s'approvisionnent dans des fermes biologiques et limitent ainsi les risques alors que le pays est touché par des scandales alimentaires récurrents.

 

 

 


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Comment monsanto a prévu de régner sur le monde (document audio)

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La réalité narrée et teintée d'anticipation.

 

 

 

 

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La Colombie a détruit des milliers de tonnes de semences et d'aliments

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Merci monsanto et merci le libre échange américain!

 

En Colombie, on détruit des milliers de tonnes d’aliments et de semences paysannes en conséquence du traité de libre échange avec les Etats-Unis.

 

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Le 24 août 2011, la tranquillité de la petite ville de Campoalegre, au Sud de la Colombie, est brusquement interrompue par l’irruption de forces de la police militaire accompagnant cinq fonctionnaires de l’Institut Colombie d’Agriculture et d’Elevage (ICA). Ceux-ci confisquent et détruisent les sacs de riz produits par une vingtaine de paysans locaux. Des sacs contenant soixante-dix tonnes de riz destiné à l’alimentation humaine sont ainsi déchirés à la pelleteuse, puis jetés à la décharge publique.

En 2011, 1167 tonnes de semences, puis en 2012, 2793 tonnes, principalement de riz, mais aussi de pomme de terre, de maïs, de blé, de plantes fourragères et de haricot rouge sont ainsi retirés de la circulation dans cinq départements, près de la moitié étant détruite, l’autre confisquée.

La motivation de ces actions d’un organisme d’Etat dont la mission est de « contribuer au développement et aux exportations du secteur agricole colombien en s’assurant de la santé et de l’innocuité de la production primaire » (sic) ? Montrer que la Colombie respecte les clauses relatives aux droits de propriété intellectuelle appliqués aux semences, prévues par le Traité de libre échange avec les Etats-Unis, ratifié par la Colombie dès 2008 et par le Congrès de Washington en 2011. Appliqués aux semences, ces droits sont consignés dans la convention UPOV de 1991, approuvé en Colombie par la loi 1518 de 2012.

Une loi colombienne de 2006 prévoyait déjà des peines de quatre à huit ans de prison et des amendes allant de 26 à 1 500 salaires mensuels à l’encontre de ceux qui ne respecteraient pas les droits de propriété intellectuelle sur les semences. En 2010, la résolution 9.70 de l’ICA a renforcé ces obligations, en régulant la production, l’usage et la commercialisation de semences en Colombie.

Désormais la vente de semences, dont d’aliments, issus de la sélection paysanne est déclarée illégale, au motif que leurs qualités sanitaires ne seraient pas garanties. La qualité et la valeur ajoutée des semences certifiées justifient-elles ces dispositions sévères ?

Pour les paysans colombiens, le prix des semences certifiées est de deux à trois fois le prix des semences paysannes sur les marchés locaux. Suivant leur expérience, les premières ne présentent pas d’avantage significatif sur les secondes, même lorsque l’agriculteur achète l’ensemble du « paquet technologique » (fertilisants, pesticides) et suit les conseils prévus par les industries semencières.

Bien souvent, semences certifiées et semences paysannes se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Leur principale différence ? Les premières ont été enregistrées par de grandes entreprises semencières, après avoir été sélectionnées sur la base de leurs propriétés. Mais le stock initial de ces entreprises provient nécessairement de la sélection de semences effectuée par des générations de paysans. Le régime de propriété intellectuelle sur les semences semble donc marcher sur la tête.

Trois entreprises semencières dominent le marché mondial

Le documentaire « 9.70 » de Victoria Solano, dont sont tirées plusieurs informations présentées ici, révèle qu’aucune information préalable n’avait été fournie à la population avant l’intervention musclée de l’ICA, ni par consultation locale, ni par l’organisation de forums, ni même en informant les moyens de communication.

Cette situation témoigne de l’éloignement de certains hauts fonctionnaires des réalités que vivent les 60 % de la population colombienne impliqués dans l’agriculture, soit 3,5 millions de familles. Il semble plus important pour l’État colombien d’assurer le respect de résolutions en porte-à-faux avec les réalités sociales que d’assurer les bases du développement rural.

La situation de la Colombie est loin d’être unique. Elle est le reflet du marchandage des intérêts économiques pratiqué au niveau mondial dans le cadre des accords commerciaux bilatéraux ou multilatéraux (OMC). Les aspects du droit de propriété intellectuelle liés au commerce (ADPIC) sont toujours partie intégrante de ces accords de libre échange. Ils supposent le respect du droit des brevets et du système mis au point pour tenir compte de certaines spécificités du monde agricole, le certificat d’obtention végétale (COV).

À la différence du brevet, celui-ci concède à l’agriculteur certains droits, mais pas celui d’échanger librement les semences, puisque les droits de propriété intellectuelle appartiennent aux industries semencières.

Grâce à cette protection, trois entreprises semencières multinationales contrôlent déjà au niveau mondial 47 % du marché des semences certifiées (Monsanto, Dupont de Nemours et Syngenta), sept autres en contrôlent 30 %. En Colombie, les entreprises multinationales ne contrôlent directement « que » 15 % de la production de semences, mais parmi les entreprises colombiennes contrôlant le reste de la production, bon nombre sont franchisées des multinationales.

Un bilan catastrophique au Mexique

L’accord de libre-échange entre la Colombie et les Etats-Unis d’Amérique connaît un précédent dont on peut examiner les conséquences sur deux décennies : celui de l’accord de libre-échange nord-américain entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, entré en vigueur le 1er janvier 1994. Malgré les promesses faites de part et d’autre du Rio Grande, les conséquences sur l’emploi et le développement rural ont été, selon toutes les études réalisées, catastrophiques dans l’ensemble des pays, l’accord ne bénéficiant qu’à des grandes entreprises.

En matière agricole, le Mexique avait obtenu un délai pour libéraliser le commerce des produits de base, dont le maïs, mais son gouvernement s’était empressé d’anticiper cette libéralisation, tout comme le gouvernement colombien a anticipé la mise en œuvre du TLC.

Les conséquences sur les prix aux producteurs et sur la réduction des variétés proposées aux consommateurs ont été dramatiques. Des plants de maïs transgéniques ont rapidement été détectés dans l’Etat d’Oaxaca, cœur de l’agrobiodiversité de cette céréale à la base de l’alimentation de toute l’Amérique centrale depuis plusieurs millénaires. Plus que jamais, le monde agricole mexicain est en crise, sans que les autres secteurs économiques aient significativement gagné à cette ouverture commerciale incontrôlée.

Les droits de propriété intellectuelle sur les semences sont le principal outil de la concentration économique du secteur, aboutissant à la réduction de la diversité des espèces cultivées. Sur 80 000 plantes comestibles répertoriées, seulement trente fournissent aujourd’hui 90 % des calories, appauvrissant d’autant notre alimentation.

Comme l’explique Vandana Shiva, militante et scientifique indienne, dans le rapport Seedfreedom et lors de la quinzaine des semences libres 2012, les principes mêmes du COV reposent sur des critères industriels peu compatibles avec les qualités du vivant : distinction, homogénéité et stabilité s’opposent notamment aux qualités de variabilité, adaptabilité et résilience propres au monde vivant.

Au moment où des négociations visant à mettre un terme au conflit armé qui ravage certaines régions de Colombie depuis un demi-siècle connaissent des avancées significatives, des dizaines de milliers de paysans colombiens manifestent à Bogota pour ce qui leur semble une déclaration de guerre contre l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire. La préservation de celles-ci est un enjeu de premier plan, non seulement pour l’avenir de la Colombie, mais pour celle de l’Humanité.

 

 

Publié dans Nutrition & Santé

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