Conférence internationale à Cancun sur le climat de la planète
Les représentants de près de 200 pays se retrouvent à partir de lundi, et ce jusqu'au 10 décembre, à Cancun au Mexique pour tenter de s'entendre sur des mesures destinées à freiner les changements climatiques, sur fond de bras de fer entre Etats-Unis et Chine, les deux plus gros pollueurs de la planète.
Les délégués vont s'employer à remettre des négociations sur les rails, un an après le sommet de Copenhague qui s'était conclu par un accord a minima ne fixant aux Etats aucun objectif contraignant.
Les délégués sont arrivés dimanche dans la station mexicaine pour tenter de s'entendre sur des "blocs d'accord", à savoir le lancement d'un "fonds vert" destiné à canaliser l'aide financière vers les pays pauvres, des mesures pour partager les technologies "propres" et pour protéger les forêts tropicales, importants "pièges à carbone".
"Tout cela, ce sont des mesures importantes, mais elles sont seulement marginales en regard des problèmes auxquels le monde est confronté", a estimé Johan Rockstrom, directeur de l'Institut de l'environnement à Stockholm. "On ne peut se réjouir de ce qui est en train de se passer", a-t-il ajouté.
L'année 2010 devrait être l'une des deux plus chaudes jamais enregistrées depuis le début des relevés météorologiques au XIXe siècle.
Avant tout, la conférence de Cancun, qui sera inaugurée par le président mexicain Felipe Calderon, s'efforcera de mettre fin au bras de fer que se livre Pékin et Washington. Chacun insiste pour que l'autre en fasse plus pour réduire ses émissions de gaz provenant de combustibles fossiles, et cette opposition est avivée par les autres dossiers qui oppose ces deux grandes puissances, à commencer par l'important excédent commercial de la Chine et les contrôles sur les taux de change.
L'OMM TIRE LA SONNETTE D'ALARME
Le principal objectif des discussions sera de trouver un nouveau traité censé suppléer au protocole de Kyoto, qui oblige les pays industrialisés, à l'exception des Etats-Unis, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici la période 2008-2012 d'au moins 5,2% en dessous de leurs niveaux de 1990.
Les espoirs d'un accord global contraignant se sont cependant en grande partie évanouis, notamment à cause de l'incapacité de Washington et de Pékin au cours de cette année à s'entendre sur de nouvelles actions, mais aussi du fait des réticences du Sénat américain pour ratifier un traité dans les années qui viennent.
"Il y a une impasse totale aux Etats-Unis, ce qui veut dire que la Chine ne va pas faire de geste", prédit Johan Rockstrom. Une telle inaction augmente les risques de changement climatiques abrupts comme la fonte de la calotte polaire ou du permafrost.
"Nous devrons prendre quelques mesures pour avancer, ou les gens vont perdre foi dans le système des Nations unies", soulignait récemment Rajendra Pachauri, chef de la commission des spécialistes climatiques de l'Onu.
"Je suis un peu déprimé au sujet de Cancun", confiait ces jours-ci l'ancien vice-président américain Al Gore, militant écologiste de premier plan. "Le problème ne s'éloigne pas, il a plutôt tendance à s'aggraver, ajoute celui qui a partagé en 2007 le prix Nobel de la paix avec le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) pour leur contribution commune à la lutte contre le réchauffement climatique.
Soulignant l'urgence d'une action résolue, l'Organisation météorologique mondiale a annoncé mercredi que les concentrations des principaux GES dans l'atmosphère ont atteint leur niveau le plus élevé depuis l'aube de l'ère industrielle.
Les concentrations de dioxyde de carbone (C02), de méthane et de protoxyde d'azote (N20) ont continué d'augmenter en 2009 - dernière année d'observation prise en compte - malgré la crise économique mondiale, a souligné l'OMM, qui dépend de l'Onu, dans son dernier bulletin sur les GES.