Zone humide : une première cartographie mondiale inquiétante

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Les zones humides jouent un rôle considérable sur la biodiversité, le climat ou le cycle de l’eau. Pourtant, près de 6 % d’entres elles auraient disparu durant ces quinze dernières années dans le monde, principalement dans les régions tropicales et subtropicales ou celles soumises à de fortes pressions démographiques. C’est ce que révèle la réalisation, par des chercheurs français, d’une première carte mondiale de ces milieux et leur suivi dans le temps.


Marais, lagunes, marécages et tourbières sont des zones humides, c'est-à-dire des régions où l'eau est le principal facteur contrôlant le milieu naturel ainsi que la vie animale et végétale associée. Même si elles couvrent moins de 5 % des terres émergées sur l'ensemble du Globe, elles jouent un rôle majeur dans les activités humaines, la biodiversité, le climat et le cycle de l'eau. Ces régions influencent en effet les échanges d'eau douce des continents vers la mer et modifient la météorologie locale en amplifiant l'évaporation.

Mieux appréhender le fonctionnement des zones humides, leur variabilité et leur dynamique dans le temps, s'avère indispensable pour évaluer les changements climatiques et élaborer des recommandations de gestion des ressources en eau. Cependant, caractériser leur distribution et quantifier leurs variations saisonnières et interannuelles sur toute la Terre est un défi qui n'avait jamais été relevé jusqu'à présent, tant ces zones sont diverses et disséminées sur la Planète, des zones tropicales aux régions arctiques.

En combinant et analysant simultanément un grand nombre d'observations issues de différents satellites, les chercheurs CNRS et IRD des laboratoires d'étude du rayonnement et de la matière en astrophysique (Observatoire de Paris, CNRS, UPMC, université de Cergy-Pontoise, ENS/CNRS, IRD, CNES, université Toulouse III-Paul Sabatier) et de la start-up Estellus, ont élaboré la première cartographie des zones humides et de leur dynamique temporelle, à l'échelle du Globe, sur quinze ans. Ce travail vient d'être publié dans la revue Geophysical Research Letters.


Étendue des surfaces inondées, en moyenne sur l'année, estimée par satellites, entre 1993 et 2007 (les surfaces sont exprimées en km2 ; chaque pixel couvre 773 km2). © Fabrice Papa


Une baisse de 6 % des zones humides en quinze ans

Plusieurs conclusions s’imposent. L'étendue des zones d'eau varie fortement au cours de l'année, mais aussi d'une année à l'autre, avec une forte modulation durant les épisodes El Niño. De plus, entre 1993 et 2007, les scientifiques ont constaté une diminution de 6 % de la superficie des zones humides. Cet amoindrissement a surtout affecté les régions tropicales et subtropicales. Les plus fortes baisses se concentrent là où sont recensées les plus importantesaugmentations de population durant les deux dernières décennies.

Cette étude suggère donc un rôle de la pression démographique à l'échelle du Globe sur les cycles hydrologiques : cette pression interviendrait notamment par l'assèchement des marais pour l'urbanisation et par l'augmentation des prélèvements d'eau dans les zones humides.

 


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Les plastiques, des déchets néfastes pour les écosystèmes

Publié le par Gerome

Les milliards de fragments de déchets qui s'agglomèrent, pour des centaines d'années, dans les gyres au centre des océans, portent de nombreuses atteintes à la faune et à la flore marines. L'exemple le plus - tristement - emblématique est celui des tortues qui s'étouffent avec des sacs plastiques qu'elles prennent pour des méduses. "Ce sont les espèces les plus sensibles aux déchets, explique François Galgani, océanographe et chercheur spécialiste des déchets à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer. Les études ont montré qu'un tiers de certaines espèces de tortues échouées avaient ingéré des plastiques." 

 

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MUTILATIONS, SUFFOCATIONS ET FAMINES


Plus généralement, les détritus constituent une menace pour une large partie de la faune marine : les déchets les plus gros causent blessures, infections ou mutilations aux animaux par effet "d'emmêlement", par exemple avec des filets ou des sacs. Les microfragments, réduits sous l'effet du sel, des ultraviolets et des mouvements de l'eau, ont quant à eux été ingérés par au moins 267 espèces dans le monde (86 % des tortues de mer, 44 % de toutes les espèces d'oiseaux, 43 % de mammifères marins), selon un rapport de Greenpeace de 2006 (PDF) qui compilait les études de chercheurs européens et américains. Avec des conséquences graves : intoxications, empoisonnements, occlusions intestinales, suffocations ou noyades.


Lire l'article : "Le '7e continent de plastique' : ces tourbillons de déchets dans les océans"

"Les nombreux fragments de plastique ingérés par les animaux ne leur laissent plus de place dans l'estomac pour manger. Ils meurent alors le ventre vide", déplore François Chartier, chargé de campagne "océan" de Greenpeace. Au total, l'ONG estime qu'environ un million d'oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année de l'ingestion de plastiques.


POLLUANTS CHIMIQUES


Seconde conséquence néfaste de ces amas colossaux de détritus : les plastiques sont de véritables éponges à polluants organiques persistants, comme le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane, un pesticide) et les PCB (polychlorobiphényles), ainsi qu'à phtalates ou à métaux lourds. "En se dégradant, les morceaux de plastique relâchent ces éléments, qui s'avèrent toxiques pour l'ensemble de la chaîne alimentaire. Les concentrations sont suffisamment élevées pour provoquer des dommages", assure Chris Bowler, chercheur au CNRS au département de biologie de l'Ecole normale supérieure.


Si les conséquences pour la faune et la flore semblent avérées, les risques pour l'homme sont, eux, moins clairement établis. "Il n'y a pas de risque pour la consommation, assure François Galgani. Les quantités ne sont pas suffisantes pour affecter les organismes humains, d'autant que nous ne mangeons que peu de petits poissons et pas l'estomac des gros poissons." Pour François Chartier au contraire, ces contaminants chimiques peuvent s'avérer préjudiciables sur le long terme, selon le principe du cumul des faibles doses.

 

ESPÈCES INVASIVES


Un autre risque entraîné par les polymères, moins connu mais néanmoins inquiétant, réside dans la prolifération de certaines espèces invasives. "Les fragments deviennent des supports pour certaines espèces qui sont ainsi transportées, avec les courants, dans des zones où elles ne se seraient pas développées et reproduites sinon, explique François Galgani. Ces espèces prennent alors la place d'autres, ce qui risque de créer des déséquilibres des écosystèmes marins."


C'est ce qu'il se passe avec une espèce d'araignée d'eau, l'Halobates sericeus. Si cet insecte est capable de vivre dans un milieu marin, il a en effet besoin d'un terrain solide pour y pondre ses œufs. La gigantesque plaque de déchets flottant dans le nord du Pacifique, épaisse par endroits de plusieurs dizaines de mètres, lui fournit un incubateur parfait. Selon une nouvelle étude de l'université de Californie à San Diego, publiée mercredi 9 mai par la revue Biology Letters de la Royal Society britannique, cette espèce d'araignée est ainsi en train de proliférer.


"Si la densité de ces microplastiques continue à augmenter, les espèces qui leur sont associées, comme Halobates sericeus, pourraient elles aussi continuer à se multiplier, peut-être au détriment de leurs proies", le zooplancton et les œufs de poisson, au risque de déséquilibrer l'ensemble de l'écosystème du Pacifique, mettent en garde les chercheurs.


MICRO-EFFET POSITIF


Le plastique, s'il s'avère donc largement néfaste, aurait néanmoins un effet, positif cette fois, en ce qui concerne les micro-organismes. "Dans les océans, le phytoplancton coule vers le fond. Mais dans les gyres où se trouvent les plaques de déchets, il se fixe sur des petites particules de plastique, qui le maintiennent à la surface, explique Chris Bowler. Il est donc plus exposé au rayonnement solaire, ce qui augmente le taux de photosynthèse. L'hypothèse sur laquelle nous travaillons est celle d'une plus forte absorption du dioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphère."


Lueur d'espoir en effet, l'énergie solaire permet à ces micro-organismes de réaliser la photosynthèse nécessaire à leur développement en se nourrissant de dioxyde de carbone. Une maigre consolation toutefois.  

 

 


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Le continent de déchets du Pacifique est cent fois plus grand qu'il y a quarante ans

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Cette plaque de déchets flottants abrite des insectes qui pourraient perturber les écosystèmes...


Le «septième continent» va-t-il rivaliser en taille avec les autres? La concentration de minuscules déchets plastiques flottant à la surface du Pacifique nord, d’une taille équivalent à six fois la France, a été multipliée par cent au cours des quarante dernières années, révèle une étude publiée mercredi. Cette pollution qui pourrait avoir des conséquences écologiques insoupçonnées, notamment en offrant un habitat à des insectes.


Selon des chercheurs de l'Université de Californie à San Diego, entre 1972 et 1987, les microparticules de plastique (d'un diamètre inférieur à 5 mm) étaient relativement rares dans le «gyre subtropical» du Pacifique nord, une zone où les déchets s'amalgament au point de rencontre de courants océaniques qui s'enroulent sous l'effet de la rotation de la Terre. Selon eux, plus de la moitié des échantillons prélevés à cette époque étaient ainsi totalement exempts de déchets plastiques. D'après les analyses effectuées dans la même zone de 1999 à 2010, la concentration de microplastiques a été multipliée par cent, souligne l'étude, publiée par la revue Biology Letters de la Royal Society britannique.


Halobates sericeus prolifère


Or la gigantesque plaque de déchets flottant sur le Pacifique, épaisse par endroits de plusieurs dizaines de mètres, constitue un milieu propice à la reproduction d'une espèce d'araignée d'eau, l'Halobates sericeus. Si cet insecte est capable de vivre dans un milieu marin, il a en effet besoin d'un terrain «solide» pour y pondre ses oeufs et ce «continent de plastique» lui fournit un incubateur de rêve. Résultat, alors qu'il était jusqu'alors réduit à pondre sur de rares débris flottants, comme des branches ou des coquilles vides, l'Halobates sericeus est en train de proliférer dans le Pacifique nord, avertissent les océanologues.


Cela pourrait être une manne inespérée pour les crabes, les poissons ou même les oiseaux de mer qui se nourrissent de cet insecte ou de ses oeufs. Mais l'Halobates est lui aussi un prédateur, qui affectionne le zooplancton et les oeufs de poisson, rappellent les scientifiques. «Si la densité de ces microplastiques continue à augmenter, les espèces qui leur sont associées, comme Halobates sericeus, pourraient elles aussi continuer à se multiplier, peut-être au détriment de leurs proies», au risque de déséquilibrer l'ensemble de l'écosystème du Pacifique, mettent en garde les chercheurs. Selon le Centre national d'études spatiales français (Cnes), qui parraine une mission devant prochainement explorer le «continent de plastique», cette plaque de déchets flottants s'étend sur une surface d'environ 3,4 millions de km2. Son poids se compterait en dizaines de millions de tonnes.

 

 


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"La transition écologique aura sa feuille de route précise"

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Pendant la campagne présidentielle, Marie-Hélène Aubert a dirigé le pôle "Environnement, développement durable et énergie" auprès du candidate socialiste. Membre du Parti socialiste, elle a commencé à travailler avec François Hollande à l'été 2009 après avoir quitté les Verts. De 1997 à 2002, elle a été députée d'Eure-et-Loir. Elle présente au Monde le projet écologique du président élu.

 

Dimanche 6 mai, à Tulle, François Hollande a rappelé l'urgence à mener la "transition écologique". Comment la définissez-vous ?


Nos modes de développement et de consommation ne sont pas durables, car ils mobilisent trop de ressources naturelles. Je pense aux énergies fossiles en particulier, qui contribuent au réchauffement climatique. Nous rejetons aussi énormément de déchets et nos ressources en eau sont fragiles. Nous devons veiller à les préserver.


L'objectif est de définir un nouveau modèle de développement écologique, mais aussi social: il faut intégrer ce surcoût que produit l'exigence environnementale dans une politique de redistribution. Il ne doit pas y avoir de contradiction entre le social et l'écologique. Il ne s'agit pas d'une rupture brutale, imposée d'en haut mais au contraire d'un processus démocratique. Nous devons prendre le temps d'examiner toutes les données, d'en débattre afin d'élaborer la meilleure feuille de route, le meilleur compromis possible pour cette transition.


Vous relancez un grenelle de l'environnement ? Quel bilan d'ailleurs en faites-vous ?


Nous avons auditionné nombre d'acteurs du Grenelle afin de savoir ce qui, selon eux, méritait d'être conservé ou amélioré.

Notre philosophie est de placer le dialogue environnemental au même niveau que le dialogue social. C'est pourquoi nous organiserons une "Conférence environnementale" à six : les cinq du Grenelle, auxquels viendront se joindre des représentants du Parlement, car le lien avec les élus a été un des problèmes dans la mise en œuvre du Grenelle.


Nous souhaitons aussi établir une régionalisation du processus de dialogue. Il faut sortir des réunions de salon dans les ministères et traiter plutôt de ces problématiques au niveau des régions qui ont toutes leurs spécificités.

Nous fixerons, bien sûr, un agenda. Il est impossible de traiter tous les sujets à la fois. Des priorités sont nécessaires.


Et le bilan du Grenelle ?


Le dialogue transversal a bien fonctionné, mais rappelons que cette idée était celle des ONG. Elle n'avait pas germé d'un seul coup dans la tête de Nicolas Sarkozy. Malheureusement, ce dialogue n'a duré que quelques mois. On a abouti à une loi Grenelle I, assez consensuelle. En revanche, le processus a commencé à pécher avec la loi Grenelle II, dont la publication des décrets a traîné en raison du poids des lobbies concernés par telle ou telle mesure.


Allez-vous en faire l'audit ?


Oui, car nous avons besoin d'une synthèse claire pour bien hiérarchiser nos priorités d'action.


Quelles sont ces priorités ?


François Hollande a fait de la transition énergétique un enjeu prioritaire. C'est la première étape que nous mènerons au sein de la Conférence environnementale. Le nucléaire, qui avait été exclu des sujets du Grenelle, y sera traité.

Concrètement, le débat sur l'énergie devrait être lancé à l'automne et durera au moins six mois. Il donnera lieu à une loi votée au printemps 2013.

Il nous faut d'abord constituer un comité national organisateur dont l'indépendance ne pourra pas être contestée, et qui recevra une lettre de mission précise.


Pour autant, un certain nombre d'objectifs ont d'ores et déjà été fixés comme la mise aux normes énergétiques d'un million de logements par an (600 000 dans le parc ancien et 400 000 dans le neuf) ; la sobriété énergétique ; l'essor des énergies renouvelables (etc.). Concernant ces dernières, je peux vous dire que nous n'attendrons pas l'été 2013 pour réinstaurer un cadre réglementaire stable, visible et incitatif pour l'ensemble des filières (photovoltaïque, éolienne, etc.). Tous les acteurs le réclament. Il y a énormément d'emplois en jeu. Mais il ne s'agit pas de grever les finances de l'Etat.


Est-ce que la France a les moyens de faire face à la concurrence chinoise avec des subventions qui pèseront sur le budget du pays ?


Pas question de créer une économie subventionnée ad vitam aeternam. Ces filières sont naissantes, elles ont besoin d'un soutien transitoire. Certains acteurs industriels estiment qu'elles pourraient être rentables et compétitives d'ici à 2017. La France a des atouts, du savoir-faire, et nous encouragerons la recherche et l'innovation. Et la filière solaire, ce n'est pas uniquement la fabrication des panneaux.


Quels sont les autres dossiers urgents, selon vous ?


La biodiversité, l'eau, l'agriculture durable. Il faut une méthode de concertation qui nous permette d'avancer vraiment et de sortir d'une logique de confrontation entre écologistes et agriculteurs.


Même avec la puissante Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) qui a montré, ces derniers mois, son hostilité à toute contrainte environnementale ?


Les choses bougent sur le terrain. Il faut s'appuyer sur les initiatives locales pour faire évoluer les états d'esprit. Le monde agricole a besoin de reconnaissance. Beaucoup de ses filières sont en crise.
Une réforme de la politique agricole commune [PAC] est en cours. La France peut avoir, dans ce domaine, une position forte pour que les pratiques vertueuses soient valorisées, soient "payantes" dans tous les sens du terme.


Quel serait, selon vous, le périmètre idéal du futur ministère de l'écologie ? Faut-il par exemple lui adjoindre l'agriculture ?


Cette question est du ressort du chef de l'Etat et de son futur premier ministre, qui sera d'ailleurs en charge du dossier de la transition écologique. Mais il est clair que nous aurons besoin d'une transversalité très forte.


Comment allez-vous financer cette transition écologique ?


Plusieurs pistes existent. La réforme fiscale annoncée par François Hollande aura un versant écologique important avec l'instauration de bonus-malus, du principe pollueur-payeur et d'une réflexion sur l'évolution du financement de la protection sociale qui pourrait à terme notamment s'appuyer sur la création de taxes sur les différentes sources de pollution.


La réduction progressive des niches fiscales défavorables à l'environnement sera aussi une source de revenus. De même que la mise aux enchères, le 1er janvier 2013, des quotas de CO2 sur le marché européen. Il est important de penser la transition énergétique à l'échelon européen, et c'est aussi à ce niveau que des fonds devront être mobilisés.


François Hollande est, comme Nicolas Sarkozy, partisan d'une instauration d'une taxe carbone aux frontières de l'Europe. L'Union doit-elle s'armer contre le dumping environnemental des pays en développement ?


L'Europe doit se protéger contre le dumping social et environnemental. Elle ne peut pas avoir un haut niveau d'exigences environnementales et laisser ses portes ouvertes à la production de pays qui ne respectent pas ces mêmes normes.


Pour que cette demande de réciprocité soit acceptable, il faut que les pays riches assument aussi leurs responsabilités vis-à-vis des pays pauvres en augmentant leurs aides pour les accompagner dans un modèle de développement durable.

 

 


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