Lumière sur : le serpent de mer électrique
Fabriquer de l’électricité, grâce à la force des vagues : telle est la mission de « Pelamis », un immense serpent de mer métallique, créé par la société écossaise Ocean Power Delivery (OPD), qui lui a valu le "trophée de l’économie positive", organisé par le groupe HEC, BeCitizen et Reporters d’Espoirs. Baptisé ainsi en référence au nom d’un serpent de mer géant de la mythologie grecque, la « bête » mesure plus de 150 mètres pour pas moins de 750 tonnes. Fruits de plus de six années de travail, trois machines de ce type seront mises en service, pour la première fois, en octobre prochain, à 5,5 km au large de la côte nord du Portugal, face au petit village d’Aguçadoura.
Energie houlomotrice
Si le moyen est nouveau, le principe de l’énergie houlomotrice ne l’est pas. Une vingtaine de centrales basées sur ce type d’énergie existe dans le monde, mais aucune n’est encore assez finalisée pour fonctionner sans encombre. Dans le cas du Pelamis, la machine, semi-émergée, sera amarrée à 50 mètres de profondeur. Le système se compose de quatre tubes cylindriques flottants, reliés entre eux par trois vérins hydrauliques contenant de l’huile sous pression. Ces éléments d’articulation se détendent et se compriment au gré du mouvement des vagues. Le fluide, sous pression, alimente alors des moteurs hydrauliques, qui à leur tour entraînent un générateur électrique. L’énergie est alors stockée dans la machine, transportée vers le transformateur situé dans le museau de l’engin et transmise vers le rivage, via un câble sous-marin ! Chaque machine est ainsi capable de produire 750kW d’énergie, par an. Objectif : fournir de l’électricité aux 1 500 foyers de la commune. Et ce sans polluer !
Alimenter 15 000 habitations
D’ici un an, le Portugal compte installer 28 autres machines capables d’alimenter 15 000 habitations. Et éviter ainsi l’émission de 60 000 tonnes de dioxyde de carbones, chaque année. Le coût de l’opération s’élève à 8,5 millions d’euros. Il faut dire que si l’énergie houlomotrice, à l’inverse de l’éolien, présente l’avantage d’être prévisible, elle coûte, au moins trois fois plus cher en investissement et en fonctionnement. Les concepteurs du projet estiment toutefois que d’ici une dizaine d’années, avec l’amélioration des technologies, le coût sera comparable à celui de l’éolien.
A terme, la société OPD espère pouvoir créer, en Ecosse, une « ferme houlomotrice » de quarante serpents afin d’alimenter environ 20 000 foyers en électricité. Une initiative largement encouragée par le gouvernement écossais qui souhaite que 40% de sa production électrique provienne des énergies renouvelables, d’ici 2020.